Dans cet ouvrage, paru initialement en 1937 aux éditions Plon et enfin réédité grâce à Jean-Noël Jeanneney, Marie Octave Monod s'attache à retracer l'existence de Marie d'Agoult, femme de lettres du XIXe, dont l'histoire a occulté le travail prodigieux. Comme son amie George Sand, elle choisit de publier sous pseudonyme masculin. Marie d'Agoult devient Daniel Stern, pour un lectorat passionné par ses romans mais également ses essais et traités historiques. Dans son ouvrage Histoire de la Révolution de 1848, elle rapporte les événements avec un point de vue personnel et contemporain, une référence encore aujourd'hui très précieuse pour les historiens. Républicaine convaincue, elle tient un salon où se rejoignent de grands intellectuels de l'époque tels que Ledru-Rollin et Lamartine. Marie Octave Monod s'intéresse également à la vie privée de Marie d'Agoult, de sa liaison passionnelle avec le compositeur Franz Liszt, au mépris de ses contemporains comme Victor Hugo en passant par ses célèbres amitiés et son admiration pour Goethe. C'est avec une grande rigueur qu'elle retrace le portrait d'une femme passionnante, au caractère complexe et à l'oeuvre magnifique. La présente édition est enrichie d'une préface de Jean-Noël Jeanneney, historien et petit-fils de la biographe.
Brillante philosophe et mathématicienne grecque de la fin du IVe et du début du Ve siècle de notre ère, Hypatie d'Alexandrie est en effet restée célèbre surtout pour sa mort tragique. Hypatie fascine depuis longtemps historiens, philosophes, poètes et romanciers. Mais ceux-ci se sont emparés du personnage, et l'ont souvent instrumentalisé pour défendre des causes aussi diverses que l'anticléricalisme, l'anti-catholicisme ou le féminisme...
« Quiconque demande qui était Hypatie se verra probablement répondre : « C'était une belle philosophe païenne qui s'est fait mettre en pièces par des moines (ou, plus généralement, par des chrétiens) à Alexandrie en 415. » [...] Embellie dans les arts, déformée par les affects et les partis pris idéologiques, la légende d'Hypatie est extrêmement populaire depuis des siècles ; mais jusqu'à ce jour toutes les tentatives pour présenter la vie de cette femme, de manière impartiale, ont échoué. » M. D.
Pour accomplir une destinée aussi extraordinaire que celle d'Élisabeth Vigée Le Brun, il ne suffit pas d'avoir du génie, il faut encore que ce génie coïncide avec celui d'une époque. Magnifiquement douée pour saisir la ressemblance dans un temps où le portrait est le seul moyen de représenter le visage humain, Élisabeth Vigée Le Brun était, à quinze ans, déjà connue, à dix-sept elle peignait les portraits de l'aristocratie, peu après vingt ans elle était à la cour et bientôt le peintre attitré de la reine Marie-Antoinette... c'est dire que sa réputation était établie dans l'Europe entière. Élisabeth Vigée Le Brun est à la mode, reçue partout, nommée à l'Académie de peinture et elle jouit certes de ses succès qu'elle nous rapporte en détail dans ses Souvenirs, mais jamais elle ne se prend au sérieux, jamais on ne sent chez elle la moindre pompe. S'amuser reste pour elle la grande affaire... et en faire un récit empreint d'une légèreté dont nous avons hélas perdu l'habitude.
Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans. Voici donc le portrait d'une femme de combat, au plus près des témoignages et grâce aux lettres inédites, aux rapports de filature, aux interrogatoires de police. Celles et ceux qui l'ont connue gardent le souvenir d'une femme passionnée, symbole de courage, de générosité, de haute valeur humaine.
Qui est donc Milagro Sala, prisonnière politique la plus célèbre d'Argentine ?
Pour le savoir, Alicia Dujovne Ortiz est allée enquêter sur place, dans la province de Jujuy, au printemps 2017. Elle a rencontré Milagro Sala dans sa prison ainsi que son mari, ses camarades de luttes, des membres de son association Tupac Amaru, ses voisins, ses ennemis aussi. Au fil des témoignages se révèle une femme hors du commun, une révolutionnaire d'une générosité exceptionnelle qui a su mettre la cause indienne sur le devant de la scène, et qui est aujourd'hui en danger de mort. Ce livre se joint à la mobilisation internationale lancée pour exiger sa libération.
