Annabel Abbs enquête sur les intellectuelles et femmes artistes qui ont pratiqué la randonnée. Elle montre comment cette activité a été pour elles une libération face aux contraintes et aux difficultés du quotidien.
La meilleure façon de marcher, c'est encore la leur...
Toutes ont eu l'audace, à une époque où voyager seule n'avait rien d'évident, de saisir leur bâton de pèlerin. Elles sont peintres, philosophes, poétesses... Figures plus ou moins oubliées que Nan Shepherd, l'Ecossaise, Gwen John, la Galloise, Georgia O'Keeffe, Clara Vyvyan - mais aussi Simone de Beauvoir, Daphné du Maurier... Qu'est-ce qu'une femme qui marche ? Et pourquoi marchent-elles ? Pour le plaisir, comme les homologues masculins ? Ou plutôt pour penser par elles-mêmes ? Mettre de l'ordre dans leurs émotions, s'affirmer, s'émanciper... Pour devenir, pas à pas, la femme qu'elles sont. La randonnée comme un nouveau départ...
On ouvre ce livre et nous voilà sous le charme de celles qui un jour on décidait de partir à l'aventure. Un récit à la fois intime et profond.
Psychologie magazine Annabel Abbs passionnée de voyages à pied et de montagne, s'est lancée dans une traque des marcheuses.
Libération Traduit de l'anglais par Béatrice Vierne
Contrairement à une croyance largement partagée, la présence d'Africains en Europe n'est pas récente : elle remonte à l'Antiquité, lorsque l'Égyptien saint Maurice, dont nombre de gravures et oeuvres d'art ont fait un homme blanc, a pris la tête de la légion thébaine à Rome. Depuis lors, les échanges entre ceux que l'on désignait comme les « Africains » et les « Européens » ont été riches et variés, dessinant une histoire certes brutale mais que l'on ne peut réduire à l'esclavage et à la colonisation. Première femme noire titulaire d'une chaire d'histoire en Grande-Bretagne, Olivette Otele, qui enseigne l'histoire coloniale à l'université de Bristol, retrace les étapes de cette relation de Septime Sévère aux migrants d'aujourd'hui en passant par la Renaissance et la période moderne. Décryptant la fabrique des préjugés depuis plus de deux mille ans, évoquant au passage Alexandre de Médicis et Dumas, Pouchkine et Battling Siki, ce large tour d'horizon apporte un éclairage inédit sur les questions de discrimination, de racisme et d'identité. Finaliste du George Orwell Prize for Political Writing, Une histoire des noirs d'Europe a été élu Meilleur Livre de l'année 2020 par le Guardian et History Today.«Un texte tout à la fois rigoureux, dynamique et accessible, qui tisse différents fils pour raconter une seule et même histoire telle qu'on ne l'a jamais lue. » Kirkus Review
Des favorites royales, la marquise de Pompadour est sans aucun doute la plus célèbre.
Pourtant, son ascendance bourgeoise aurait dû lui fermer les portes de la Cour. Et c'est grâce à sa beauté, à sa prodigieuse énergie et à son intelligence qu'elle parvint à séduire Louis XV. Même lorsque leur relation prit un tour platonique, elle resta sa plus chère amie. Avec talent et habileté, elle sut également s'imposer à Versailles et y exerça une influence qui ne se démentit jamais au cours des vingt années de son " règne " : faisant et défaisant les ministres, se mêlant de politique et de prodiguer ses conseils.
Femme de goût, elle fut encore un véritable mécène, soutien indéfectible des érudits et artistes de son temps. Dans l'intimité de cette femme de pouvoir, Nancy Mitford fait revivre la cour de Louis XV et décrit avec malice ses intrigues et l'entourage de la marquise.
