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Où sont les représentations lesbiennes dans la société, dans nos imaginaires ? Par qui sont-elles produites ou invisibilisées ? Comment se construire face à des stéréotypes trop souvent discriminants ? Voici venue l'heure d'exister, d'exposer et d'être exposées. De repenser la façon de faire photo, de faire portrait, de faire face, pour poser enfin la question : Y a-t-il un regard lesbien ?
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Pourquoi les Français naturalisés ou nés binationaux produisent-ils tant de fantasmes, voire de phobies ? C'est cette condition que j'entends raconter pour inviter à se regarder l'un l'autre. Car, si la double nationalité reste une pelote à démêler, son empreinte fait déjà partie du quotidien de beaucoup de Français. Et lorsque treize millions de compatriotes insinuent qu'il est anormal que des gens « comme vous » existent, apprendre à vivre la tête haute devient une nécessité.
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« Les caisses sont vides. » Depuis de nombreuses années, ces quelques mots assénés comme un horizon indépassable suffisent à justifier de limiter les investissements dans nos services publics. La santé, l'éducation ou la justice semblent donc condamnées à fonctionner de manière dégradée.
Est-il donc encore responsable de défendre les services publics ? Les moyens sont-ils vraiment épuisés ? Le temps est venu de décrypter ces affirmations scandées depuis des décennies sans être jamais contredites, ou si peu.
Dans cet essai accessible et référencé, Lucie Castets montre comment le discours techniciste qui promeut la baisse des ressources allouées aux services publics dissimule des choix profondément idéologiques. Elle expose comment ces décisions politiques fragilisent le corps social dans son ensemble et nous invite à un sursaut collectif. Préparer l'avenir nécessite de donner à la puissance publique les moyens d'agir et de remettre les services publics au coeur de notre modèle économique et social. -
« Culture de l'inceste » ? C'est trop fort, trop violent ? Cette formule, adaptée de l'expression « culture du viol », elle-même définie dans les années 1970 par les féministes américaines, n'est pourtant pas une provocation. C'est une invitation à penser l'inceste en termes culturels et non individuels, à l'envisager non pas comme une exception pathologique, mais comme une pratique inscrite dans la norme qui la rend possible en la tolérant, voire en l'encourageant.
L'ampleur de la dévastation (une personne sur dix concernée en France) appelait ce livre urgent, vibrant, à vif parfois, qui rassemble des voix diverses, aussi bien militantes qu'universitaires. Un livre qui sort des témoignages et des débats psychanalytiques pour se concentrer sur une seule et unique question : pourquoi ? Quels sont les ressorts sociaux et anthropologiques de l'inceste ? Comment interroger nos représentations (dans la culture populaire, dans la pornographie) ? Comment faire le lien avec les dominations à l'oeuvre (des adultes sur les enfants, des hommes sur les femmes...) ? Avec la direction-coordination d'Iris Brey et de Juliet Drouar, les auteurices ont voulu proposer des pistes, créer des ouvertures, formuler des hypothèses : cet ouvrage offre l'amorce d'une réponse politisée et collective. -
Comment se sent-on lorsque les chansons qu'on aime, les films qui nous font rêver, les artistes qu'on admire sont jugés et moqués ? Qu'éprouve-t-on lorsqu'on réalise que ce mépris est la face visible d'un continuum de domination bien plus grand ?
Revenant sur son histoire, Rose Lamy raconte le coût d'une existence déterminée par la classe sociale. La mort prématurée, les emplois aliénants, les déserts sociaux et médicaux... Elle montre tout ce que la figure du beauf et ses avatars permettent d'invisibiliser.
Avec Ascendant beauf, Rose Lamy tisse un récit de la domination culturelle, mais côté dominée. Films, émissions de télévision, livres, souvenirs, elle interroge les formes et les fonctions de ce mépris, porté aussi parfois par le camp politique historique des classes populaires : la gauche. Un essai puissant pour se libérer de cette domination et cesser de (se) trahir. -
Sous nos regards : Récits de la violence pornographique
Collectif
- Le Seuil
- 11 Avril 2025
- 9782021577280
Ce sont des femmes que tout le monde regarde mais que personne ne veut voir et encore moins entendre. Elles sont parties civiles dans deux procès majeurs qui doivent se tenir en France, ceux des affaires « French Bukkake » et « Jacquie et Michel ». Pour la première fois, les organisateurs, producteurs et acteurs de la violence pornographique seront jugés pour un système d'exploitation et de domination des femmes, de violences sexistes, racistes et classistes : traite d'êtres humains en bande organisée, proxénétisme, viols en réunion, violence, chantage, menaces.
