Du début du XIXe siècle, tout juste sorti de la Révolution française, jusqu'à la violente rupture de la Première Guerre mondiale, un long siècle de création picturale s'écoule qui voit émerger, croître et se métamorphoser l'espace de production artistique de la modernité. Cet ouvrage se propose de le parcourir en compagnie d'artistes dont l'histoire de l'art a négligé les oeuvres jusqu'à une période récente : les peintres femmes.
Du phénomène inédit de féminisation du Salon officiel sous le Consulat et la Restauration à l'afflux des artistes nordiques, britanniques, russes et américaines sur la scène parisienne à l'aube du XXe siècle, des ultimes débats sur l'ancestrale hiérarchie des genres picturaux au surgissement accéléré des avant-gardes, de la multiplication des ateliers de jeunes femmes au seuil du XIXe siècle aux premières diplômées de l'École des beaux-arts au début du XXe siècle, la période déploie une scène où il nous appartient désormais de les voir et de les entendre jouer, elles aussi, leur rôle d'artiste tel qu'elles s'en emparèrent concrètement, personnellement dans et avec leur temps.
Cette peintre étatsunienne méconnue en France a développé une oeuvre picturale très originale focalisée sur le monde végétal et les fleurs en particulier. Un nouvel engouement pour son travail se fait jour, pour preuve le succès incroyable de l'exposition temporaire que le Centre Pompidou lui a consacré en 2021. Dans la lignée de son remarqué "Apprendre à voir" (5 800 ventes - lauréat de la première édition du Prix de l'essai EcoloObs décerné ce 9 mai), l'historienne de l'art et naturaliste Estelle Zhong Mengual explique comment et pourquoi ces oeuvres nous donnent à voir les fleurs comme on ne les avait jamais vues et renouvellent profondément notre rapport à elles et, plus largement, au monde vivant.
Georgia O'Keeffe est l'une des plus grandes figures de l'art nord-américain du XXe siècle, amazone de l'art contemporain, artiste ho rs normes. Pour Estelle Zhong Mengual, Georgia O'Keeffe, qui peint les fleurs comme si elle zoomait avec un appareil photo, nous invite à changer de focale, et à faire l'expérience de la beauté du monde du point de vue d'une abeille ou d'un colibri.
L'oeuvre de Frida Kahlo (1907-1954) est peu abondante. Elle ne se compose que de cent quarante-trois peintures, de format généralement réduit, dont deux tiers d'autoportraits. Ce narcissisme frappant est en lien étroit avec sa biographie, avec son pays et son époque, avec ses dons naturels complètement excentriques. Il n'est pas étonnant que les grands «énigmatiques» du XVIe siècle, Jérôme Bosch et Bruegel l'Ancien, figurent parmi ses peintres de prédilection:Frida Kahlo ne montre jamais ses blessures directement, qu'elles soient corporelles - celles qui ont été provoquées par les accidents et les maladies - ou psychologiques. Sa langue symbolique est faite de clés subtiles; elle est riche de métaphores puisées au fonds de presque toutes les cultures du monde. Les mythes fondateurs aztèques, les mythologies extrême-orientales et antiques et les croyances populaires catholiques se mêlent au folklore mexicain et à la pensée de son époque, avec Marx et Freud. Exotiques et explosives, significatives et vitales dans leur discours artistique, les images de Frida Kahlo sont le miroir d'une âme complexe et souvent effrayante:«Ma vérité intérieure», avait-elle coutume de dire.
Un cardinal qui n'aimait pas le Jugement Dernier de Michel-Ange fut bien puni par le peintre, qui fit son portrait en Lucifer.
L'anecdote est savoureuse et instructive, mais elle ne montre pas seulement l'indépendance d'esprit du plus grand artiste de la Renaissance. Pour Daniel Arasse, elle est révélatrice d'une évolution culturelle majeure : la disparition de la figure du Diable dans la peinture. Grâce à un examen précis et inventif des textes religieux et des images de la fin du Moyen Age et de la Renaissance, il décrit ici l'émergence de l'image du Diable, son utilisation et son essor, dans le cadre de pratiques dévotionnelles où les images se doivent d'être efficaces.
