Sciences humaines & sociales
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Où sont les représentations lesbiennes dans la société, dans nos imaginaires ? Par qui sont-elles produites ou invisibilisées ? Comment se construire face à des stéréotypes trop souvent discriminants ? Voici venue l'heure d'exister, d'exposer et d'être exposées. De repenser la façon de faire photo, de faire portrait, de faire face, pour poser enfin la question : Y a-t-il un regard lesbien ?
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Nous ne sommes rien, soyons toutes ! Histoire de femmes en lutte et de luttes féministes, de la Révolution française à nos jours
Ludivine Bantigny
- Seuil
- 7 Mars 2025
- 9782021579208
Depuis la Révolution, les femmes n'ont cessé de lutter pour l'émancipation et pour la liberté. Elles parlent, écrivent, manifestent, chantent, résistent et s'engagent pour leurs droits, l'égalité et la justice. Elles sont ouvrières, institutrices, domestiques, esclaves affranchies, journalistes, « ménagères », artistes... Elles descendent dans la rue, battent le pavé à la porte des usines, rédigent des tracts, distribuent des manifestes, mènent des actions insolites. Elles se transmettent le flambeau de génération en génération. Une solidarité les unit par-delà le temps, comme si elles formaient une chaîne, un cortège de femmes jusqu'à nos jours.
Ludivine Bantigny nous offre ici un parcours original dans l'histoire incarnée des luttes féminines et féministes, sociales et politiques. L'ouvrage se tient en équilibre entre l'évocation de figures « incontournables », renouvelée grâce à de nombreux documents, et celle de femmes dont la mémoire n'a pas retenu les noms et qui resteraient anonymes sans les plongées en archives d'où elles surgissent. C'est tout l'attrait de cette histoire politique et sensible inédite, portée par une écriture vivante et engagée. -
Deux peuples pour un État ? Relire l'histoire du sionisme
Shlomo Sand
- SEUIL
- La Couleur Des Idees
- 5 Janvier 2024
- 9782021541663
La création d'un État binational où Israéliens et Palestiniens seraient citoyens du même État a jadis été l'aspiration de nombreux intellectuels juifs critiques, de gauche comme de droite. Les prises de position en faveur du binationalisme, d'Ahad Haam dès la fin du XIXe siècle à Léon Magnes en passant par Hannah Arendt et beaucoup d'autres, pour qui le désir de créer un État juif exclusif sur une terre peuplée en majorité par des Arabes entraînerait un conflit violent et insoluble, se sont révélées tout à fait exactes. Avec l'arrivée aux affaires de l'extrême droite en Israël et les massacres perpétrés par le Hamas, la question d'un État binational est une urgence pour toute la région. Lui tourner le dos n'y changera rien.
Le binationalisme ne relève pas seulement du voeu pieux, mais aussi de la réalité présente : 7,5 millions d'Israéliens-juifs dominent, par une politique d'expulsion, de déplacement, de répression et d'enfermement, un peuple palestinien-arabe de 7,5 millions de personnes, dont une grande partie est privée de droits civiques et des libertés politiques élémentaires. Il est évident qu'une telle situation ne pourra pas durer éternellement, même si le rapport des forces a, jusqu'à présent, permis la prolongation de cet apartheid.
Shlomo Sand est un historien israélien, professeur émérite à l'université de Tel-Aviv, et auteur de nombreux livres, dont certains ont suscité de vif débats (Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008). Son dernier ouvrage au Seuil, Une race imaginaire. Courte histoire de la judéophobie, a été publié en 2020.
Traduit de l'hébreu par Michel Bilis -
« Culture de l'inceste » ? C'est trop fort, trop violent ? Cette formule, adaptée de l'expression « culture du viol », elle-même définie dans les années 1970 par les féministes américaines, n'est pourtant pas une provocation. C'est une invitation à penser l'inceste en termes culturels et non individuels, à l'envisager non pas comme une exception pathologique, mais comme une pratique inscrite dans la norme qui la rend possible en la tolérant, voire en l'encourageant.
