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CNRS
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Un va-et-vient constant entre les pensées d'hier et les enjeux d'aujourd'hui.
À distance de l'idée de backlash automatique, une réflexion sur la profondeur historique du processus de libération des femmes.
L'Ancien Régime prend fin en 1789 avec la proclamation de l'égalité des citoyens, la chose est entendue. Mais il n'existe pas, pour les femmes, un moment historique précis, un point décisif qui marquerait la fin de leur oppression, la fin du patriarcat. Pour autant, avant et après la Révolution, puis dans les premières décennies du XIXe siècle, les principes démocratiques ne sont pas sans effets sur la pensée de leur émancipation.
Trente-cinq ans après Muse de la raison, qui mettait en lumière les incertitudes d'une " démocratie exclusive " des femmes, Geneviève Fraisse scrute ici les intuitions et les conséquences de ces principes chez celles et ceux qu'on peut qualifier de logiciennes et logiciens de l'égalité : Choderlos de Laclos, Olympe de Gouges, Fanny Raoul, Stendhal, Germaine de Staël ou Charles Fourier. De manière à chaque fois pertinente, chacun déploie les transformations possibles des relations entre les sexes.
À distance de l'idée de backlash mécanique, ils et elles viennent nous dire, deux siècles plus tard, à quel point la marche vers l'égalité est puissante, avec son histoire autant que sa raison. -
Le féminisme, ça pense !
Geneviève Fraisse
- CNRS
- Les Grandes Voix De La Recherche
- 11 Mai 2023
- 9782271147196
D'où tu parles ? : l'interjection bien connue des amphis de 1968 se trouve ici prise au sérieux, comme une invitation à dire non un état ou une situation, et moins encore un bilan, mais une trajectoire, une dynamique. Forte d'une oeuvre philosophique qui déploie les enjeux de la pensée féministe, Geneviève Fraisse relie ses différents points d'articulation - la redécouverte des révolutionnaires de 1848, les rapports femmes/raison, l'historicité des sexes, les notions de genre , de consentement ou d' habeas corpus - et ses résonances biographiques ou implications pratiques, avec le MLF d'abord et jusqu'au Parlement européen. Elle met ainsi en relief une conception de la recherche visant, loin des solutions toutes faites, à augmenter le problème .
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Côté femmes : une autre histoire de la philosophie en France.
Une période clé de l'organisation et de l'activité philosophiques envisagée depuis ses contradictions et ses marges.
" Femme, être incomplet et condamné à une éternelle enfance, tu prétends t'élever à la philosophie ! Quel aveuglement est le tien ? " Les mots de Victor Cousin donnent le ton et annoncent la politique d'exclusion menée sous la IIIe République. Qu'est-ce donc qu'être philosophe en France entre 1880 et 1949 ? C'est d'abord et avant tout porter une barbe : être un homme. Cette situation n'est pas sans susciter des rébellions, des transgressions, parfois des travestissements.
Mêlant combats individuels et collectifs, cette enquête novatrice révèle un pan de l'histoire des femmes aux XIXe et XXe siècles et fait ressortir une galerie de femmes philosophes qui s'affirment en dépit des obstacles : de Jenny d'Héricourt et Julie Favre jusqu'à Dina Dreyfus et Simone de Beauvoir, en passant par Jeanne Crouzet, Julie Hasdeu, Clémence Royer, Jeanne Baudry, Léontine Zanta, Alice Steriad, Lucy Prenant, Hélène Metzger, Renée Déjean, Yvonne Picard, Simone Weil ou Marguerite Buffard Flavien. -
La notion de « formes de vie » a émergé il y a une dizaine d'années et circule dans des domaines variés, de la biologie à la philosophie en passant par la sociologie, la science politique et l'anthropologie.
Mais qu'entendre par « formes de vie » ? Un ensemble de pratiques, d'usages de nature variée, qui donnent à la vie commune des caractères propres, pour ainsi dire diffus, explicitement ou implicitement présents dans les croyances, la langue, les institutions, les modes d'action, les valeurs. Une forme de vie est toujours, en ce sens, particulière, c'est pourquoi il existe des formes de vie, plus qu'une forme de vie.