Puis il montre comment la culture humaniste a rendu caduque cette figure médiévale, et l'a reléguée au rang de superstition. Désormais, le Diable n'est plus l'Autre de l'homme, le Diable est en l'homme.
«Malgré les criantes inégalités des femmes entre elles à travers le monde, nous avons en commun le droit et le devoir de nous révolter contre ce qu'on nous fait subir, pour l'unique raison que nous sommes nées de sexe féminin.» En 2017, le mouvement #MeToo invitait à la libération de la parole des victimes de harcèlement sexuel. Des millions de femmes de tous pays avaient alors parlé d'une seule voix pour témoigner des abus qu'elles avaient pu subir. Aujourd'hui, quel bilan pouvons-nous tirer de cet épisode? Si notre société semble s'engager dans une nécessaire réflexion sur la condition féminine, avec pour horizon l'égalité entre les femmes et les hommes, le respect des droits de chacune est encore loin d'être garanti en France comme aux quatre coins du globe. Dans cet ouvrage préfacé par Laure Adler - spécialiste de l'histoire des femmes - et conçu en collaboration avec Amnesty International, 120 dessins de presse internationaux sélectionnés par Cartooning for Peace dressent un état des lieux de la situation des femmes à travers le monde. Tout en participant à la dénonciation des injonctions et des violences faites aux femmes, ils soutiennent les combats féministes et leurs enjeux déterminants.
L'oeuvre monumental de Picasso est parcouru depuis ses premiers dessins d'enfant jusqu'à ses dernières gravures par deux figures essentielles : celle de la femme et celle du taureau. Or les productions de Picasso qui leur sont liées commencent à pâtir injustement de sa réputation d'amant violent et d'aficionado convaincu.
Ces condamnations témoignent d'un parti pris réducteur et la personnalité complexe comme l'oeuvre de Picasso méritent un examen plus approfondi que la caricature.
Bien que les deux motifs - femme et taureau - se trouvent souvent associés chez Picasso, l'étude du double sujet n'a encore jamais été conduite. Elle permet pourtant de déconstruire les idées reçues à leur propos.
En réalité, leur représentation a changé selon le cours de l'Histoire, la vie de l'artiste, son esthétique, son idéologie. Pour éclairer les oeuvres et en prendre la mesure, leur contextualisation biographique et historique s'avère donc nécessaire.
Livre d'artiste édité à 40 exemplaires en 1966, Voyage en Grèce de Gastone Novelli est un ouvrage réalisé au retour des séjours de l'artiste en Grèce. Texte et dessins, gravures et peintures s'y entremêlent. Accompagné d'un texte de Claude Simon sur Novelli, l'ouvrage est édité en bilingue aux éditions Trente-trois morceaux en 2015. Ceci est la deuxième édition.
Peintre de la mélancolie, de la solitude et de l'angoisse mais aussi peintre de l'âme, Edvard Munch est l'un des grands noms de l'art moderne. Le Cri (1893), son chef-d'oeuvre, est aussi célèbre que la Nuit étoilée (1889) de son contemporain Van Gogh, artiste génial et torturé auquel il est parfois torturé. Munch aurait bien pu finir comme ce dernier. Constamment au bord de l'abîme, il traverse la vie en étant marqué par le deuil, poursuivi par la maladie et l'insécurité. Le peintre norvégien doit aussi affronter l'imncompréhension du public, parfois le scandale. Rejetant le naturalisme, Munch s'inscrit dans la mouvance expressionniste et symboliste. Peintre littéraire (parfois rapproché d'Ibsen), filant des thèmes obsessionnels, Munch est un brillant coloriste, d'un rare intensité psychologique. Exprimant ses émotions profondes, il fait de son art un véritable outil de catharsis, "un examen de conscience et une tentative de comprendre (ses) rapports avec l'existence".
