Alyosha Deminn est née à Vorenj, ville chantée par Ossip Mandelstam, à quelques centaines de kilomètres de Moscou. Les dérives de plus en plus autoritaires de Poutine lui ont fait prendre conscience de la nécessité de lutter. Membre de l'opposition, elle se bat contre le pouvoir anti-démocratique des dirigeants russes, fauteurs de guerre, sans égards pour leur peuple. Arrêtée à plusieurs reprises en Russie, elle y a été jugée et condamnée à deux reprises, subissant les plus éprouvants sévices et humiliations. En racontant sans rien omettre ses 120 journées en enfer, Alyosha Deminn livre plus qu'un témoignage: le récit terrible de ses combats dans les geôles de Poutine, où l'on séquestre, opprime et torture les opposants et les militants des droits de l'homme. Son récit est une leçon de courage et de résistance, pour que le pluralisme démocratique et l'humanisme ne cèdent plus à la tyrannie.
Les promesses du moment populiste ont vacillé, comme en témoignent les défaites de Jeremy Corbyn, Bernie Sanders et Jean-Luc Mélenchon, tandis que la pandémie de Covid-19 a fait naître un fort besoin de protection, créant un terrain favorable aux dérives autoritaires de la politique. Cette nouvelle situation représente un défi pour la gauche, qui doit se réinventer, mais quelle stratégie adopter?Rappelant les mots de Spinoza: «Les idées n'ont de force qu'à partir du moment où elles rencontrent des affects», Chantal Mouffe montre qu'il est urgent pour la gauche, si elle veut faire face à une crise à la fois économique, sociale et écologique, de fédérer les citoyens autour d'un projet politique animé non par la peur, mais par la perspective d'un monde différent, qui associe lutte contre les inégalités et défense de l'environnement. Elle invite ainsi à la création d'une large coalition autour de valeurs démocratiques partagées et d'affects communs, sous la bannière d'une « révolution démocratique verte». Philosophe politique belge, s'inscrivant dans le courant de pensée post-marxiste, Chantal Mouffe est la principale représentante de ce que l'on a appelé «la démocratie radicale». Ses travaux ont notamment inspiré le mouvement Podemos en Espagne et influencé La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Elle est l'auteure, chez Albin Michel, de L'Illusion du consensus (2016) et de Pour un populisme de gauche (2018).
Dans les années 1960-1970, l'État français encourage l'avortement et la contraception dans les départements d'outre-mer alors même qu'il les interdit et les criminalise en France métropolitaine. Comment expliquer de telles disparités ?
Dès 1945, invoquant la « surpopulation » de ses anciennes colonies, l'État français prône en effet le contrôle des naissances et l'organisation de l'émigration. Partant du cas emblématique de La Réunion où, en juin 1970, des milliers d'avortements et de stérilisations sans consentement pratiqués par des médecins blancs sont rendus publics, Françoise Vergès retrace la politique de gestion du ventre des femmes d'outre-mer, stigmatisées en raison de la couleur de leur peau.
En s'appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l'auteure entend faire la lumière sur l'histoire mutilée de ces femmes d'outre-mer, héritage douloureux d'un système esclavagiste, capitaliste et colonialiste encore largement ignoré aujourd'hui.
Une stimulante exploration du champ de nos libertés [...] Le MondeJusqu'où ? Jusqu'où laisser les apprentis censeurs d'aujourd'hui définir ce qu'on peut dire et ce qu'il faut taire ? Jusqu'où tolérer que défoulements et protestations envahissent le monde numérique ? Jusqu'où supporter que des extrémistes privatisent les règles de la parole, refusent le débat et installent leur hégémonie ? La parole publique est déjà l'objet d'un rapport de forces, elle sera demain l'enjeu d'un conflit. Le temps des injonctions est révolu, il faut désormais résister.La parole fait mal, change le seuil du tolérable et peut même réduire au silence. Il est donc légitime de la limiter, mais au plus près des délits et sans censure préventive. Bien sûr, on peut tout dire, mais pas n'importe comment et à condition de ne pas vouloir être seul à parler.Le concept moderne de liberté d'expression fut forgé entre le xviie et la fin du xviiie siècle. Les outils numériques, le multiculturalisme, la démocratisation de la parole l'ont rendu peu à peu inadéquat pour régler la parole publique. Fidèle à la tradition libérale, ce livre revient sur l'histoire de la liberté d'expression et en renouvelle le sens, comme la garantie de la plus grande diversité de points de vue.Pour la défendre, une philosophie des limites, des concepts sobres, des moyens inventifs seront plus utiles qu'une croisade. Ne pas se lamenter sur l'état des choses, mais combattre pour ne pas nous retrouver un cadenas sur la bouche et une prothèse dans la tête.Un essai riche et charpenté - L'Express.
