Ne croyez pas ce que disent les vieux bluesmen du Delta. Le blues n'est ni une affaire d'hommes ni le fruit du diable, on le doit à une femme : Ma Rainey, la « mère du blues ». Elle a été la première à incarner cette musique, où se reflétaient la douleur et les espoirs d'être née noire, femme et pauvre dans le Sud des États-Unis, à l'orée du XXe siècle. Pionnière dans une époque de changements, son parcours et sa voix témoignent autant de l'affranchissement des artistes noirs que d'une féminité rebelle, assumant une sexualité libérée. Star du vaudeville et des premiers 78-tours dans les années 1920, elle a été le modèle de Bessie Smith, Louis Armstrong et bien d'autres. Ancêtre commun au jazz, au rock, au funk, au hip-hop et à toute leur descendance, sa contribution est historique.
"Il n'y a pas de femmes compositrices !" proclamait en 1920 un maestro britannique. Et Hildegarde de Bingen au Moyen Age ou Maddalena Casulana à la Renaissance ? Et Nannerl Mozart, Fanny Mendelssohn, Clara Schumann ou encore Björk ? Autant d'artistes venues peupler ce livre, aux côtés d'interprètes telles que Martha Argerich, Jacqueline du Pré et Maria Callas, ainsi que de grandes pédagogues comme Nadia Boulanger. Mieux, c'est une jeune musicienne italienne qui manie ici la plume aussi talentueusement que sa baguette de cheffe d'orchestre pour brosser ces seize portraits de consoeurs ayant dû batailler dans un univers masculin, et pour nous fredonner à travers elles une petite histoire de la musique accessible à toutes les oreilles, par-delà les préjugés et les barrières de genre.
Non, Mozart n'était pas une femme. Mais Mozart aurait pu être une femme : Maria Anna Mozart fut, comme son frère, un prodige de la musique, avant de devoir se marier et de disparaître de la scène - mais aussi des livres, des films et de l'histoire. Résultat : personne ne se souvient d'elle.
Qui peut se vanter de pouvoir citer ne serait-ce qu'une compositrice ? Connaissez-vous... Cassienne de Constantinople, l'une des premières de l'histoire ? La flamboyante Hildegarde de Bingen, femme de pouvoir et pionnière de la musique médiévale ? Ou encore Élisabeth Jacquet de La Guerre, protégée de Louis XIV et claveciniste de génie ? Quant à Hélène de Montgeroult, après avoir échappé à la guillotine grâce à sa virtuosité, elle rédige l'une des plus importantes méthodes d'enseignement du piano de l'histoire. D'autres, comme Clara Schumann, Fanny Mendelssohn ou Alma Mahler, ont vu leur talent et leur prénom rester dans l'ombre d'un grand homme.
Compositrices, instrumentistes, cheffes d'orchestre, fondatrices d'ensembles... nombreuses sont celles qui ont dû renoncer au succès. Pourtant, la musique classique leur doit beaucoup. Et si on réécrivait l'histoire ?
Avec une passion et un engagement communicatifs, Aliette de Laleu s'attache à réparer des siècles d'invisibilisation en rendant aux femmes leur place dans l'histoire de la musique. Parce qu'il n'est pas de vocation sans modèles, pas de progrès sans héritage ni de génies sans histoires.
"Tu sais, en fait, il n'y a rien à dire", me répète Anne Sylvestre, tout en farfouillant dans des piles de papiers, des boîtes. Elle cherche des documents, de la littérature, des photos, afin de retracer un parcours qui n'a jamais fait l'objet d'éléments de langage, ni de broderies à forte rentabilité médiatique.
Figure majeure, et discrète, de la chanson française, Anne Sylvestre fustigeait avec drôlerie un monde peuplé « d'étagères qui se prennent pour des gens / Tout bien rangé dans la tête ». Alors que sa préférence à elle allait à « ceux qui doutent », « ceux qui paniquent ».
Fille d'un collaborationniste notoire, Anne Sylvestre avait la guerre, les drapeaux et les discours populistes en horreur. Un brin râleuse, elle avait cependant beaucoup d'humour. Pour les enfants, elle avait écrit les Fabulettes pour « éviter la casse », due à une société prompte à nier la différence.
Jugée « révoltée compatible » par Anne Sylvestre, Véronique Mortaigne a pu saisir en toute complicité les fêlures, et les forces, de cette résiliente à l'oeil toujours malicieux. À travers un récit en jeux de miroirs et une relecture commune de chansons « où tout est dit », Véronique Mortaigne tisse les fils d'une histoire très personnelle, du renouveau féministe au Bataclan.