Cet ouvrage abordera la mélancolie exprimée par Munch à travers son oeuvre peint et gravé, ses relations à l'expression de la sensualité et l'érotisme féminin (souvent teinté d'angoisse), ses paysages lyriques et parfois violents.
Berthe Marie Pauline Morisot, née le 14 janvier 1841 à Bourges et morte le 2 mars 1895 à Paris, est une peintre française, membre fondateur et doyenne du mouvement d'avant-garde que fut l'Impressionnisme.
Berthe Morisot était une « rebelle ». Tournant le dos très jeune à l'enseignement académique du peintre lyonnais Chocarne, elle a fondé avec Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Edgar Degas le groupe d'avant-garde les « Artistes Anonymes Associés », qui allait devenir la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs regroupant des impressionnistes. Sa volonté de rupture avec les traditions, la transcendance de ses modèles, et son talent ont fait d'elle « la grande dame de la peinture » selon Anne Higonnet.
Vous découvrirez à travers cet ouvrages ses peintures lumineuses, décrivant des tranches de vie.
Un album unique sur les plus grandes artistes de l'ère moderne !
Elles s'appellent Suzanne Valadon, Tamara de Lempicka, Gerda Wegener, Kiki de Montparnasse,... Elles sont peintres, photographes, sculptrices, cinéastes. Elles témoignent d'une nouvelle modernité où les femmes peuvent enfin diriger un atelier, peindre des corps nus et même... porter un pantalon !
Issues de la première génération de femmes à pouvoir intégrer les écoles d'art, dans les pas de Berthe Morisot ou de Rosa Bonheur, les artistes des Années folles et des décennies qui leur succèderont deviennent de véritables modèles d'anticipation ayant permis l'évolution de certains des plus grands courants d'avant-garde. Un album exceptionnel, à l'iconographie riche et variée, qui redonne leur place à des femmes d'une incroyable audace, sans qui l'art d'aujourd'hui n'existerait pas !
Telle quelle, sans réification ou instrumentalisation du corps. Dans ce livre d'artiste, Camille Laforcenée représente une réalité à l'encontre des perspectives traditionnellement adoptées dans les iconographies artistiques, à l'encontre d'une conception de la beauté fantasmée par le patriarcat. Par un détournement féministe des registres de l'autoportrait et du nu, l'artiste met à mal les injonctions normatives. La densité et le relief sont les matières appelant à un nouvel arpentage de ses propres paysages corporels. Camille Laforcenée nous invite à réapprendre l'acceptation des corps, avec leurs plis, leurs cicatrices, leurs poils. Un livre dont le trait est synonyme d'agentivité.
À une époque où l'indépendance des femmes était radicalement proscrite par les normes sociales, Georgia O'Keeffe fait figure de liberté. Elle se déplace à sa guise d'une côte à l'autre des États-Unis, choisissant ses foyers entre l'activité débordante de New York avec son mari Alfred Stieglitz et l'autonomie réconfortante plus solitaire du Nouveau-Mexique. Elle met un point d'honneur à produire de l'art où qu'elle soit. Elle transforme les espaces et les objets que d'autres pensent connaître en chefs-d'oeuvre de lignes et de couleurs. Elle affirmait que regarder l'un de ses tableaux c'était voir comme elle voyait, et non de quelle manière elle vivait. Les aquarelles et les peintures de Georgia O'Keeffe, les photographies des plus grands artistes qui l'ont entourée tout au long de sa vie ainsi que les images d'archives de ses amis et de sa famille provenant du Georgia O'Keeffe Museum font la richesse de cette biographie.
Comment devenir artiste lorsqu'on est née femme, à une époque où celles qui appartiennent au « deuxième sexe » ne peuvent accéder à l'École nationale des beaux-arts ? C'est au tournant des XIXe et XXe siècles que les femmes peintres et sculptrices vont lutter pour être reconnues comme des artistes à part entière, passant comme Suzanne Valadon du statut de modèle à celui de peintre accomplie.
