Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? Comment les aventures de l'explorateur et les recherches du savant s'intègrent-elles et forment-elles l'expérience propre à l'ethnologue ? C'est à ces questions que l'auteur, philosophe et moraliste autant qu'ethnographe, s'est efforcé de répondre en confrontant ses souvenirs parfois anciens, et se rapportant aussi bien à l'Asie qu'à l'Amérique.
Plus encore qu'un livre de voyage, il s'agit cette fois d'un livre sur le voyage. Sans renoncer aux détails pittoresques offerts par les sociétés indigènes du Brésil central, dont il a partagé l'existence et qui comptent parmi les plus primitives du globe, l'auteur entreprend, au cours d'une autobiographie intellectuelle, de situer celle-ci dans une perspective plus vaste : rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde ; place de l'homme dans la nature ; sens de la civilisation et du progrès.
Claude Lévi-Strauss souhaite ainsi renouer avec la tradition du "voyage philosophique" illustrée par la littérature depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire avant qu'une austérité scientifique mal comprise d'une part, le goût impudique du sensationnel de l'autre n'aient fart oublier qu'on court le monde, d'abord, à la recherche de soi.
Comment les modes de vie en quête d'autonomie transforment-ils nos façons de percevoir monde ? Menant l'enquête à travers les lieux de vie alternatifs, Clara Breteau examine quels mondes sensibles nouveaux se déploient quand on construit soi-même sa maison, quand on cultive sa nourriture, quand on fabrique son énergie. C'est tout une poétique nouvelle qu'elle voit poindre dans les endroits les plus inattendus.
À travers la France, une enquête ethnologique dans le monde des habitats écologiques autonomes détachés de la société de consommation, avec à la clé le développement de l'autoproduction et d'un mode d'être et de faire ouvert au hasard et au vivant.
Marqué par l'histoire coloniale, les discriminations, les violences, l'expropriation des terres, l'exploitation des ressources locales et l'avidité des colons, le peuple Awajun subit les affres de la globalisation. Dans cette tourmente, Albertina résiste. Sa force ? Elle la tire de la nature. Au coeur d'une cosmologie vivante, gravée dans sa mémoire, incarnée dans ses actes. De l'enfance à l'âge adulte, de l'intime au social, de la poésie au politique, du local au global, son chemin n'aura de cesse de défendre le vivant. Ce profond récit de vie nous plonge entre deux mondes, sous le regard lucide d'une femme éprise de liberté.
Mémoires d'une femme gardienne des savoirs ancestraux, de la biodiversité exceptionnelle de l'Amazonie péruvienne et de sa culture, engagée dans la défense des droits indigènes, et des droits des femmes au sein de la communauté awajun (jivaro).
Nouvelle collection «Voix de la Terre», une collection d'ethnologie vivante dirigée par Sabah Rahmani, auteur de "Paroles des peuples racines", 6 300 ventes. Une collection qui explore les façons dont les hommes appréhendent et habitent un espace pour y vivre en société et surtout en harmonie avec l'environnement qui les entoure.
La différence des sexes structure la pensée humaine puisqu'elle en commande les deux concepts primordiaux : l'identique et le différent. La manière dont chaque culture construit cette différence met en branle toute sa conception du monde, sa sociologie et sa biologie, comme sa cosmologie. Changer le rapport du masculin et du féminin, c'est bouleverser nos ressorts intellectuels les plus profonds, élaborés au fil des millénaires. En démontant les mécanismes de la différence, ce livre offre des solutions pour parvenir à l'égalité.
?Ce livre qui fait suite à Masculin/féminin I, La pensée de la différence, pose deux questions : pourquoi la hiérarchie s'est-elle greffée sur la simple différence des sexes ? Est-il envisageable de la dissoudre ? À cette double question, Françoise Héritier répond en termes anthropologiques aussi bien que politiques. Comment les hommes se sont-ils assuré le contrôle de la fécondité des femmes, ce pouvoir exorbitant d'enfanter du différent, des fils, aussi bien que de l'identique, des filles ? Comment les hommes ont-ils exploité le corps des femmes dans la prostitution et l'entretien domestique ? Comment, en retour, les femmes n'ont-elles pu commencer à se libérer que du jour où, et seulement là, les moyens de contraception leur ont permis de reprendre le contrôle de leur fécondité ? Françoise Héritier examine la possibilité de changements, certains illusoires, d'autres bien réels, et cerne les obstacles qui leur font toujours implicitement barrage. Et pourtant, ces changements ne sont-ils pas la promesse d'une société où la différence et l'asymétrie seraient le fondement, non d'une hiérarchie, mais d'une véritable harmonie ? Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France. Elle a publié Les Deux Soeurs et leur Mère et Masculin/féminin?I, aux Éditions Odile Jacob.