Des États-Unis jusqu'au Sud de la France, en passant par Londres, l'Afrique et les Pays-Bas, les auteures, mère et fille, sont parties sur les traces d'une artiste magistrale en quête d'absolu et de liberté.
Caroline du Nord, 1936. À 3 ans, Eunice Waymon, petite fille noire infiniment douée, donne son premier concert dans une église. À 10 ans, elle refuse de jouer si ses parents ne sont pas assis au premier rang, comme les Blancs. À 18 ans, elle veut devenir concertiste classique mais - à cause de la couleur de sa peau ? - son rêve se brise. Alors elle se rebaptise Nina Simone et, des bars crasseux jusqu'au Carnegie Hall, elle va connaître la gloire. De sa voix puissante, chaude et mystique, elle invente un langage unique - entre jazz, classique, soul et gospel - et chante pour défendre les droits des Noirs. Mais la vie est violente avec cette écorchée vive. Nina flambe son argent et sombre dans les troubles psychiques.
Né de l'association d'une disquaire punk énervée, Virginie Despentes, d'une étudiante bohème, Cara Zina, d'un guitariste anarchiste, Gilles, d'un graffeur agité, Hashan, et d'un passionné de P-funk, MC, Straight Royeur est un groupe de punk rap féministe qui a sévi de 1989 à 1992 en France et alentour.
C'est la rencontre improbable de deux filles déterminées à faire entendre leur voix et de lascars à la rage contenue. C'est le punk rock qui se réinvente au contact du hip-hop.
Premier laboratoire créatif de l'écrivaine Virginie Despentes, Straight Royeur laisse des textes pétris de révolte et des images jamais publiées. "Fear of a Female Planet" retrace, à travers le témoignage de ses membres, l'histoire de ce groupe et son apport inédit au paysage musical français.
Par Cara Zina, auteure de Heureux les simples d'esprit et Handi Gang (Libertalia) et Karim Hammou, sociologue au CNRS et auteur de Une histoire du rap en France (La Découverte).
"Si les noms de Maria Callas, Jacqueline du Pré et Clara Schumann nous sont familiers, qui connaît aujourd'hui ceux de Maud Powell, Hazel Harrison, Antonia Brico ou Nejiko Suwa ?
Derrière ces noms se cachent pourtant des interprètes exceptionnelles que l'histoire de la musique a oubliées, comme beaucoup d'autres, parce qu'elles étaient des femmes. Grâce à ce livre, je souhaite leur rendre hommage et les réhabiliter au panthéon de l'histoire de la musique.
Certaines ont dû exploser des plafonds de verre pour accéder à l'enseignement supérieur malgré des règlements qui les en excluaient. D'autres ont réussi à force d'audace et de persévérance à se faire engager comme solistes ou à entrer dans de grands orchestres jusqu'alors exclusivement masculins.
Certaines sont des anticonformistes, des suffragettes, des pionnières, des féministes engagées. Certaines n'ont pas eu d'enfant pour être entièrement au service de leur art, tandis que d'autres ont choisi de mettre un temps leur carrière en sourdine pour devenir mères. C'est précisément cette diversité infinie de profils et de parcours qu'il me semble si important de voir représentée dans notre imaginaire collectif.
Pour penser au présent et au futur un monde où chacun trouve sa place, il est essentiel que l'histoire soit écrite au masculin et au féminin. Il est donc temps de célébrer ces grandes musiciennes du passé et de faire savoir ce dont elles ont été capables !" Marina Chiche.
Amy Winehouse a laissé une marque indélébile dans le monde de la musique et de la culture pop, avec sa voix jazz et son style sixties plein d'audace. Riche d'anecdotes et d'histoires pertinentes racontées par toute une galerie de personnages proches d'Amy, de photos de décors spécialement reconstitués façon maquette pour représenter « l'univers Amy », sa garde-robe, ses objets-fétiches, de manuscrits de paroles de chansons et d'images d'archives inédites, ce livre présente un portrait intime de l'artiste qui rend hommage à son héritage créatif.