Coréalisé par le monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse et le musée des Beaux-Arts de Limoges, cet ouvrage, Valadon et ses contemporaines, révèle le rôle méconnu des femmes dans les révolutions artistiques de la modernité naissante de 1880 à 1940, en réunissant près de 50 femmes artistes.
Célèbres comme Camille Claudel, Marie Laurencin, Sonia Delaunay ou Séraphine de Senlis, et d'autres moins connues, elles démontrent que le talent artistique n'a pas de genre.
La force, la fermeté de la main et le style viril de Mary Cassatt faisaient l'admiration de ses contemporains.
Cette artiste américaine a écrit un chapitre de l'histoire de l'art en peignant des portraits de femmes et des mères à l'enfant sans la moindre dérive sentimentale.
Déjà célèbre de son vivant, Mary Cassatt, qui avait choisi de vivre en France, reste d'une des figures majeures de l'impressionnisme. Ses oeuvres sont conservées dans les principaux musées du monde entier.
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-------- Mary Cassatt's strength, firmness of hand and manly style were admired by her contemporaries.
This American artist wrote a chapter in the history of art by painting portraits of women and mothers with children without the slightest sentimental drift.
Already famous during her lifetime, Mary Cassatt, who chose to live in France, remains one of the major figures of Impressionism. Her works are kept in major museums around the world.
Durant près de soixante-dix ans, Georgia O'Keeffe (1887-1986) fut considérée comme une figure majeure de l'art moderne américain. Et au-delà, sa notoriété ne fut pas liée aux styles et aux tendances éphémères de l'art, mais plutôt à sa vision singulière, reposant sur la découverte de formes fondamentales et abstraites dans la nature.
Les thèmes de prédilection de Georgia O'Keeffe étaient des paysages, des fleurs et des ossements, chaque sujet étant exploré durant plusieurs années à travers des séries successives. Certains travaux se poursuivirent sur plusieurs décennies et donnèrent lieu à 12 variations ou plus d'une même image originale. Parmi elles, les plus célèbres sont ses très gros plans d'arums et d'iris. En agrandissant le plus petit pétale pour qu'il couvre la toile entière, O'Keeffe a élaboré un style annonçant l'abstraction, qui s'appuie sur les formes et les lignes, lui valant le titre de «mère du modernisme américain». En 1946, O'Keeffe devient la première artiste féminine à se voir consacrée une exposition au MoMA de New York.
Cet ouvrage introductif de la Petite Collection 2.0 proposée par TASCHEN retrace la longue et lumineuse carrière de Georgia O'Keeffe à travers ses principales peintures, des photographies d'époque et des portraits pris par Alfred Stieglitz, son époux. On suit l'artiste dans ses innovations avant-gardistes, ses découvertes majeures, ses voyages et inspirations qui l'ont menée vers l'Asie du Sud, l'Inde, le Moyen-Orient et surtout vers les paysages majestueux, les couleurs vives et la flore exotique du Nouveau-Mexique.
Élisabeth Vigée Le Brun, Marguerite Gérard, Constance Mayer, Marguerite Labille-Guiard ... Connues ou beaucoup moins, elles ont pourtant marqué de leur pinceau l'art pictural. C'est entre 1780 et la fin du XIXe siècle que le combat de ces dernières a puisé ses racines : droit à la formation, professionnalisation, existence publique et place sur le marché de l'art. En quête obstinée d'indépendance, proches du pouvoir, elles ont su se faire une place dans un monde gouverné par les hommes. Parce que l'histoire s'est longtemps écrit au masculin, on les a un peu oubliées. Et pourtant, elles ont ouvert la voie aux plus belles innovations artistiques, faisant preuve de modernité autant que d'audace.
