Anna Politkovskaïa a été assassinée à Moscou le 7 octobre 2006. Ceux qui ont voulu sa mort voulaient la faire taire. Sa voix dérangeait.
En 2007, pour le premier anniversaire de sa mort, paraissait à Moscou, sous le titre Za Chto, " Pour quoi ? " - c'est-à-dire : " Pour quelle raison l'a-t-on tuée ? " -, un recueil posthume de ses articles, qui donne la mesure de l'importance de son engagement. Les textes des deux dernières années de sa vie restaient à ce jour presque totalement inconnus du lecteur occidental. Leur publication montre que la voix d'Anna Politikovskaïa ne s'est pas tue.
Je parle encore réunit une trentaine de textes dont le grand public français n'a pas eu connaissance, qui redisent avec force son opposition à la guerre en Tchétchénie, à la dérive autoritaire du régime du Kremlin, au glissement de la société vers l'indifférence, la violence, la cruauté et la xénophobie. S'y ajoutent les témoignages de son mari, d'une de ses amies d'enfances et de la plus proche de ses collègues de Novaïa Gazeta.
Le bilan des années Ben Ali en Tunisie est implacable. Certes, le pays s'est développé, le niveau de vie a augmenté, les droits des femmes ont été consolidés. Et pourtant, la population exprime mal-être et frustration. La richesse ne profite pas équitablement à tous. Le clan au pouvoir - celui des Ben Ali et celui de sa femme, Leila Trabelsi - pille le pays avec une incroyable rapacité.
Prédation et mise en coupe réglée de l'économie vont de pair avec une absence totale de démocratie. Opposition interdite. Justice instrumentalisée. Presse aux ordres. Internet censuré... Peu de pays au monde sont soumis à une telle chape de plomb, avec le soutien des pays de l'Union européenne, France en tête, au nom de la lutte contre le terrorisme.
Le scalpel de Florence Beaugé, journaliste au Monde depuis janvier 2000, explore tous ces aspects. Ses enquêtes mettent à jour les ombres et les plaies du régime, tout en donnant la parole à ceux qui représentent au quotidien la réalité et l'espoir d'une Tunisie active et créatrice. Ce travail sur le terrain s'est brusquement interrompu le 21 octobre 2009 lorsque Florence Beaugé s'est vue expulser - et bannir - de Tunisie, sur ordre du président Ben Ali. Exaspéré par sa dénonciation répétée des violations des droits de l'homme et de la rapine du clan au pouvoir, le régime a choisi d'écarter un témoin gênant, à l'heure même où le président Ben Ali briguait un cinquième mandat.
Le temps n'est pas à l'ordinaire. Les propos d'exclusion et de racisme envahissent l'espace public. Nous n'avons ni le droit de laisser faire ni celui de ne pas comprendre.
Juin 1944 : avec sa famille juive parisienne, la petite Colette Bitker est réfugiée dans un hameau du Vercors. Une patrouille allemande débarque dans la maison de l'autre côté du chemin et arrête un homme monté de la ville pour les vacances. Du pas de la porte, la fillette voit s'éloigner, dans l'air délicieux de cette fin d'après-midi, l'homme encadré par les soldats. Il porte une chemise blanche qu'elle suit du regard jusqu'à ce que le groupe disparaisse au tournant de la route.
Tout de suite, elle sait que l'homme ne reviendra pas. Des années plus tard, devenue peintre, elle découvre que dans chacune de ses toiles figure une tache blanche.
A travers Levka, l'épouse et l'ex-épouse du pope orthodoxe ; Mira, la jeune patronne du magazine La Femme aujourd'hui ; le visage brûlé à l'acide de Maria, une jeune femme " punie " ; Sasha, P-DG de Hewlett Packard Bulgarie ; Darina, une brillante chirurgienne de la face ; à travers leurs hommes, qui font irruption à différentes époques..., l'auteur saisit les effets des changements survenus en Bulgarie après la chute du Mur de Berlin : la place occupée par les femmes dans cette société à la croisée des affirmations idéologiques et des périlleuses tentatives des individus à maîtriser leurs destins. Entre les discours officiels et les bouleversements réels, ces femmes de Bulgarie, partagées entre vie professionnelle, épanouissement sensuel et vie familiale, nous embarquent dans l'imaginaire d'une société composée de questionnements anciens et de quêtes contemporaines. Sont-elles si éloignées de nous ? C'est un voyage dans un pays si proche et si lointain à la fois, conté par une douzaine de personnages en des impromptus de vie concrète. Des instantanés pris dans l'objectif d'un verbe vif qui invite dans l'intimité des mots et la tendresse des êtres.
Marina, jeune iranienne chrétienne fut arrêtée et emprisonnée, à 16 ans, en compagnie de centaines d'autres adolescents. Interrogée et torturée, elle est condamnée à mort pour avoir refusé de se soumettre au Coran. Ali, l'un de ses geôliers, tombe amoureux d'elle et obtient que sa peine de mort soit commutée en prison à vie. Mais le prix à payer est élevé : Marina doit pour cela épouser Ali et se convertir à l'Islam. Peu de temps après, Ali est abattu par une faction révolutionnaire rivale et meurt dans les bras de sa femme. Marina est relâchée après deux ans passés à la prison d'Evin, et fuit l'Iran en 1991 pour s'installer au Canada en compagnie de son amour de lycée.
