Née à Florence en 1944, diplômée de la faculté d'Architecture, Letizia Galli enseigne le dessin à des enfants avant de s'installer à Milan et y écrit son premier livre pour enfant en 1975. Elle décide par la suite, après son installation à Paris dès 1990, de se consacrer alors à l'illustration d'ouvrages destinés à la jeunesse.
Reconnue au niveau international, elle collabore avec plusieurs éditeurs étrangers et réalise plus de soixante albums qui sont publiés dans le monde entier. Ses thèmes d'inspiration sont variés, notamment l'histoire de l'art. De nombreuses expositions, du Centre Pompidou, à Paris en passant par Moscou, Naples ou encore Londres, lui ont été consacrées.
En 2010 elle fait don au musée de l'illustration jeunesse, de 2.906 dessins originaux venant enrichir le fonds du musée.
Ainsi, sa monographie permet à un large public d'apprécier le parcours de Letizia Galli, de ses débuts, pour la presse et la publicité, à son passage à l'illustration, et nous offre une meilleure connaissance de son travail d'illustratrice citoyenne du monde.
Cet ouvrage accompagne la prochaine exposition que consacre le Musée d'art moderne de Saint-Etienne à Sandra Vasquez de la Horra, artiste chilienne née en 1967 (elle vit et travaille actuellement à Berlin).
Avec cette artiste, le dessin contemporain est véritablement un art à part entière. Ses dessins sont exécutés au graphite, puis trempés dans la cire. Les papiers utilisés - qui sont souvent de la récupération de feuillets d'anciens carnets trouvés, déjà jaunis - sont encore vieillis par ce processus de fixation du graphite. La couche de cire donne non seulement un aspect terni, mais aussi une impression de matière, une rugosité à l'ensemble. Ses dessins apparaissent ainsi hors du temps, indatables et présentent tous une douce violence.
Les thèmes de prédilection de l'artiste - le sexe, la mort, la religion et la politique coloniale - sont souvent traités de manière brutale grâce à un tracé approximatif, brut, sans fioriture, sans décor. Ses dessins vont à l'essentiel. Les figures sont des silhouettes, des motifs désincarnés devenus icônes.
Icônes de l'amour et de la mort et de l'ambivalence des sentiments, icônes des figures de l'opprimé et de l'oppresseur, des rapports de force, des stéréotypes de l'altérité coloniale.
Les figures noires, souvent énigmatiques et morbides de Goya et d'Odilon Redon planent au dessus de celles de l'artiste chilienne.
Les installations de ses dessins, épinglés directement au mur et composant des frises ou des figures à part entière, offrent une lecture à la fois narrative et ouvert de ses dessins, pas tout à fait une histoire de l'humanité en vignettes, mais des indices des violences subies par celle-ci incorporée à un monde fantasmé et légendaire.