Présentées lors de son exposition au musée de la Chasse, à Paris, en 2018, puis ce printemps au Muséum d'histoire naturelle de Marseille, ces petites annonces, d'hommes cherchant des femmes, racontent l'évolution des qualités recherchées chez l'autre sexe depuis plus d'un siècle. Classés par décennies, des années 1910 à aujourd'hui, ces messages montrent les changements dans les critères de sélection. Au début du xxe siècle, les hommes parlent de fortune, de mariage, dans les années 1970, ils évoquent plutôt la crainte des femmes trop cérébrales et indépendantes. Plus on avance avec le temps plus le corps est évoqué, de même que la sexualité. Pour compléter son panorama sociologique des relations homme-femme, Sophie Calle a également puisé dans les annonces du Nouvel Observateur et du site de rencontres Meetic. Elle a repéré pour chaque décennie les qualités principales recherchées chez les deux sexes ; cet ouvrage présentant aussi des annonces de femmes cherchant des hommes. « J'ai toujours trouvé les petites annonces poétiques, j'aime leur langage concis, économique, elles sont comme des haïkus », souligne l'artiste. Parfois clairement intéressées, telle : « Garçon boucher désire connaître personne ayant boucherie, vue mariage », ces publications parlent aussi de la solitude à l'oeuvre dans la quête amoureuse, une quête dans laquelle il y a aussi de de l'attente, du silence, des non-dits. Image de la solitude affective, de la quête de l'amour ou au contraire marque de son renoncement, ces petites annonces dressent un catalogue amoureux. Artiste inclassable qui floute en permanence la ligne entre réalité et fiction, Sophie Calle met ici en scène la recherche universelle de l'être aimé chez la femme et chez l'homme. Conçu en collaboration avec la maison d'édition Cent pages, cet ouvrage s'inscrit dans la suite des livres dessinés à quatre mains avec l'artiste.
Artiste mythique du New York des années 1960, Bettina Grossman (1928-2021) a développé pendant plus de soixante ans une oeuvre prolifique passant de la photographie, à la sculpture, du cinéma au dessin.
Cet ouvrage est le premier qui présente son exceptionnel travail photographique, nourri de la pratique d'une sculpture concep-tuelle. Personnalité excentrique totalement dédiée à son art, Bettina réside à partir de 1968 au célèbre Chelsea Hotel, suite à l'incendie de son atelier dans lequel elle perd toutes ses archives. Vivant telle une recluse dans cette communauté d'artistes, qui a vu passer aussi bien Jack Kerouac que Sid Vicious. Dans ce bouillon culturel, elle produit et accumule dans son minuscule studio une oeuvre considérable et majeure qui s'inscrit pleinement dans la grande histoire des avant-gardes artistiques du xxe siècle.
Ses recherches sur la forme, qu'elle soit graphique, sculpturale ou photographique, la conduisent à expérimenter, questionner, l'idée même de processus artistique. Durant des années, images, dessins, modelages, élaborent une oeuvre singulière qui reconsidère en permanence l'idée d'oeuvre d'art. Ses pièces sont suspendues dans l'atelier, accrochées aux murs, posées à même le sol : elles envahissent l'espace dans un continuum menant au vertige, le geste artistique se fait expérience physique et visuelle. Aux confins de l'abstraction, Bettina manipule, tord, étale, étire matière, lumière et ombre. Sa pratique sérielle - sujet majeur des arts con-temporains - donne à voir un univers hypnotique et d'une grande puissance visuelle, présenté ici pour la première fois.
Entre catalogue raisonné et livre d'artiste, Ainsi de suite rassemble le travail de Sophie Calle depuis 2003 jusqu'à aujourd'hui en reprenant les choses là où elles avaient été laissées par M'as-tu vue, premier ouvrage rétrospectif des oeuvres de l'artiste réalisées entre 1979 et 2003, qui se terminait sur Unfinished. Ainsi de suite débute par cette série et poursuit jusqu'aux travaux en cours, en présentant à la fois les oeuvres et des vues d'exposition pour beaucoup inédites.
Plusieurs conversations entre l'artiste et l'écrivain Marie Desplechin servent de fil rouge aux déambulations du lecteur dans l'oeuvre foisonnante de Sophie Calle à travers un parcours thématique rassemblant près de trente séries.
Figure majeure de la scène de l'art contemporain, Annette Messager présentera à l'automne 2012, au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, ses dernières oeuvres dans un ensemble intitulé Continents noirs. Si depuis toujours son travail mêle le ludique à l'inquiétant, ses nouvelles pièces évoquent les tensions du monde actuel, un monde dont le temps nous échappe.
Fragiles chevelures bougeant au gré de souffleries, chaussures abandonnées et petits objets du quotidien recouverts d'une sombre feuille d'aluminium froissé, dispersés sur le sol sous une bâche, éléments suspendus et mobiles se déployant telle une masse noire et menaçante, à la fois aérienne et terriblement pesante, ces installations et oeuvres oscillent entre le monumental et le miniature. Elles suscitent le sentiment de l'instable et du fugitif, et se font l'écho des tensions du monde d'aujourd'hui. Menaces écologiques et troubles des temps modernes transparaissent dans ses installations devenues autant de continents noirs. Traces ou vestiges d'un monde imaginaire plutôt inquiétant, les dernières créations d'Annette Messager nous plongent dans le mystère de leurs origines.
À l'occasion de cet ouvrage, Annette Messager a demandé à l'écrivain américain Norman Springer d'écrire un texte évoquant son récent travail. Auteur de science-fiction, Springer dépeint dans ses romans et nouvelles des univers fantastiques au bord de la dérive.
Cet ouvrage propose une plongée dans l'ensemble de l'oeuvre de cette photographe précoce et intense dont les photographies sont des énigmes visuelles poétiques et étranges qui, malgré la brièveté de sa production, n'a cessé d'influencer la création contemporaine. " Elle a 22 ans, elle a pleinement conscience du désordre qui l'anime ; elle cherche sa place, presque gouluûment, en utilisant quasi exclusivement son corps dans ses images, ainsi je suis toujours à portée de main, explique-t-elle, quand l'urgence de la représentation se manifeste.
La décrépitude des intérieurs, les miroirs qui permettent de voir la face cachée des choses, les coins et recoins constituent le cadre de ces performances où un corps évolue, fantomatique et drôle, pour celle qui affirme ainsi des liens plus qu'intimes avec l'appareil photo. Serait-elle un ange ? La question la taraude. Elle y revient régulièrement : une créature invisible, en apesanteur, sans problèmes ni avec l'espace, ni avec le langage, c'est peut-être une solution.
Ce jeune prodige encore adolescent, libre, pure incarnation du génie de l'ange un peu démoniaque, met en oeuvre d'éphémères actions photographiques, à la limite du visible parfois. " Extrait de l'introduction d'Agnèss Sire.