Féministe, arabe, maghrébine, musulmane de France vivant maintenant à Montréal, le parcours de Bochra Manaï est celui dune immigrante de première génération au Québec, ses questionnements sont aussi ceux dune immigrante de deuxième génération en France. Engagée dans la lutte contre lislamophobie, elle a rencontré des jeunes stigmatisés comme étant radicalisés ainsi que leur famille pour mieux comprendre leur trajectoire. Les récits qu'elle en a tirés sont intercalés dans ce carnet où elle relate les divers projets auxquels elle a participé: recherches, interventions dans les médias, mobilisations de la communauté musulmane.
À partir de son expérience quotidienne de citadine, à titre de travailleuse, conjointe et mère, la géographe féministe Leslie Kern évoque divers aspects du rapport des femmes à la ville. Les questions de violence et d'agression sont abordées de façon concrète, incarnée.
Kern s'attarde à la manière dont les relations de genre, de classe, de race, d'âge se déploient dans la ville. Elle s'appuie sur des études en urbanisme, en géographie et sur des références à la culture pop, pour montrer comment une ville genrée qui s'embourgeoise exclut les populations marginalisées, mais également pour évoquer les possibles configurations d'une ville plus inclusive.
On a noté récemment une augmentation marquée des représentations LGBTQ+ à la télévision. Ici, « télévision » inclut une très grande variété de plateformes et de formats : fictions, talk-shows, séries web... Média de masse, liée à des intérêts capitalistes, la télévision semble bien mal adaptée à la transmission des cultures queer. À partir d'études de cas (États-Unis, Espagne, Allemagne, Québec), y sont analysées les limites des critères définissant les « bonnes » représentations des réalités queer : en voulant les rendre visibles, normalise-t-on les identités queer ? Avant d'être un courant à la mode, voire un critère pour relancer une série télé, rappelons que le queer est un « faire » politique.
La question des jeunes trans gagnerait à être mieux connue du grand public. Longtemps, les identités trans et non binaires chez les enfants et les jeunes ont été comprises comme des pathologies du développement à mettre en veilleuse, voire à corriger. Or, la littérature scientifique actuelle et l'expérience du terrain nous montrent que les identités de genre non conformes sont une expression parmi d'autres de la diversité humaine. Défendant une approche dite «transaffirmative», qui repose sur une vision non binaire du genre, non pathologisante, respectant l'autodétermination et l'expertise des personnes sur leur vie, cet ouvrage pluridisciplinaire entend fournir des fondements théoriques et pratiques sur le sujet, dans le but d'accompagner et d'améliorer la qualité de vie de ces jeunes.
Peut-on être à la fois une pop star et une icône féministe ? Depuis qu'il est diffusé en masse sur les réseaux sociaux, et encore plus avec la libération de la parole à la suite des mouvements de dénonciation à l'échelle planétaire, le féminisme semble être devenu un effet de mode.
Dans cet essai critique sur la place du féminisme dans la culture populaire contemporaine, Sandrine Galland réapprend à aimer ces figures pop pour mieux les comprendre et relever ce qu'elles représentent de subversif et d'inclusif, et montrer ce qui se passe entre la gloire et la chute de ces stars. Plus qu'un effet de mode, ce sont de nouveaux récits qui s'écrivent avec ou en marge des féminismes.
Qu'y a-t-il de commun entre Joyce Echaquan, mère de famille Atikamekw morte en septembre 2020 dans un hôpital de Joliette, et Marie-Joseph Angélique, esclave noire exécutée à Montréal en 1734 ?
La militante de longue date Alexandra Pierre en aurait long à dire sur le sujet. Dans ce livre, elle s'entretient avec neuf femmes engagées afin de connaître leurs histoires de résistance et faire apparaître le fil qui les unit les unes aux autres. Elle en tire un matériau inédit, ancré dans les luttes passées et futures, et détaché des grandes trames du féminisme blanc et du militantisme traditionnel.
