Marie Mancini fut-elle une intrigante, le jouet des visées égoïstes de son oncle Mazarin, ou l'objet d'un amour sincère de la part du jeune Roi-Soleil? Pour l'histoire, ce destin éphémère et tumultueux, aux incidences politiques incertaines, reste un épisode mal élucidé de la vie sentimentale de Louis XIV.
À l'aube du règne, la rencontre fortuite du jeune roi et de la nièce du cardinal, Italienne sensible, tourmentée et fière, se révèle le prélude à plusieurs années d'intrigues et à une passion brisée par la raison d'État. Pour Marie, éloignée de la Cour, à jamais déchirée par l'abandon du roi qui lui avait promis le mariage, commence alors une cruelle et incessante errance: une vie de souffrances en dépit du bref et brûlant intermède d'un fol amour qu'elle éprouve pour un noble italien devenu son mari, mais que bientôt elle rejette et fuit, irrémédiablement déçue.
Plus que jamais frondeuse et solitaire, esclave de ses chimères, très longtemps menacée du couvent ou de l'emprisonnement, elle va poursuivre ses pérégrinations à travers l'Europe jusqu'à sa mort en Italie. C'est ce périple tortueux et pathétique, mais aussi le bouleversant voyage intérieur d'une femme dévorée par l'amour et l'ambition trahie, que fait revivre Françoise Mallet-joris avec une sobriété et un pouvoir d'évocation exemplaires.
Soeur de Louis XVI, de Louis XVIII et de Charles X, Madame Élisabeth a-t-elle été un ange ? Certains ont pu le croire en assistant à sa mort édifiante sur l'échafaud, en 1794.
Contrairement à ce qu'on a pu dire, elle ne fut pas du tout une princesse effacée, mais au contraire une femme de caractère, perspicace et courageuse. Monique de Huertas en propose un émouvant et fidèle portrait et convainc sans peine de son intelligence vive et sensible, de sa générosité, de sa piété, de sa foi profonde. S'informant de tout, lisant presque en cachette libelles et brochures, Aladame Élisabeth suivit de très près les faits et les événements de son époque.
Ses réflexions, nourries de bon sens et de raison, fusaient à l'improviste, prenant souvent son entourage au dépourvu. Aux heures les plus tragiques, lucide mais impuissante, pas un instant elle n'envisagea d'abandonner le malheureux Louis XVI, même lorsqu'elle releva avec douleur ses erreurs politiques, même lorsqu'elle comprit que le destin funeste des Bourbons était scellé. Fidèle jusqu'à son dernier souffle, digne, intrépide, elle marcha au sacrifice sans jamais faiblir.
Comment ne pas admirer et aimer cette princesse royale si injustement occultée par l'histoire ?
Dans l'histoire de la France, les femmes, et avant tout les reines, ont souvent régné sur le coeur et l'esprit de leur peuple, bien qu'elles n'aient pas toujours.
Exercé le pouvoir. Pendant quinze siècles, certaines ont joué un rôle prépondérant en se montrant plus lucides, plus préoccupées du bonheur de leurs sujets, sinon plus attentives au rayonnement de la monarchie. Si les rois ont fait la France, on peut dire que les reines l'ont sans doute aimée davantage. Héritière des Médicis, belle-fille de François II, épouse d'Henri H, mère de François II, de Charles IX et d'Henri III, elle tient pendant trente ans la barre de l'État, dont quatorze de pouvoir absolu.
Confrontée à huit guerres de religion, aux luttes des Guise et des Bourbons pour s'arroger le pouvoir, aux interventions de l'Espagne et de l'Angleterre, elle se bat avec un courage admirable contre tous les facteurs de désintégration. Mais, on ne peut laisser dans l'ombre ses fautes - dont la Saint-Barthélemy au premier rang - ni ses erreurs politiques, sa méconnaissance des thèses économiques des premiers mercantilistes, ses dépenses inconsidérées et ses guerres.
Jean-Pierre Poirier signe ici une biographie magistrale qui remet en lumière la grandeur et les lacunes d'une reine hors pair.