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Michelle Perrot est une des plus grandes historiennes contemporaines. Ses travaux, pionniers en matière d'histoire sociale, d'histoire des marges, des femmes et du genre, ont puissamment contribué à renouveler la discipline et ses objets. Les trois séquences qui rythment ce volume correspondent à ses thèmes de prédilection : ouvriers, marges et murs, femmes.
S'intéressant à travers eux à des figures de dominés, longtemps ignorés par les chercheurs, elle explore les traces à demi effacées de vies ordinaires qui, elles aussi, ont fait l'histoire : celles des ouvriers en grève ou des détenus du XIXe siècle, celles des enfants des rues, vagabonds ou autres Apaches de la Belle Époque. Celles enfin des femmes, toujours inscrites dans la diversité de leurs parcours et saisies dans la variété de leurs lieux de vie : la chambre, l'atelier, l'usine, la maison bourgeoise, la rue.
Longtemps étouffées ou inaudibles, les voix de ces femmes, ouvrières (« mot impie », selon Michelet) ou autrices (au premier rang desquelles George Sand), militantes ou anonymes, aux corps assujettis ou triomphants, exploités et désirés, sont restituées par la force d'un style singulier. Toutes semblent se rejoindre in fine dans la figure de Lucie Baud, « révoltée de la soie », meneuse de grève en Isère et inspiratrice de Mélancolie ouvrière, saisissant livre-enquête ici reproduit en intégralité.
Michelle Perrot a elle-même assuré la sélection, l'agencement et la présentation des textes retenus, portant un regard résolument lucide et personnel sur plus d'un demi-siècle de recherche et d'engagement. Ce volume permet d'en mesurer toute l'ampleur.
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Spécialiste des présocratiques, ces « philosophes » du Ve siècle avant J.-C. que Martin Heidegger désigne comme l'aurore de la pensée, Barbara Cassin raconte l'histoire de la philosophie en s'appuyant sur les sophistes, ces autres maîtres en culture et en démocratie.
Ce volume réunit des textes devenus souvent introuvables, des traductions - de Gorgias en particulier - et des ouvrages intégraux, parmi lesquels Parménide, la langue de l'être ?, Aristote, la décision du sens. Tous structurés autour d'une trame qui fait de cet ouvrage une oeuvre à part entière.
Sa rencontre avec René Char et Martin Heidegger a conduit Barbara Cassin à repenser le rapport entre philosophie et poésie. Que peut le langage, peut-on fabriquer le monde aussi avec des mots ? Et que nous apprend la diversité des langues à l'heure du mauvais anglais mondialisé qui raccourcit la pensée ?
L'Antiquité qu'explore Barbara Cassin est aussi d'une grande actualité. Elle ouvre sur le « peuple arc-en-ciel » et la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, sur la psychanalyse ou le rapport entre sens et non-sens chez Freud et Lacan, sur la définition de la culture et de la démocratie avec Google-moi, sur l'hospitalité et la barbarie avec La Nostalgie. Elle livre les clefs du Dictionnaire des intraduisibles avec Plus d'une langue. Et partout, qu'il s'agisse de la toute première Initiation à l'explication de texte ou du récent Avec le plus petit et plus inapparent des corps, l'oeuvre de Barbara Cassin témoigne de cet amour du langage et de l'écriture qui ne requiert aucun savoir préalable et ne se laisse enfermer dans aucune discipline. -
Issue, par son père, d'une vieille famille catholique de droite, Élisabeth de Fontenay a été élevée dans l'ignorance des racines juives de sa mère, convertie au catholicisme, dont la famille fut exterminée à Auschwitz. À vingt-deux ans, elle rompt avec la religion catholique pour se tourner vers le judaïsme et assumer son ascendance juive. À la fois détruite et construite, dit-elle, par le secret qui entoura ses origines. Dans toute son oeuvre, elle n'a cessé de s'interroger sur les devoirs que nous avons envers les êtres vulnérables et de chercher à combler le silence de sa mère, celui de son frère, celui aussi des animaux qu'on extermine. Élisabeth de Fontenay, inlassablement, s'est attachée à mettre la philosophie « à l'épreuve de l'animalité », sans pour autant « offenser le genre humain ». Elle dénonce une tradition philosophique responsable, à ses yeux, de la longue méconnaissance de l'animal au nom du « propre de l'homme », et rappelle avec force que l'attention portée aux animaux ne saurait entrer en contradiction avec celle que l'on porte aux êtres humains et à leur propre identité. Fragilité, animale ou humaine, stupeur face à la violence génocidaire, amour de la littérature, admiration et méfiance mêlées vis-à-vis des Lumières, mais passion pour Diderot, « inventeur d'un matérialisme enchanté », engagement politique, autant de thèmes qui s'entrelacent dans ce volume rassemblant l'essentiel d'une oeuvre sensible, dense et inclassable, qui fait autorité et assure à son auteur un grand rayonnement.