Habilement orchestré, alternant de l'intime au politique, cet essai révèle une pensée en mouvement, généreuse et insoumise.
Luxure, nom féminin : comportement de quelqu'un qui se livre sans retenue aux plaisirs sexuels.
Les codirectrices de Libérer la colère poursuivent leur relecture libre et féministe des péchés capitaux en s'attaquant cette fois à une bête redoutable : le sexe. Qui a dit que la libération sexuelle des années 1970 avait vraiment «libéré» notre sexualité ? Est-ce que le devoir conjugal n'appartient qu'à la génération de nos grands-mères ? Comment se fait-il que le fossé orgasmique soit encore si profond?
De l'asexualité au BDSM, du polyamour au consentement enthousiaste, ces textes culottés réclament haut et fort une nouvelle révolution sexuelle, une réinvention de nos rapports intimes. Si le privé est politique, la sexualité est la clé de voûte de véritables rapports égalitaires. Nous réclamons le droit à la jouissance complète de nos vies. Si dans Libérer la colère nous disions être des féministes frustré·e·s, nous constatons dans Libérer la culotte que nous sommes aussi mal baisé·e·s.
À quoi ressemblent nos refuges, nos abris ? Comment assurer aux femmes et aux personnes queer l'accès à des lieux de vie sains, épanouissants et sécuritaires ? L'Agenda des femmes 2023: Habiter s'intéresse aux stratégies de résistance visant à protéger les droits au logement, à un environnement sain et à un foyer exempt de violences et d'oppressions. Alliant douze voix militantes, cet agenda propose une petite ethnographie de nos manières d'habiter et de lutter pour la préservation de nos lieux de vie.
Celles qui s'affirment comme féministes, ou qui réclament simplement plus de justice sociale, deviennent vite la cible de critiques et d'attaques. Le féminisme crée la polémique et on demande sans cesse aux femmes de le justifier. L'égalité serait déjà atteinte. Les luttes des femmes seraient dépassées, il faudrait maintenant s'inquiéter des hommes... Et quoi encore ? Tous ces blocages prennent forme dans un imaginaire collectif patriarcal, ignorant de l'histoire des femmes et contaminé par de tenaces préjugés. Or, les inégalités persistent et, pendant que nous nous expliquons, nous ne nous y attaquons pas.
Ce manuel de survie en milieu hostile arrive à la rescousse de celles qui veulent des arguments pour ne plus trahir leurs idées et des stratégies pour riposter à leurs adversaires.
Vulgarisant les principales notions théoriques, historiques et politiques du féminisme tout en démystifiant la diatribe masculiniste, ce petit traité militant peut se glisser aussi bien dans la poche d'une consoeur aguerrie que dans celle d'une néophyte. Gageons que, bien outillées, les féministes consacreront moins d'énergie à se défendre, et passeront à l'action.
En matière de sexualité, rares sont les références présentant des informations justes, critiques et inclusives. C'est l'exploit que réalise Our Bodies, Ourselves, véritable classique de santé des femmes. Dans cette première adaptation francophone, Corps accord propose un guide accessible sur l'intimité et la sexualité. Comment la culture influence-t-elle l'expérience de la sexualité?? Comment conjuguer désir et handicaps ou maladies chroniques ? De quelles façons se vit le plaisir sexuel ? Que recouvre la notion de consentement ? On y trouve des connaissances issues de la recherche, des points de vue féministes ainsi que des témoignages de personnes aux expériences variées.
Manifeste céleste met en scène le parcours d'une universitaire devenue horticultrice, qui nous fait part de ses réflexions sur notre relation à la nature. O'Green évoque les écueils que peut engendrer la quête de spiritualité, dans des milieux où circulent une majorité de femmes, mais où celles-ci ne sont pas à l'abri du mansplaining.
