Des empreintes de mains sur les parois de Pech Merle à celles de Yenikapi en Turquie, des girafes gravées dans le désert du Sahara aux pétroglyphes géants d'Hawaï, des temples de Göbekli Tepe aux signes énigmatiques dans les grottes marines du Salento, Silvia Ferrara nous entraîne dans un extraordinaire voyage sur les traces graphiques de l'humanité. Nous voici soudain face à des dessins d'hommes et de femmes, d'animaux disparus, mais aussi face à des figures géométriques et sans légendes. Comment naissent des symboles, des icônes, des signes, des mots ? Qui les crée, et pourquoi ? Et qui les comprend ?
Dans ce « saut » vers l'abstraction s'exprime la capacité humaine à façonner le réel et à lui donner vie. En déchiffrant ces écrits d'avant l'écriture qui nous parviennent depuis le fond des millénaires, les questions restent parfois en suspens. Mais la puissance de l'imagination continue de nous émerveiller et de nous parler.
Silvia Ferrara est professeure de philologie mycénienne à l'Université de Bologne. Elle est responsable du programme de recherches européen INSCRIBE (Invention of Scripts and their Beginnings) consacré aux inventions de l'écriture.
Lors du décès d'une tante sans descendance, Annette Wieviorka réfléchit aux traces laissées par tous les êtres disparus qui constituent sa famille, une famille juive malmenée par l'Histoire. Il y a le côté Wieviorka et le côté Perelman. Wolf, l'intellectuel yiddish précaire, et Chaskiel, le tailleur taiseux. L'un écrit, l'autre coud. Ils sont arrivés à Paris au début des années 1920, en provenance de Pologne. Leurs femmes, Hawa et Guitele, assument la vie matérielle et celle de leurs enfants.
Dans un récit en forme de tombeaux de papier qui font oeuvre de sépultures, l'historienne adopte un ton personnel, voire intime, et plonge dans les archives, les généalogies, les souvenirs directs ou indirects. Par ces vies et ces destins recueillis, on traverse un siècle cabossé, puis tragique : d'abord la difficile installation de ces immigrés, la pauvreté, les années politiques, l'engagement communiste ou socialiste, le rapport complexe à la religion et à la judéité, puis la guerre, les rafles, la fuite ou la déportation - Paris, Nice, la Suisse, Auschwitz - et enfin, pour certains, le difficile retour à la vie marqué par un autre drame.
Tout l'art consiste ici à placer le lecteur à hauteur d'hommes et de femmes désireux de bonheur, de joie, de liberté, bientôt confrontés à l'impensable, à l'imprévisible, sans certitudes ni connaissances fiables au moment de faire des choix pourtant décisifs. C'est ainsi que des personnages très attachants et un monde disparu retrouvent vie, par la grâce d'une écriture sensible et précise.
Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour « la bonne dame », je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une « oasis » propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son oeuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation.
Ce lieu, Sand l'a investi. L'art y établit la communion des coeurs et des esprits. C'est aussi une cellule politique, inspirée par le socialisme de Pierre Leroux, noyau républicain support de journaux et ferment subversif des manières de vivre et de penser. Nohant est le creuset d'une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde.
Pas plus que personne, Sand n'a réalisé son rêve. Aujourd'hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d'une histoire d'amour aux accents infinis.
Michelle Perrot
Une vie géniale à nulle autre pareille - celle d'une femme partie en quête de vérité jusqu'à en mourir ; mais plus encore celle d'une femme en amour avec l'esprit, malgré la violence extraordinaire de son temps.
Philosophe, écrivain, poète, mystique, partisane de toutes les luttes politiques des années 1930, jusqu'à se faire ouvrière chez renault. à la fois engagée dans la guerre d'espagne et la france libre, simone weil n'a jamais dissocié son action de sa parole, son combat politique de son engagement spirituel, sa vision philosophique de sa pratique mystique, albert camus, emil cioran ou andré breton ne s'y sont pas trompés, qui l'ont saluée comme l'un des êtres les plus libres qui ait été.
Ce portrait met en lumière les seuils franchis, les choix résolus - le renoncement à l'amour, les amitiés, la charité totale et l'heure de la mort. il élucide le grand rêve de simone weil : vivre, dans la fraternité, l'amour immense qu'elle portait à son prochain, et partager avec lui la souffrance du monde. christiane rancé fait surgir devant nous une femme résolument en avance sur son siècle, dont la présence, l'exemple nous sont nécessaires.
On fêtera le 10 décembre le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de
l'homme. C'était l'occasion de demander à la Secrétaire d'État aux Droits de l'homme de se livrer
à l'exercice de la collection « Expliqué à... ». Tâche dont elle s'acquitte ici avec une grande
aisance, beaucoup de franchise et d'élégance. Fidèle à l'esprit pédagogique de la collection, elle
retrace les grandes étapes historiques de la conquête des droits de l'homme, esquisse les
principales problématiques auxquelles leur défense se trouve confrontée et affirme ses priorités :
droits de la femme, droits de l'enfant, liberté d'expression et justice internationale. Constamment
illustré par des exemples empruntés à l'actualité la plus récente, ce livre ne manquera pas de
séduire par sa liberté de ton et devrait devenir une référence pour les enseignants.
La pratique de l'avortement s'est très largement répandue au XIXème siècle, en rapport avec les profondes mutations sociales et matérielles de la nouvelle civilisation industrielle.