Un voyage passionnant dans l'univers et l'histoire du tricot, au gré des changements sociaux, économiques et politiques.
Nous n'avons jamais été aussi connectés et aussi isolés à la fois...
Dans ce livre singulier, Loretta Napoleoni, économiste et journaliste, aborde le tricot comme une métaphore parfaite de ce fil manquant qui pourtant, dans la pratique comme dans l'histoire, nous relie les uns aux autres, les unes aux autres.
Égrenant souvenirs personnels et anecdotes historiques, vantant l'importance économique et les vertus thérapeutiques d'une activité qui retrouve aujourd'hui son rôle et sa valeur, elle montre que le tricot peut aussi nous aider à démêler l'écheveau de nos vies.
« Parce qu'elles modèrent la mondialisation et enseignent l'économie, aiguilles à tricoter et pelotes de laine sont des outils pour une révolution sociale. Elles nous montrent qu'aucune erreur n'est irrattrapable : il suffit de détricoter et de recommencer. » Elle US
École à la maison, circoncision, divorce religieux. Contre l'idée reçue selon laquelle le politique et le religieux ne pourraient travailler ensemble sous peine de bousculer le principe de séparation, ce livre montre que les interactions entre le droit de l'État et les commandements religieux sont plus complexes.
L'État, sensible aux situations singulières, peut faire preuve de souplesse et composer avec les obligations de croyance des individus. Attentif à l'intégrité des croyants, il peut même à l'occasion coopérer avec les représentants des communautés religieuses.
Ce livre examine trois cas où la confrontation entre le civil et le religieux est résolue par un arbitrage original entre les vertus du public et les libertés individuelles. Ne pas nuire à la liberté religieuse individuelle ou à la fabrique du citoyen démocratique ? À l'intégrité corporelle ou à l'inclusion civique des communautés minoritaires ? À la liberté religieuse ou à l'égalité démocratique entre les femmes et les hommes ?
Alliage parfois contrarié entre la démocratie et le libéralisme, le délibéralisme, doctrine de la juste mesure, tente le pari de dresser un tableau plus souple, plus pragmatique que ne le suggère l'idée de séparation entre le bien commun et les aspirations singulières des croyants. Astrid von Busekist est professeure de théorie politique à Sciences Po et directrice de la revue Raisons Politiques. Elle a notamment publié, chez Albin Michel, Portes et murs. Des frontières en démocratie (2016) et Penser la justice. Entretiens avec Michael Walzer, 2020.
Le coming out n'est pas un moment anodin dans la vie d'une personne LGBTQ+ et ses proches ne savent pas toujours comment recevoir cette nouvelle. Ce livre va aider l'entourage à accompagner au mieux la personne afin de permettre à celle-ci d'être qui elle veut être.
Divisé en chapitres thématiques (ne pas vouloir rentrer dans une case ; le genre n'a pas d'âge ; coming out et réseaux sociaux...) qui mettent en avant un ou deux grands témoignages de personne LGBTQ+ et d'un parent de personne LGBTQ+, l'ouvrage sera jalonné d'interventions de Baptiste Beaulieu.
Autour de ces textes, s'articulent des encadrés rédigés par des psychologues (Sophie Pires et Morgan Lucas, spécialisés dans l'accompagnement des personnes LGBTQ+ et de leur famille) pour éclairer des situations parfois compliquées, donner des conseils et aider l'entourage à comprendre les personnes faisant leur coming out. Des encadrés documentaires, historiques, statistiques ou bibliographiques complètent ces chapitres.