On retrouve aussi dans ce texte une forme de nature writing, mêlant observations de la nature, aspects autobiographiques et considérations politiques, un genre principalement associé à des auteurs masculins. Ici, point de lyrisme, mais un regard féministe et ironique sur les différentes conceptions de la nature qui façonnent nos rapports aux autres et au monde.
La question de la reconnaissance du travail invisible des femmes dans les familles et dans la société fait du surplace depuis au moins 40 ans. Où en sommes-nous aujourd'hui face à ces enjeux soulevés par les féministes durant la décennie 1970, et comment s'expriment-ils dans différentes communautés ou milieux, des travailleuses du sexe aux proches aidant·e·s ? Quels sont les nouveaux aspects de l'invisibilité de ce travail "considéré féminin", et, plus généralement, où en sont les revendications en matière de reproduction sociale ?
Ce recueil entend dresser un état des lieux de la question et des mobilisations à mener, avec des actrices directement au coeur de ces enjeux.
Nées en Italie dans les années 1940, Silvia Federici et Mariarosa Dalla Costa sont des militantes pionnières et des intellectuelles féministes de premier plan. Dans ces entretiens inédits menés par l'historienne Louise Toupin, elles reviennent sur le mouvement qu'elles ont cofondé en 1972, le Collectif féministe international, qui fut à l'origine d'une revendication radicale et controversée au sein du féminisme, celle de la rémunération du travail domestique invisible.
À partir de cette riche expérience, elles racontent comment s'est complexifiée leur pensée au fil du temps, et formulent une critique intersectionnelle du capitalisme néolibéral, à partir de la notion de crise de la reproduction.
Camille Toffoli croit que les chanteuses country, les sad girls et les championnes de rodéo ont quelque chose de fondamental à nous apprendre sur les rapports de genre et les privilèges de classe. «Filles corsaires» construit une pensée qui a les deux pieds dans la vie, qui jette son dévolu sur les figures oubliées et les angles morts d´un certain féminisme universitaire. Pourquoi le célibat volontaire, l´autonomie sexuelle et la non-maternité sont-ils toujours frappés de suspicion ? L´amitié peut-elle réellement lutter contre l´hétéronormativité ? Comment penser une politique de la solitude ? L´autrice investigue ces questions, et bien d´autres, à travers une série de portraits où les anecdotes côtoient les réflexions philosophiques. Une éthique féministe inconfortable qui se déploie quelque part entre les journées de travail en librairie et les soirées karaoké.
Quand ont commencé ces Correspondances libres, furieuses et joyeuses entre jeunes féministes, en 2008, le web avait encore l'air d'un vaste boy's club. Il était habituel de considérer le féminisme comme dépassé, de prétendre que les jeunes femmes ne s'y intéressaient guère. Or, depuis qu'elles ont pris la toile d'assaut, nous avons découvert une génération de jeunes féministes courageuses, créatives et bavardes, aussi solides dans l'analyse de la culture pop et des mouvements sociaux de partout dans le monde que dans la gestion des trolls et la solidarité. Le blogue Je suis féministe a servi de porte d'entrée pour des dizaines de jeunes femmes francophones en manque de tribunes. C'est dans cet espace privilégié qu'elles se sont affirmées, qu'elles ont démarré de nombreux débats et donné vie à une culture féministe propre au web, qu'il est devenu impossible d'ignorer aujourd'hui.
Les filles de Je suis féministe passent au papier, pour garder une trace de cette aventure collective marquante, et réfléchir au chemin parcouru. Cette anthologie comprend des textes de 30 auteures, écrits entre 2008 et aujourd'hui, et portant sur des sujets aussi variés que le viol, la maternité ou le coming out féministe, en passant par la publicité, le féministe pop et la violence policière.