La généralisation des moyens mécaniques a complété voire supplanté les vieilles potions herbacées et les remèdes plus ou moins inefficaces issus de l'Antiquité. Cependant, les ressorts moraux viennent justifier la répression : crime contre Dieu, l'avortement devient également et avant tout, de la fin du XIXème siècle jusqu'à 1945, un crime antinational et antipatriotique qui enlève de nouveaux citoyens et de nouveaux soldats à une communauté angoissée par son atonie démographique et par le dynamisme de la natalité allemande.
La revendication du droit à l'avortement va néanmoins se faire entendre. D'abord par la reconnaissance de l'avortement thérapeutique, en 1852. Défendu ensuite dans une perspective révolutionnaire par les néo-malthusiens de la Belle Epoque, le droit des femmes à disposer de leur corps finit par s'imposer au début des années 1970, entraînant avec lui un débat passionné qui ne cessera pas avec le vote de la loi Veil.
Avec les éclats du féminisme, les revendications gays, la promotion de nouvelles figures métrosexuelles, la virilité ne cesse d'être questionnée. Critiquée, refoulée, dissimulée, on en vient à se demander si elle reste encore un élément reconnu, valorisé, ayant droit de cité. Cette monumentale Histoire de la virilité s'empare du problème pour l'envisager dans tous ses aspects. Réunissant un panel de spécialistes de l'histoire des mentalités et des représentations, elle offre un parcours des plus complets des sens qu'a pu prendre la notion de virilité à travers les âges, de l'Antiquité à nos jours.Organisée autour de figures symboliques fortes - le militaire, le politique, le religieux, le jeune garçon, l'homosexuel, la femme... -, convoquant tous les imaginaires - livres, cinéma, bande dessinée... -, explorant tous les territoires et levant un certain nombre de tabous, cette véritable encyclopédie de l'homme viril contient en outre une vaste iconographie qui en fait la référence indispensable sur la question.
Par sa large audience, le cinéma constitue un témoignage privilégié des sensibilités populaires, des adhésions et des rejets politiques d'une époque donnée.
Souvent, à l'insu du réalisateur, le film de fiction en dit plus que le documentaire. Le cinéma est aussi un des instruments d'élaboration des mémoires collectives: le film historique raconte le passé en le posant en concurrent effronté des agents "agréés " et institutionnels. A travers une centaine d'oeuvres du cinéma occidental, l'auteur analyse les modes de représentations audiovisuelles des grandes questions qui ont animé et bouleversé le XXe siècle: la formation des démocraties, la déclaration de la Première Guerre mondiale, la naissance du communisme, l'avènement des crises économiques, la montée du fascisme et du nazisme, les affrontements de la Guerre froide et du colonialisme ainsi que la décolonisation.
Avec les éclats du féminisme, les revendications gays, la promotion de nouvelles figures métrosexuelles, la virilité ne cesse d'être questionnée. Critiquée, refoulée, dissimulée, on en vient à se demander si elle reste encore un élément reconnu, valorisé, ayant droit de cité. Cette monumentale Histoire de la virilité s'empare du problème pour l'envisager dans tous ses aspects. Réunissant un panel de spécialistes de l'histoire des mentalités et des représentations, elle offre un parcours des plus complets des sens qu'a pu prendre la notion de virilité à travers les âges, de l'Antiquité à nos jours.Organisée autour de figures symboliques fortes - le militaire, le politique, le religieux, le jeune garçon, l'homosexuel, la femme... -, convoquant tous les imaginaires - livres, cinéma, bande dessinée... -, explorant tous les territoires et levant un certain nombre de tabous, cette véritable encyclopédie de l'homme viril contient en outre une vaste iconographie qui en fait la référence indispensable sur la question.
" Avec les éclats du féminisme, les revendications gays, la promotion de nouvelles figures métrosexuelles, la virilité ne cesse d'être questionnée. Critiquée, refoulée, dissimulée, on en vient à se demander si elle reste encore un élément reconnu, valorisé, ayant droit de cité. Cette monumentale Histoire de la virilité s'empare du problème pour l'envisager dans tous ses aspects. Réunissant un panel de spécialistes de l'histoire des mentalités et des représentations, elle offre un parcours des plus complets des sens qu'a pu prendre la notion de virilité à travers les âges, de l'Antiquité à nos jours.Organisée autour de figures symboliques fortes - le militaire, le politique, le religieux, le jeune garçon, l'homosexuel, la femme... -, convoquant tous les imaginaires - livres, cinéma, bande dessinée... -, explorant tous les territoires et levant un certain nombre de tabous, cette véritable encyclopédie de l'homme viril contient en outre une vaste iconographie qui en fait la référence indispensable sur la question.
" Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello ont tous les trois dirigé l'Histoire du corps.Historiens de renom, spécialistes unanimement salués et enseignant à Paris I, Paris III ou l'EHESS, ils ont contribué à faire émerger un continent méconnu de l'histoire, centrée sur les pratiques corporelles, les représentations et l'apparence.Directeur du volume III, Jean-Jacques Courtine Professeur d'anthropologie à l'université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III), et professeur émérite à l'Université de Californie à Santa Barbara, il travaille sur l'histoire de la parole publique et sur l'anthropologie historique du corps. ContributeursStéphane Audoin-Rouzeau, Antoine de Baecque, Christine Bard, Arnaud Baubérot, Anne Carol, Johann Chapoutot, Christopher E. Forth, Claudine Haroche, Dominique Kalifa, Pascal Ory, Florence Tamagne, Christelle Taraud, Sylvain Venayre, Georges Vigarello, Fabrice Virgili