Des dizaines de femmes ont porté plainte. Quinze autrices sont allées à leur rencontre pour raconter leurs histoires. Chacune à leur façon, elles disent à la fois leur résistance farouche et la violence qui continue longtemps après les tournages.
Récits de Marine Bachelot Nguyen , Béatrice Bienville , Adélaïde Bon , Nadège Cathelineau , Agathe Charnet , Pauline Delabroy-Allard, Ixchel Delaporte , Hélène Devynck , Diaty Diallo , Karima El Kharraze , dalie Farah , Carole Fives , Alice Géraud , Myriam Leroy et Agnès Vannouvong .
Les droits d'autrices et les bénéfices générés par la vente de ce livre sont reversés à la Fondation des Femmes, afin de soutenir les associations qui aident les victimes des violences pornocriminelles. -
Patriarcat, la fin d'un monde
Camille Froidevaux-Metterie
- Le Seuil
- Libelle
- 31 Mai 2024
- 9782021568950
Les mots de Judith Godrèche ont éclaté comme une bombe dans un milieu jusque-là figé dans le déni. Ils disent l'incrédulité face au silence et l'espoir que les victimes de violences sexuelles soient enfin écoutées. Mais nous savons que l'indignation est éphémère. Face au risque d'un retour à l'inertie et dans un contexte politique alarmant, les féministes doivent tenir et renforcer la dynamique par laquelle elles ont entrepris de refuser l'assignation des
femmes à leurs corps-objets. Car c'est aujourd'hui une aspiration de fond à renverser l'ordre patriarcal du monde que nous portons. -
Darons daronnes : Les tendres tatônnements de la parentalité
Clara Georges
- Le Seuil
- 14 Mars 2025
- 9782021582840
Petites misères et grandes joies d'être un « daron » ou une « daronne », dilemmes éducatifs, enjeux politiques : dans les chroniques qui composent ce livre, Clara Georges propose une grande exploration, diverse, joyeuse, parfois mélancolique ou piquante, de la parentalité et de toutes les contradictions que les parents affrontent jour après jour. Adapté de textes choisis de la newsletter éponyme du Monde, Darons daronnes est un livre pour toutes celles et tous ceux qui éprouvent le vertige d'être parent, mais aussi pour les parents devenus grands-parents, pour les anciens enfants, pour ceux qui hésitent encore, et même pour ceux qui se refusent d'imaginer avoir des enfants.
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Que reste-t-il de la galanterie aujourd'hui ? « Mythe franco-français », « culture du viol » ou « liberté d'importuner », ce fétiche culturel est devenu un épouvantail. Or les débats occultent la richesse et la complexité de la galanterie. Moins qu'une notion fixe, elle fut d'emblée un champ de bataille qu'investirent les femmes pour penser les rapports de genre, le consentement sexuel et le refus du mariage. Plaisir conversationnel, régime d'égards et avis éclairés pourraient-ils fonder une nouvelle civilité sexuelle ?
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Une femme dans son siècle : Retour sur une traversée féministe
Claude Sevan-schreiber
- Le Seuil
- 7 Mars 2025
- 9782021594607
Claude Servan-Schreiber a plus d'une fois été une actrice majeure de son siècle.
D'abord comme journaliste pour le groupe L'Express-L'Expansion, aux côtés de son mari Jean-Louis Servan-Schreiber, puis hors du « clan », dans la presse féminine et féministe. Après avoir découvert la cause des femmes dans la société américaine des années 1970, elle embrasse, avec Françoise Gaspard (ancienne maire PS de Dreux, qui deviendra sa femme), la lutte pour la légalisation de l'avortement et l'accès à la contraception en France, puis celle pour la parité. Trois causes victorieuses dont elle fut l'une des chevilles ouvrières.
