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Littérature argumentative
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« Je me revois dans les rues de Châteauroux, à quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans... En train d'aller à l'école. Je passais par une petite ruelle pavée, qui longeait le musée. Je me revois avancer entre les murs, en chantonnant les dernières chansons de Sheila, et en contemplant à mes pieds du haut de ma taille les chaussures vernies noires que ma mère venait de m'acheter. Je ne savais rien de ce qu'allait être ma vie. L'avenir ne m'inquiétait absolument pas. Au contraire. »
La « Nuit au musée » de Christine Angot à la Bourse de Commerce. Ou : L'art, dans une vie. -
De quelle obscure impulsion ce texte, qui m'a hantée pendant de longs mois, s'est-il nourri ? Tout ce que je sais, c'est que j'ai été emportée, engloutie par le siècle d'histoire qui a traversé cette prison de Lyon, la prison de Montluc. Jean Moulin, Raymond Samuel, dit Aubrac, René Leynaud, André Devigny, les enfants d'Izieu y ont tous été emprisonnés. Puis de nombreux condamnés à mort algériens. Klaus Barbie, lui, y est incarcéré avant son procès en 1983. Ce n'est qu'en 2009 que l'aile des femmes, la dernière en activité, est définitivement fermée, en même temps que la prison.
Toute la complexité de l'histoire semble s'être concentrée en un seul point, mais ses tentacules s'étendent bien plus loin. J'ai essayé de les suivre, de les démêler. De les pénétrer au cours d'une nuit blanche où je pensais aller à la rencontre des esprits de tant de résistants, et où j'ai fini par me rendre compte que le fantôme, en ces lieux, c'était moi. -
Ceci tuera cela ; image, regard et capital
Annie Le Brun, Juri Armanda
- Stock
- Les Essais Stock
- 3 Mars 2021
- 9782234088115
On ne compte plus les critiques de l'ère numérique. Mais elles ont en commun de ne pas voir la nouveauté d'un monde où, pour la première fois, le capital et la technologie se confondent absolument, obéissant à la même croissance exponentielle, avec la même visée de tout réduire à un objet de calcul.
Ainsi le regard humain est-il devenu pour le capital la matière première la plus recherchée. Surtout depuis que la production et la reproduction des images sont redéfinies par la révolution que représente l'instantanéité de leur distribution. Aussitôt produite, toute image peut être immédiatement diffusée par n'importe quel possesseur de smartphone - autrement dit, tout le monde.
En une dizaine d'années, la distribution s'est imposée au coeur d'une nouvelle économie du regard, où il n'est aucune image qui ne soit en même temps objet de profit et moyen de contrôle.
Il en résulte une complète reconfiguration de notre perception. N'existe plus que ce qui est rendu visible par la technologie. Rien n'échappe à cette dictature de la visibilité, qui nous empêche de voir à quelle modélisation nos vies sont continuellement soumises, en fonction d'algorithmes envahissant tous les domaines, scientifique, politique, esthétique, éthique, érotique... Persuadés d'être de plus en plus libres, nous nous sommes bâti la plus inquiétante prison d'images.
Comme d'autres ont autrefois réussi à sortir du labyrinthe qui les retenait en en reconstituant les plans, notre seule chance est d'essayer de comprendre quelle sombre histoire se trame entre image, regard et capital. En dépend le peu de liberté qui nous reste.
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« Il y a un peu moins d'un an, ma vie a changé. J'ai écrit et coréalisé un documentaire qui traitait du sexisme systémique et du harcèlement sexuel dans les rédactions sportives en France. Pour moi, pour les rédactions, pour les intervenantes et pour certains hommes, la sortie du film a été une déflagration. Des enquêtes internes ont été dirigées dans les grandes rédactions sportives, des hommes ont été ciblés, certains ont été licenciés, entendus dans des enquêtes judiciaires. On m'a proposé il y a quelques mois de poursuivre ma réflexion sur le sujet et d'en faire un essai. Non, je ne suis pas légitime pour écrire sur la place des femmes à la télévision, je ne suis pas assez engagée, je ne suis pas la bonne personne.Pour l'heure, je me concentre sur des plans concrets. Aujourd'hui, j'ai un rendez-important. Mon interlocuteur me parle de lui, de sa longue carrière, jusqu'à sa nomination à la tête d'une rédaction. Et puis il évoque mon parcours, ce que nous pourrions faire ensemble. Il me dit être fan de football et me suivre depuis des années. Quand soudain, cette phrase. "Et puis, j'ai vu ton documentaire alors je me suis dit, c'est formidable, cette fille a aussi un cerveau."Cette phrase. Elle est comme une gifle. Devant mon air ébahi, il tente une blague et passe vite à autre chose. C'est trop tard. C'est cette phrase qui me convainc instantanément d'écrire ce livre. Le travail est loin d'être fini. En fait, il ne fait que commencer. »M. P.