Parvenue au faîte de sa carrière, Sarah Bernhardt (1844-1923) décide de rédiger ses mémoires. On y découvre une femme moderne et d'une exceptionnelle indépendance d'esprit. Comédienne dont les interprétations du répertoire classique sont restées célèbres, elle crée sa propre compagnie en 1880 après avoir démissionné du Français avec éclat. Artiste aux multiples talents - écriture, peinture, sculpture - Sarah Bernhardt raconte comment elle dut affronter les contradictions d'une société qui, tout en désapprouvant la liberté avec laquelle elle menait sa vie, était fascinée par ses excentricités et par son génie.
« Le scandale était donc que cette femme soit libre et qu'elle soit aussi géniale, que la beauté même ne fût chez elle qu'un choix... et le scandale était aussi qu'elle fut capable d'avoir ce pouvoir de symbolisation que les hommes refusent si volontiers aux femmes. » C. H.
Sur une arrestation arbitraire de la police franquiste, Eva Forest a été emprisonnée à la prison de Yeserías (prison pour femmes de Madrid) de septembre 1974 à juin 1977. De sa prison elle témoigne de la torture.
« Ces témoignages, on le verra, correspondent à une époque déterminée et à un lieu précis : la prison pour femmes de Yeserías, où ne sont incarcérées que les prisonnières de Madrid et de ses environs. Ce document est donc « limité » à un moment de l'histoire de notre peuple, marqué du sceau de la violence la plus féroce. À partir de là on pourra juger de l'étendue de la répression sur la plupart des régions d'Espagne vers cette même période [...]. Les témoignages que nous rapportons ici ont été publiés presque à l'état de brouillon car la tâche qui me semblait la plus urgente, durant ces heures d'angoisse, était de dénoncer ce qui était en train de se produire. » (Extrait de la préface d'Eva Forest à l'édition espagnole) « Au cours de la deuxième moitié de l'année 1975, j'ai recueilli la plupart des témoignages qui forment aujourd'hui la première partie de ce livre. J'ai non seulement écouté mes camarades raconter leurs tortures mais j'ai aussi pu constater l'importance des séquelles physiques et psychologiques que leur ont laissé les sévices subis. » E.F.
Le livre tente de comprendre l'épouvante des camps, non pas en plongeant dans l'horreur, mais en regardant l'histoire de la déportation à travers le prisme particulier de la résilience, cette victoire remportée par des êtres fragiles sur la violence la plus inimaginable. Les femmes n'ont pas été traitées moins sauvagement que les hommes, mais elles ont « mieux survécu », développant des capacités de résistance/résilience spécifiques, parce qu'elles ont su tisser un « filet » d'entraide, par la parole et l'écoute, la tendresse, l'attention aux autres, la solidarité, l'amitié, qui allaient de pair avec l'héroïsme physique et moral réellement exceptionnel de certaines. L'auteure s'appuie sur l'expérience et les écrits de six femmes, très différentes par leurs origines sociales et culturelles, leurs engagements ou personnalités : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Charlotte Delbo, Margarete Buber-Neumann, Odette Abadi et Fania Fénelon, auxquelles s'ajoute Léa Berger.
Paroles de femmes qui ont combattu la mainmise impérialiste sur tout un continent. Rompant avec l'oppression familiale, elles ont conquis, dans la guérilla, un espace de lutte, et trouvé une émancipation. Avec ses impasses : l'égalité dans la lutte armée, c'est l'égalité devant le pouvoir de l'arme, celle qu'on tient ou qui menace. Contraintes à s'identifier au militant-héros masculin, les Tupamaras, en tant que femmes, sont doublement clandestines. Quelques-unes prennent la parole...
« C'est ainsi que je commençais à écrire mon premier livre. Avec ces paroles. En langue française. Et cette première écriture a touché à jamais mon corps de femme, d'exilée, de combattante, de fille, de mère. Aujourd'hui, presque trente ans après, je suis rentrée « chez moi » au sud, en Uruguay, qui en langue Guarani, veut dire « fleuve des oiseaux peints ». [...] Nous sommes face à nos rêves... mais surtout, face à nos désirs de vouloir créer, malgré tout, un autre monde, une autre justice, une autre solidarité. » A.M.A.