Cet album magnifiquement illustré nous emmène à la rencontre de femmes artistes d'exception, et lève le voile sur une période unique en France durant laquelle les femmes peintres ont pu accéder au-devant de la scène artistique.
En 1956, Sylvia Plath écrivait à sa mère Aurelia : « J'ai le sentiment d'être en train de développer une sorte de style primitif bien à moi, et que j'aime beaucoup.
Attends de voir... » Tout au long de sa vie, Sylvia Plath a parlé de l'art comme de sa source d'inspiration la plus profonde ; et pourtant, tandis que ses écrits connaissent un succès mondial, ses dessins restent méconnus.
La présente édition rassemble des dessins datés de 1955 à 1957, période durant laquelle elle étudiait à l'Université de Newnham, à Cambridge, boursière du prestigieux programme Fulbright. C'est à cette époque qu'elle rencontre, et épouse en secret, le poète Ted Hughes ; ils partiront en lune de miel à Paris et en Espagne avant de retourner aux États-Unis en juin 1957.
Les dessins à l'encre de Sylvia Plath témoignent de délicieux moments d'observation à cette période de sa vie, et comptent parmi leurs sujets des toits parisiens, des arbres, des églises, et un portrait de Ted Hughes.
Avec une introduction éclairante de sa fille Frieda Hughes, le livre met en lumière ces années clés de l'existence de Sylvia Plath, et inclut des lettres ainsi qu'un passage de son journal où il est question de son art.
Dans Le roman de celle qui peint, Danielle Jacqui se raconte.
Empruntant différentes formes (journal, prose, poèmes), elle évoque ses voyages (notamment aux États-Unis), ses amours, ses rencontres, ses hésitations, ses créations, ses déboires. L'artiste dévoile son quotidien, sa solitude, les visites des amis et des curieux qui découvrent la façade extraordinaire de sa maison, qu'elle a entièrement habillée de couleurs et de matières. Et surtout, elle décrit comment elle travaille. Peintures, céramiques, broderies, vêtements, dessins, mosaïques, poupées, installations : Danielle Jacqui ne s'arrête jamais. Sa formidable énergie de vie s'exprime dans l'entrelacs des formes, la juxtaposition des visages, les couleurs éclatantes. Entre malice, doutes et explosions de joie, la femme qui peint se révolte contre sa condition de femme, contre sa condition sociale, contre les préjugés, les fonctionnaires et les imbéciles. Elle fait entendre dans ses écrits, comme dans toute son oeuvre, un immense cri de liberté.
Entre 1780 et 1830, les artistes femmes accèdent en France à une visibilité inédite. Transformé par la Révolution française, l'espace de production artistique s'ouvre de manière inédite aux femmes. Sont ici présentées les oeuvres d'Élisabeth Vigée Le Brun, Adélaïde Labille-Guiard, Marguerite Gérard, Marie-Guillemine Benoist ou Constance Mayer, aux côtés de nombreuses autres plasticiennes célébrées en leur temps : Angélique Mongez, Henriette Lorimier, Pauline Auzou, Hortense Haudebourt-Lescot Adèle Romany, Joséphine Sarazin de Belmont etc. Les conditions de la pratique artistique pour les peintres femmes à cette époque, leur accès à la formation, leur insertion dans le milieu professionnel grâce aux réseaux de sociabilité, la réception critique et publique de leur présence aux Salons méritent d'être redécouverts pour que soit enfin réévalué le rôle, actif et déterminant qu'en tant qu'artistes elles ont tenu dans l'histoire de l'art de la Révolution à la Restauration. N'est-il pas temps de les voir en peintres puisque tel fut leur choix ?
