Allia
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Depuis la Seconde Guerre mondiale, le «réfugié» préfère en général l'appellation de «nouvel arrivant» ou d'«immigré», pour marquer un choix, afficher un optimisme hors pair vis-à-vis de sa nouvelle patrie. Il faut oublier le passé : sa langue, son métier ou, en l'occurrence, l'horreur des camps. Elle-même exilée aux États-Unis au moment où elle écrit ces lignes dans la langue de son pays d'adoption, Hannah Arendt exprime avec clarté la difficulté à évoquer ce passé tout récent, ce qui serait faire preuve d'un pessimisme inapproprié.
Pas d'histoires d'enfance ou de fantômes donc, mais le regard rivé sur l'avenir. Mais aux yeux de ces optimistes affichés, la mort paraît bien plus douce que toutes les horreurs qu'ils ont traversées. Comme une garantie de liberté humaine.
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Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
- Allia
- La Tres Petite Collection
- 6 Octobre 2023
- 9791030430417
Ce réquisitoire balaie d'un revers de main la démocratie telle qu'elle a cours. Et, ose-t-on ajouter, telle qu'elle a encore cours. Son argumentation repose sur des réflexions philosophiques qui traitent de l'organisation idéale de la collectivité en démocratie, notamment le Contrat social de Rousseau. La raison seule est garante de la justice, et non les passions, nécessairement marquées par l'individualité. Or, les partis, puisqu'ils divisent, sont animés par les passions en même temps qu'ils en fabriquent. Ils défendent leurs intérêts propres au détriment du bien public. Pour Simone Weil, il faut se garder comme de la lèpre de ce mal qui ronge les milieux politiques mais aussi la pensée tout entière. Contre les passions collectives, elle brandit l'arme de la raison individuelle.
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Ce livre est un cri d'alarme. Celui qui lance ce cri, Lindsay Waters, est, en sa qualité d'éditeur dans l'une des maisons phares de l'édition universitaire nord-américaine, installé à un poste d'où l'on jouit d'une vision panoramique du désastre. Ce désastre est celui de l'avenir du livre, en particulier dans le domaine des sciences humaines. L'analyse de Waters s'ouvre sur ce constat : l'université américaine produit « des montagnes de livres que personne ne lit ». Une censure insidieuse se répand dans ces ouvrages issus d'une production mécaniste qui limite le champ de la pensée aux conformismes du statu quo. Mais Waters n'en reste pas là. Il dépiste les causes de cette crise qu'il traite comme le symptôme majeur d'une éclipse du savoir. Et l'erreur serait de croire que cette dérive ne concerne que l'université américaine. Les projets actuels de réforme de l'enseignement supérieur en France vont tous dans le même sens : engager l'université dans la voie dont Waters démontre l'impasse.