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«Nous commencerons par discuter les points de vue pris sur la femme par la biologie, la psychanalyse, le matérialisme historique. Nous essaierons de montrer ensuite positivement comment la "réalité féminine" s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain.» Simone de Beauvoir.
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«Comment la femme fait-elle l'apprentissage de sa condition, comment l'éprouve-t-elle, dans quel univers se trouve-t-elle enfermée, quelles évasions lui sont permises, voilà ce que je chercherai à décrire. Alors seulement nous pourrons comprendre quels problèmes se posent aux femmes qui, héritant d'un lourd passé, s'efforcent de forger un avenir nouveau. Quand j'emploie les mots "femme" ou "féminin" je ne me réfère évidemment à aucun archétype, à aucune immuable essence ; après la plupart de mes affirmations il faut sous-entendre "dans l'état actuel de l'éducation et des moeurs". Il ne s'agit pas ici d'énoncer des vérités éternelles mais de décrire le fond commun sur lequel s'élève toute existence féminine singulière.» Simone de Beauvoir.
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Surnommé «l'homme qui répare les femmes», le gynécologue et chirurgien Denis Mukwege a consacré sa vie aux femmes victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo. Dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre, le docteur Denis Mukwege est chaque jour confronté aux monstruosités des violences sexuelles, contre lesquelles il se bat sans relâche, parfois au péril de sa vie. Dès 1999, il fonde l'hôpital de Panzi dans lequel il promeut une approche «holistique» de la prise en charge : médicale, psychologique, socio-économique et légale. Écrit à la première personne, La force des femmes retrace le combat de toute une vie en dépassant le genre autobiographique. L'héroïne du roman, c'est la femme composée de toutes ces femmes. L'auteur rend un véritable hommage à leur courage, leur lutte. Pour lui, il s'agit d'une lutte mondiale : «C'est vous, les femmes, qui portez l'humanité.» Ainsi, à travers le récit d'une vie consacrée à la médecine et dans un vrai cri de mobilisation, Denis Mukwege nous met face au fléau qui ravage son pays et nous invite à repenser le monde. La force des femmes clame haut et fort que guérison et espoir sont possibles pour toutes les survivantes.
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Ci-gît l'amer : guérir du ressentiment
Cynthia Fleury
- Folio
- Folio Essais
- 1 Septembre 2022
- 9782072981777
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l'objet de l'analyse reste la quête des origines, la compréhension de l'être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur. L'aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s'effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité ? Nous voilà, individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d'en faire le moteur des histoires individuelles et collectives.
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L'homme se tient sur une brèche, dans l'intervalle entre le passé révolu et l'avenir infigurable. Il ne peut s'y tenir que dans la mesure où il pense, brisant ainsi, par sa résistance aux forces du passé infini et du futur infini, le flux du temps indifférent.Chaque génération nouvelle, chaque homme nouveau doit redécouvrir laborieusement l'activité de pensée. Longtemps, pour ce faire, on put recourir à la tradition. Or nous vivons, à l'âge moderne, l'usure de la tradition, la crise de la culture.Il ne s'agit pas de renouer le fil rompu de la tradition, ni d'inventer quelque succédané ultra-moderne, mais de savoir s'exercer à penser pour se mouvoir dans la brèche.Hannah Arendt, à travers ces essais d'interprétation critique - notamment de la tradition et des concepts modernes d'histoire, d'autorité et de liberté, des rapports entre vérité et politique, de la crise de l'éducation -, entend nous aider à savoir comment penser en notre siècle.
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La cause des femmes ; le temps des malentendus
Gisèle Halimi
- Folio
- Folio
- 21 Février 1992
- 9782070384587
Le féminisme, c'est quoi ? Ça existe ? Aujourd'hui ça pourrait exister. Et pour quoi faire ? «Les femmes ont tout obtenu», répondent-ils, et même répondent-elles, quelquefois. Et pour quels résultats ? La solitude de fond de la féminité, et la déroute de nos mâles devant leurs égales. «La super woman» est épuisée. Quant au commun des hommes, sans le «miroir grossissant» que présentait, à ses exploits masculins, sa compagne d'antan, il se sent réduit de moitié. Donc grandeur nature. [...] Enfermée dans son rôle féminin, la femme ne mesure pas à quel point son oppresseur est lui-même prisonnier de son rôle viril. En se libérant, elle aide à la libération de l'homme. En participant à égalité à l'Histoire, elle la fait autre. Cela ressemble fort à une révolution tranquille, mais forte et sûre de l'avenir. Pourquoi le féminisme aujourd'hui ? Justement pour réussir là où l'égalité économique a échoué. Là où la culture patriarcale résiste. Le féminisme vient seulement de commencer sa longue marche. Dans vingt ans, dans cent ans, il aura changé la vie. Gisèle Halimi(1992).