De l'étude de ses divers sens chez des auteurs aussi différents qu'Adorno et Wittgenstein à sa portée critique et politique et à ses incidences éthiques, cet ouvrage déploie toutes les dimensions de cette nouvelle approche. En particulier, la porosité entre les sphères privée, sociale, économique et politique, et la nouvelle articulation du social et du biologique.
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Elizabeth Anscombe (1919-2001) est l'une des grandes philosophes britanniques du xxe siècle. Influencée par Aristote et la scolastique médiévale, mais surtout par son maître Ludwig Wittgenstein, elle a renouvelé les débats en philosophie de l'action et en philosophie morale.
L'action est un sujet de perplexité pour le philosophe car, irréductible à un mouvement sans agent, elle engage une volonté, des intentions et des valeurs morales. Elle se situe donc entre philosophie de l'esprit et philosophie morale : préciser le rôle de la volonté et des intentions dans l'action nous éclaire sur les degrés de responsabilité - en particulier morale - de l'agent.
Dès lors, comprendre comment s'intriquent la spontanéité de l'action et sa dimension téléologique devient un enjeu majeur de la philosophie.
L'esprit en pratique explique pourquoi la philosophie de l'esprit selon Anscombe doit opérer un détour par la philosophie de l'action et décrire le « mental » dans ce qu'il a de visible. Mais aussi pourquoi toute considération sur l'éthique impose de s'appuyer sur une vision claire des motifs de l'action et du type d'agent qui en est le moteur.
En s'inscrivant pleinement dans les débats actuels sur la subjectivité, l'intentionalité, la responsabilité, la philosophie d'Anscombe renouvelle en profondeur la notion d'intention.
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Le corps se réinvente par la couleur. Éphémère ou permanente, individuelle ou communautaire, la mise en couleur du corps s'inscrit dans des systèmes de représentations complexes. Capables d'aliéner la vision des formes et des volumes, la couleur et ses régimes symboliques se déclinent à l'infini.
Simple camouflage, effet de mode, affirmation individuelle, marquage identitaire, signal social, expression artistique, art sacré, figuration de l'invisible ? La réinvention du corps humain par les couleurs est une pratique universelle et un mode d'action engagé en fonction de correspondances établies entre l'Homme et la société, la nature ou l'univers. Le monde s'organise en couleurs dotées de sens qui participent à la construction des identités, des statuts, des émotions, des perceptions. Les couleurs sont alors signe et production de l'Homme.
Croisant les regards du chimiste, de l'historien, du physicien, du philosophe, du linguiste ou de l'anthropologue, cet ouvrage explore les formes, les significations, les valeurs, les fonctions multiples des modifications chromatiques du corps et de leurs variations dans le temps et dans l'espace.
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Fin de la philosophie politique ? ; Hannah Arendt contre Léo Strauss
Carole Widmaier
- CNRS
- 22 Mars 2012
- 9782271073891
Que valent les formes de pensée traditionnelles face à l'apparition des régimes totalitaires ? La démocratie a-t-elle présenté des lacunes favorisant l'émergence en son sein de tels régimes ? Que devient l'idéal de progrès, de bonheur et de liberté des citoyens ?
Leo Strauss et Hannah Arendt ont tous deux affronté ce dilemme et posé la question de la portée de la philosophie politique. C'est leur démarche, strictement parallèle mais radicalement opposée, que Carole Widmaier confronte dans une étude stimulante : du constat de la crise à leur parcours dans l'histoire de la pensée et à leur rapport respectif à la tradition et à la modernité.
Tandis que Strauss invite à réhabiliter l'idée classique d'une nature humaine, Arendt montre la nécessité d'abandonner cette idée pour approcher l'existence humaine et ses différentes modalités. D'une part la défense d'un mode de vie philosophique retiré, la recherche de la vérité, de l'autre le " souci du monde " et l'attention à l'événement.
Une réflexion salutaire pour affronter les maux de la modernité et s'ouvrir au changement politique.