L'école publique française, qui se situe, par ses résultats, dans la moyenne basse des pays européens, a le triste privilège d'être l'une des plus inégalitaires de tous les pays de l'OCDE. Depuis une trentaine d'années, la plupart des réformes scolaires conduites dans les pays développés ont consisté à octroyer une large autonomie aux écoles et établissements publics, la puissance publique se chargeant de définir les objectifs du curriculum national et de s'assurer qu'ils sont atteints. Avec le recul, on sait que les établissements autonomes sont sous certaines conditions plus aptes à mener les élèves vers la réussite.Pourquoi l'école française n'a-t-elle pas pu faire face aux changements, sociétaux notamment, qui ont bouleversé l'école d'hier et trouver des solutions adaptées comme l'ont fait les autres pays européens ?L'autonomie scolaire peut être une solution pour renouveler l'école française nous dit, preuves à l'appui, Monique Canto-Sperber. L'enjeu est de taille : recréer un système éducatif qui favorise la croissance, renforce la cohésion sociale et crée aussi l'espoir en l'avenir.Monique Canto-Sperber est philosophe, directrice de recherche au CNRS. Spécialiste de philosophie ancienne et de la pensée morale et politique, elle a publié de nombreux ouvrages, dont récemment Sauver la liberté d'expression, Albin Michel, 2021.
Les chiffres sont implacablesTandis que les femmes représentent 52 % de la population française, elles sont seulement 3 dirigeantes au CAC 40.Sur les 120 plus grandes entreprises françaises, elles sont 18 à avoir atteint le poste le plus élevé.Dans le monde de la tech, alors que les femmes fondent 24 % des start-up, elles ne récoltent que 12 % des fonds levés chaque année.Pourtant, les 52 femmes de ce livre ont toutes tracé leur chemin pour devenir numéro une.Elles ont entre 28 et 68 ans, elles gèrent entre 2 et 420 000 personnes, elles sont nées en France ou y ont immigré, sont autodidactes ou surdiplômées, connues ou inconnues, mères ou sans enfant.52 femmes pour inspirer les 52 % de Françaises qui peuvent parfois douter que tout est possible.Elles sont toutes Patronnes.Et comme leur ascension est rarement accompagnée d'un manuel, Patronnes est le mode d'emploi, sans langue de bois, inspiré par celles qui ont bel et bien atteint le sommet. Inspirant et sans langue de bois. Capital
« Vivant en France depuis 1994, française depuis 2002, j'ai constaté l'évolution du discours politique qui n'a cessé de dériver, jusqu'à la cristallisation actuelle autour de l'identité. Pour la binationale que je suis, construite par la langue et les valeurs humanistes, la tristesse va crescendo. Bien que consciente de mon impuissance, j'ai la faiblesse de ne pouvoir être indifférente aux voix qui s'élèvent, prônant la haine. » Fatou Diome.
Dans cet essai personnel et émouvant, Fatou Diome renvoie dos à dos les identitaires étriqués et les opportunistes victimaires, qui monopolisent le débat politique. Elle défend Marianne contre les faussaires des deux camps et dessine une France ouverte, laïque, lucide et généreuse, celle qui lui donne envie de se sentir française et sénégalaise.
La maternité symbolique a toujours existé : mettre au monde des idées, des oeuvres d'art, des livres, l'enfant intérieur ; aider à grandir, prendre soin de l'autre, guérir les âmes... La culture patriarcale le sait qui a limité cette maternité symbolique aux figures de Vierges rédemptrices et miséricordieuses, entretenant la séparation entre le corps (maternel) et l'esprit (divin). Ce qui explique pourquoi la maternité symbolique est si peu connue.
Si, dans les années 1970, on a pu croire que l'accès des femmes à la maitrise de leur fécondité allait permettre de vivre enfin la libre maternité, il a fallu déchanter. Les techniques de procréation artificielle ont repris le contrôle du corps des femmes, réactivant la hantise de la stérilité tout stigmatisant les femmes qui n'ont pas d'enfants.
Des cultes aux déesses mères à la maïeutique Socratique en passant par Thérèse d'Avila, Jeanne Guyon ou, plus près de nous la Mère d'Auroville, Niki de Saint Phalle, l'éco-féminisme et les Chamanes, Marie-Jo Bonnet ouvre le débat en démontrant que la maternité symbolique fait partie de l'expérience universelle. Elle est la fois une alternative à la maternité obligatoire et un moyen d'exprimer son élan créateur, qu'il soit mystique, artistique ou guérisseur.