Construit de façon chronologique, il est ponctué de réflexions personnelles des amis, collègues et fans d'Amy sur sa vie et son parcours. Entre autres, Ronnie Spector, Vivienne Westwood, Bryan Adams, Little Simz et Carl Barât, ainsi que Doug, propriétaire du Hawley Arms à Camden Town, Henry Hate, son tatoueur, Dionne Bromfield, sa filleule et le DJ Bijoux. Chacun d'eux a une histoire personnelle à partager. Leurs anecdotes et leurs réflexions finissent par brosser le portrait complexe d'une star adulée mais profondément perturbée. La journaliste culturelle de Vice, Emma Garland, permet de remettre ces récits en contexte, dans une introduction qui raconte les grands moments de la vie et de la carrière d'Amy et évoque ceux qui en furent les principaux protagonistes.
Pendant les Années Folles, Suzy Solidor osait chanter haut et fort "Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir, dans les chauds trésors de ton ventre, j'inonderai sans me tarir l'abîme où j'entre." Belle audace. Selon les époques, l'homosexualité féminine fut frappée d'opprobre, niée, invisibilisée. Mais clandestine ou pas, à mots couverts ou crus, cette réalité vécue a trouvé pour se dire la voie de la chanson.
Rendant à Sappho ce qui est à Sappho, cet ouvrage illustré de dessins de Julie Feydel retrace l'histoire de 50 chansons lesbiennes - de la complicité de leurs paroliers et parolières et de leurs interprètes, aux cabarets et aux clips, de la réception par la critique à l'accueil du public... qui ne sait pas toujours ce qu'il fredonne.
Jeanne Added, Jehnny Beth, Lou Doillon, Brigitte Fontaine, Charlotte Gainsbourg, Françoise Hardy, Imany, Camélia Jordana, Elli Medeiros, Vanessa Paradis.
Où sont les femmes ? Toujours pas là ! » affirme régulièrement la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (sacd). Cette inégalité entre les hommes et les femmes dans le spectacle vivant est aujourd'hui injustifiable. À la Renaissance, on pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de compositrices. Aujourd'hui, certes, elles sont plus nombreuses, mais elles restent encore très minoritaires ; ainsi en France, elles ne représentent que 10 % des compositeurs de musique.
Après la publication en 2017 de La mémoire en acte. Quarante ans de création musicale, les Éditions MF et le Centre de documentation de la musique contemporaine ont décidé d'un deuxième ouvrage autour de la situation des compositrices en activité en France. Ce livre rassemble 53 portraits de compositrices accompagnés des points de vue de la philosophe Geneviève Fraisse et des musicologues Jacques Amblard, David Christoffel, Florence Launay... Plus d'une soixantaine de contributions inédites sont ici réunies.
Le livre sera présenté sur les chaînes de Radio France (France Culture, France Musique, France Bleu), il fera l'objet de nombreuses rencontres dans les festivals de musiques contemporaines (Présences Radio France, Musica de Strasbourg...).
PJ Harvey, Tina Turner, Kim Gordon, Nico, St. Vincent, Anna Calvi, Nina Hagen, Corine Mariennau, Beth Ditto, Patti Smith... Ce livre raconte les destins croisés de plus de 140 chanteuses et musiciennes de rock, la plupart devenues des figures mythiques.
On le considère depuis toujours comme un domaine farouchement masculin. Le mot même de rock'n'roll appelle habituellement des noms comme Elvis Presley, les Rolling Stones ou Nirvana. Et pourtant...
Finissons-en avec l'image de muse ou de groupie qui colle aux femmes artistes et qui a initié tant de rumeurs fausses - Yoko n'était rien sans John, Cobain fut le compositeur fantôme du plus célèbre album de Hole, etc. Non seulement le rock'n'roll est accessible aux femmes, mais elles y sont indispensables ! D'ailleurs, qu'est-ce que le rock ? Au-delà de la guitare, il y a l'attitude : le style, l'aura, la démarche, la performance scénique, les engagements politiques, les amitiés et les amours passionnées...
Sur un ton personnel et vivant, Sophie Rosemont revient sur les parcours de ces combattantes prêtes à tout pour leur art.
Brigitte Fontaine est sans doute l'une des plus grandes e´nigmes de l'histoire de la chanson franc¸aise. Ceux qui croient la connai^tre pour avoir aperc¸u le reflet de´formant de son image la prennent sans doute pour une extraterrestre. Que cache donc le personnage me´diatique, derrie`re le paravent de ses apparences fantasques ?