De Françoise Giroud à Benoîte Groult, de Gisèle Halimi à Gloria Steinem, en passant par Joan Scott ou encore Michelle Perrot, son parcours aux mille rencontres accompagne, sans rien cacher de ses déconvenues, le féminisme en marche. Un combat pour lequel il ne faut jamais, individuellement et collectivement, baisser la garde. -
État d'urgences : Le quotidien d'une médecin en lutte pour l'hôpital public
Caroline Brémaud
- Le Seuil
- 2 Mai 2025
- 9782021587548
« Le système-de-santé-que-le-monde-entier nous- envie s'effondre, à l'image de ces murailles de glace qui se détachent de la banquise. Ce qui
était jusque-là une tempête à bas bruit se révèle enfin au grand jour. Et c'est un tsunami. Quant à moi, jeune médecin, cheffe de service dans un centre hospitalier important, qui ne suis affiliée à aucun parti ni à aucun syndicat, il semblerait que je sois l'interlocutrice idéale pour témoigner de l'intérieur. »
Médecin urgentiste à l'hôpital de Laval, en Mayenne, Caroline Brémaud décrit le quotidien d'un service d'urgences en crise. L'autrice raconte
surtout l'humanité qui surnage dans cet univers en tension permanente où le manque de moyens contraint les soignants à faire des
choix cornéliens. Qui « sauver » lorsqu'une seule équipe médicale est disponible pour deux urgences vitales ? Comment prendre en charge
cette personne âgée qui n'est pas en état de rentrer chez elle et qui va devoir passer la nuit sur un brancard ?
Cet état des lieux de l'hôpital, touché de plein fouet par des réformes visant « l'optimisation des ressources » et « l'amélioration de la
rentabilité », est aussi le récit intime et sensible des combats, des états d'âme et des émotions d'une médecin passionnée et révoltée, devenue lanceuse d'alerte pour défendre l'hôpital public. -
Femmes de révolution : Portraits d'activistes qui ont changé le monde
Constance Bantman
- Le Seuil
- Traverse
- 7 Février 2025
- 9782021519594
Lénine, Martin Luther King, Che Guevara : tout le monde en a entendu parler. Mais Théroigne de Méricourt, Alexandra Kollontaï, Claudette Colvin, Djamila Bouhired, Phoolan Devi ? Pourtant, les femmes ont toujours lutté pour transformer le monde. Elles ont cherché à promouvoir l'égalité politique et sociale, le féminisme, les droits des minorités ethniques et sexuelles. Elles ont oeuvré pour la décolonisation, la justice, l'internationalisme.
À travers une pluralité de récits, ce livre montre la richesse et l'efficacité de leurs engagements. En explorant l'histoire des femmes de révolution, il raconte une histoire des révolutions au féminin, qui englobe toutes les mobilisations - radicales, périlleuses, transgressives, illégales. -
Recours à la chirurgie esthétique, apparition de coaches en séduction, développement du marché du sex-toy et du roman érotique... De plus en plus, le sexe est une ressource en vue de gains.
Mais il y a davantage : au-delà de la marchandisation des corps, la liberté sexuelle augmente la valeur économique des individus. Nombreux sont ceux qui se servent du sexe pour se valoriser, c'est-à-dire augmenter leur valeur sur le marché du travail. Les états psychologiques, dispositions émotionnelles et autres expériences sexuelles contribuent à l'employabilité des personnes, ainsi qu'à leurs succès professionnels. Non seulement notre sexualité concourt à la reproduction du capitalisme, mais le néolibéralisme a étendu son pouvoir à notre sphère la plus intime.
Un essai-phare entre sociologie, science politique et philosophie, pour une approche critique de la sexualité - et du capitalisme. -
L'opposé de la blancheur : Réflexions sur le problème blanc
Léonora Miano
- Le Seuil
- Libelle
- 6 Octobre 2023
- 9782021540710
La domination d'un Occident raciste, à l'intérieur de ses frontières et au-delà, n'a pu que renforcer les préjugés à l'encontre des personnes définies comme Noires. Parce qu'il en est ainsi, il est illusoire de se dire Blanc par simple convention, sans le moindre rapport avec l'histoire qui créa cette catégorie. La blanchité s'est élaborée dans le cadre de la plantation pour sévir ensuite dans l'espace colonial sur tous les continents et se consolider au sein des sociétés multiethniques de l'Euramérique contemporaine. Elle est une manière d'approcher l'autre qui se caractérise par le crime.