C'est le témoignage bouleversant d'une femme iranienne, dont le destin bascule dans l'horreur. Marina a dû fuir son pays pour se réfugier au Canada où elle a enchaîné les petits boulots avant de se reconstruire.
On retrouve l'âme de Marjane Satrapi dans cette description de l'Iran au temps de la Révolution, avec comme personnage fort, la grand-mère de Marina, symbole de transmission de valeurs culturelles, dans ce pays déchiré par les partisans et les opposants au Shah d'Iran et au retour de l'Ayatollah Khomeiny.
L'auteur, Marina Nemat, vit toujours au Canada. Son livre a été publié en Suède, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Angleterre, au Canada, en Israël et aux Etats-Unis et a rencontré un énorme succès. Une adaptation en film est prévue en Angleterre.
De la Révolution de 1979 a émergé la République islamique, qui suscite de nombreuses inquiétudes à travers le monde. Répressions, privations, misogynie institutionnalisée : autant de blessures que la dictature inflige au peuple iranien. Face à l'obscurantisme du régime, la résistance iranienne s'organise.
Ce livre rend hommage au combat des femmes iraniennes, à leur lutte acharnée pour instaurer la liberté et l'égalité avec les hommes. Ces femmes défendent un nouvel ordre politique qui leur accorde enfin la place qu'elles méritent.
Un combat courageux, mené par Maryam Radjavi, pour un Iran démocratique, défi nitivement libéré de l'intégrisme.
Hommage à des femmes exceptionnelles, le 8 mars 1990, à l'initiative d'Antoinette Fouque et de l'Alliance des femmes pour la démocratie avec Simone Veil, Michèle Barzach, Edith Cresson, Michèle André, Françoise Giroud, Danielle Mitterrand, Hélène Cixous, Benoîte Groult, Sonia Rykiel, Arielle Dombasle... pour honorer douze femmes, venues des cinq continents...
«... l'idée est née, nous allons dessiner toute l'histoire de ce grand peuple sahraoui, depuis l'aube du monde. Et les enfants, seuls, prendront cette parole. Il a fallu s'organiser.
Tous les enfants de tous les camps devraient pouvoir prendre ce pouvoir de l'Histoire, voici donc un début...
Les moyens « techniques » étant très réduits, il a fallu que les séances-couleur se déroulent par petits groupes d'une dizaine d'enfants. Dans les camps, les enfants bien portants, assis en cercle à même le sol de la hamada, un bout de papier sur les genoux, utilisaient, chacun son tour, et en le replaçant au centre, les crayons de couleur de leur choix. [...] Nous décidions de l'époque dont nous allions parler et la discussion coulait comme un grand livre ouvert, elle durait souvent longtemps, puis je partais, je revenais faire la « collecte », non sans commentaires sur ce qui était transmis, mais sans retouches.
Et c'est ainsi que les images de l'Histoire du Peuple Sahraoui se sont accumulées ». D.O.
« Cet ensemble ne cherche pas à gommer par des ponts et des raccords le disparate des préoccupations, l'aléatoire des sollicitations. Il forme toutefois un ouvrage qui a ses obsessions, ses retours, ses insistances. Le cours de l'Histoire et les philosophies qui ont cherché à le comprendre, la place dominante prise aujourd'hui par le discours économique, les quêtes extrêmes de sens, aux limites de la raison, la fidélité à des causes qui ont pu passer pour utopiques, voilà quelques tracés qui se rendent visibles. Quoi de commun entre l'espoir fou d'Antonin Artaud de « guérir la vie » en transgressant les frontières de la rationalité occidentale, et la tentative d'Emmanuel Lévinas de fonder l'éthique sur le visage de l'autre pour subvertir la tyrannie de l'universel et de l'impersonnel ? Quoi de commun entre la temporalité anhistorique de l'Islam et l'espoir militant d'une libération des femmes qui ouvre une autre Histoire ? Dans le choc des réflexions aux prises avec l'inattendu, dans l'irruption des conjonctures inquiétantes, ces effets de brisures, ces fractures du temps, ne contredisent pourtant pas un souffle d'irréversible, qui confirme ce que les pensées de l'Histoire et leur foi dans l'avenir ont pressenti. » J.-J. G.
Nos sociétés contemporaines, à l'heure de la mondialisation, ont-elles perdu le sens de l'hospitalité ? Qu'en est-il de ses fonctions et de ses figures à la fois morales, politiques, religieuses et imaginaires ? Lorsque Ulysse abordait un nouveau rivage, la même question revenait : " Vais-je trouver des brutes, des sauvages sans justice ou des hommes hospitaliers craignant les dieux ? " L'hospitalité a toujours été signe de civilisation et d'humanité, et les pérégrinations d'Ulysse ont su dresser une géographie imaginaire du monde humain, dessinant les contours et traçant les limites de la culture et de la nature.
Considérant qu'il est urgent de retrouver cette mémoire hospitalière du monde humain, plus de quatre-vingt-dix auteurs du monde entier ont rassemblé leurs savoirs des us et coutumes, des lieux, des cultures, des représentations, des mythes et des oeuvres d'art qui font de l'hospitalité la plus indispensable des valeurs humaines. Philosophes, historiens, ethnologues, littéraires, linguistes... invitent le lecteur, leur hôte, à découvrir le vaste parcours ouvert des significations et des pratiques de l'accueil dans l'histoire culturelle.