L'ampleur de la dévastation (une personne sur dix concernée en France) appelait ce livre urgent, vibrant, à vif parfois, qui rassemble des voix diverses, aussi bien militantes qu'universitaires. Un livre qui sort des témoignages et des débats psychanalytiques pour se concentrer sur une seule et unique question : pourquoi ? Quels sont les ressorts sociaux et anthropologiques de l'inceste ? Comment interroger nos représentations (dans la culture populaire, dans la pornographie) ? Comment faire le lien avec les dominations à l'oeuvre (des adultes sur les enfants, des hommes sur les femmes...) ? Avec la direction-coordination d'Iris Brey et de Juliet Drouar, les auteurices ont voulu proposer des pistes, créer des ouvertures, formuler des hypothèses : cet ouvrage offre l'amorce d'une réponse politisée et collective. -
Les mots de Judith Godrèche ont éclaté comme une bombe dans un milieu jusque-là figé dans le déni. Ils disent l'incrédulité face au silence et l'espoir que les victimes de violences sexuelles soient enfin écoutées. Mais nous savons que l'indignation est éphémère. Face au risque d'un retour à l'inertie et dans un contexte politique alarmant, les féministes doivent tenir et renforcer la dynamique par laquelle elles ont entrepris de refuser l'assignation des
femmes à leurs corps-objets. Car c'est aujourd'hui une aspiration de fond à renverser l'ordre patriarcal du monde que nous portons. -
Que reste-t-il de la galanterie aujourd'hui ? « Mythe franco-français », « culture du viol » ou « liberté d'importuner », ce fétiche culturel est devenu un épouvantail. Or les débats occultent la richesse et la complexité de la galanterie. Moins qu'une notion fixe, elle fut d'emblée un champ de bataille qu'investirent les femmes pour penser les rapports de genre, le consentement sexuel et le refus du mariage. Plaisir conversationnel, régime d'égards et avis éclairés pourraient-ils fonder une nouvelle civilité sexuelle ?
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Au départ, des scènes s'accumulent dans ma tête. Comme un embouteillage. Un tourbillon de colère et de rage. Saturation dans les hôpitaux ou les transports du quotidien, mal-être chez les agent.es et les usager.es des services publics, laisser-faire devant la désindustrialisation, incapacité de l'État à faire face aux nouveaux défis du climat, du quatrième âge, du numérique...
Notre société est malade du nous. Je ne parle pas du prétendu nous de l'extrême droite, identitaire, raciste, sexiste. La crise est celle de la mise en commun. Contre la marchandisation de tout, il faut valoriser le collectif et relancer la dynamique de l'égalité. C'est la condition de la liberté de chacune, chacun. Et le seul moyen de cesser de détruire la planète.
Puisant dans notre histoire, l'esprit public est un fil rouge pour bâtir des réponses nouvelles, comme la Sécurité sociale de l'alimentation, le ticket climat, le service public du réemploi et de la réparation... Il permet d'aller chercher de nouvelles ressources pour satisfaire nos besoins véritables, notamment par la justice fiscale.
Après quarante ans de néolibéralisme qui nous ont conduit dans le mur et face au vent international néofasciste qui souffle, l'esprit public est une clé pour dégager l'issue progressiste. Il peut fédérer les classes populaires des villes et des campagnes, unir les gauches et les écologistes pour, adossé à la mobilisation sociale et citoyenne, transformer nos vies. -
Darons daronnes : Les tendres tatônnements de la parentalité
Clara Georges
- Seuil
- 14 Mars 2025
- 9782021582840
Petites misères et grandes joies d'être un « daron » ou une « daronne », dilemmes éducatifs, enjeux politiques : dans les chroniques qui composent ce livre, Clara Georges propose une grande exploration, diverse, joyeuse, parfois mélancolique ou piquante, de la parentalité et de toutes les contradictions que les parents affrontent jour après jour. Adapté de textes choisis de la newsletter éponyme du Monde, Darons daronnes est un livre pour toutes celles et tous ceux qui éprouvent le vertige d'être parent, mais aussi pour les parents devenus grands-parents, pour les anciens enfants, pour ceux qui hésitent encore, et même pour ceux qui se refusent d'imaginer avoir des enfants.
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La guerre menée par Israël à Gaza en riposte à la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 est la plus destructrice jamais conduite par l'Etat hébreu dans ce territoire palestinien. Et pourtant, le blocus absolu imposé à la presse (y compris israélienne), aux humanitaires et aux observateurs internationaux sur le terrain la rend paradoxalement invisible, donnant prise à toutes les désinformations.