Léonora Miano se livre à une analyse aussi fine qu'implacable de ce « problème blanc », depuis les traites négrières et la colonisation jusqu'au présent. Car, sans prise de conscience de ce qu'est la blanchité, il est impossible de transformer ce qui s'est transmis de génération en génération, à la fois comme un patrimoine et un secret de famille, certes gênants mais qu'il nous faut regarder en face. Il se passera du temps pour vider la race de toute signification et guérir le monde. Cela ne signifie pas qu'il faille baisser les bras. C'est en ayant conscience de l'ampleur de la tâche que l'on pourra s'y atteler. -
La fin de l'amour ; enquête sur un désarroi contemporain
Eva Illouz
- Le Seuil
- La Couleur Des Idées
- 6 Février 2020
- 9782021430349
La culture occidentale n'a cessé de représenter les manières dont l'amour fait miraculeusement irruption dans la vie des hommes et des femmes. Pourtant, cette culture qui a tant à dire sur la naissance de l'amour est beaucoup moins prolixe lorsqu'il s'agit des moments, non moins mystérieux, où l'on évite de tomber amoureux, où l'on devient indifférent à celui ou celle qui nous tenait éveillé la nuit, où l'on cesse d'aimer. Ce silence est d'autant plus étonnant que le nombre des ruptures qui jalonnent une vie est considérable.
C'est à l'expérience des multiples formes du « désamour » que ce livre profond et original est consacré. Eva Illouz explore l'ensemble des façons qu'ont les relations d'avorter à peine commencées, de se dissoudre faute d'engagement, d'aboutir à une séparation ou un divorce, et qu'elle désigne comme des « relations négatives ».
L'amour semble aujourd'hui marqué par la liberté de ne pas choisir et de se désengager. Quel est le prix de cette liberté et qui le paye ? C'est tout l'enjeu de cet ouvrage appelé à faire date, et qui prouve que la sociologie, non moins que la psychologie, a beaucoup à nous apprendre sur le désarroi qui règne dans nos vies privées.
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Qui a le droit de se réclamer du féminisme ? Qui est légitime à faire partie du mouvement ? Depuis près de cinquante ans, des militantes de la cause des femmes excluent les trans' et vont jusqu'à nier leur existence. Le cas des trans' n'est pas isolé : il prend place dans la longue liste de celles qui, au nom de l'universalisme ou de la nature, se sont trouvées marginalisées. Lesbiennes, femmes noires, femmes portant le foulard, travailleuses du sexe... beaucoup ont, un jour ou l'autre, été amené·es à poser la question : ne suis-je pas un·e féministe ?
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La question animale est souvent marginalisée dans les discussions sur l'égalité dans les sociétés occidentales. L'antispécisme bouleverse, il est vrai, notre conception du politique. Dénoncé comme un anti-humanisme ou comme une diversion par rapport à la lutte contre le sexisme, le racisme et les inégalités sociales, il est temps de le considérer comme un pas de côté nécessaire pour faire un pas en avant dans l'application du principe d'égalité.
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Matrice : Aux origines de la domination masculine
Claire Alet
- Le Seuil
- 11 Octobre 2024
- 9782021550887
D'où vient la domination masculine et comment s'est-elle imposée dans les sociétés humaines ? Quelle est sa matrice, c'est-à-dire la structure qui la façonne ? Et pourquoi est-elle encore si prégnante de nos jours ?
Partant de son expérience intime, la journaliste féministe Claire Alet mène l'enquête sur l'origine des violences de genre, des discriminations sexistes et des inégalités entre les femmes et les hommes. Elle revisite des interprétations de chercheurs, qui ont longtemps été exclusivement des hommes, en remontant jusqu'à la préhistoire et à la révolution néolithique. Conjuguant approches historique, anthropologique, sociologique et philosophique, elle déconstruit le mythe selon lequel la « domination masculine a toujours existé ».
