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L'observatoire
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«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas «être à sa place». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
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Écrire sa vie : Comment être libre quand les déterminismes façonnent notre histoire ?
Marianne Chaillan
- L'observatoire
- 18 Septembre 2024
- 9791032931929
Nous chérissons nos vieilles photos de classe. Quand nous les regardons, nous nous demandons avec nostalgie ce que sont devenus nos camarades perdus de vue depuis des années. Quelle est leur vie, quel chemin ont-ils emprunté ? Est-ce que tout était joué d'avance ou ont-ils pu choisir leur existence ? Les ouvrages de développement personnel répondent sans appel : nous pouvons et même devons devenir les auteurs de notre vie. Pour Marianne Chaillan, cet impératif de liberté est une imposture nous condamnant, paradoxalement, à la plus grande servitude. Car trouver un véritable chemin de libération pour écrire sa vie n'est pas chose aisée. L'endroit et l'époque où l'on naît, notre famille et son histoire, tous ces faisceaux de déterminismes ne dessinent-ils pas, pour nous et par avance, les lignes de notre existence ? Convoquant la philosophie, la pop culture et la littérature, l'autrice nous invite à une quête passionnante : la recherche de notre liberté, par-delà le destin et la volonté.
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« Mollesse du coeur », « mollesse des moeurs », « mollesse de tous » : la mollesse est, sous la plume de Tocqueville, l'un des traits saillants de l'individu démocratique. Inquiet de perdre ses biens, plein de sensiblerie, préférant la paix à la guerre, il a perdu tout l'éclat de l'aristocratie, de son courage, de son goût pour les émotions violentes et brillantes... et pour l'honneur. Paradoxalement, l'individu démocratique a beau être individualiste, il a perdu de son individualité, de sa singularité. Informe, noyé dans la masse difforme, soumis à une majorité sans tête, il est l'antihéros par excellence, qu'Alexis de Tocqueville nous met en garde d'incarner. Mais qu'y a-t-il de si effrayant dans la mollesse ? Pourquoi semble-t-elle plus périlleuse qu'un coup dur ? Est-elle forcément le synonyme de l'inaccomplissement ? La mollesse tant dévoyée, qu'on retrouve tout autant dans le laxisme, dans le coup de mou ou dans le dégoût du visqueux, qui se déverse tout autant dans les champs politiques, moraux ou esthétiques, n'a-t-elle pas une forme de positivité ? De la mozzarella au laxisme, de l'impuissance au jogging, du coup de mou au pouvoir de l'informe, la philosophe Géraldine Mosna-Savoye cherche dans cet essai à redonner sens et valeur au mou.
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La petite fabrique de l'inhumain
Marilyn Maeso
- L'observatoire
- La Releve
- 13 Octobre 2021
- 9791032906002
« Inhumain » n'est pas un mot que l'on prononce à la légère. Dans l'imaginaire collectif, il convoque les images sidérantes de l'horreur d'une guerre, la cruauté de la torture ou encore la haine pure d'un attentat terroriste. L'inhumain est toujours associé à des phénomènes suffisamment anormaux pour revêtir à nos yeux l'apparence d'un scandale absolu.
Mais est-il à ce point une exception ? À la fin de La Peste, Camus nous mettait en garde contre le fléau éponyme qui « ne meurt ni ne disparaît jamais ». En proposant une autre lecture de ce roman et une galerie de portraits des petits pestiférés de notre époque ? l'identitaire, le claniste, le victimaire, le censeur... ?, Marylin Maeso fissure la confortable ignorance volontaire qui nous immunise contre la prise de conscience douloureuse de notre propre inhumanité.
Pour elle, l'inhumain est ce poison que nous distillons quotidiennement sans le moindre soupçon, jusque dans nos discours et nos modes de pensée. Et la vraie maladie, notre incapacité à percevoir l'inhumain en-deçà de ses manifestations spectaculaires.