Une oeuvre unique, toujours vivante dans le mouvement perpe´tuel de la musique, de spectacles et de livres. Un parcours singulier, en dehors des sentiers battus des biense´ances, du commerce et de la mode. Une vie d'artiste re´volte´e contre l'alie´nation et toutes les formes de mort.
Cette monographie explore les multiples facettes de cette come´dienne, chanteuse, dramaturge, poe´tesse et romancie`re paradoxalement me´connue bien que ce´le`bre...
Ouverture féministe est un livre manifeste qui propose une méthode et un cadre de pensée pour aborder la question du genre et de la sexualité en musique. En croisant les esthétiques et les époques, de Monteverdi à Madonna, en passant par Beethoven, Tchaïkovski ou Laurie Anderson, Susan McClary nous montre comment la musique peut servir l'ordre du genre, c'est-à-dire la division du monde en masculin et féminin, ainsi que la hiérarchisation entre les deux termes - une réalité qui affecte la vie quotidienne des hommes et des femmes, qui façonne leur corps comme leur identité.
En mars 2015, Françoise Hardy est hospitalisée à la suite d'une longue maladie. Prise dans une spirale infernale, elle se croit définitivement condamnée, mais un miracle se produit grâce à une thérapie de la dernière chance. Une renaissance. Avec subtilité et humour, Françoise Hardy retrace ce voyage au bout de la nuit et au bout de la vie, entre cauchemars et réalité. Elle exprime son admiration pour le personnel soignant et son attachement à des valeurs à ses yeux essentielles comme la discrétion, la modestie et le pragmatisme.
L'écriture est déliée et élégante, les masques tombent.
- Au milieu des concerts et des apparitions médiatiques, l'auteur-compositeur Philippe Katerine a acheté un cahier vierge. Il l'a rempli de dessins, de collages et de textes, mêlant journal intime, souvenirs, rêves et hallucinations. Cet ouvrage unique, digne des meilleurs carnets d'artistes, explore par illuminations narcissiques et fulgurances potaches l'imagination d'un artiste hors-normes.
- Philippe Katerine est né en Vendée en 1968. Il se tourne rapidement vers la musique et s'essaie à des musiques lentes, proches de la chanson française décalée. Aujourd'hui compositeur, interprète, réalisateur et acteur, il renouvelle une ambition de dandy moderne : faire de sa vie une oeuvre d'art.
Belle et rebelle : les vies cachées d'une grande actrice "Elle avait des bagues à chaque doigt..." Mais elle a aussi joué dans plus de cent films et vingt pièces. Et puis elle chantait avec une voix qui enjôla son public, ses hommes, ses amantes... et fit d'elle une icône du cinéma français : Jeanne Moreau.
"Un seul regret, je n'ai pas connu l'amour absolu", déclarait l'éternelle séductrice, qui ajoutait : "Mais il me reste à monter la dernière marche de la vie !" Avant de s'éteindre à Paris à l'âge de 89 ans, le 31 juillet 2017.
Talentueuse, autoritaire, rebelle, souveraine, éprise de liberté, Jeanne a toujours abrité deux êtres en elle : l'artiste populaire, rigoureuse, revendiquant l'indépendance ; et la femme aux multiples identités, faites d'amours secrètes. Si le cinéma et sa vie privée se sont souvent mêlées, elle n'en révèla pourtant rien au public.
Que sait-on des hommes de sa vie ? Certes, elle a séduit des acteurs, a été l'égérie de Pierre Cardin, mais à quel point ces relations ont-elles compté ? Et qu'en est-il des femmes de sa vie, un pan sur lequel elle est toujours restée secrète ? De sa vie de famille, de mère ?
Jeanne Moreau a toujours refusé que l'amour interfère dans sa carrière. Quels obstacles, quelles souffrances a-t-elle dû surmonter pour accomplir sa destinée ? S'agit-il de ce "sentiment d'abandon" dont parlait son ami Jean-Pierre Mocky ?
Pétrie de désirs, de contradictions et de talents, Jeanne a toujours tout assumé. Ses films et ses chansons ont semé des indices pour retrouver, au-delà de la légende, sa vérité. Jocelyne Sauvard orchestre le tourbillon de sa vie à l'aide de nombreux témoignages inédits.
« La musique a-t-elle un genre? »: la question soulève encore souvent indifférence polie, sinon hilarité, voire mépris. Et pourtant! Comme la littérature et la peinture, la musique n'échappe pas aux catégorisations genrées et encore moins aux inégalités de genre qui relèguent dans l'ombre les femmes artistes.