" la pensée sauvage " et non " la pensée des sauvages ".
Car ce livre s'écarte de l'ethnologie traditionnelle en prenant pour thème un attribut universel de l'esprit humain : la pensée à l'état sauvage qui est présente dans tout homme - contemporain ou ancien, proche ou lointain - tant qu'elle n'a pas été cultivée et domestiquée à des fins de rendement.
Lévi-strauss aborde donc les mythes, les rites, les croyances et les autres faits de culture comme autant d'êtres " sauvages " comparables à tous ceux que la nature engendre sous d'innombrables formes, animales, végétales et minérales.
Publiée au milieu des années cinquante, " la pensée sauvage " est aujourd'hui considérée comme l'un des classiques de l'ethnologie contemporaine dont l'influence fut décisive sur l'ensemble des disciplines qui forment le domaine des sciences sociales.
« Il y a maintenant presque huit ans, je me suis retrouvée de façon inattendue éperdument amoureuse d'une chienne rouge piment que j'ai appelée Cayenne. » C'est en partant des gestes les plus ordinaires du quotidien et non pas de grands principes que Donna Haraway nous invite à penser notre relation aux espèces compagnes. Ces espèces avec lesquelles nous « partageons le pain », depuis les micro-organismes qui nous peuplent jusqu'aux animaux de compagnie. Cet enchevêtrement nous conduit auprès de bouledogues français à Paris, à des projets concernant les prisonniers du Midwest, à des analyses coûts-bénéfices dans la culture marchande autour des chiens, à des souris de laboratoire et des projets de recherche en génétique, sur des terrains de baseball et d'agility, auprès de baleines munies de caméras au large de l'Alaska, sur des sites industriels d'élevage de poulets, etc.
Il s'agit ici non pas de domestication, de contrôle ou de rachat de la dette mais de contact. Quelle est la valeur ajoutée du contact ? Que nous apprennent à sentir et à faire les « zones de contact » ? Loin de tout retour romantique à une rencontre sauvage, dénuée d'intérêts et de contamination biopolitique, prendre soin du contact entre espèces « entraîne » à un perpétuel zigzag entre ce qui nous affecte, nous rattache, nous rend interdépendants, simultanément robustes et vulnérables.
Projet démesuré que de couvrir près de vingt siècles d'histoire du monde antique gréco-romain, de parcourir un espace qui va des rivages de la méditerranée à ceux des mers du nord, des colonnes d'héraklès aux rives de l'indus, de se plonger dans des documents aussi divers que les tombes d'une nécropole, la stèle inscrite plaquée aux murs du sanctuaire, le rouleau de papyrus, la scène peinte sur la panse d'un vase...
Et une littérature grecque et latine qui, si elle n'a pas donné la parole aux femmes, a beaucoup parlé d'elles.
On l'aura deviné, ce livre n'a pas pour fonction de remplacer l'énorme production qui existe en ce domaine. il aborde un petit nombre seulement des questions qui nous ont paru importantes pour aider à comprendre la place des femmes dans le monde antique et, plus encore peut-être, dans la perspective d'un ensemble de volumes traitant de l'histoire des femmes, comprendre les fondements d'habitudes mentales, de mesures juridiques, d'institutions sociales qui ont duré des siècles en occident.
Cet ouvrage regroupe deux textes écrits par l'anthropologue Margaret Mead : Adolescence à Samoa (1928) et Trois sociétés primitives de Nouvelle-Guinée (1935), publiés en France dans le même volume en 1963.
L'auteur y remet en cause les évidences communément acquises concernant le rôle de chacun dans la société contemporaine. Elle analyse, à partir de ses observations de terrain, les différences de relations entre hommes et femmes. Chez les Samoans, le calme et la tolérance envers les relations multiples ou l'homosexualité sont de rigueur. Chez les Arapeshs, tout s'organise autour des enfants. Chez les Mundugumors, l'agressivité et l'individualisme sont de mise. Chez les Chambulis enfin, les hommes sont occupés à plaire aux femmes, car celles-ci possèdent le pouvoir économique.
Margaret Mead conclut que les spécificités sont culturelles. Ainsi, les rôles occidentaux (mâle dominant et femme soumise) ne sont qu'une variante parmi une infinité de possibles. Ces textes passionants, écrit il y a près de cent ans, nous plongent dans un délicieux exotisme désormais révolu.