Les crises environnementales sont aussi des crises humanitaires. Les changements climatiques, la pollution, les catastrophes ont des effets directs sur les populations et quand un drame survient, il ne suffit pas d'arrêter les déversements et d'éteindre les feux. Il faut aussi réparer, nourrir, prendre soin, des gestes de l'ombre qui incombent traditionnellement aux femmes. Aussi, les périodes de crises politiques, de famines, de pauvreté, les grandes transformations sociales peuvent être des périodes de grande violence et d'augmentation des injustices. Il y a une urgence écoféministe. Les auteures de ce livre pensent que l'écoféminisme est une clé importante pour comprendre le monde actuel et espérer le préserver. Si on connaît peu les écoféministes, elles sont pourtant partout dans les mouvements pour la démocratie directe, pour la convergence des luttes, altermondialistes, anticapitalistes, militantes de la transition et féministes de la troisième vague, partout dans les quartiers, les maisons, les organismes où l'on cherche à prendre soin du monde localement.
Ce livre veut faire apparaître l'écoféminisme d'aujourd'hui. Pour ce faire, il donne la parole à des auteures aux engagements très différents les uns des autres. Elles s'intéressent, en effet, à des sujets variés comme l'organisation locale démocratique, la décolonisation, la résistance aux grands projets d'exploitation des ressources, les droits des animaux, la crise de la reproduction, la place des femmes dans le retour à la terre, la financiarisation du vivant, etc. Toutes sont mues par l'urgence de préserver les conditions de vie sur Terre. Et pensent que nous n'y arriverons pas sans rompre radicalement avec l'idéologie de domination, l'attitude de maîtres et de propriétaires qui caractérise le rapport des humains avec la nature.
À l'aube d'une décennie marquée par un virus ayant partout exacerbé la violence et les inégalités, l'intersectionnalité s'avère plus que jamais nécessaire pour comprendre le monde. Qu'arrive-t-il lorsque l'on porte ce regard attentif sur les médias ?
Ce livre explore avec aplomb les questions de l'inclusion et de l'exclusion médiatiques. Comment analyser le traitement médiatique réservé au port du hijab dans le sport, aux agressions sexuelles à l'endroit des femmes noires et autochtones, ou encore, de la place des transidentités dans l'espace public ?
Un livre collectif qui amène son lot de réponses éclairantes et douloureuses, une rareté dans le paysage des études culturelles francophones.
En octobre 2017, devant le déferlement monstre suscité par le mouvement #MeToo, il y avait urgence: une fois sortis du silence, ces récits ne devaient pas tomber dans l´oubli. C´est la raison pour laquelle Martine Delvaux, écrivaine, militante et professeure de littérature à Montréal, a lancé un appel. En quelques jours, près de cent témoignages de violence lui ont été confiés. Ce livre a été pensé comme un collage vivant, une chambre d´échos, un choeur, afin de faire résonner toutes ces voix dans leur unicité, dans leur multiplicité : « Voici ce que nous portons, tous les jours de notre vie. Sans déesses ni héroïnes en tête de file, des voix avancent. Nous faisons front commun.»
La pandémie mondiale de covid-19 a mis en relief le rôle central des métiers du soin dans lorganisation de nos sociétés. Au-delà des applaudissements et des références aux « anges gardiens », quen est-il des revendications de ces travailleuses qui prodiguent, chaque jour, des soins aux personnes malades, blessées, handicapées, fragiles ? À quelle vision du soin aspirent-elles ?
Le désastre écologique en cours laisse présager la multiplication des crises sanitaires telles que celle que nous traversons. Jusquà maintenant, nos dirigeants ont montré leur incapacité à y répondre sans creuser les inégalités socioéconomiques et épuiser les travailleuses. Quelles soient infirmières, sages femmes, herboristes ou médecins , quelles réfléchissent aux conséquences du néolibéralisme sur la santé des populations, les autrices ouvrent des pistes pour changer de cap. Ces voix sénoncent à partir du Québec, du nord de lOntario, dHaïti, du Sénégal, de la France, de la Belgique et du Chiapas.
Un enjeu vital, un débat où les femmes doivent se faire entendre !