Alice Bailly affirme sa vocation artistique tardivement. Née àGenève, elle a 32 ans quand elle monte à Paris. Son talent sera reconnu en 1912, lorsque ses envois aux Salons parisiens seront loués par apollinaire, et surtout en 1913, quand sa première exposition personnelle lui permettra d'afficher son appartenance àune avant-garde internationale. Son art se caractérise par une fantaisie, une exubérance, une volubilité, qui trouvèrent un équivalent plastique dans le cubisme et le futurisme, dont elle ne retiendra pas la discipline mais la libération de la forme et de la couleur nécessaire à l'expression de ses impulsions créatrices. Entre 1917 et 1923, Bailly exécutera une cinquantaine de « tableaux-laine », des fils multicolores lancés en lignées parallèles sur une toile de coton ; pour elle aucune différence de statut, encore moins de valeur artistique, ne les séparait de la peinture.Le livre retrace le parcours exceptionnel de cette artiste qui aimait àrappeler que « l'art n'est pas une affaire de jupon ou de pantalon » : premier séjour à Paris dès 1906 avec un éclaircissement de la palette dans le sens du fauvisme qui va marquer sa peinture jusqu'en 1910 ; évolution dans la direction d'un cubisme coloré, qui lui vaudra d'être classée parmi les orphistes par Apollinaire; intérêt pour le « dynamisme universel » des futuristes; retour forcé àGenève en 1914 qui se traduit par une forme de stylisation; dès 1918, premiers collages et « tableaux-laine » ; deuxième séjour parisien en 1920 marqué par un assourdissement de sa palette; établissement àLausanne en 1923, voyages en Italie et dernières années marquées par la commande d'importantes décorations, dont celle du foyer du Théâtre à Lausanne.
Exposition organisée par le Musée d'Art et d'Histoire de l'Hôpital Sainte-Anne, du 31 janvier au 31 mai 2020.
L'artiste et écrivain allemande Unica Zürn, de son vrai nom Nora Berta Unica Ruth Zürn, naît le 6 juillet 1916 à Berlin. Après des études commerciales, Unica Zürn devient scénariste et auteur de films publicitaires jusqu'en 1942. A partir de 1939, sa mère l'introduit dans la haute société nazie. En 1949, année prolifique, elle publie ses premiers récits en prose dans la presse, réalise plusieurs contes radiophoniques et fréquente le milieu du cabaret.
C'est en 1953 qu'elle rencontre Hans Bellmer qui devient son compagnon, et ce, jusqu'à la fin de ses jours. Lui écrit, elle compose des anagrammes et des dessins. A la même époque, elle rompt de manière définitive tout contact avec sa mère qui l'avait associée à la «période criminelle nazie».
1956 est l'année de sa première exposition personnelle parisienne à la galerie Le Soleil dans la Tête. Et en 1959, elle participe avec Hans Bellmer à l'Exposition internationale du surréalisme chez Cordier. En 1957, elle rencontre Henri Michaux qui lui inspire le personnage de son roman « L'Homme-Jasmin ».
À la suite d'une dépression nerveuse et d'une « crise » schizophrénique, elle fait un séjour à la clinique Wittenau et une première tentative de suicide. Pendant une dizaine d'années, les crises alterneront avec des séjours en clinique, à Sainte-Anne à Paris (septembre 1961), à La Rochelle, à Maison-Blanche à Neuilly-sur-Marne (1966, 1969 et 1970). En clinique, elle dessine à l'encre de Chine et peint. Le 19 octobre 1970 autorisée à sortir de Maison-Blanche où elle est internée depuis 1969 , elle se rend chez Bellmer et se suicide en se jetant par la fenêtre de son appartement.
Cette exposition s'inscrit dans la continuité historique des présentations de la Collection Sainte-Anne, et de la préfiguration des prochaines salles d'exposition du musée dans l'ancienne chapelle de l'hôpital.
Alfons Mucha (1860-1939), né en Moravie, d'abord décorateur de théâtre à Vienne avant d'arriver en 1888 à Paris, accède à la notoriété grâce aux affiches publicitaires : affiches de spectacles, d'expositions ou de produits de consommation courante (champagne, biscuits, papier à cigarettes...) et d'estampes décoratives.