Entre 1934 et 1940, Germaine Tillion, jeune ethnologue enthousiaste, débarque en Algérie pour étudier une population berbère « oubliée de Dieu et des hommes ». Rentrée en France, elle lui consacre une thèse. Mais elle s'engage aussitôt dans la résistance et sera déportée à Ravensbrück ; le manuscrit de son travail disparaîtra sans laisser de traces. Dans les dernières années de sa vie, elle reprend les brouillons conservés et tente de reconstituer son expérience. Au lieu de réécrire sa thèse, elle raconte avec humour ce double pays, le petit monde des fonctionnaires coloniaux et la population ancestrale, pauvre en biens mais riche en histoires et en ruses.
Germaine Tillion (1907-2008) :
Ethnologue et historienne, elle a notamment publié au Seuil Le Harem et les Cousins (1966), Ravensbrück (1973 et 1988), Combats de guerre et de paix (2007) et Fragments de vie (2009).
Les travaux et les jours.
Intermède. d'elle, il est tant parlé. dissidences : la parole, la voix, l'écrit. dissidences : chemins de traverse et rébellions. paroles de femmes.
A étudier aujourd'hui, privilège de l'histoire contemporaine, des vies de femmes qui ont traversé le siècle, on est frappé par le tragique et le grandiose de leurs existences.
Happées par la guerre, la révolution ou la dictature, mais aussi spectatrices et actrices d'un formidable bouleversement entre les sexes. incontestablement la vie des femmes a changé, et l'égalité sexuelle progressé au xxe siècle, sous la pression bien sûr des féministes, grâce aussi aux progrès techniques, à la maîtrise féminine de la fécondité et à une plus grande participation des femmes à la vie sociale - mais non sans résistance et déplacement des discriminations.
Ici l'histoire tend la main aux autres sciences humaines, sans épuiser le champ du possible ni parler de façon univoque. du moins espère-t-on montrer la valeur scientifique d'une approche sexuée de l'histoire et inviter à la réflexion sur les enjeux de notre temps.
Une mère et sa fille, ou encore deux soeurs, peuvent-elles partager le même homme ? À côté des relations entre père et fille, entre mère et fils, entre frères et soeurs, il existe un inceste "du deuxième type" qui concerne en particulier les consanguins de même sexe partageant un même partenaire. Pourquoi ce type de relations est-il considéré comme tabou ? L'analyse des raisons qui expliquent cet interdit conduit à une théorie nouvelle de l'inceste en général. En fait, même lorsqu'il n'implique pas d'abus sexuel, il bouscule la représentation que nous avons et de nous-même et du monde qui nous entoure. C'est donc à une véritable plongée dans les catégories les plus fondamentales de notre pensée que nous convie Françoise Héritier. Anthropologue africaniste, Françoise Héritier est professeur au Collège de France et directeur du Laboratoire d'anthropologie sociale. Elle est l'auteur notamment de L'Exercice de la parenté.
Ce livre retrace à partir d'entretiens la carrière de celle qui a succédé à Claude Lévi-Strauss au Collège de France et a poursuivi et développé sa théorie et ses recherches sur la parenté. Françoise Héritier est une scientifique de premier plan ; c'est aussi une intellectuelle engagée, entre autres pour la cause des femmes et pour les droits des plus faibles. Elle nous livre ici ses réflexions sur les problèmes politiques, sociaux et culturels d'aujourd'hui, qu'elle illumine de sa belle intelligence.
Rsoudre les nigmes poses par les rgles du mariage aux ethnologues, notamment celle de la prohibition de l'inceste, telle est la tche que se proposaient initialement Les Structures lmentaires de la parent. Les deux chapitres introductifs, objets de la prsente dition, n'en abordent pas moins des questions philosophiques cruciales : o finit la nature et o commence la culture ? quelles sont les parts respectives de chacune en l'homme ? comment l'homme se distingue-t-il, sous ce rapport, de l'animal ?C'est ainsi du point de vue de l'ethnologie que le texte de Claude Lvi-Strauss apporte matire et mthode la rflexion philosophique.
Claude Lévi-Strauss a écrit les pages qui forment à présent ce volume pour répondre à une demande du grand quotidien italien La Repubblica. Il en résulte un ensemble inédit, composé de seize textes écrits en français, entre 1989 et 2000.