Plus qu'un essai, ce récit tisse des liens entre nos connaissances scientifiques et nos existences personnelles et montre à quel point nos vies s'inscrivent dans une histoire systémique.
Dévoiler cette mécanique implacable, c'est déciller nos regards, c'est ouvrir à une conscience émancipatrice. -
Une autre fin du monde est possible ; vivre l'effondrement (et pas seulement y survivre)
Gauthier Chapelle, Pablo Servigne, Raphaël Stevens
- Le Seuil
- Anthropocène
- 18 Octobre 2018
- 9782021332582
La situation critique dans laquelle se trouve la planète n'est plus à démontrer. Des effondrements sont déjà en cours tandis que d'autres s'amorcent, faisant grandir la possibilité d'un emballement global qui signifierait la fin du monde tel que nous le connaissons.
Le choix de notre génération est cornélien : soit nous attendons de subir de plein fouet la violence des cataclysmes à venir, soit, pour en éviter certains, nous prenons un virage si serré qu'il déclencherait notre propre fin-du-monde-industriel.
L'horizon se trouve désormais au-delà : imaginer la suite, tout en se préparant à vivre des années de désorganisation et d'incertitude. En toute honnêteté, qui est prêt à cela ?
Est-il possible de se remettre d'un déluge de mauvaises nouvelles ? Peut-on simplement se contenter de vouloir survivre ? Comment se projeter au-delà, voir plus grand, et trouver des manières de vivre ces effondrements ?
Dans ce deuxième opus, après Comment tout peut s'effondrer, les auteurs montrent qu'un changement de cap ouvrant à de nouveaux horizons passe nécessairement par un cheminement intérieur et par une remise en question radicale de notre vision du monde. Par-delà optimisme et pessimisme, ce sentier non-balisé part de la collapsologie et mène à ce que l'on pourrait appeler la collapsosophie...
Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle ont une (dé)formation scientifique et sont devenus chercheurs in-Terre-dépendants.
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Arrêtée en 2019, Fariba Adelkhah a été condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison en Iran. Au motif d'attenter à la sécurité nationale, elle a notamment été détenue à la terrible prison d'Evin à Téhéran. Elle n'a été libérée qu'à l'automne 2023 après avoir été graciée - et non-acquittée.
Pour l'anthropologue qu'elle est, spécialiste du chiisme et de l'Iran contemporain, il était pour le moins surprenant d'être accusée d'espionnage après avoir travaillé librement pendant trente années.
Privée de son terrain, elle a en trouvé un autre. Dans une suite de courts chapitres, non dénués d'un certain humour, elle raconte sa vie de prisonnière, à attendre, seule ou avec ses codétenues. Au-delà d'une évocation de ce que l'Iran des ayatollahs fait à sa population, c'est aussi un vibrant plaidoyer pour la liberté et la recherche. -
Barbès blues : Une histoire populaire de l'immigration maghrébine
Hajer Ben Boubaker
- Le Seuil
- 27 Septembre 2024
- 9782021517859
"L'histoire, si elle a été dure, n'a pas toujours été triste. Elle raconte des vies qui n'ont pas été cantonnées dans l'étroitesse d'une nation, ou pire encore d'une nationalité. Et alors que tant de choses étaient volontairement orientées vers la laideur, des hommes et des femmes les ont, plus d'une fois, dans un geste collectif, sublimées. J'en tiens toutes ces histoires pour preuve."
En déambulant dans Barbès, Hajer Ben Boubaker raconte les petits détails et les grands événements qui ont fait du quartier la "maison-mère des luttes de l'immigration" et l'une des places fortes de la musique maghrébine.
Dans les cartons d'archives sur le premier quartier algérien dans le 5e arrondissement, dans les voix de vieux messieurs qui racontent l'habitude d'une ville ou dans les souvenirs imprécis de luttes contre le racisme, Barbès Blues ressuscite des personnages, des épopées, des anecdotes et des tragédies. Autant de symboles d'une communauté de destin, l'immigration maghrébine, qui dans un dédale de rues minuscule, s'est construit un monde immense.