Un an après le début de l'offensive israélienne, ce livre voudrait donc revenir aux faits. Les principaux rapports des ONG internationales, palestiniennes et israéliennes, ainsi que des enquêtes d'experts et des articles de presse, ont été sélectionnés et présentés par la spécialiste du Moyen Orient Agnès Levallois, avec les contributions inédites de consultants indépendants et responsables d'ONG. Sont ainsi documentés et mis en perspective les faits qui ressortissent du droit de la guerre et du droit humanitaire international : le sort des victimes civiles, l'ampleur des destructions du territoire, les attaques contre les journalistes, les humanitaires et les personnels de santé, l'arsenal utilisé...
Bilan provisoire d'une guerre qui s'annonce sans fin.
Avec les contributions de Guillaume Ancel, Leïla Bourguiba, Jonathan Dagher, Peter Harling, Johann Soufi. -
Une femme dans son siècle : Retour sur une traversée féministe
Claude Sevan-schreiber
- Seuil
- 7 Mars 2025
- 9782021594607
Claude Servan-Schreiber a plus d'une fois été une actrice majeure de son siècle.
D'abord comme journaliste pour le groupe L'Express-L'Expansion, aux côtés de son mari Jean-Louis Servan-Schreiber, puis hors du « clan », dans la presse féminine et féministe. Après avoir découvert la cause des femmes dans la société américaine des années 1970, elle embrasse, avec Françoise Gaspard (ancienne maire PS de Dreux, qui deviendra sa femme), la lutte pour la légalisation de l'avortement et l'accès à la contraception en France, puis celle pour la parité. Trois causes victorieuses dont elle fut l'une des chevilles ouvrières.
De Françoise Giroud à Benoîte Groult, de Gisèle Halimi à Gloria Steinem, en passant par Joan Scott ou encore Michelle Perrot, son parcours aux mille rencontres accompagne, sans rien cacher de ses déconvenues, le féminisme en marche. Un combat pour lequel il ne faut jamais, individuellement et collectivement, baisser la garde. -
Soeurs : Pour une psychanalyse féministe
Silvia Lippi, Patrice Maniglier
- Seuil
- La Couleur Des Idées
- 29 Septembre 2023
- 9782021533323
4e Soeurs.
Devenir féministe n'est pas seulement un choix rationnel. C'est une réponse vitale à des traumatismes si profonds qu'ils se perdent dans la nuit de nos histoires singulières, comme #MeToo. Le féminisme ne serait pas si puissant s'il n'avait une signification inconsciente.
Pourtant la psychanalyse semblait n'en rien vouloir savoir. Ce livre rompt avec ce silence en introduisant le concept de sororité dans la clinique et la théorie psychanalytiques, en même temps qu'il plaide pour un féminisme qui ferait toute sa place à ses propres éléments pulsionnels, traumatiques, fous.
Il prend pour guide improbable dans cette entreprise une femme, lesbienne, schizophrène, criminelle : Valerie Solanas, qui imagine un monde à partir des seules relations entre femmes - un monde de soeurs. La sororité ne se limite pas aux relations entre des personnes déjà identifiées comme femmes, c'est un type de lien social dans lequel on communique directement à partir de nos traumatismes respectifs dans une forme fabriquée en commun, que ce livre appelle un « symptôme partagé ».
En jetant les bases d'une psychanalyse sororale, qui permet de penser autrement l'articulation de l'intime et du politique, du psychique et du social, de l'inconscient et du collectif, ce livre fait un pas décisif dans la direction d'un renversement de l'orientation patriarcale et hétérocentrée de la psychanalyse, dans une langue claire, impertinente et rigoureuse. Il parlera à toutes celles et ceux qui aspirent à penser, sentir et vivre au-delà des imaginaires de la domination masculine.
Silvia Lippi est psychanalyste, docteure en psychologie et psychologue hospitalière à l'établissement public de santé Barthélemy-Durand d'Étampes.
Patrice Maniglier est philosophe, maître de conférences à l'Université Paris-Nanterre. -
Femmes de révolution : Portraits d'activistes qui ont changé le monde
Constance Bantman
- Seuil
- Traverse
- 7 Février 2025
- 9782021519594
Lénine, Martin Luther King, Che Guevara : tout le monde en a entendu parler. Mais Théroigne de Méricourt, Alexandra Kollontaï, Claudette Colvin, Djamila Bouhired, Phoolan Devi ? Pourtant, les femmes ont toujours lutté pour transformer le monde. Elles ont cherché à promouvoir l'égalité politique et sociale, le féminisme, les droits des minorités ethniques et sexuelles. Elles ont oeuvré pour la décolonisation, la justice, l'internationalisme.