Ce volume examine sur la longue durée ce phénomène d'invisibilisation des musiciennes à l'oeuvre tant dans l'historiographie que dans l'imaginaire social, tant dans les discours que dans les pratiques de création et les programmations.
Repérant les différentes voies de disqualification des talents féminins, les seize études réunies ici scrutent les indices de l'enfouissement des musiciennes dans les traités philosophiques et esthétiques, dans les manuels d'éducation, dans les témoignages du public, dans les récits de vie, comme dans les écrits savants et la critique musicale, y compris la plus récente.
Surgissent ainsi autant de jalons pour débusquer et mieux déconstruire les stéréotypes de genre dans les écrits sur la musique et les pratiques musicales d'hier et d'aujourd'hui.
Elle était la muse ultime de la scène rock de New York à la fin des années 70, l'égérie parfaite du mouvement new wave. De Patti Smith à Richard Hell, en passant par Lydia Lunch, ils étaient tous fous de sa musique. Pourtant, la chanteuse française Lizzy Mercier Descloux est morte seule à 47 ans, dans le plus grand dénuement, sans laisser la trace qu'elle aurait dû dans l'histoire de la musique. Comment une figure aussi culte a-t-elle pu tomber dans l'oubli ? C'est la question à laquelle Lizzy Mercier Descloux, une éclipse cherche à répondre en revenant sur l'histoire tragique de la chanteuse à l'aide des témoignages de ceux qui l'ont connue.
Marchant dans ses pas, la suivant dans ses voyages incessant en Afrique du Sud, aux Bahamas ou encore au Brésil, le livre explore comment l'auteure de « Mais où sont passées les gazelles ? » a été précurseure du courant qu'on appelle aujourd'hui la world music. Il permet de découvrir une personnalité complexe dont la carrière a été semée d'embuches, la faute à des choix artistiques avant-gardistes au sein d'une industrie musicale empreinte de sexisme.
A la veille de la Première Guerre mondiale, le milieu musical français semble entrouvrir sa porte aux compositrices interdites jusqu'alors que ce soit dans les représentations ou les concours. Si cette parenthèse enchantée paraît se refermer avec les premiers coups de canon, la période aura néanmoins permis de faire émerger des figures de créatrices telles que Mélanie Domange, née Bonis (1858-1937). Pianiste autodidacte issue de la classe moyenne parisienne, cette femme a néanmoins fréquenté, au cours des années 1880, les classes d'écriture du Conservatoire. Elle y a notamment suivi l'enseignement de César Franck. Le diminutif de son prénom et son nom de jeune fille deviennent dès cette période la signature de ses partitions éditées, laissant ainsi planer un doute durant de nombreuses années sur le genre de leur auteur. Ce livre collectif aborde Mel Bonis selon des approches et des angles très différents. Il s'agit à la fois de présenter de nouvelles sources permettant de mieux cerner son parcours, d'analyser les documents qui ont jusqu'alors servi à écrire sa biographie et de proposer un panorama très large de sa production (analysée par genres musicaux).
Au cours des dix dernières années, Marianne Faithfull a, selon ses propres mots, " fait quelques disques, enchaîné pas mal de tournées, tâché de retrouver le droit chemin, et... le reste est le sujet de ce livre ". Observatrice ironique et distanciée de son époque, elle revient sur les années marquantes de sa vie, rappelant avec une certaine nostalgie l'ère bohème de ses débuts, sans occulter les moments de doutes ni le nouvel essor pris par sa carrière musicale et cinématographique depuis les années 1990. Chemin faisant, l'on croise ses amis de la Beat Generation, les Rolling Stones et les Beatles, ou encore son père, fondateur de la Braziers Park School of Integrative Social Research, et l'ombre de son grand-père, le baron Sacher-Masoch. Cette galerie de portraits unique constitue autant un hommage à ceux qui ont compté pour elle qu'une autobiographie en creux. " J'ai toujours été attirée par les personnages brillants et excentriques, dit-elle, et, pour une raison obscure, il semble que j'ai toujours agi comme un aimant auprès de ce genre de personnes. "