Conjuguer amour, travail et enfants est devenu la norme mais des freins subsistent et l'égalité professionnelle et domestique est loin d'être atteinte. Pour « réussir » à deux et chacun dans sa voie, il faut éviter les pièges qui mènent à l'échec et connaître les clés qui conduisent au succès.
Anne-Cécile Sarfati a interrogé de nombreux couples - jusque dans les aspects intimes de leur vie -, ainsi qu'une soixantaine d'experts psys, sociologues, sexologues, coachs, dirigeants d'entreprise. Elle apporte des réponses concrètes pour réussir ensemble en cumulant ambition professionnelle et personnelle ; en dépassant la rivalité, poison du couple ; en levant le tabou de l'argent ; en gardant l'énergie pour la sexualité ; en construisant et partageant réseaux professionnels ; en conciliant convictions féministes et inégalités domestiques. Un livre à la fois engagé et pratique, résolument constructif.
Imaginons un corps unique qui se sépare en deux têtes identiques ; mais, bien loin de s'entendre, ces têtes tentent continuellement de se dévorer l'une l'autre. Pour Laureline Amanieux, c'est l'image exacte des romans d'Amélie Nothomb, de ses personnages dans les fictions, et de son propre personnage dans les romans autobiographiques.
S'appuyant notamment sur les écrits de Paul Ricoeur portant sur la constitution de l'identité humaine à travers un récit, Laureline Amanieux montre, à tous les niveaux du texte, ce qu'elle nomme le récit siamois, une forme romanesque novatrice qui renouvèle le mythe du double, et qui demande au lecteur d'inventer une lecture siamoise.
Nous découvrons ainsi toutes les tensions à l'oeuvre dans les romans d'Amélie Nothomb - du romantisme noir à la fantaisie, des manipulations du temps à l'obsession de la culpabilité, d'une nomination duelle à la stylisation des conflits -, et nous comprenons que leur enjeu est de réparer par le langage une identité constamment soumise à des destructions.
"Crise ? Vous avez dit crise ? Tenez : vous avez l'embarras du choix. Effondrement de l'économie-casino et des finances mondiales, pauvreté et inégalités croissantes depuis trente ans, combat quotidien de millions de gens pour accéder à l'eau et à la nourriture, réchauffement climatique aux conséquences humaines désastreuses. Toutes ces crises procèdent des mêmes politiques néo-libérales mises en oeuvre dans le monde par les mêmes acteurs ; elles s'aggravent mutuellement et pourtant aucune n'est une fatalité. Nous pourrions jouir d'un monde propre, vert, riche et juste, où chacun vivrait dignement. A leur logique, opposons la nôtre." Susan George
Dans ce recueil d'essais, Arnold Davidson s'interroge sur les conditions qui ont permis aux sciences humaines de mettre en lumière, avec toute la force des concepts scientifiques, le rôle de la sexualité dans la formation de notre personnalité, sa place privilégiée au coeur de notre vie psychique. S'attachant à la description d'une expérience qui doit être problématisée, A. Davidson montre qu'il faut nous en déprendre en sorte qu'elle perde sa transparence et devienne un objet d'analyse historique et philosophique. Qu'en est-il alors si la sexualité elle-même est historique, si son histoire a introduit une discontinuité dans notre être même ? Cette question est au coeur de la démarche de Davidson, qui propose ici une véritable épistémologie historique de la sexualité. Au carrefour de plusieurs disciplines - l'histoire des sciences, de la médecine, de la psychiatrie, la théorie critique,la philosophie -, cette étude originale et d'une étonnante érudition est à la fois une enquête sur les sources de l'émergence de la sexualité, la nature de l'argumentation historique, la nature de la « monstruosité » ou de la « perversion » et aussi une interprétation de l'oeuvre de Foucault.
À partir de quelques portraits de femmes célèbres, Marie-Laure Susini repère les jalons annonciateurs de la nouvelle figure féminine contemporaine. George Sand, prototype de la femme libérée, Gabrielle Chanel, la révoltée, l'émancipée et Margaret Mitchell, la scandaleuse :
Des femmes d' « avant », qui ont ouvert la voie, encore prises dans la dynamique du patriarcat. Lisbeth Salander, l'amazone, héroïne de Millenium, Marissa Mayer, la madone mutante, présidente de Yahoo, pour celles d'aujourd'hui, lui permettent de dessiner le portrait de Crista, la guerrière contemporaine, qui a le pouvoir, l'argent, l'enfant.