À travers une pluralité de récits, ce livre montre la richesse et l'efficacité de leurs engagements. En explorant l'histoire des femmes de révolution, il raconte une histoire des révolutions au féminin, qui englobe toutes les mobilisations - radicales, périlleuses, transgressives, illégales. -
Longtemps, les femmes n'ont été que des corps, définies par leurs fonctions sexuelle et maternelle. La révolution féministe les a délivrées de ce carcan, mais elle a aussi dévalorisé le corps féminin. N'est-il pas pourtant le noeud singulier de notre rapport à nous-même et au monde ?
À partir d'une relecture de Simone de Beauvoir, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie propose de le saisir sous ses deux aspects : lieu de la domination masculine et vecteur d'une pleine émancipation. Sa pensée progresse au fil d'une exploration de ces événements corporels qui scandent la vie des femmes, de l'enfance empêtrée à la ménopause invisibilisée, de la honte adolescente à la découverte de la jouissance, de l'épreuve du réel maternel aux ravages de la violence sexuelle. Au fil de ces étapes, où l'écriture en première personne résonne avec les voix plurielles des femmes, l'autrice pose les jalons qui leur permettront de reprendre possession de leurs corps, jusqu'au plus intime d'elles-mêmes. Son féminisme incarné s'attaque au socle même du patriarcat et renouvelle, à l'écoute des luttes les plus contemporaines, les fondements théoriques du féminisme.
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Qui a le droit de se réclamer du féminisme ? Qui est légitime à faire partie du mouvement ? Depuis près de cinquante ans, des militantes de la cause des femmes excluent les trans' et vont jusqu'à nier leur existence. Le cas des trans' n'est pas isolé : il prend place dans la longue liste de celles qui, au nom de l'universalisme ou de la nature, se sont trouvées marginalisées. Lesbiennes, femmes noires, femmes portant le foulard, travailleuses du sexe... beaucoup ont, un jour ou l'autre, été amené·es à poser la question : ne suis-je pas un·e féministe ?
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Recours à la chirurgie esthétique, apparition de coaches en séduction, développement du marché du sex-toy et du roman érotique... De plus en plus, le sexe est une ressource en vue de gains.
Mais il y a davantage : au-delà de la marchandisation des corps, la liberté sexuelle augmente la valeur économique des individus. Nombreux sont ceux qui se servent du sexe pour se valoriser, c'est-à-dire augmenter leur valeur sur le marché du travail. Les états psychologiques, dispositions émotionnelles et autres expériences sexuelles contribuent à l'employabilité des personnes, ainsi qu'à leurs succès professionnels. Non seulement notre sexualité concourt à la reproduction du capitalisme, mais le néolibéralisme a étendu son pouvoir à notre sphère la plus intime.
Un essai-phare entre sociologie, science politique et philosophie, pour une approche critique de la sexualité - et du capitalisme. -
Le 21 février 2024 Missak Manouchian entre au Panthéon, avec son épouse, Mélinée. L'histoire des Arméniens mérite d'être connue et reconnue. Missak, le militant, le résistant est une figure digne d'être honorée. Mais je suis saisie par un double sentiment, celui d'une injustice à l'égard des 21 autres résistants étrangers fusillés en même temps que lui par les nazis et d'Olga Bancic guillotinée ; celui d'un malaise devant un récit historique qui distord les faits pour construire une légende. Or, à l'époque des « vérités alternatives », si on souhaite donne une leçon d'histoire, la moindre des précautions est de l'établir.
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Technopolitique : Comment la technologie fait de nous des soldats
Asma Mhalla
- SEUIL
- 10 Février 2024
- 9782021548549
Intelligence artificielle, réseaux sociaux, implants cérébraux, satellites, métavers... Le choc technologique sera l'un des enjeux clés du xxie siècle et les géants américains, les « BigTech », sont à l'avant-garde. Entités hybrides, ils remodèlent la morphologie des États, redéfinissent les jeux de pouvoir et de puissance entre nations, interviennent dans la guerre, tracent les nouvelles frontières de la souveraineté. S'ils sont au coeur de la fabrique de la puissance étatsunienne face à la Chine, ils sont également des agents perturbateurs de la démocratie. De ces liens ambivalents entre BigTech et « BigState » est né un nouveau Léviathan à deux têtes, animé par un désir de puissance hors limites. Mais qui gouverne ces nouveaux acteurs privés de la prolifération technologique ? A cette vertigineuse question, nous n'avons d'autre choix que d'opposer l'innovation politique !