Partant chaque fois d'un fait d'actualité, Lévi-Strauss y aborde quelques-uns des grands débats contemporains. Mais, que ce soit à propos de l'épidémie dite de " la vache folle ", de formes de cannibalisme (alimentaire ou thérapeutique), de préjugés racistes, liés à des pratiques rituelles, l'excision ou encore la circoncision, l'ethnologue incite à comprendre les faits sociaux, qui se déroulent sous nos yeux, en évoquant la pensée de Montaigne, fondement de la modernité occidentale : " chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ".
En ouverture du volume un texte écrit en 1952 : Le Père Noël supplicié.
Au nord des grands déserts australiens, des anciens confient à l'anthropologue Barbara Glowczewski leur attachement spirituel à la terre, les souffrances de leurs peuples et leurs stratégies de survie.
Avec eux, nous sommes portés par la colère et le message des esprits qui relient leurs rêves et leurs rites à tous les éléments de l'univers. Nous découvrons les dessins si caractéristiques, inscrits sur les corps, la roche et les oeuvres d'art, qui traduisent la matrice vivante des alliances que les humains établissent entre eux et le cosmos. Mais la terre est désormais menacée de mort par une humanité ignorante des grandes lois de l'équilibre.
L'auteur, depuis près de quarante ans, dédie sa vie aux Aborigènes d'Australie. Elle dialogue avec des Warlpiri, Yawuru, Ngarinyin, et Yolngu, dont les pratiques, les savoirs, et la pensée répondent aux grands chantiers d'étude de l'esprit humain et de son rapport à la matière.
Édition revue et corrigée par l'auteur.
Inclus deux cahiers photos.
Cet essai de René Girard présente et résume les concepts clés de sa théorie : le désir mimétique, le mécanisme victimaire et la révélation judéo-chrétienne.
Comparant l'histoire de Milomaki, héros des Indiens yahunas, avec la légende d'OEdipe et les textes de persécution du Moyen Âge, l'auteur démontre l'origine persécutrice de tous les mythes et l'universalité du phénomène du bouc émissaire. Pour la seule fois dans toute son oeuvre, René Girard débat ensuite avec trois anthropologues : Walter Burkert, Renato Rosaldo et Jonathan Z Smith. Cette discussion concerne le sacrifice et la domestication, mais aussi les " chasses aux têtes " et aux animaux sauvages.
Répondant de façon très convaincante aux objections que soulève sa théorie, l'auteur éclaire d'un nouveau jour les origines sacrificielles de l'humanité. À l'heure où l'anthropologie connaît un regain d'intérêt, notamment dans le sillage du centenaire de Claude Lévi-Strauss, la traduction de ce texte majeur s'imposait. René Girard aura en effet remis l'anthropologie religieuse au premier plan en révélant le mécanisme victimaire au fondement de la culture.
On se persuadera sans mal, en le voyant ici défendre son hypothèse, qu'elle constitue un apport scientifique essentiel.
L'histoire de la viande est aussi longue que celle de l'homme. A travers elle, c'est bien évidemment la question de la place des animaux dans nos sociétés dont il s'agit, des relations complexes qui se sont tissées au fil du temps entre eux et nous.
Poursuivant ici son exploration des premières sociétés humaines, Marylène Patou-Mathis montre les effets engendrés par la consommation de viande, singulièrement l'apparition de la chasse avec ses conséquences socioculturelles. S'appuyant sur les dernières découvertes archéologiques ainsi qu'une large documentation ethnographique et historique, elle expose les grandes phases de l'évolution des comportements humains vis-à-vis des animaux. Aujourd'hui, comme hier, l'animal est indispensable à l'Homme : il tient une place centrale dans son imaginaire et lui tend un miroir... De quoi alimenter les débats actuels autour de sa consommation.
À l'aube de sa carrière, Charles Darwin accomplit le périple qui lui permit de prendre la mesure de l'extraordinaire richesse du monde naturel. Pour lui, pas de vie sans évolution, et pas d'évolution sans diversité !
Un siècle plus tard, celui qui deviendra le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss, parti tout jeune à la découverte des peuples amazoniens, comprit que la diversité culturelle est tout aussi cruciale pour l'évolution de l'homme.
Pascal Picq imagine les deux savants partant à la redécouverte du nouveau monde. Ils seraient bien en peine de le reconnaître de nos jours, tant la diversité naturelle et culturelle a été atteinte. À mesure que des espèces disparaissent, que des cultures et des langues meurent, c'est notre avenir et celui de la Terre qui sont compromis.
Darwin et Lévi-Strauss nous avaient pourtant avertis.