Une femme, commandante du Front de Libération nationale du Salvador témoigne. Arrêtée en 1976 par des commandos paramilitaires à San Salvador, elle a passé plusieurs mois dans des prisons de l'armée, secrètes, où on peut garder les détenus pendant des mois, voire des années. Ils sont « disparus ». Elle subit alors tortures et chantage : ils veulent la faire parler, elle ne parlera pas. L'ERP (l'Armée révolutionnaire du peuple), dont elle faisait partie, enlève un homme d'affaires en échange de sa libération et celle d'un autre militant. Ils seront libérés et, par la suite, feront une analyse critique, dénonçant en particulier les impasses du « militarisme » dans leur lutte. Ana Guadalupe Martinez, la seule femme du comité politico-diplomatique du Front Démocratique Révolutionnaire est retournée au Salvador.
Son récit, publié clandestinement là-bas, pourrait être celui de tant d'autres femmes qui ont été humiliées, violées, mais qui ont su rester dignes et résister.
Entre juillet 1975 et janvier 1980, dans le quadrilatère industriel de Leeds-Bradford, treize femmes sont assassinées et sept grièvement blessées par un tueur mystérieux. Les femmes de la région vivent dans la terreur. Lorsqu'il est arrêté, par hasard, on trouve, au lieu de la brute asociale que suggère la nature de ses crimes, un certain Peter Sutcliffe, routier de trente-quatre ans, doux et poli, propriétaire de sa maison, heureusement marié. Un procès retentissant a lieu. Des livres à sensation paraissent. Mais ni le procès, ni les média n'ont résolu, ni même posé les questions soulevées par ces meurtres : comment, pourquoi, un homme aussi « normal » a-t-il pu en venir à les commettre ? Quel jour jettent ces crimes, les réactions de l'opinion et de la presse, l'échec répété de la police, sur les structures sociales dominantes dans nos sociétés ? Tuait-il des prostituées parce que femmes, ou des femmes parce que prostituées... et quelles définitions du féminin cela révèle-t-il ?
Hommage à des femmes exceptionnelles, le 8 mars 1990, à l'initiative d'Antoinette Fouque et de l'Alliance des femmes pour la démocratie avec Simone Veil, Michèle Barzach, Edith Cresson, Michèle André, Françoise Giroud, Danielle Mitterrand, Hélène Cixous, Benoîte Groult, Sonia Rykiel, Arielle Dombasle... pour honorer douze femmes, venues des cinq continents...
L'étrange et fulgurant parcours de Simone Weil, née en 1909 dans une famille juive et qui aura la révélation de la foi chrétienne en 1937, brillante normalienne et philosophe qui travaillera en usine, s'engagera aux côtés des Républicains espagnols puis dans les services londoniens du général de Gaulle, avant de se laisser mourir de tuberculose en 1943, à 34 ans, méritait une nouvelle approche. Robert Coles aborde la vie et l'oeuvre de Simone Weil en analyste, avec l'aide, parfois, des interprétations de son amie Anna Freud. Il s'arrête sur les éléments essentiels : le renoncement de cette femme en quête d'absolu à la nourriture et à la « chair misérable », son rejet de la tradition hébraïque et sa préférence pour la tradition hellénique, son attirance pour « les couches méprisées de la hiérarchie sociale »... Il met également en évidence la modernité de sa pensée éthique et politique.
«... l'idée est née, nous allons dessiner toute l'histoire de ce grand peuple sahraoui, depuis l'aube du monde. Et les enfants, seuls, prendront cette parole. Il a fallu s'organiser.
Tous les enfants de tous les camps devraient pouvoir prendre ce pouvoir de l'Histoire, voici donc un début...
