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Des femmes
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« Les faits de l'histoire, qui loin d'occulter la vie la laissent transparaître, finissent par révéler leur sens très tard, c'est-à-dire quand on n'y peut plus rien, même en rêve. » C'est sans doute pour cette raison que Maria Zambrano choisit, en 1987, de réunir ces textes de différentes époques de sa vie, et de leur donner pour titre Sentiers, chemins philosophiques, historiques ou poétiques, qui tous représentent un moment de son action et un aspect de sa foi - foi en la puissance de l'esprit humain et de la culture sur les forces de mort et de violence, foi lumineuse qui a pour représentants privilégiés les deux figures de saint Jean de la Croix et d'Antigone. Le fascisme révéla à Maria Zambrano que le monde n'est pas « docile », qu'il est composé non « de choses » mais « d'événements ». Et que la tâche du penseur est d'en chercher la raison.
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« Si la femme a été exclue de la philosophie par l'indécidable neutralité du sujet qui s'y faisait entendre, par la constante pensée de la différence sur le mode de l'opposition et de la symétrie qui la voue à l'effacement, par la production de définitions à recevoir, il faut lire qui ne se réclame pas de cela. La considération inactuelle - c'est-à-dire autre qu'actuelle - de Levinas se propose. Le sujet philosophique de ces textes est revendiqué en effet comme rebelle à toute neutralité et il s'essaie à une pensée de la différence, non sur le mode de la logique formelle ou dialectique, mais sur celui d'une ineffaçable asymétrie. Levinas parle d'une surenchère qui toujours déjà excède l'ordre logique et l'être qu'il arrive à épouser. Cette démesure, celle de l'Autre, convoque à la déconstruction du propre et à la libération d'un espace de transcendance qu'il nomme "métaphysique". C'est là qu'il conviendra d'entendre "les figures du féminin". » C.C.
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« Bien des savoirs ont disparu, réabsorbés dans l'ignorance du fait qu'ils étaient fragmentaires, et leur unité purement cumulative parce qu'ils n'étaient pas systématiques. Des sagesses entières ont pu se perdre et se sont perdues en effet ; leurs restes sont véhiculés depuis lors sous forme de superstitions, de vagues souvenirs ou d'assertions hermétiques, à la manière d'une écriture musicale dont on aurait perdu la clé. » M.Z.
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« Il devient clair aujourd'hui, avec le recul historique nécessaire, qu'il n'est guère d'aspect de la vie contemporaine, personnelle ou publique, qui n'ait été marqué par les idées, les projets, les innovations qui ont fait irruption à la fin des années soixante, en des temps de surchauffe philosophique et politique dont Mai 68 a été le moment volcanique. [...] Les essais rassemblés dans ce volume sont indissociables de ce grand mouvement qui a secoué les sociétés occidentales il y a maintenant quarante ans, et qui a transformé en profondeur les mentalités et les moeurs. Ces textes marquent les points forts d'un parcours philosophique qui s'est ancré, au départ, dans cette conjoncture historique et théorique privilégiée et qui s'est poursuivi, depuis, sur plusieurs décennies. » J.-J. G.
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Mélanippe la philosophe ; trilogie
Séverine Auffret
- Des femmes
- La Philosophe
- 1 Mai 2004
- 9782721003669
« À l'époque où la jeune philosophie grecque bouillonne encore dans la formation de son langage, de ses schémas directeurs et de ses institutions, La Philosophe a été prononçable, pensable, dans une tragédie. Mélanippe la philosophe est en effet le titre d'une oeuvre fort ancienne du dramaturge Euripide, dont il ne subsiste à ce jour qu'un mince fragment. [...] Cette trilogie restitue autant que possible le vestige du texte, en donnant une traduction du fragment d'Euripide accompagné de ses gloses et des élaborations du mythe. Elle dégage ce que l'oeuvre interroge, quant aux origines, à l'histoire de la philosophie, au moyen d'une analyse des mots, des noms propres, mais aussi des structures du mythe et de la fiction dramatique. Elle réimagine, enfin, l'image, sans chercher à imiter l'original perdu, en essayant de faire résonner son intuitif poétique, dans un temps prolongé qui est à la fois celui des origines et celui de l'actuelle modernité.» S.A.