Ce volume contient : Actes de naissance - Gaspard de la nuit - En terrain miné (avec Alain Finkielkraut) - Une tout autre histoire - La Prière d'Esther - Diderot ou le matérialisme enchanté - « Flaubert, un pensum mystique » - « Barbey, cet absolu littéraire » - La Grâce et le progrès - Sans offenser le genre humain - « Lucrèce, la force de dissidence du poème » - « La raison du plus fort » - « Entretien avec Jean-Louis Poirier ».
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L'enfant et le génocide ; témoignages sur l'enfance pendant la Shoah
Coquio/Kalisky
- Bouquins
- 8 Novembre 2007
- 9782221099896
Écrits pendant ou après les événements, assemblés ici comme les restes dispersés d'une expérience à peine exprimable, les témoignages rassemblés dans cette anthologie, souvent inédits - traduits de l'allemand, du polonais, du yiddish, du tchèque, de l'hébreu, du grec, de l'italien, de l'espagnol, du romani, du roumain et de l'anglais - se relaient pour dessiner ce que fut, dans les yeux des plus jeunes, la Catastrophe génocidaire, mais aussi pour dire l'incroyable vitalité déployée dans les ghettos, les campagnes et les camps, chacun se sachant en sursis. Les récits individuels de ce drame commun donnent au lecteur une représentation concrète de la tragédie collective et, surtout, lui permettent de comprendre la perception que les enfants en eurent eux-mêmes, de savoir comment ils y réagirent dans ce qui leur restait de vie sociale et intime, de connaître le regard, souvent sans concession, qu'ils portaient sur les adultes, sur leurs parents. Ces témoignages n'ont pas seulement valeur de documents historiques : qu'ils prennent ou non forme littéraire, ils montrent l'importance qu'eut pour leurs auteurs la possibilité de mettre en mots ce que chacun vivait et éprouvait, l'écriture étant pour certains le dernier rempart au désespoir et à la folie.
Les textes présentés ici, émanant de témoins inconnus autant que d'auteurs célèbres (Aharon Appelfeld, Primo Levi, Elie Wiesel.), ont été choisis et édités par Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, avec l'aide de plusieurs traducteurs et historiens français et étrangers. Ils forment un livre unique et bouleversant qui propose, pour la première fois à l'échelle de l'Europe entière, les récits de ces enfants qui grandirent dans la certitude quotidienne de leur condamnation, et qui, s'adaptant au monde où il leur fallait vivre, firent de ces récits ceux de la vie même.
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Le matin nous appartient-il encore ? Dans cette variation tout à la fois profonde et divertissante, il apparaît comme un enjeu résolument contemporain.
Le matin est représentatif de notre rapport schizophrène au temps, un temps que beaucoup préfèreraient passer à l'horizontal mais que de présumées bonnes moeurs - la morale, la religion ou la société capitaliste - ont imposé comme vertical ; où l'intimité du quotidien côtoie sans résistance le tumulte du monde.
Un temps également saturé d'images qui ont façonné nos comportements : la publicité, les séries télé, l'art ou la littérature ont construit des représentations d'un matin tantôt homogène, rassurant et familial tantôt solitaire, routinier et banal.
Travaillé ou contraint pour les uns ; amoureux ou créatif pour les autres : nous ne sommes pas tous égaux aux premières heures du jour, et entre " double journée " et walk of shame, les femmes semblent tout particulièrement touchées par les clichés tenaces et les injonctions contemporaines nouvelles.
Autour de la même table du petit-déjeuner, ce livre énergisant, le premier consacré au matin, réunit Georges Perec et les Chocopops, Albert Cohen et Angela Merkel, Marc Aurèle et Jean-Jacques Goldman, avec une ambition : montrer autrement ce que chacun de nous voit tous les jours sans jamais le voir véritablement.