C'est une fresque immense que l'historien Walter Scheidel a brossée : sur des milliers d'années et au sein des sociétés les plus diverses, il met au jour les processus qui ont fait reculer les inégalités économiques. Nous y découvrons, de manière tout à fait contre-intuitive, que la réduction de ces inégalités est en réalité moins probable en période de paix, d'abondance, de stabilité politique et de croissance qu'en période de souffrance et de chaos. De cette plongée historique, Scheidel déduit que le retour de l'égalité peut avoir lieu à travers quatre grands types de cataclysme : la guerre, la révolution, l'effondrement des structures de l'État et l'épidémie de masse - qu'il dénomme les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Mais Scheidel s'éloigne de toute vision déterministe : ces quatre cavaliers ont un rôle possible, sinon probable dans le processus de remise à zéro des inégalités. En démontrant, avec une efficacité saisissante, cette mécanique d'anéantissement et de renaissance dont le capitalisme mondial est le dernier avatar, Scheidel pose les bases d'une réflexion indispensable sur le progrès social et les temps futurs. Sur l'urgence de répondre politiquement à une globalisation inégalitaire dont les fragilités accumulées pourraient entraîner un collapsus à l'échelle mondiale.
Longtemps perçu comme le royaume inatteignable des moines bouddhistes, berceau d'une culture résolument pacifique, le Tibet demeure une terre interdite, occupée et gérée d'une main de fer par la Chine depuis les années 1950. Barbara Demick, ancienne correspondante du Los Angeles Times à Séoul puis à Pékin, a pu s'y rendre à plusieurs reprises, bravant l'interdiction faite aux journalistes. C'est à Ngaba, ville de la province du Sichuan, perché à plus de 3000 mètres d'altitude, qu'elle a rencontré des Tibétains : un jeune nomade qui se radicalise dans un monastère ; une lycéenne sommée de choisir entre sa famille et une bourse chinoise ; un poète et intellectuel prêt à tout pour faire entendre la voix de la résistance ; une princesse dont la famille a été décimée durant la Révolution culturelle, exilée à Dharamsala, comme le Dalaï Lama que Barbara Demick a également rencontré.Comment protéger sa culture, sa langue et sa spiritualité des ravages d'une superpuissance que rien ne semble pouvoir arrêter ? Après Rien à envier au reste du monde, sur la Corée du Nord, Barbara Demick livre un portrait saisissant et terriblement humain d'un peuple déchiré entre la résistance et la soumission, la non-violence et les armes. « Il est tout simplement impossible de comprendre la Chine sans lire Barbara Demick. » Evan Osnos, auteur de Chine, l'âge des possibles« Une oeuvre nourrie par un extraordinaire travail de terrain, et qui nous ouvre les yeux. » The New York Times.
En 1926, à 25 ans, margarete buber-neumann entre au parti communiste allemand.
Après avoir fui le nazisme avec son compagnon heinz neumann, l'un des leaders du parti, le couple se retrouve à moscou. mais, en 1937, heinz est arrêté et margarete, jugée à son tour " déviationniste ", est condamnée à cinq ans de travail forcé dans un " camp d'amélioration " en sibérie. un " geste d'amitié " de staline à hitler, en 1940, lui vaut d'être livrée à la gestapo, et internée au camp de concentration pour femmes de ravensbrück.
Après la guerre, le témoignage de margarete buber-neumann au procès kravchenko devait faire sensation. c'était la première fois qu'un témoin digne de foi venait attester l'existence des camps de déportés politiques en sibérie.
Encore une biographie de Jeanne d'Arc ? Plus que toute autre figure du Moyen Âge, elle a été l'objet d'une littérature abondante (récits historiques, biographies, éditions des sources, etc.).
À l'occasion du 600e anniversaire de sa naissance, Gerd Krumeich relève le défi de dresser le portrait de la Pucelle d'Orléans en s'en tenant pour la première fois aux faits que nous sommes réellement en mesure de connaître. Il fait enfin la part des choses entre la réalité et les mythes en se basant sur les sources et les recherches les plus récentes. Avec érudition, mais aussi avec passion, il donne à comprendre ce personnage emblématique dont l'histoire participe tout autant de la légende que de l'énigme.
Historien allemand et spécialiste de l'histoire du culte de Jeanne d'Arc, il fait oeuvre d'objectivité et d'impartialité. Il échappe ainsi aux récupérations politiques et évite l'écueil de la querelle franco-française : Jeanne d'Arc n'est ici ni de droite, ni de gauche. Tout a été dit sur Jeanne d'Arc ! On peut le penser si l'on considère la profusion d'ouvrages qui lui ont été consacrés. Pourtant, rares sont les travaux qui font preuve d'une approche impartiale, parce que trop souvent polémiques ou partisans.