Alors qu'elle n'avait que quatre ans et ne savait pas lire la musique, Idil BIRET jouait au piano Mozart ou les préludes et fugues du Clavecin bien tempéré de Bach à partir de ce qu'elle entendait à la radio. Le sept juillet 1948, le Parlement turc votait la « loi Idil » : après avoir écouté l'enfant prodige jouer, le président de la République, Ismet Inonü, décidait que désormais, les enfants turcs particulièrement doués avaient le droit d'aller étudier à l'étranger. Idil avait sept ans. Wilhelm Kempff, Cortot et Nadia Boulanger seraient ses futurs maîtres. Etrange destin que celui de cette femme enviée, admirée mais aussi parfois violemment critiquée et pourtant si peu connue. Aujourd'hui, quelque deux millions de disques - plus que Glenn Gould - ont été diffusés dans le monde entier. Une culture et une curiosité sans limites, une mémoire inimaginable et sans faille, des concerts qui laissent des traces inoubliables. Chez Idil BIRET, chamanisme, christianisme, islamisme et soufisme coexistent dans son métissage culturel. Littérature et art occidental nourrissent en permanence sa pensée et son jeu. BIRET joue tout, absolument tout. Sa mémoire est un vaste grenier où se sont accumulés au fil des ans non seulement les compositeurs mais le jeu de leurs différents interprètes. À onze ans, à Paris au Théâtre des Champs-Élysées, elle jouait avec Wilhelm Kempff devant deux mille quatre cents personnes le Concerto pour deux piano de Mozart. Entre 1960 et 1980 se succèdent des centaines de concerts aux USA, en Australie, en Russie, en Europe, en Turquie. Son répertoire, qu'elle connaît par coeur, inclut bien sûr la musique contemporaine, plus de cent concertos, les transcriptions de Franz Liszt et des neuf symphonies de Beethoven mais aussi l'intégrale des oeuvres pour piano de Chopin, de Brahms et de Rachmaninov. À New York,elle enregistre une série d'oeuvre de compositeurs du vingtième siècle : Berg, Bartok, Boulez, Prokofiev, Stravinsky et Webern. Elle termine aussi un coffret rassemblant les 32 sonates et les 5 concertos de Beethoven ainsi que les transcriptions des 9 symphonies. D'autre part, Idil BIRET a joué sous la direction des chefs les plus prestigieux du vingtième siècle, notamment Pierre Monteux, Hermann Scherschen, Wiilhelm Furtwängler, Hans Knappertsbuch. La rédaction du présent ouvrage commença en automne 2002. Hormis les différents témoignages qu'il comporte, l'auteur, Dominique Xardel, posait des questions auxquelles Idil BIRET répondait spontanément. Rien n'est plus contraire à son tempérament que les hésitations, les ambiguïtés ou les malentendus. Aussi le lecteur est-il sans cesse tenu en haleine par la précision et la richesse des réponses. La musique sous toutes ses formes reste la respiration permanente d'Idil BIRET, sa nourriture principale. Persuadée de l'inutilité de tout effort autre que le dépassement de soi, elle poursuit et poursuivra encore longtemps, en véritable aventurière de la musique, sa propre quête.
Guilhermine Suggia (1885-1950) est entrée dans l'histoire à un double titre. Compagne de Pablo Casals dont elle partagera la vie pendant sept ans, de leur rencontre à Paris en 1906 à leur séparation en 1913. Pionnière du violoncelle féminin car elle imposa sur scène cet instrument que seuls les hommes pratiquaient avant elle.
Son existence est épique. Sur scène à 5 ans, violoncelle solo de l'Orpheon Portuense à 15 ans, soliste au Gewandhaus de Leipzig à 18 ans, elle partage de 21 à 28 ans la vie mouvementée de Pablo Casals. Ils tournent ensemble en Europe et en Russie, créent le double concerto de leur ami Emanuel Moor, se produisent sous les baguettes et avec les orchestres les plus prestigieux de leur temps.
À leur rupture en 1913, Suggia triomphe en Angleterre avec l'appui de personnalités dont elle gagne l'aection et parfois un peu plus : le magnat de la presse Edward Hudson, l'écrivain Lytton Strachey, la compositrice Ethel Smyth, le chef et compositeur Donald Tovey, le pianiste Gerald Moore, le peintre des stars Augustus John.
Sa vie illustre le combat des femmes pour l'égalité sur le front romanesque de la musique.
Elle ore un l conducteur idéal pour suivre les révolutions de la pratique musicale (de la lutherie, de l'enregistrement, de l'enseignement, des concours, du répertoire.) au cours du siècle qui nous sépare de ses premiers succès. Elle permet de revenir sur la vie intime de Casals, esquissée dans la biographie que lui a consacrée l'auteur en 2013.