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Voici un texte qui, par la controverse qu'il suscita dès sa parution chez les historiens, eut le mérite essentiel de contraindre ceux-ci à entreprendre des recherches nouvelles sur le génocide des Juifs par les nazis.En effet, le reportage d'Hannah Arendt, envoyée spéciale du New Yorker au procès de Jérusalem, philosophe américaine d'origine juive allemande, auteur d'un ouvrage célèbre sur les origines du totalitarisme, fit scandale à New York et à Londres, en Allemagne comme en Israël.Dans son procès du procès, l'auteur - qui ne fait siens ni tous les motifs de l'accusation ni tous les attendus du jugement - est entraîné d'abord à faire apparaître un nouvel Eichmann, d'autant plus inquiétant qu'il est plus «banal» ; puis à reconsidérer tout l'historique des conditions dans lesquelles furent exterminés des millions de Juifs. Et à mettre en cause les coopérations, voire les «complicités», que le lieutenant-colonel S.S. a trouvées dans toutes les couches de la population allemande, dans la plupart des pays occupés, et surtout jusqu'au sein des communautés juives et auprès des dirigeants de leurs organisations.La personnalité de l'auteur, la controverse qu'elle a partout suscitée et qu'analyse Michelle-Irène Brudny-de Launay dans sa présentation, contribuent à faire de ce livre brillant un témoignage que l'on ne peut ignorer sur une des énigmes majeures du monde contemporain.
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Mémoires d'une féministe intégrale
Madeleine Pelletier
- Folio
- Folio Histoire
- 7 Mars 2024
- 9782073056665
La doctoresse Pelletier (1874-1939) fut d'abord une féministe des plus radicales. Elle porta ce combat dans les partis de gauche, dans la franc-maçonnerie, et partout où elle put dans le débat public. Première femme admise à passer le concours des asiles d'aliénés, elle empoigna les enjeux de l'affranchissement des femmes à la lumière de sa culture scientifique, de sa pratique de la médecine et de sa grille d'analyse matérialiste. Se sentant née «trop tôt», elle batailla en première ligne, sans troupes mais pas sans courage. Elle voulait une égalité absolue, par la voie d'une virilisation des femmes que réprouvaient les féministes, trop timorées à son goût. Elle défendait la virginité militante comme moyen de résistance au patriarcat. Les antiféministes en firent une cible privilégiée. Elle paya par l'internement à l'asile son engagement concret pour la liberté de l'avortement. On la découvre ici sous un angle autobiographique pensé pour la transmission car, pour elle, «le privé est politique». Spécialiste de l'histoire des féminismes, Christine Bard partage et éclaire la transcription des manuscrits inédits de cette féministe toujours critique qui ne renonça jamais à changer le monde.
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En décembre 1934, Simone Weil entre comme «manoeuvre sur la machine» dans une usine. Professeur agrégé, elle ne se veut pas «en vadrouille dans la classe ouvrière», mais entend vivre la vocation qu'elle sent être sienne : s'exposer pour découvrir la vérité. Car la vérité n'est pas seulement le fruit d'une pensée pure, elle est vérité de quelque chose, expérimentale, «contact direct avec la réalité». Ce sera donc l'engagement en usine, l'épreuve de la solidarité des opprimés - non pas à leurs côtés, mais parmi eux. L'établissement en usine, comme, plus tard, l'engagement aux côtés des anarchistes espagnols ou encore dans les rangs de la France libre, est la réponse que Simone Weil a trouvée au mensonge de la politique, notamment celle des dirigeants bolcheviks qui prétendaient créer une classe ouvrière libre, alors qu'aucun «n'avait sans doute mis le pied dans une usine et par suite n'avait la plus faible idée des conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté des ouvriers». Ce qui, toujours, a fait horreur à Simone Weil dans la guerre, qu'elle soit mondiale ou de classes, «c'est la situation de ceux qui se trouvent à l'arrière».