S'attaquant à tous les faux débats qui nous font manquer l'essentiel, Asma Mhalla ose ainsi une thèse forte et perturbante : les technologies de l'hypervitesse, à la fois civiles et militaires, font de chacun d'entre nous, qu'on le veuille ou non, des soldats. Nos cerveaux sont devenus l'ultime champ de bataille. Il est urgent de le penser car ce n'est rien de moins que le nouvel ordre mondial qui est en jeu, mais aussi la démocratie.
Docteure en études politiques, Asma Mhalla est chercheure au LAP (Laboratoire d'Anthropologie Politique) de l'EHESS/CNRS. Spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la Tech et de l'IA, elle enseigne à Sciences Po et Polytechnique et conseille les institutions dans leur politique publique technologique. Elle a produit et animé, à l'été 2023, l'émission « CyberPouvoirs » sur France Inter qui a été très remarquée. -
L'opposé de la blancheur : Réflexions sur le problème blanc
Léonora Miano
- SEUIL
- Libelle
- 6 Octobre 2023
- 9782021540710
La domination d'un Occident raciste, à l'intérieur de ses frontières et au-delà, n'a pu que renforcer les préjugés à l'encontre des personnes définies comme Noires. Parce qu'il en est ainsi, il est illusoire de se dire Blanc par simple convention, sans le moindre rapport avec l'histoire qui créa cette catégorie. La blanchité s'est élaborée dans le cadre de la plantation pour sévir ensuite dans l'espace colonial sur tous les continents et se consolider au sein des sociétés multiethniques de l'Euramérique contemporaine. Elle est une manière d'approcher l'autre qui se caractérise par le crime.
Léonora Miano se livre à une analyse aussi fine qu'implacable de ce « problème blanc », depuis les traites négrières et la colonisation jusqu'au présent. Car, sans prise de conscience de ce qu'est la blanchité, il est impossible de transformer ce qui s'est transmis de génération en génération, à la fois comme un patrimoine et un secret de famille, certes gênants mais qu'il nous faut regarder en face. Il se passera du temps pour vider la race de toute signification et guérir le monde. Cela ne signifie pas qu'il faille baisser les bras. C'est en ayant conscience de l'ampleur de la tâche que l'on pourra s'y atteler. -
Avant l'écriture : signes, figures, paroles, voyage aux sources de l'imagination
Silvia Ferrara
- Seuil
- 5 Mai 2023
- 9782021519914
Des empreintes de mains sur les parois de Pech Merle à celles de Yenikapi en Turquie, des girafes gravées dans le désert du Sahara aux pétroglyphes géants d'Hawaï, des temples de Göbekli Tepe aux signes énigmatiques dans les grottes marines du Salento, Silvia Ferrara nous entraîne dans un extraordinaire voyage sur les traces graphiques de l'humanité. Nous voici soudain face à des dessins d'hommes et de femmes, d'animaux disparus, mais aussi face à des figures géométriques et sans légendes. Comment naissent des symboles, des icônes, des signes, des mots ? Qui les crée, et pourquoi ? Et qui les comprend ?
Dans ce « saut » vers l'abstraction s'exprime la capacité humaine à façonner le réel et à lui donner vie. En déchiffrant ces écrits d'avant l'écriture qui nous parviennent depuis le fond des millénaires, les questions restent parfois en suspens. Mais la puissance de l'imagination continue de nous émerveiller et de nous parler.
Silvia Ferrara est professeure de philologie mycénienne à l'Université de Bologne. Elle est responsable du programme de recherches européen INSCRIBE (Invention of Scripts and their Beginnings) consacré aux inventions de l'écriture. -
D'où vient la domination masculine et comment s'est-elle imposée dans les sociétés humaines ? Quelle est sa matrice, c'est-à-dire la structure qui la façonne ? Et pourquoi est-elle encore si prégnante de nos jours ?
Partant de son expérience intime, la journaliste féministe Claire Alet mène l'enquête sur l'origine des violences de genre, des discriminations sexistes et des inégalités entre les femmes et les hommes. Elle revisite des interprétations de chercheurs, qui ont longtemps été exclusivement des hommes, en remontant jusqu'à la préhistoire et à la révolution néolithique. Conjuguant approches historique, anthropologique, sociologique et philosophique, elle déconstruit le mythe selon lequel la « domination masculine a toujours existé ».
Plus qu'un essai, ce récit tisse des liens entre nos connaissances scientifiques et nos existences personnelles et montre à quel point nos vies s'inscrivent dans une histoire systémique.