C'est sa rencontre en 1894 avec la « Divine » Sarah Bernhardt qui le propulse de l'ombre à la lumière. Employé alors chez l'imprimeur Lemercier, il réalise l'affiche de Gismonda qui fait sensation auprès du grand public comme des critiques : dans cette composition byzantine, l'actrice est représentée en pied, une palme à la main, magnifiée, le visage auréolé d'un demi-cercle, vêtue d'un costume somptueux, les tons pastel avec rehauts de bronze et d'argent contrastant avec les couleurs dont usent habituellement les affichistes de l'époque. De cette fructueuse collaboration naîtront sept autres affiches de théâtre imprimées chez Champenois dont La Dame aux camélias. Le succès est tel que Mucha fait l'objet d'expositions comme en juin 1897 au Salon des Cent. Une renommée qui s'accompagne d'un travail intense encadré par l'imprimeur Champenois.
Le « style Mucha » est né et s'affiche dans les rues d'un Paris alors effervescent. Il se caractérise par un ensemble de constantes graphiques : une jeune femme idéalisée portant de longs cheveux virevoltants ; des motifs végétaux et floraux imprégnés d'Art nouveau ; un cercle encadrant un visage ; des éléments d'inspiration symboliste mêlés à des compositions byzantines ; des tons pastel rehaussés d'or, de bronze et d'argent ; un soin constant du détail, qu'il s'agisse des vêtements chamarrés, des bijoux ou bien encore des ornements. Autant d'éléments qui font le succès de ses affiches publicitaires - pour le papier à cigarettes Job, les biscuits LU, les bières de la Meuse ou encore les chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée - et de ses panneaux décoratifs tels que Les Saisons.
Présentant 22 planches détachables en couleur, ce livre-posters restitue la quintessence du style du prince Art nouveau du charme des plaisirs éphémères.
« On se ferait une idée incomplète de l'univers de Toyen si l'on voulait le reconstituer uniquement à partir de ses toiles » rappelle Alain Joubert en citant André Breton, l'auteur du manifeste du surréalisme. A. Joubert s'engouffre dans cette porte entrouverte pour évoquer avec malice des moments de vie quotidienne de la peintre surréaliste tchèque Toyen dont il était très proche, certain que la « vraie vie » de Toyen, celle de ses images, prenait d'abord racine dans la vie réelle. On croisera aux côté de Toyen, André Breton, Benjamin Péret, Charles Estienne. Un petit livre très pugnace avec umour (sans h comme l'aimait les surréalistes). Un très rare témoignage sur une très grande dame.
Figure majeure de la scène de l'art contemporain, Annette Messager présentera à l'automne 2012, au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, ses dernières oeuvres dans un ensemble intitulé Continents noirs. Si depuis toujours son travail mêle le ludique à l'inquiétant, ses nouvelles pièces évoquent les tensions du monde actuel, un monde dont le temps nous échappe.
Fragiles chevelures bougeant au gré de souffleries, chaussures abandonnées et petits objets du quotidien recouverts d'une sombre feuille d'aluminium froissé, dispersés sur le sol sous une bâche, éléments suspendus et mobiles se déployant telle une masse noire et menaçante, à la fois aérienne et terriblement pesante, ces installations et oeuvres oscillent entre le monumental et le miniature. Elles suscitent le sentiment de l'instable et du fugitif, et se font l'écho des tensions du monde d'aujourd'hui. Menaces écologiques et troubles des temps modernes transparaissent dans ses installations devenues autant de continents noirs. Traces ou vestiges d'un monde imaginaire plutôt inquiétant, les dernières créations d'Annette Messager nous plongent dans le mystère de leurs origines.
À l'occasion de cet ouvrage, Annette Messager a demandé à l'écrivain américain Norman Springer d'écrire un texte évoquant son récent travail. Auteur de science-fiction, Springer dépeint dans ses romans et nouvelles des univers fantastiques au bord de la dérive.