Dans une maison, derrière une fenêtre, deux femmes parlent. Nous entendons. Elles parlent lentement, entre de longs silences, cherchent leurs mots, les trouvent ou ne les trouvent pas, se taisent encore, essayent d'autres mots, se contredisent, se coupent, oublient le magnétophone, essayent de se souvenir, essayent de parler, avancent, se perdent, se retrouvent, se perdent encore, mais avancent toujours, sans modèle, sans plan, sans prudence et, pour la première fois peut-être, sans la peur du CENSEUR. D'où vient que ces propos soient publiés dans leur état premier ? qu'on les livre sans correction aucune ? qu'on ose proposer à la lecture cette incohérence, ce désordre, cette confusion, cette opacité, ces redites, ce piétinement de la parole ? D'où vient que ce qui n'est pas du tout écrit, remanié, mis en forme, élucidé, fascine à ce point ? Quel est le mystère de cet écrit de la parole ? Est-ce parce qu'il est, enfin, celui de la femme ? celui à venir ?
M. D.
Ce livre d'entretiens est paru en 1974.
La langue est-elle machiste ? Faut-il modifier le genre des mots par attachement à l'égalité des sexes ? Le débat est ancien mais toujours d'actualité. Pourquoi certains noms d'agent sont-ils privés de féminin (orateur, syndic, écrivain)? Pourquoi les termes " génériques " désignant des humains sont-ils masculins ? C'est à toutes ces questions et bien d'autres que Marina Yaguello répond dans ce livre, de façon érudite mais jamais pédante, fidèle à son credo selon lequel la linguistique n'est pas qu'une affaire de spécialistes.
La Trilogie des jumeaux d'Agota Kristof raconte l'histoire des frères Claus et Lucas qui font l'apprentissage de la survie et de l'endurcissement dans un pays ravagé par la guerre.
Depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, ce parcours en trois volets (Le Grand Cahier, La Preuve, Le troisième mensonge) est marqué par la séparation, la division de l'Europe à l'époque du rideau de fer, l'identité incertaine, la mélancolie et la maladie de l'écriture. Le succès des trois romans de l'écrivaine d'origine hongroise exilée en Suisse est dû à cette écriture blanche si particulière, dépourvue de tout pathétique.
Une oeuvre qui interroge fortement le pouvoir de la fiction et notre responsabilité face à la mémoire du passé.