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« On a vu combien, à se vouloir maîtresse unique de la totalité du Monde ou à s'imaginer, concubine altière, édicter la loi et la fin de l'Histoire, la Raison s'affole et s'égare. Il faut, c'est une nécessité vitale, qu'elle retrouve ses esprits, son esprit, et il suffit pour cela qu'elle se considère elle-même, que, vraiment, elle se raisonne. Alors naît cette Raison Ironique qu'ici nous invoquons, pour nous être la compagne à nulle autre pareille dans la résistance aux frénétiques emportements et aux abêtissements mous dont ces temps nous accablent. Raisonnante Ironie, son lumineux regard est requis pour ces quelques textes, hier éparpillés, aujourd'hui assemblés sous sa gouverne. Elle, ou d'elle l'ardent désir, soutient ces essais d'"anthropologie allégée" qui célèbrent le "n'être", la nuit, Babel, la vieillesse, l'ivresse sexuelle. Violence politique et abîme du Sphinx les cernent d'un trait noir - que repousse la noire candeur d'une "nouvelle anarchie". » R.D.
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L'impérialisme du phallus
Collectif
- Des femmes
- Penser Avec Antoinette Fouque
- 1 Avril 2016
- 9782721006530
"Penser avec Antoinette Fouque" : Cette nouvelle collection s'inscrit dans le mouvement de pensée qu'a initié Antoinette Fouque en donnant en 1968 au Mouvement de Libération des Femmes la pratique de recherche Psychanalyse et Politique. Chaque volume individuel ou collectif s'organisera autour de l'un des concepts originaux qu'elle a élaborés pour « lever le refoulement sur le savoir forclos des femmes ». « L'impérialisme du phallus » est le premier d'entre eux.
« Je nommais alors libido 2 ces couches de la préhistoire et de l'après-histoire, ces territoires situés en-deçà et au-delà de l'Empire phallique, un Empire incontournable, fondateur de notre Histoire, mais désormais en décadence, irrésistiblement en marche vers sa chute, sa fin. » A.F.
Ce livre est issu d'une table ronde qui s'est déroulée en octobre 2015 aux Rendez-vous de l'Histoire de Blois autour du thème : « Les Empires ». Lors de cette rencontre, Jean-Joseph Goux, philosophe, professeur émérite à l'université de Rice (États-Unis), Laurence Zordan, philosophe, écrivaine, Roger Dadoun, psychanalyste, philosophe, et le Collectif Psychanalyse et politique ont développé ce qu'évoque pour eux cet impérialisme particulier, le plus étendu et le plus durable qui ait jamais existé dans l'Histoire et sur lequel s'étayent tous les autres. Des textes d'Antoinette Fouque viennent compléter ces interventions.
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Accueillir l'autre : l'hospitalité charnelle
Taslima Nasreen, Elise Boghossian, Inna Shevchenko, François Guery, Mireille Calle-Grubier, Collectif
- Des femmes
- Penser Avec Antoinette Fouque
- 23 Mars 2017
- 9782721006707
« Je dis depuis longtemps que la gestation est le paradigme de l'éthique parce qu'elle est accueil, dans le corps d'une femme, d'un corps étranger. C'est l'hospitalité charnelle. C'est dire oui à l'autre qui vient. » A.F.
Les femmes ne seraient-elles pas toutes des exilées dans un monde où elles représentent la figure de l'Autre, rejetée, exclue, rendue invisible ? Et pourtant cette Autre est celle du premier accueil, de « l'hospitalité charnelle », selon un concept d'Antoinette Fouque. Ce livre est le fruit d'une table-ronde organisée par les éditions des femmes lors de l'édition 2016 des Rendez-vous de l'Histoire de Blois qui ont eu pour thème, « Partir ».
Avec Taslima Nasreen, écrivaine ; Élise Boghossian, présidente d'Elisecare ; Inna Schevchenko, présidente du mouvement international Femen ; François Guery, philosophe ; Mireille Calle-Gruber, universitaire, écrivaine ; Collectif Psychanalyse et politique.
Et des textes d'Antoinette Fouque sur L'hospitalité charnelle.