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L'étonnement philosophique ; une histoire de la philosophie
Jeanne Hersch
- Folio
- Folio Essais
- 13 Mai 1993
- 9782070327843
L'étonnement est cette capacité qu'il y a à s'interroger sur une évidence aveuglante, c'est-à-dire qui nous empêche de voir et de comprendre le monde le plus immédiat. La première des évidences est qu'il y a de l'être, qu'il existe matière et monde. De cette question apparemment toute simple est née voilà des siècles en Grèce un type de réflexion qui depuis lors n'a cessé de relancer la pensée : la philosophie.L'histoire de cet étonnement, toujours repris, sans cesse à vif, continûment reformulé, Jeanne Hersch nous la raconte à partir de quelques philosophes occidentaux : les présocratiques, Socrate, Platon, Aristote, les épicuriens, les stoïciens, saint Augustin, Thomas d'Aquin, Descartes, Spinoza, Leibniz, Locke, Kant, Hegel, Comte, Marx, Freud, Bergson, Kierkegaard, Nietzsche, Husserl, Heidegger, Jaspers. Aussi cette histoire de la philosophie nous dit-elle, en réalité, comment la philosophie fut en tout temps, actuelle.
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Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat .Le mystère « Louise Michel » a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
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"femme, réveille-toi !" déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Olympe de Gouges
- Folio
- Folio 2 Euros
- 30 Janvier 2014
- 9782070457427
«Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ?» Un ton résolument frondeur, une langue énergique, un propos engagé, par l'une des grandes voix féminines de la Révolution française.
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Aristocrate bohème, figure de la haute société des années soixante, Jacqueline de Ribes est devenue une icône du style et un symbole de l'élégance française. Amie d'Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti, elle a été l'un des «Cygnes» de Truman Capote et de Richard Avedon. Cette reconnaissance mondiale est illustrée, en 2015, par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York. Son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building. Quelle femme et quels secrets se cachent derrière la légende de papier glacé ? Ce destin, qui voit s'achever l'ancien monde et apparaître de nouveaux codes, des innovations stupéfiantes, j'ai tenté d'en déchiffrer l'énigme. D. B.
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Portrait du colonisé ; portrait du colonisateur
Albert Memmi
- Folio
- Folio Actuel
- 20 Novembre 2002
- 9782070419203
«J'ai entrepris cet inventaire de la condition du Colonisé d'abord pour me comprendre moi-même et identifier ma place au milieu des autres hommes... Ce que j'avais décrit était le lot d'une multitude d'hommes à travers le monde. Je découvrais du même coup, en somme, que tous les colonisés se ressemblaient ; je devais constater par la suite que tous les opprimés se ressemblaient en quelque mesure.» Et Sartre d'écrire : «Cet ouvrage sobre et clair se range parmi les géométries passionnées : son objectivité calme, c'est de la souffrance et de la colère dépassée.» Cet essai est devenu un classique, dès sa parution en 1957 : il soulignait combien les conduites du colonisateur et du colonisé créent une relation fondamentale qui les conditionne l'un et l'autre.
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Adolescente, Hubertine Auclert (1848-1914) avait envisagé de prendre le voile, mais les religieuses n'avaient pas voulu d'elle. Elle se tourne alors vers un autre sacerdoce, la cause des femmes. Il y a fort à faire, comme elle le confie à son journal : exclues de la citoyenneté, privées de leurs droits civils, interdites de présence dans l'espace public, soumises à un moralisme étroit, les femmes de la fin du XIX? siècle sont en outre, pour les plus vulnérables d'entre elles, souvent exposées à la prostitution. Pourquoi les hommes changeraient-ils les règles d'un jeu qui leur est si favorable ? Hubertine Auclert estime que le combat doit commencer par le vote, et non par la conquête des droits civils et de l'égalité salariale qui en découleront, contrairement à ce que pensent la plupart des féministes de l'époque. Engagée dans des recherches sur les féminismes de la seconde moitié du XIX? siècle, Nicole Cadène a retrouvé, à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, le journal longtemps disparu d'Hubertine Auclert, militante à la volonté inflexible. Elle nous en livre ici une édition critique qui présente son autrice, la situe dans le mouvement féministe et ravive la mémoire de celle qui fut la plus éminente suffragiste française.