Un essai percutant qui raconte de l'intérieur les violences sexistes organisées qui persiste à l'égard des femmes journalistes. Marie Portolano, figure bien connue du petit écran, y raconte la difficulté de se construire professionnellement dans un milieu qui, sous couvert de laisser leur chance aux femmes, les essentialise et les enferme dans une place unique : celle de la femme parfaite, de la journaliste quasi muette, bref, de la femme du plateau. Un plaidoyer engagé qui refuse toute concession et analyse les raisons de ces pratiques et propose réflexions et outils pour sortir de ce statut quo. -
« Un «tableau mort» - en termes de vente aux enchères - qualifie les oeuvres qui ne peuvent être authentifiées pour quelque raison étrangère à l'oeuvre même. Mais parfois ces dénommés «tableaux morts» suggèrent plus de vie que bien d'autres toiles authentifiées par convenance. ».
Quand elle visite, dans le cadre de la collection « Ma nuit au musée », les salles du musée Thyssen-Bornemisza, à Madrid, en mars 2019, Zoé Valdés cherche des toiles qui n'y sont pas, ou n'y sont que dans son souvenir. Sachant que l'art l'a sauvée « de la constante incurie sociale et politique » qui régnait à Cuba, Zoé va faire une étrange plongée dans un monde mi-chimérique mi-réelle qui nous entraîne à la poursuite de deux muses, et deux peintres célèbres, Balthus et Bonnard.
Comment les aborder, ces deux maîtres de la pose suggestive, érotique, infantile, faussement innocente, que par le roman-résurrection du passé ?
Le livre se divise alors en deux parties : la première met en scène, sous l'apparence joueuse de l'imaginaire, une jeune modèle qui pose pour Balthus, jouant au chat et à la souris avec le maître du « Passage du commerce Saint-André ». Qui regarde qui ? Qui désire qui ? L'art produit-il du rêve, à mi-conscience, ou au contraire du réel brûlant ?
La deuxième partie nous montre une autre muse, Renée de Monchaty, amante idéalisée par Pierre Bonnard dans « Femme à sa toilette », et qui se suicida par amour déçu, en 1925. Les muses sont des jeunes filles, des adolescentes parfois, des innocentes sacrifiées sur l'autel du désir des peintres. Aujourd'hui, elles feraient des procès. A l'époque, elles n'avaient le choix que de poser pour de l'argent, ou pire, par dévotion.
Dans ce récit somnambulique et sensuel, teinté du réalisme magique de l'Amérique latine, le vrai et le faux s'entrelacent comme des fleurs vénéneuses.
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Entre Hannah Arendt, juive allemande émigrée aux États-Unis et auteur d'une des oeuvres de philosophie politique les plus importantes du XXe siècle, et Mary McCarthy, américaine, romancière à scandale, adversaire forcenée du maccarthysme et femme aux multiples hommes, quoi de commun ? Une amitié au long cours, que traduisent ces lettres où il est question de tout : de Kennedy, du Vietnam, de De Gaulle et de Mai 68, mais aussi de la France, de Camus, de Jean Daniel et du Nouvel Observateur, des églises gothiques et de Günter Grass, etc. La philosophie n'en est pas absente, et l'on trouvera par exemple d'intéressantes précisions sur la parution du livre controversé d'Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem.
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En 1939, l'éditrice argentine Victoria Ocampo, directrice de la revue SUR - la NRF argentine ù, rencontre à Paris Roger Caillois, jeune agrégé de grammaire, cofondateur, avec Georges Bataille et Michel Leiris, du Collège de sociologie. Elle a quarante-huit ans, lui pas tout à fait vingt-six. Cette femme flamboyante, très belle, riche, indépendante, va devenir son Pygmalion.Roger Caillois suit Victoria Ocampo en Argentine, où il doit donner une série de conférences. Mais la Seconde Guerre mondiale survient et Caillois, qui s'est engagé aux côtés de la France libre, est bloqué en Amérique du Sud. Grâce à Victoria Ocampo, il fonde une revue, Les Lettres françaises, et découvre la littérature hispano-américaine dont il sera, de retour en France, l'incomparable passeur.Cette Correspondance (1939-1978), véritable document historique où la création sud-américaine apparaît à son zénith, est aussi un beau roman, sensuel, passionné et tragique, l'émouvante et fantastique déclaration d'amour que se firent pendant quarante ans deux êtres d'exception.