Plus que toute autre figure historique, Jeanne a pâti des convictions et croyances. Partant de ce constat, Gerd Krumeich s'attache, à l'appui des sources, à répondre à un certain nombre de questions que suscite toujours la jeune femme qui défia les Anglais et devint l'héroïne la plus populaire de France. Objet d'enjeux idéologiques mouvants, la Pucelle est devenue l'une des figures dont l'historiographie, mais aussi la littérature et les arts, n'ont cessé de débattre et de s'inspirer.
Tour à tour réprouvée, adorée, accaparée par nombre de sensibilités, elle s'est trouvée exposée, des siècles durant, aux suppositions les plus saugrenues. À l'occasion du 600e anniversaire de sa naissance, Gerd Krumeich nous conte enfin l'histoire de ce mythe national.
Brillante philosophe et mathématicienne grecque de la fin du IVe et du début du Ve siècle de notre ère, Hypatie d'Alexandrie est en effet restée célèbre surtout pour sa mort tragique. Hypatie fascine depuis longtemps historiens, philosophes, poètes et romanciers. Mais ceux-ci se sont emparés du personnage, et l'ont souvent instrumentalisé pour défendre des causes aussi diverses que l'anticléricalisme, l'anti-catholicisme ou le féminisme...
« Quiconque demande qui était Hypatie se verra probablement répondre : « C'était une belle philosophe païenne qui s'est fait mettre en pièces par des moines (ou, plus généralement, par des chrétiens) à Alexandrie en 415. » [...] Embellie dans les arts, déformée par les affects et les partis pris idéologiques, la légende d'Hypatie est extrêmement populaire depuis des siècles ; mais jusqu'à ce jour toutes les tentatives pour présenter la vie de cette femme, de manière impartiale, ont échoué. » M. D.
Dans l'histoire mondiale des luttes révolutionnaires, il y a les victoires et les défaites ; il y a le point de vue des hommes, et celui des femmes ; il y a les récits de combat, les récits de prison, et les récits de sortie de prison. Voici l'autobiographie précoce et désenchantée d'une fameuse militante brésilienne, Patrícia Galvão (1910-1962), mieux connue sous le pseudonyme de Pagu, qui rédigea cette lettre-confession pour reprendre vie, en 1940, à l'issue de quatre années passées dans les geôles sinistres du dictateur Vargas.
Elle y fait le bilan, critique et sans concession, de ses trente années d'existence et, tout particulièrement, de son engagement politique. Jeune fille fondamentalement insatisfaite issue de la petite bourgeoisie, tôt habitée par des velléités d'émancipation à l'égard des carcans sociaux, scandaleuse par nature, dessinatrice et poétesse remarquée à la fin des années 1920 au sein du groupe « anthropophage » d'Oswald de Andrade, l'avant-garde du moment, cette femme libre et frondeuse s'engage dès 1930, corps et âme, à sa manière turbulente et en toute illégalité, dans le combat communiste. Elle milite comme elle peut, en intellectuelle tenue pour suspecte par les cadres du Parti communiste, lance avec Oswald de Andrade un éphémère journal d'extrême-gauche, prend la tête d'un rassemblement du Secours Rouge et devient la première femme incarcérée pour motifs politiques dans l'histoire du Brésil, obéit aux ordres de « prolétarisation » du Parti et part travailler en usine, publie le premier roman prolétarien apparu au Brésil, joue malgré elle les Mata Hari au sein du « Comité fantôme » du PCB, prend le large et effectue un tour du monde comme reporter, passant à Moscou pour atterrir à Paris où elle prend part aux manifestations du Front Populaire, débarque à nouveau au Brésil où, lasse, elle est arrêtée et condamnée pour activités subversives...