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Tout est langage reprend et précise le contenu d'une conférence adressée à des psychologues, des médecins et des travailleurs sociaux dont l'intitulé était : «Le dire et le faire. Tout est langage. L'importance des paroles dites aux enfants et devant eux.» À travers ses réponses, Françoise Dolto tisse la trame d'une compréhension analytique de ce qui est déterminant pour la subjectivité humaine. Elle affirme la nécessité en toutes circonstances - le divorce, la mort, la circoncision, l'adolescence, l'adoption, etc. - du parler à l'enfant. Elle montre que c'est souvent jusque dans et par son corps que l'enfant exprime ce qu'il ne peut parfois signifier autrement.
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Comment les grands orateurs de l'Antiquité parvenaient-ils à prononcer les longs discours que nous leur connaissons sans perdre le fil? En recourant aux «lieux» et aux «images», répondrait un Cicéron. La mémoire serait une sorte de musée dont les oeuvres seraient présentées dans des salles que l'orateur traverserait en imagination pendant son discours.L'histoire des systèmes et techniques de mémorisation est un sujet à la fois marginal et central pour comprendre la formation de notre culture. Elle se situe au croisement de l'histoire des religions et de la morale, de la philosophie et de l'art.Dans cet ouvrage majeur, Frances A. Yates permet de comprendre ce qui se passe entre le moment où Giordano Bruno fait de l'imagination le principe supérieur selon lequel organiser la psyché et celui où Pascal et tant d'autres en feront la «folle du logis», la «maîtresse d'erreur et de fausseté». L'historienne britannique jette ainsi les bases de ce que pourrait être une histoire de l'imagination dans le monde occidental:une faculté de l'esprit aussi bien liée à la magie et l'hermétisme qu'à la naissance de la méthode scientifique.
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Longtemps, au mot de « communarde » on a préféré celui de « pétroleuse », qui pourtant est une fiction. Une flétrissure misogyne qui raconte d'abord la façon dont on a dévalué, disqualifié et réprimé les femmes engagées dans la Commune de Paris au printemps 1871. En pionnière, Édith Thomas s'est attachée en 1963 à faire sortir de l'ombre ces femmes mobilisées pour la révolution sociale. Chartiste, elle a fouillé des archives fragiles et lacunaires, et excavé des traces qui n'avaient jamais été regardées comme des objets légitimes. En débusquant ce stigmate qui charrie une foule de représentations sur la violence féminine, et euphémise l'épaisseur politique de leur lutte pour déplacer les frontières de l'émancipation, l'autrice n'a pas seulement élargi l'histoire de la Commune de Paris. Elle a aussi enrichi l'histoire des féminismes.
Figure centrale de la Résistance intellectuelle sous Vichy, qui fit elle-même les frais d'une puissante invisibilisation, Édith Thomas restaure les femmes de 1871 dans une souveraineté proprement politique, aux antipodes de cette image d'hystériques du baril à quoi les ont longtemps reléguées les récits habituels ou virilistes de la Commune de Paris.
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Femmes et litterature Tome 1 ; une histoire culturelle
Collectif
- Folio
- Folio Essais
- 5 Mars 2020
- 9782070465705
Femmes et littérature, une histoire culturelle offre pour la première fois un ample panorama de la présence des femmes en littérature, du Moyen Âge au XXI? siècle, en France et dans les pays francophones. Composé de deux volumes, l'ouvrage rend compte des multiples formes que prend leur production selon le temps auquel elles appartiennent : poésie, théâtre et roman, correspondance, journal intime et autobiographie, essai, pratique journalistique, littérature populaire et littérature pour enfants. Leur participation active à la vie littéraire, leur présence dans les cours et couvents, salons, cercles et académies, dans la presse et les médias, leur rapport au manuscrit, au livre et à l'édition, leurs réflexions sur l'éducation ainsi que sur leur «condition» spécifique sont analysés et mis en perspective. Fruit du travail collectif d'une dizaine de spécialistes, une telle synthèse contribue à enrichir considérablement les connaissances existantes. Elle rend ainsi toute sa place à une production littéraire souvent ignorée, rarement reconnue à sa juste valeur.
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Trois essais sur la théorie sexuelle
Sigmund Freud
- Folio
- Folio Essais
- 28 Septembre 1989
- 9782070325399
«Devant le fait que les penchants sexuels étaient largement répandus, l'idée s'imposa à nous que la prédisposition aux perversions était la prédisposition originelle et universelle de la pulsion sexuelle humaine, à partir de laquelle le comportement sexuel normal se développait au cours de la maturation sous l'effet de modifications organiques et d'inihibitions psychiques. Nous espérions dégager la prédisposition originelle dans l'enfance ; parmi les forces qui délimitent l'orientation de la pulsion sexuelle, nous avons mis en évidence la pudeur, le dégoût, la compassion et les constructions sociales de la morale et de l'autorité. C'est ainsi que nous avons été amenés à voir dans chaque déviation fixée de la vie sexuelle normale une part d'inhibition du développement et d'infantilisme.» Sigmund Freud.