Elle décrit une mutation qui a vraiment commencé à la fin du XXème siècle sous l'effet de la science de la procréation. La filiation, les structures de la parenté, la cellule du couple et de la famille, les relations entre les deux sexes, tout ce qui a toujours structuré les sociétés humaines en est totalement modifié. La fonction du Père qui structurait symboliquement la société a cédé et la loi est devenue celle de la Mère. Les femmes ne s'en rendent pas encore compte car elles s'épuisent à devoir tout assumer. Mais une dynamique est en route qui fait s'écrouler le patriarcat sans bruit sous nos yeux. Et « Les mutantes désormais sont aux commandes pour que les hommes et les femmes inventent ensemble leurs nouvelles relations » conclut l'auteur.
Il y a une manière masculine et une manière féminine de vivre le deuil. Les hommes contiennent leurs émotions alors que les femmes ont besoin de les exprimer, les hommes soulagent leur stress dans l'action, les femmes parlent, les hommes sont silencieux, les femmes pleurent... Les réactions sont si différentes que de nombreux malentendus s'installent, au point que nombre de couples ne résistent pas à la mort d'un enfant.
Mais il en va de même pour tout autre lien de famille ou affectif qui réunit les hommes et les femmes : les mères ne parlent pas non plus avec leurs fils et sont déroutées devant leurs fuites, elles se sentent tout autant incomprises de leurs frères ou pères.
Face au deuil, hommes et femmes sont également démunis. Parité ou non, hommes et femmes sont différents, dans la souffrance aussi. Les hommes ne sont pas tous des monstres sans tendresse. Les femmes ne sont pas toutes des hystériques. Mais ils ne se comprennent pas et le deuil fait se creuser le fossé entre eux. Or se comprendre pour attendre et laisser le temps faire son oeuvre est une des grandes règles du deuil. Tel est l'objet du livre de Nadine Bauthéac.
C'est un sujet peu abordé, sauf de manière très ponctuelle dans les rares ouvrages généraux sur le deuil. Les lecteurs de ce type d'ouvrage ont besoin de mettre des mots et encore des mots sur ce qu'ils vivent. D'où le développement de ce secteur dans l'édition. D'où le fait que, des années après en avoir vécu un, certains se tournent encore vers des ouvrages sur le deuil.
Chacune d'elle a ressenti un jour l'injustice du monde comme une brûlure sur sa peau et l'engagement comme une nécessité intérieure. Chacune a pensé qu'elle devait changer les choses, et que c'était possible. Pour la Libanaise Yvonne Chami, il fallait redonner une dignité à la vie des enfants handicapés. Pour Lorène Russel, dénoncer l'enfance maltraitée, la sortir du silence. La conviction de Christine Lehot, c'était qu'avec des pinceaux et des couleurs, les enfants cingalais victimes du tsunami parviendraient à dépasser leur traumatisme. Chacune à sa manière a soulevé des montagnes. Toutes nous offrent ici de formidables leçons de courage et de vie.
Alors que, dans ses textes fondateurs, Freud a théorisé sa propre histoire, jamais, sinon dans sa correspondance, il n'a fait allusion à la femme qui lui ouvrit les premières perspectives sur le champ de l'érotisme dans la psychanalyse du XXe siècle : son épouse pendant plus de cinquante ans et la mère de ses six enfants, Martha Bernays (1861-1951), originaire d'une famille juive orthodoxe de Hambourg. Elle supporta, contre la volonté de sa mère, une longue et éprouvante période de fiançailles avec un médecin viennois athée et plus riche d'espoirs professionnels que de revenus. Elle n'exprima jamais le moindre intérêt intellectuel pour ses recherches.
Quel fut son rôle véritable aux côtés de Freud ? Confidente, voire inspiratrice, ou simple éducatrice des enfants ? Amoureuse déçue, épouse résignée ou épouse épanouie ?
À partir de ces questions clés, Katja Behling dresse le po rtrait d'une femme modeste et remarquable dont le dévouement et la force de caractère servirent de point d'appui à l'élaboration des principes fondamentaux du « discours sur l'inconscient » développé par Sigmund Freud.