Mais, à côté de ce parcours politique fulgurant et erratique, des salons mondains de São Paulo aux périls et déceptions de la lutte clandestine, le récit aborde aussi de front la question de la condition féminine : initiation sentimentale et sexuelle, expérience du couple et de la maternité dans des conditions pour le moins précaires et hostiles, abus et harcèlements de toutes sortes et de tous bords, tentatives d'affranchissement avec la révolution pour horizon... Ce témoignage précieux, d'autant plus radical et authentique qu'il fut écrit à des fins toutes personnelles, sans intention de publication, n'a été divulgué au Brésil qu'en 2005 pour venir conforter la légende de Pagu, déjà bien établie. Au-delà du contexte brésilien, ces mémoires d'une révolutionnaire conjuguent, dans une écriture intime et poignante, sans tabou ni pudeur, une réflexion sur les possibilités de transformation sociale et un autoportrait viscéralement féministe. Ce sont aussi les coulisses, sombres et tragiques, du roman de propagande Parc industriel publié en 2015 au Temps des Cerises, par le même traducteur.
Membres des forces de police, pourquoi êtes-vous là ? Avez-vous entendu dire que nous sommes des adeptes du désordre ? C'est faux ! Qui raconte que nous croyons au chaos et au désordre ? Les capitalistes et les faiseurs de guerre, les promoteurs du chaos économique, les architectes du désordre mondial ! Ces mêmes hommes qui tiennent l'industrie, choisissent les présidents, nomment les juges, possèdent les journaux, dotent les universités. Chaque année, des milliers d'ouvriers meurent dans leurs mines et leurs usines. À chaque génération, les fils des ouvriers sont massacrés dans leurs guerres. Et ils nous accusent d'être violents ! Que les choses soient claires. La violence contre des innocents ? Jamais ! La violence contre l'oppresseur ? Toujours !
Anna Politkovskaïa a été assassinée à Moscou le 7 octobre 2006. Ceux qui ont voulu sa mort voulaient la faire taire. Sa voix dérangeait.
En 2007, pour le premier anniversaire de sa mort, paraissait à Moscou, sous le titre Za Chto, " Pour quoi ? " - c'est-à-dire : " Pour quelle raison l'a-t-on tuée ? " -, un recueil posthume de ses articles, qui donne la mesure de l'importance de son engagement. Les textes des deux dernières années de sa vie restaient à ce jour presque totalement inconnus du lecteur occidental. Leur publication montre que la voix d'Anna Politikovskaïa ne s'est pas tue.
Je parle encore réunit une trentaine de textes dont le grand public français n'a pas eu connaissance, qui redisent avec force son opposition à la guerre en Tchétchénie, à la dérive autoritaire du régime du Kremlin, au glissement de la société vers l'indifférence, la violence, la cruauté et la xénophobie. S'y ajoutent les témoignages de son mari, d'une de ses amies d'enfances et de la plus proche de ses collègues de Novaïa Gazeta.
Dès les années 1910, trois grands poètes russes, Goumiliov, Akhmatova et Mandelstam, liés d'amitié et réunis par une même conception de la poésie, énoncent les principes de l'acméisme, une nouvelle « école » poétique qui se démarque profondément tant du symbolisme alors dominant, que du futurisme qui va bientôt s'épanouir.
Goumiliov, qui a été le mari d'Akhmatova et le père de son fils, est fusillé en 1921. Les deux survivants, Akhmatova et Mandelstam, vont eux aussi connaître des destins tragiques. S'admirant et se soutenant mutuellement dans les épreuves, ils resteront fidèles à cette amitié de jeunesse à laquelle la femme de Mandelstam, Nadejda, est très vite associée. Après 1938, date de la mort de Mandelstam dans un camp, les deux femmes restent seules pour affronter la guerre et de nouvelles persécutions, unies par le souvenir d'un passé commun, et surtout par la mémoire de Mandelstam toujours présent entre elles.
Ce livre de souvenirs sur Anna Akhmatova, récemment retrouvé et totalement inédit en français, a été écrit par Nadejda entre les deux tomes des mémoires que nous connaissons, tout de suite après la mort d'Akhmatova en 1966. Nadejda nous livre un portrait de son amie vue à travers le prisme de l'affection. Les anecdotes, les détails, les conversations font surgir devant nous une personne humaine et vivante, une Akhmatova à l'esprit acéré et à l'humour corrosif, avec ses petits travers, mais surtout son courage face aux épreuves, sa noblesse intérieure, et son immense talent. Comme dans le premier tome de Contre tout espoir, la forte personnalité et la remarquable sensibilité poétique de l'auteur sont mises au service du poète dont elle parle.