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Faire de l'histoire, c'est marquer un rapport au temps. Depuis plus de quatre siècles, l'historiographie occidentale se définit par la coupure qui d'un présent sépare un passé. Le geste qui met à distance la tradition vécue pour en faire l'objet d'un savoir est indissociable du destin de l'écriture. Écrire l'histoire, c'est gérer un passé, le circonscrire, organiser le matériau hétérogène des faits pour construire dans le présent une raison ; c'est exorciser l'oralité, c'est refuser la fiction. C'est, pour une société, substituer à l'expérience opaque du corps social le progrès contrôlé d'un vouloir-faire. Ainsi, depuis Machiavel, l'histoire se situe-t-elle du côté du pouvoir politique qui, lui, fait l'histoire. Michel de Certeau s'attache à caractériser ici les opérations qui règlent l'écriture de l'histoire : la fabrication d'un objet, l'organisation d'une durée, la mise en scène d'un récit.
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Ce qui découle du fait que ce n'est pas la femme qui a tué le père et autres textes psychanalytiques
Lou Andréas-Salomé
- Folio
- Folio Sagesses
- 3 Septembre 2020
- 9782072860355
«Que peut-on conclure de tout cela pour les liens entre les sexes ?» Il serait aisé de présenter Lou Andreas-Salomé comme une grande figure du féminisme, se laissant guider par sa vie : celle d'une femme libre, intellectuelle, sans enfants. Tout aussi aisé, en lisant quelques-unes de ses assertions sur «le type féminin» ou la structure masculine de la libido, de la présenter, au contraire, comme une voix exemplaire d'essentialisation de la femme, réduite à un «Éternel féminin», maternel avant tout. Ce n'est pourtant ni d'un côté ni de l'autre, insaisissable, qu'elle se trouve sans doute : en un interstice singulier qu'il reste à questionner et dont les articles ici réunis portent remarquablement l'équation. Narcissisme, féminité, complexe d'Oedipe... Trois textes psychanalytiques, denses et sinueux, par celle que Freud nommait «la compreneuse».
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Pour une morale de l'ambiguïté ; Pyrrhus et Cinéas
Simone de Beauvoir
- Folio
- Folio Essais
- 23 Janvier 2003
- 9782070426935
«Les hommes d'aujourd'hui semblent ressentir plus vivement que jamais le paradoxe de leur condition. Ils se reconnaissent pour la fin suprême à laquelle doit se subordonner toute action : mais les exigences de l'action les acculent à se traiter les uns les autres comme des instruments ou des obstacles : des moyens [...] Chacun d'entre eux a sur les lèvres le goût incomparable de sa propre vie, et cependant chacun se sent plus insignifiant qu'un insecte au sein de l'immense collectivité dont les limites se confondent avec celles de la terre ; à aucune époque peut-être ils n'ont manifesté avec plus d'éclat leur grandeur, à aucune époque cette grandeur n'a été si atrocement bafouée. Malgré tant de mensonges têtus, à chaque instant, en toute occasion, la vérité se fait jour : la vérité de la vie et de la mort, de ma solitude et de ma liaison au monde, de ma liberté et de ma servitude, de l'insignifiance et de la souveraine importance de chaque homme et de tous les hommes [...] Puisque nous ne réussissons pas à la fuir, essayons donc de regarder en face la vérité. Essayons d'assumer notre fondamentale ambiguïté. C'est dans la connaissance des conditions authentiques de notre vie qu'il nous faut puiser la force de vivre et des raisons d'agir.»Simone de Beauvoir.
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«J'espère que, quand on reverra la Constitution, les droits de la femme seront enfin comptés pour quelque chose et respectés comme ils doivent l'être, surtout quand il sera bien prouvé, comme cela ne peut manquer de l'être, que la raison exige que l'on fasse attention à leurs plaintes et réclame hautement justice pour une moitié de l'espèce.» Directement inspiré par la pensée des Lumières, un texte puissant et original, par une figure majeure du féminisme anglo-saxon.