Les moyens « techniques » étant très réduits, il a fallu que les séances-couleur se déroulent par petits groupes d'une dizaine d'enfants. Dans les camps, les enfants bien portants, assis en cercle à même le sol de la hamada, un bout de papier sur les genoux, utilisaient, chacun son tour, et en le replaçant au centre, les crayons de couleur de leur choix. [...] Nous décidions de l'époque dont nous allions parler et la discussion coulait comme un grand livre ouvert, elle durait souvent longtemps, puis je partais, je revenais faire la « collecte », non sans commentaires sur ce qui était transmis, mais sans retouches.
Et c'est ainsi que les images de l'Histoire du Peuple Sahraoui se sont accumulées ». D.O.
Les espoirs et les luttes des femmes durant la Révolution sont les prémisses d'un débat toujours très actuel sur la citoyenneté des femmes. La réédition de ce livre s'imposait donc, à l'heure du Bicentenaire de 1989. Différents textes sont venus l'enrichir :
Une préface de Madeleine Rebérioux (1920-2005), qui fut professeure à l'Université de Paris VIII et membre de la Commission scientifique de la Mission du Bicentenaire, replace avec brio ces écrits dans leur contexte historique.
Les déclarations et écrits de Théroigne de Méricourt, Etta Palm d'Aedlers et Claire Lacombe dont les positions témoignent d'une grande lucidité sur les enjeux révolutionnaires.
Cette nouvelle édition propose une lecture plus complète du parcours politique des femmes entre 1789 et 1793, qu'appuient une chronologie détaillée et plusieurs notes biographiques.
Sous la direction d'André Burguière et Bernard Vincent André Burguière et Bernard Vincent, deux historiens français de renom, ont souhaité, avec ce livre, rendre hommage à vingt historiennes de différents pays qui se sont illustrées par l'importance et l'originalité de leur oeuvre, et réparer ainsi l'oubli total des femmes d'un ouvrage récent prétendant présenter les historiens les plus importants depuis le XIXe siècle. Ils ont fait appel à vingt historiens, chacun présentant une historienne dont l'enseignement ou la lecture a formé sa propre pensée historique, une collègue ou une amie. La sélection réalisée dans ce livre, ne prétend être ni objective ni exhaustive. Elle éclaire la manière dont les femmes présentées ont enrichi la pensée historique par l'originalité de leur méthode d'analyse, de leur manière d'écrire l'histoire et aussi à ce qu'elles ont modifié dans notre vision de l'humanité par leur aptitude à se mettre à l'écoute des sciences humaines et à susciter leur intérêt en retour.
« Cet ensemble ne cherche pas à gommer par des ponts et des raccords le disparate des préoccupations, l'aléatoire des sollicitations. Il forme toutefois un ouvrage qui a ses obsessions, ses retours, ses insistances. Le cours de l'Histoire et les philosophies qui ont cherché à le comprendre, la place dominante prise aujourd'hui par le discours économique, les quêtes extrêmes de sens, aux limites de la raison, la fidélité à des causes qui ont pu passer pour utopiques, voilà quelques tracés qui se rendent visibles. Quoi de commun entre l'espoir fou d'Antonin Artaud de « guérir la vie » en transgressant les frontières de la rationalité occidentale, et la tentative d'Emmanuel Lévinas de fonder l'éthique sur le visage de l'autre pour subvertir la tyrannie de l'universel et de l'impersonnel ? Quoi de commun entre la temporalité anhistorique de l'Islam et l'espoir militant d'une libération des femmes qui ouvre une autre Histoire ? Dans le choc des réflexions aux prises avec l'inattendu, dans l'irruption des conjonctures inquiétantes, ces effets de brisures, ces fractures du temps, ne contredisent pourtant pas un souffle d'irréversible, qui confirme ce que les pensées de l'Histoire et leur foi dans l'avenir ont pressenti. » J.-J. G.
Mme Riccoboni privilégie la voix féminine dans les Lettres de Sophie de Vallière : Sophie écrit toutes ses lettres à son amie Hortense. La voix masculine n'est entendue qu'indirectement. Ce choix de monodie à la voix féminine domine dans les romans de l'auteure, mais elle explore le concept des confidents masculins dans les Lettres de Fanni Butlerd entre autres. Le développement de l'oeuvre épistolaire de Mme Riccoboni, allant d'un premier roman monodique raconté par une femme abandonnée par son amant vers un dernier roman polyphonique où la voix masculine a une présence importante, en passant par un nombre croissant de personnages comme dans les Lettres de Sophie de Vallière, suit la course de la fiction épistolaire du XVIIIe siècle en général.