Il y a néanmoins plus que cela dans ce livre : les réflexions des deux femmes sur la peur, le courage, la liberté, la poésie ou la société soviétique en évolution, donnent à ce portrait une ampleur et une profondeur qui en font bien davantage qu'un simple essai biographique.
Si elle ne l'a finalement pas publié, c'est sans doute qu'elle a souhaité en utiliser partiellement la matière dans le deuxième volet des mémoires, qui brosse un portrait plus général de l'époque dans laquelle avait vécu Mandelstam, et dont la tonalité est moins tendre que dans ces souvenirs plus intimes consacrés exclusivement à Akhmatova.
Qui est donc Milagro Sala, prisonnière politique la plus célèbre d'Argentine ?
Pour le savoir, Alicia Dujovne Ortiz est allée enquêter sur place, dans la province de Jujuy, au printemps 2017. Elle a rencontré Milagro Sala dans sa prison ainsi que son mari, ses camarades de luttes, des membres de son association Tupac Amaru, ses voisins, ses ennemis aussi. Au fil des témoignages se révèle une femme hors du commun, une révolutionnaire d'une générosité exceptionnelle qui a su mettre la cause indienne sur le devant de la scène, et qui est aujourd'hui en danger de mort. Ce livre se joint à la mobilisation internationale lancée pour exiger sa libération.
10 novembre 1938 à Bonn.
La synagogue brûle. Les magasins juifs sont saccagés. Marie Kahle et ses fils volent au secours de leurs voisins. Un geste qui paraît normal à cette famille profondément chrétienne. Mais dont, hélas, le point de vue est loin d'être partagé. La presse locale s'indigne. Des commerçants refusent de servir Marie Kahle. Ses enfants se font injurier. Ce n'est que le début d'une longue série de persécutions et de menaces.
L'étau impitoyable se resserre. Il faut fuir, oui, mais comment ? Ce beau récit d'une Allemande prise dans la Nuit de Cristal et dans la dérive de son pays constitue un témoignage rare et saisissant.
Le « scandale du collier » a fasciné mémorialistes, romanciers, dramaturges, essayistes, historiens et érudits. Goethe y vit l'événement qui « ruina les bases de l'État » et « détruisit la considération que le peuple avait pour la reine, et, généralement, pour les classes supérieures », voire la « préface » de la Révolution de 1789. Se basant sur l'étude des interrogatoires et des minutes du procès des protagonistes de l'« affaire », Benedetta Craveri retrace les étapes de ce complot contre Marie-Antoinette - « l'Autrichienne » honnie, alors la cible des pamphlets les plus virulents - et, à travers elle, contre la monarchie, ourdi par des aventuriers sans scrupule menés par l'intrigante comtesse de La Motte et servi malgré lui par un cardinal de Rohan prêt à tout - y compris à acquérir le collier le plus cher du monde - pour se gagner les faveurs de la reine. Cette chronique minutieuse débute avec l'arrestation du prélat, le 15 août 1785, et embrasse une époque où déjà la presse à scandale, par le biais de la calomnie et de la diffamation, est une arme politique.
Sur une arrestation arbitraire de la police franquiste, Eva Forest a été emprisonnée à la prison de Yeserías (prison pour femmes de Madrid) de septembre 1974 à juin 1977. De sa prison elle témoigne de la torture.
« Ces témoignages, on le verra, correspondent à une époque déterminée et à un lieu précis : la prison pour femmes de Yeserías, où ne sont incarcérées que les prisonnières de Madrid et de ses environs. Ce document est donc « limité » à un moment de l'histoire de notre peuple, marqué du sceau de la violence la plus féroce. À partir de là on pourra juger de l'étendue de la répression sur la plupart des régions d'Espagne vers cette même période [...]. Les témoignages que nous rapportons ici ont été publiés presque à l'état de brouillon car la tâche qui me semblait la plus urgente, durant ces heures d'angoisse, était de dénoncer ce qui était en train de se produire. » (Extrait de la préface d'Eva Forest à l'édition espagnole) « Au cours de la deuxième moitié de l'année 1975, j'ai recueilli la plupart des témoignages qui forment aujourd'hui la première partie de ce livre. J'ai non seulement écouté mes camarades raconter leurs tortures mais j'ai aussi pu constater l'importance des séquelles physiques et psychologiques que leur ont laissé les sévices subis. » E.F.
