« Il y a maintenant presque huit ans, je me suis retrouvée de façon inattendue éperdument amoureuse d'une chienne rouge piment que j'ai appelée Cayenne. » C'est en partant des gestes les plus ordinaires du quotidien et non pas de grands principes que Donna Haraway nous invite à penser notre relation aux espèces compagnes. Ces espèces avec lesquelles nous « partageons le pain », depuis les micro-organismes qui nous peuplent jusqu'aux animaux de compagnie. Cet enchevêtrement nous conduit auprès de bouledogues français à Paris, à des projets concernant les prisonniers du Midwest, à des analyses coûts-bénéfices dans la culture marchande autour des chiens, à des souris de laboratoire et des projets de recherche en génétique, sur des terrains de baseball et d'agility, auprès de baleines munies de caméras au large de l'Alaska, sur des sites industriels d'élevage de poulets, etc.
Il s'agit ici non pas de domestication, de contrôle ou de rachat de la dette mais de contact. Quelle est la valeur ajoutée du contact ? Que nous apprennent à sentir et à faire les « zones de contact » ? Loin de tout retour romantique à une rencontre sauvage, dénuée d'intérêts et de contamination biopolitique, prendre soin du contact entre espèces « entraîne » à un perpétuel zigzag entre ce qui nous affecte, nous rattache, nous rend interdépendants, simultanément robustes et vulnérables.
Depuis l'Iliade où Homère (VIIIe siècle av. J.-C.) les présente comme les « égales des hommes » jusqu'à Pompée et ses expéditions militaires en Orient (Ier siècle apr. J.-C.), en passant par Alexandre le Grand, les Amazones ont fasciné les Grecs puis les Romains : des guerrières, souvent l'équivalent des héros grecs par leur courage et leurs prouesses militaires, mais aussi des Barbares dont la légende voulait qu'elles se coupent le sein gauche et se débarrassent de leurs enfants mâles. Au Ve siècle av. J.-C., elles vont devenir un des sujets favoris sur les vases peints athéniens. Au même moment, Hérodote décrit avec une foule de détails la vie des Amazones en les assimilant aux tribus nomades scythes à la frontière nord et est de la Grèce. On a longtemps cru qu'elles étaient un pur fruit de l'imagination grecque, un mythe qui ne pouvait être interprété que dans la langue des mythes, sans référence dans la réalité des civilisations avec lesquelles les Grecs étaient en relation commerciales ou guerrières.
Les choses ont commencé à changer avec les découvertes archéologiques faites dans ces immenses étendues où nomadisaient des tribus apparentées aux Scythes. Les archéologues ont longtemps considéré qu'un squelette accompagné d'armes était celui d'un homme, et qu'on avait affaire à une femme quand on trouvait des bijoux. Les analyses modernes (en particulier génétiques) ont montré que c'était faux dans 25 à 40 % des cas ! Il n'y a jamais eu de guerrières se mutilant la poitrine ou tuant leurs fils, mais il y a eu des tribus scythes où les femmes étaient les égales des hommes, en particulier à la guerre. Dans ce livre d'histoire mené tambour battant, les guerrières, réelles, mythiques ou légendaires constituent le fil conducteur. Adrienne Mayor nous invite à un fabuleux voyage toujours plus loin vers l'Est.
Arrivé au terme de cette histoire aux multiples rebondissements, on ne sera plus prisonnier des mythes grecs et l'on pourra tourner le regard depuis la Grande Muraille de Chine, et voir l'immensité sauvage du monde des steppes sous un nouveau jour. Pour les Grecs de l'époque classique, les Amazones étaient inexorablement condamnées à mourir sous les coups des héros (Achille, Héraclès) qui s'apercevaient, mais trop tard, qu'elles auraient pu être leur égale, la femme de leur rêve. A la même époque, les Chinois témoignent aussi du mode de vie des femmes des tribus nomades des steppes...
Logements inabordables, salaires de misère, systèmes de santé inexistants ou dysfonctionnels, catastrophe climatique, rejet des migrant·e·s, violences policières... on entend peu les féministes s'exprimer sur ces questions. Pourtant, elles ont un impact majeur sur la vie de l'immense majorité des femmes à travers le monde.
Les grèves des femmes qui se multiplient aujourd'hui en Argentine, en Pologne, aux États-Unis ou ailleurs s'emparent de ces problématiques et témoignent du fait que les revendications féministes ne sont pas isolées de celles d'autres mouvements. Et c'est tout l'enjeu de ce manifeste, inspiré par ces nouveaux mouvements féministes : face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possible, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant.
Trois des organisatrices de la Grève internationale des femmes s'engagent ainsi avec ce manifeste pour un féminisme véritablement inclusif, capable de faire converger l'anticapitalisme, l'antiracisme, l'écologie politique, l'internationalisme et l'anti-hétérosexisme : un féminisme pour les 99 %.
Avocate et militante des droits de l'homme, Shirin Ebadi incarne aujourd'hui la résistance des femmes iraniennes au pouvoir autocratique du régime islamique de Téhéran. Elle a reçu à ce titre le prix Nobel de la paix en 2003, attribué pour la première fois à une femme musulmane. Ce livre raconte une vie tout entière consacrée à la justice. Au début des années 1970, elle est la première femme à être nommée présidente du tribunal de grande instance de Téhéran, à l'âge de vingt-trois ans. Quelques mois après la révolution islamique de 1979, elle est contrainte de renoncer à ses fonctions. Avocate, elle engage alors un combat quotidien contre le régime, ce qui lui vaut d'être plusieurs fois emprisonnée et même menacée de mort : " Toute personne oeuvrant pour les droits de l'homme en Iran doit vivre avec la peur de sa naissance à sa mort, mais j'ai appris à surmonter ma peur. " Aujourd'hui, Shirin Ebadi se consacre surtout à la défense des femmes et des enfants, qui subissent de plein fouet, et jusque dans leur chair, la violence de la culture patriarcale iranienne. Mère de deux filles, elle a fondé par ailleurs une Association de défense des enfants dont les droits sont inexistants dans son pays. Ce livre est le récit des combats d'une femme exceptionnelle contre l'obscurantisme religieux et l'oppression des femmes.