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Précaires de la presse ou de l'édition, enseignants ou chercheurs jetables, architectes sous-payés ou stagiaires au musée, depuis 2001, avec la sortie du livre d'Anne et Marine Rambach, ils portent un nom : les Intellos précaires. On découvrait cette population au destin paradoxal : diplômée et compétente, studieuse et créative, elle vit, pas toujours mal, dans des conditions de grande précarité : avenir incertain, revenus fluctuants, déni de droits. Malgré une couverture sociale minimale ou inexistante, les Intellos précaires continuent à exercer ces métiers qu'ils ont choisis par passion. On annonçait alors leur disparition : les baby-boomers partant à la retraite, les OS de l'intellect n'allaient pas tarder à prendre leur place et, enfin, s'embourgeoiser.
Mais non. Les plans de titularisation de la fonction publique ont fait long feu, les postes abandonnés par les jeunes retraités sont supprimés, et puis, surtout, les entreprises et les institutions ont pris goût à cette main-d'oeuvre si flexible et si économique. La précarité a le vent en poupe.
Disons-le : l'intello précaire est le modèle secret du patronat. Il n'est pas précaire, il est indépendant. Il n'est pas soumis, il est professionnel. Il n'est pas sous-payé, il est compétitif. Même quand il est de gauche, il est ultra-libéral.
Reste une question : mal défendus par les syndicats et rêve inavoué du patronat, jusqu'où iront les Intellos précaires dans la soumission et la paupérisation ?
Réforme de la recherche, réforme des universités, réforme de l'audiovisuel, réforme de la presse écrite, les Intellos précaires sont au coeur de l'actualité. Le savent-ils ? Qu'en pensent-ils ? Vont-ils se faire entendre un jour ? -
« Vingt ans après la mort de Violette Leduc (1907-1972), j'écrivais, pour la collection que dirigeaient J-M-G. Le Clézio et sa femme Jemia, et qu'animait Philippe Rey, un hommage à cet écrivain dont la découverte a été déterminante pour moi. Le principe de cette collection éphémère était de proposer un texte qui soit à la fois un portrait et une confidence intime. Il ne s'agit donc pas d'une biographie, mais du récit très personnel de mon rapport avec l'oeuvre de Violette Leduc. J'y raconte l'influence qu'elle exerça sur ma vie personnelle et ma vie de lecteur et d'écrivain. J'y analyse ses livres, en les comparant à d'autres oeuvres qui ont également compté pour moi (Marguerite Duras, Jean Genet, Tony Duvert, Julien Green, Pasolini entre autres).
Lorsque Martin Provost préparait son film Séraphine, je fis sa rencontre et lui appris que Violette Leduc était une grande admiratrice de cette artiste autodidacte et mystique. Martin se mit à lire Violette Leduc et, complètement conquis par son talent et sa personnalité, il décida de lui consacrer un film, en me demandant mon aide pour l'écriture du scénario, avec son ami Marc Abdelnour.
Ce film que j'ai co-écrit évoque donc la vie de Violette entre 1942 et 1958, c'est-à-dire entre le moment où elle écrit son premier livre et celui où elle commence la rédaction de La Bâtarde et va donc connaître le succès. » R. de C.
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Jardins de papier ou rêves de jardins ? Déjà exploratrice des légumes oubliés, Évelyne Bloch-Dano passe ici du potager au jardin dans la vie ou l'oeuvre de grands prosateurs. Après une promenade historique du paradis de la Bible aux parcs à l'anglaise, elle montre comment, dans les romans, le jardin est le reflet de l'âme, le travail qui rend meilleur, le repos mérité, la nostalgie de l'enfance, le rêve d'un monde idéal. De Rousseau à Proust, de Duras à Sand, de Colette à Modiano, il apparaît à la fois comme une représentation du réel et un miroir de l'imaginaire. Il y a aussi une part d'autobiographie joyeuse dans ce vagabondage cultivé : tout lecteur saura parcourir, déchiffrer, aimer, ce tableau naturel.