Marina, jeune iranienne chrétienne fut arrêtée et emprisonnée, à 16 ans, en compagnie de centaines d'autres adolescents. Interrogée et torturée, elle est condamnée à mort pour avoir refusé de se soumettre au Coran. Ali, l'un de ses geôliers, tombe amoureux d'elle et obtient que sa peine de mort soit commutée en prison à vie. Mais le prix à payer est élevé : Marina doit pour cela épouser Ali et se convertir à l'Islam. Peu de temps après, Ali est abattu par une faction révolutionnaire rivale et meurt dans les bras de sa femme. Marina est relâchée après deux ans passés à la prison d'Evin, et fuit l'Iran en 1991 pour s'installer au Canada en compagnie de son amour de lycée.
C'est le témoignage bouleversant d'une femme iranienne, dont le destin bascule dans l'horreur. Marina a dû fuir son pays pour se réfugier au Canada où elle a enchaîné les petits boulots avant de se reconstruire.
On retrouve l'âme de Marjane Satrapi dans cette description de l'Iran au temps de la Révolution, avec comme personnage fort, la grand-mère de Marina, symbole de transmission de valeurs culturelles, dans ce pays déchiré par les partisans et les opposants au Shah d'Iran et au retour de l'Ayatollah Khomeiny.
L'auteur, Marina Nemat, vit toujours au Canada. Son livre a été publié en Suède, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Angleterre, au Canada, en Israël et aux Etats-Unis et a rencontré un énorme succès. Une adaptation en film est prévue en Angleterre.
Vingt portraits de femmes extraordinaires du XXe siècle. Cet ouvrage s'ouvre sur la grande photographe Berenice Abbott, qui, pour fêter son diplôme de fin d'études secondaires, se fit couper les cheveux à la garçonne : " A peine furent-ils par terre que je me sentis plus légère et plus libre. " Ce geste d'indépendance pourrait être l'emblème de chacune des femmes dont l'histoire est racontée ici. jusque dans les souffrances qu'elles traversent, dans les luttes qu'elles doivent livrer, dans les moments les plus sombres de leur existence, ces vingt " Aventurières américaines " surent conserver un style plein de grâce et de légèreté et se montrer d'une séduisante insolence dans leur manière de s'affirmer. Cristina De Stefano raconte dans ces pages la vie mouvementée de ces femmes extraordinaires avec affection et intelligence : nous découvrons ainsi dans ce livre (ou redécouvrons) la grande et malheureuse actrice noire Dorothy Dandridge et la poétesse Hilda Doolittle, premier amour d'Ezra Pound ; la pionnière du mouvement en faveur du contrôle des naissances, Margaret Sanger, et Dorothy Parker, la femme la plus drôle qui ait jamais écrit dans un journal américain ; Slim Keith, qui inventa une certaine notion de l'élégance, et Lee Miller, qui fut à la fois modèle et photographe inoubliable ; ou encore Amelia Earhart, aviatrice qui incarna à la perfection l'héroïne américaine, Anne Sexton, la poétesse suicidaire, Kay Swift, muse et collaboratrice de George Gershwin, et enfin la plus tapageuse des vamps hollywoodiennes, Mae West. Rencontres fulgurantes et liaisons scandaleuses, enfances dorées et adolescences désolées, amours irrésistibles et mariages orageux, succès fulgurants, suivis de chutes qui ne l'étaient pas moins - avec en toile de fond les tumultueux événements du XXe siècle. On reste sur l'impression que l'Américaine aventurière de cette époque-là, quel que soit son domaine d'activité, constitue un type anthropologique bien défini, qui ne manque jamais de fasciner.