Le roman retient certains motifs familiers de l'oeuvre de Mme Riccoboni, mais en introduit également de nouveaux. Sophie est orpheline, comme par exemple Ernestine et Jenny. Comme Ernestine, Sophie épouse l'homme de son choix, mais à la différence de Jenny, dont les origines sont connues, Sophie poursuit une quête d'identité pour résoudre le mystère de sa naissance. Au portrait de Madame de Sancerre qui est veuve, une situation de famille offrant des avantages distincts aux femmes surtout par rapport aux femmes mariées, Mme Riccoboni ajoute le personnage de Madame d'Auterive dans les Lettres de Sophie de Vallière, veuve heureuse et indépendante qui se trouve au centre d'un réseau épistolaire international. Une nouvelle addition aux destins féminins décrits par l'auteure est le personnage d'Henriette de Monglas, une amie de Sophie qu'elle avait rencontrée au couvent et qui prospère dans un mariage blanc avec un mari âgé, ami de son père. Le travail de Sophie constitue un motif important. Sophie rencontre Henriette pendant qu'elle travaille à la maison de la parente d'Henriette. Ayant été rejetée par la famille de Madame d'Auterive, Sophie se rend compte qu'elle doit gagner sa vie et alors elle se met à broder, d'abord chez une marchande de rubans et ensuite auprès de la parente d'Henriette. Le travail des femmes n'est pas un thème peu familier dans l'oeuvre de Mme Riccoboni : Ernestine qui, venant d'une famille pauvre dont le père était absent et la mère travaillait, a toujours su qu'elle aurait à travailler pour survivre, peint des miniatures. Sophie en revanche a passé dix-sept ans parmi la noblesse et doit commencer à travailler, ce qui est très difficile pour elle. Étant actrice et auteure et gagnant non seulement sa vie mais aussi celle de son mari et de sa mère, Mme Riccoboni considérait le concept de la femme qui travaille comme tout à fait familier.
LES MANUSCRITS Pour établir cette édition critique nous nous sommes servie de la dernière édition du roman à être revue et augmentée par l'auteure, qui se trouve dansle quatrième tome des oeuvres complettes [sic] de madame Riccoboni publiées par Volland en 1786. Nous en avons modernisé la ponctuation et l'orthographe et nous l'avons comparée à sa première édition datée de 1772 mais publiée en 1771 par Denis Humblot: il y avait peu de modifications signifiantes et elles faisaient surtout partie du domaine de l'orthographe et de la ponctuation. Par exemple, entre 1771 et 1786 «fidelle» a été changé en «fidèle» et «Élisabeth Sophie» est devenue «Élisabeth-Sophie». Il n'y avait pas beaucoup de changements de signification: là où c¹est le cas, nous donnons les deux variantes. Une différence formelle entre les deux éditions constitue la mise en page: la première édition consiste en deux parties de 208 et 190 pages respectivement, tandis que l'édition de 1786 a 402 pages numérotées consécutivement. La rupture dans la première édition a lieu entre les lettres XXXIX et XL.Suivant le texte original, nous avons gardé les italiques pour indiquer la citation, un outil dont Mme Riccoboni se servait abondamment, et pour souligner des mots (IIIe lettre: «une si charmante créature n'est pourtant rien aux yeux d¹un monde rempli de vains, d¹absurdes préjugés»). Souvent les mots en italiques ne peuvent pas être des citations exactes (première lettre: «vous me parlez de ma tante, hélas!»), mais nous avons opté néanmoins de ne pas «corriger» le texte («vous me parlez de [ma] tante, hélas!») pour ne pas rendre l'édition incompréhensible. Dans les notes en bas de pages, nous avons marqué d'un astérisque les erreurs présentes dans le texte de 1786; si l'erreur n'existait pas dans la première édition, nous l'avons indiqué en donnant la variante correspondante correcte. Les erreurs corrigées ni dans la première édition ni dans celle de1786 ont été marquées d¹un astérisque et mises dans les notes en fin de texte.