Dévoiler cette mécanique implacable, c'est déciller nos regards, c'est ouvrir à une conscience émancipatrice. -
La question animale est souvent marginalisée dans les discussions sur l'égalité dans les sociétés occidentales. L'antispécisme bouleverse, il est vrai, notre conception du politique. Dénoncé comme un anti-humanisme ou comme une diversion par rapport à la lutte contre le sexisme, le racisme et les inégalités sociales, il est temps de le considérer comme un pas de côté nécessaire pour faire un pas en avant dans l'application du principe d'égalité.
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Arrêtée en 2019, Fariba Adelkhah a été condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison en Iran. Au motif d'attenter à la sécurité nationale, elle a notamment été détenue à la terrible prison d'Evin à Téhéran. Elle n'a été libérée qu'à l'automne 2023 après avoir été graciée - et non-acquittée.
Pour l'anthropologue qu'elle est, spécialiste du chiisme et de l'Iran contemporain, il était pour le moins surprenant d'être accusée d'espionnage après avoir travaillé librement pendant trente années.
Privée de son terrain, elle a en trouvé un autre. Dans une suite de courts chapitres, non dénués d'un certain humour, elle raconte sa vie de prisonnière, à attendre, seule ou avec ses codétenues. Au-delà d'une évocation de ce que l'Iran des ayatollahs fait à sa population, c'est aussi un vibrant plaidoyer pour la liberté et la recherche. -
Une autre fin du monde est possible ; vivre l'effondrement (et pas seulement y survivre)
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Gauthier Chapelle
- SEUIL
- Anthropocene
- 18 Octobre 2018
- 9782021332582
La situation critique dans laquelle se trouve la planète n'est plus à démontrer. Des effondrements sont déjà en cours tandis que d'autres s'amorcent, faisant grandir la possibilité d'un emballement global qui signifierait la fin du monde tel que nous le connaissons.
Le choix de notre génération est cornélien : soit nous attendons de subir de plein fouet la violence des cataclysmes à venir, soit, pour en éviter certains, nous prenons un virage si serré qu'il déclencherait notre propre fin-du-monde-industriel.
L'horizon se trouve désormais au-delà : imaginer la suite, tout en se préparant à vivre des années de désorganisation et d'incertitude. En toute honnêteté, qui est prêt à cela ?
Est-il possible de se remettre d'un déluge de mauvaises nouvelles ? Peut-on simplement se contenter de vouloir survivre ? Comment se projeter au-delà, voir plus grand, et trouver des manières de vivre ces effondrements ?
Dans ce deuxième opus, après Comment tout peut s'effondrer, les auteurs montrent qu'un changement de cap ouvrant à de nouveaux horizons passe nécessairement par un cheminement intérieur et par une remise en question radicale de notre vision du monde. Par-delà optimisme et pessimisme, ce sentier non-balisé part de la collapsologie et mène à ce que l'on pourrait appeler la collapsosophie...
Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle ont une (dé)formation scientifique et sont devenus chercheurs in-Terre-dépendants.
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La fin de l'amour ; enquête sur un désarroi contemporain
Eva Illouz
- SEUIL
- La Couleur Des Idees
- 6 Février 2020
- 9782021430349
La culture occidentale n'a cessé de représenter les manières dont l'amour fait miraculeusement irruption dans la vie des hommes et des femmes. Pourtant, cette culture qui a tant à dire sur la naissance de l'amour est beaucoup moins prolixe lorsqu'il s'agit des moments, non moins mystérieux, où l'on évite de tomber amoureux, où l'on devient indifférent à celui ou celle qui nous tenait éveillé la nuit, où l'on cesse d'aimer. Ce silence est d'autant plus étonnant que le nombre des ruptures qui jalonnent une vie est considérable.
C'est à l'expérience des multiples formes du « désamour » que ce livre profond et original est consacré. Eva Illouz explore l'ensemble des façons qu'ont les relations d'avorter à peine commencées, de se dissoudre faute d'engagement, d'aboutir à une séparation ou un divorce, et qu'elle désigne comme des « relations négatives ».
L'amour semble aujourd'hui marqué par la liberté de ne pas choisir et de se désengager. Quel est le prix de cette liberté et qui le paye ? C'est tout l'enjeu de cet ouvrage appelé à faire date, et qui prouve que la sociologie, non moins que la psychologie, a beaucoup à nous apprendre sur le désarroi qui règne dans nos vies privées.