Hajer Ben Boubaker est née à Paris et a grandi dans le 18e arrondissement. Chercheuse indépendante et documentariste franco-tunisienne, elle est créatrice du podcast Vintage Arab et a réalisé la série radio « Une histoire du Mouvement des Travailleurs arabes », consacrée à l'organisation militante des années 70 (France Culture ; Prix découverte sonore SCAM 2022). Elle est lauréate du prix Unesco-Sharjah 2023 pour la culture arabe. -
Capital et race : Histoire d'une hydre moderne
Sylvie Laurent
- Le Seuil
- Sociologie
- 26 Janvier 2024
- 9782021498882
1492 a subjugué le monde. On retient de l'aventure de Christophe Colomb sa « découverte » d'un continent providentiel, révélant à la fois les merveilles sans fin de la terre et la capacité inédite des hommes à s'affranchir des frontières et des entraves. Mais l'invention de l'Amérique fut plus qu'un récit : elle consacra un nouveau rapport à la nature et aux hommes qui vit alors capital et race s'unir irrémédiablement.
Ce livre raconte ainsi la longue histoire de ce qu'on nomme aujourd'hui le « capitalisme racial », créature à deux têtes qui fut décrite et combattue de longue date par des marxistes hétérodoxes anticolonialistes, de Rosa Luxemburg à W. E. B. Du Bois, des Antilles aux terres amérindiennes. À l'aune de leur pensée et des humanités environnementales et alors qu'il est convenu d'opposer luttes de classe et revendications raciales, Sylvie Laurent exhume la tradition intellectuelle riche et méconnue du dépassement de ce clivage.
On redécouvre alors que, tant le personnage de Robinson Crusoé que Voltaire, Adam Smith et Tocqueville, ont forgé ce capitalisme historique arrimé à la domination raciale. Les États-Unis, leur horizon, sont également dévoilés : bien loin de la terre disponible à l'infini et des libertés du marché, ils sont en réalité l'empire du capitalisme racial. Il était temps que Karl Marx et Martin Luther King se retrouvent enfin. -
Les Trente Glorieuses ont installé dans nos esprits un mythe tenace : la croissance, le productivisme et la consommation constitueraient le cercle vertueux indispensable au pacte social. Nous aurions tous à y gagner. Pourtant cette période est une exception et les perdants sont plus nombreux que les gagnants.
Depuis les années 1970, la précarisation, l'affaiblissement des services publics entraînent une perte de cohésion sociale historique tandis que la nostalgie gagne les esprits et que l'obsession du déclin nous hante.
Usant de cette crise de sens qui nous traverse, la droite et l'extrême droite ont réussi à imposer une vision erronée et biaisée de la société française. Ensauvagée, elle devrait être gouvernée d'une main de fer. Nous serions même, disent certains, pressés de nous monter les uns contre les autres, au bord de la guerre civile.
Sauf que... à rebours de cette vision apocalyptique, la société est traversée de mouvements profonds qui la rendent prête au virage écologique et social. Tolérance, solidarité, violence des jeunes ou encore écologie : la réalité est à mille lieux des caricatures politiques. Alors pourquoi la faire mentir ? Si les citoyens sont prêts, les politiques doivent l'être. Un essai plein d'espoir, antidote à la polarisation de la société. -
Salomé, l'allumeuse par excellence, tant décrite et tant peinte, toujours représentée en femme lascive et cruelle, enflammant son beau-père en jouant de ses sept voiles : qui sait qu'elle n'a pas treize ans quand sa propre mère exige d'elle cette danse provocante ?
Christine van Geen déconstruit l'archétype de l'allumeuse, de l'Antiquité à l'époque contemporaine : Ève, Cassandre, Galatée, Lolita, débusquant ses avatars dans les romans de Huysmans, les chansons de variété, le rap et les controverses de l'ère #MeToo. À ces grandes figures répondent des femmes anonymes, témoignant de cette expérience banale : se voir prêter un désir de séduction qui impliquerait leur consentement.
En apparence moins violente que les insultes « pute » ou « salope », la notion d'allumeuse est en réalitéà la fois cause et justification des violences sexistes. Elle est omniprésente, des cours de collège aux tribunaux. Ce livre éclaire les origines de cette mystification, la rend définitivement inacceptable et libère du poids d'un très ancien chantage.
Christine van Geen est journaliste, enseignante, docteure et agrégée de philosophie.