Un appel passionné à une prise de conscience urgente et salutaire.
Betty Mindlin est arrivée en mai 1979 chez les Suruí, le long de la BR-364 qui relie Cuiabá à Porto-Velho, alors qu'ils conservaient encore intactes leurs coutumes et leur système traditionnel. Lors de ce premier séjour, elle a rencontré un paradis.
On pourrait dire que les habitants du paradis l'ont trouvée à leur goût. Pas un jour où elle ne fut demandée en mariage malgré la protection et la prude affection du chaman Náraxar. C'est là, à l'abri des ocas, grandes maisons communautaires, entre les corps invitants de l'intérieur et les fantômes de l'extérieur, enveloppée par un choeur de rires amicaux, entre invites, jalousie, menace, cajoleries et petits travaux de la vie quotidienne, qu'elle apprend tout de ses hôtes et se découvre dans sa vérité de femme blanche et de mère éloignée des siens. Au long de sept voyages, elle connaît avec eux la guerre contre les trafiquants de diamants, la modernisation et la découverte du travail salarié...
Ces carnets, qui couvrent ses séjours entre 1979 et 1983, même et surtout parce qu'ils ont été revisités, retravaillés pour mettre en scène les gens et les mythes, sont soutenus par des observations anthropologiques rigoureuses mais jamais encombrantes dont la pertinence s'impose au regard de cette ethnologue enjouée, choisie et adoptée par "ses Indiens préférés".
Betty Mindlin, curieuse et gourmande, fait du lecteur son compagnon de voyage et nous raconte ce monde différent avec une simplicité, une vitalité et une acceptation de l'autre exceptionnelles.
Au croisement de l'anthropologie, de l'histoire de l'art ancien et contemporain, de la mode et des moeurs, l'exposition propose diverses mises en scène et mises en oeuvre sur le thème universel des cheveux.
Abordant l'idée que chacun donne de sa personnalité par la coiffure, elle se présente tout d'abord sous l'angle de la frivolité, des compétitions entre blonds/blondes, rousses et bruns, lisses et crépus. Comparant les coquetteries des Papous des Hautes Terres de Nouvelle-Guinée ou des belles citadines africaines ou des «Merveilleuses» du Directoire, l'exposition avance vers l'idée du matériau humain à modeler, à sculpter, support à la fois de savoir-faire, de la relativité de la beauté, mais aussi objet de perte (par l'âge ou la violence), symbole du temps qui passe et de la mort. Par leur usage nostalgique, les cheveux sont des supports de mémoire. Restes humains, reliques, ils conservent un peu de l'aura et de l'énergie de leur propriétaire. Une large partie de l'exposition est consacrée à ces mana (pouvoir sacré des ancêtres) qui ont donné naissance, dans le monde, à de multiples objets dits «magiques» ou pour le moins dotés de pouvoirs que l'on s'approprie.
La question du reste et du trophée est ainsi posée et plus largement du statut de certains «objets» campés aux frontières de l'horripilant et de l'insoutenable, interrogeant nos catégories à partir d'une expérience universelle.
Né au début du XXe siècle dont il a traversé les douleurs, Claude Lévi-Strauss
est universellement considéré comme le plus grand anthropologue de son temps.
Connu comme l'un des fondateurs du structuralisme, il déploie, dans chacun de
ses livres, une méthode rigoureuse, une inlassable curiosité, une émotion
servies par une écriture qui tient de la magie. En suivant le fil d'une pensée
qui force l'intelligence à s'ouvrir, sans négliger les polémiques qui
l'entourèrent, Catherine Clément offre ici un témoignage aussi affectueux
qu'éclairant, aussi libre que précieux. Catherine Clément, ancienne élève de
l'ENS, agrégée de l'Université, philosophe, essayiste et romancière.
Une mère et sa fille, ou encore deux soeurs, peuvent-elles partager le même homme ? à côté des relations entre père et fille, entre mère et fils, entre frères et soeurs, il existe un inceste " du deuxième type " qui concerne en particulier les consanguins de même sexe partageant un même partenaire.
Pourquoi ce type de relations est-il considéré comme tabou ? l'analyse des raisons qui expliquent cet interdit conduit à une théorie nouvelle de l'inceste en général. en fait, même lorsqu'il n'implique pas d'abus sexuel, il bouscule la représentation que nous avons et de nous-même et du monde qui nous entoure. c'est donc à une véritable plongée dans les catégories les plus fondamentales de notre pensée que nous convie françoise héritier.