Albin Michel
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Doomscrolling, trends, echo chambers, hyperconnectivité... Notre vie est de plus en plus saturée par les réseaux sociaux. Cette nouvelle forme d'addiction révèle le profond malaise existentiel de notre société moderne : passer son temps à le perdre ; vivre sa vie par procuration ; ne chercher dans l'échange que la confirmation de ses propres préjugés...
Aux prises, comme nous tous, avec cet inconscient repli sur soi, Myriam Ackermann-Sommer, docteure en littérature et première femme rabbin orthodoxe de France, nous propose un détour salutaire par la sagesse talmudique. Comment ces textes anciens, souvent abscons, peuvent-ils nous aider à redonner du sens à la modernité ?
En cinq chapitres stimulants, qui font également appel à son expérience de femme moderne, elle nous guide à la rencontre de valeurs universelles. Car ce qui est en jeu n'est pas seulement notre rapport à la technologie : c'est, plus profondément, la liberté qui nous permet de vivre pleinement notre existence. -
Une angoisse nous hante : être en retard. Nous vivons notre vie quotidienne, notre travail, l'éducation de nos enfants, et même nos vacances dans une telle crainte du retard que nous finissons par être en avance sur tout, par tout anticiper, et par fabriquer tant de précocité que le sentiment de vivre nous abandonne. Nous avons perdu le sentiment du temps, et avec celui-ci le sentiment de notre existence. Ce livre nous montre qu'il n'est pourtant pas difficile à retrouver.
Être en retard, c'est faire l'école buissonnière, prendre des chemins de traverse, ne pas aller droit au but, c'est introduire d'infimes variations qui peuvent faire dérailler les rouages bien huilés de nos vies trop machinales. C'est finalement vivre. Face aux valeurs dominantes de nos sociétés modernes - fluidité, flexibilité, urgence et vitesse - et aux pathologies qui en découlent, le retard, un « laps » de temps qui nous permet de ressaisir notre condition temporelle, devient une véritable stratégie de résistance.Hélène L'Heuillet est maître de conférences en philosophie à l'Université Paris-Sorbonne et psychanalyste. Elle a notamment publié, chez Albin Michel, Du voisinage. Réflexions sur la coexistence humaine (2016) et Tu haïras ton prochain comme toi-même. Les tentations radicales de la jeunesse (2018). -
Nous avons une véritable passion pour le vide, que nous redoutons autant qu'il nous attire.
D'un côté le vide inspire de l'horreur. Il faudrait tout combler, remplir et occuper par des occupations, des divertissements, du sens. Ni ennui ni vacance ne doivent prendre place dans nos vies, car se confronter au vide c'est faire l'expérience, douloureuse, du manque et de la perte.
D'un autre côté, nous pouvons rechercher le vide, temporairement, pour reprendre notre souffle, exercer notre pensée, ou bien y aspirer pleinement, en rejetant et en détruisant tout, en faisant table rase.
Prenant le vide comme un principe de notre rapport au monde, Hélène L'Heuillet montre que la passion du vide, ambivalente et contradictoire, fait de nous des êtres de violence, mais qu'elle est aussi la condition de tout désir et de l'expression de notre liberté, sans lesquels la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue. -
La vérité est une question politique
Gloria Origgi
- Albin Michel
- Humanites Politiques
- 28 Février 2024
- 9782226490339
Vérité et politique n'ont jamais fait bon ménage. Platon déjà reprochait aux sophistes, qui enseignaient l'art oratoire aux gouvernants, de travestir la vérité au profit d'une multiplicité incertaine et changeante d'opinions. Le divorce a été consommé dans les siècles démocratiques. Noblesse de la vérité philosophique d'un côté, affrontement des opinions de l'autre. Mais la coupure est-elle si nette ?Gloria Origgi montre que la vérité n'a jamais disparu du débat politique. Elle a toujours été là pour guider les comportements humains et légitimer l'action politique. Elle a cependant changé de statut aujourd'hui. Comment sommes-nous entrés dans l'ère de la « post-vérité » ou des « faits alternatifs » ?Il faut, c'est le sujet de ce livre, prendre au sérieux l'assaut que subit la vérité et ériger des frontières intelligibles entre la persuasion politique légitime et la propagande, entre une science, qui est le lieu où les vérités sont produites, indépendante, et une science au service de l'opinion. Il faut mener la guerre à la désinformation et reconstituer les bases d'une connaissance partagée.La vérité doit redevenir notre boussole politique si nous voulons que la démocratie survive aux faussaires.
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Retour sur la question juive
Elisabeth Roudinesco
- Albin Michel
- Bibliotheque Idees
- 21 Octobre 2009
- 9782226187147
Que signifie être juif et qu'est-ce qu'un antisémite ? Pourquoi faut-il que, périodiquement, l'énigme attachée à l'identité des fondateurs du premier monothéisme soit l'objet de telles passions ?Pour bien distinguer, d'abord, l'antijudaïsme médiéval (persécuteur) de l'antijudaïsme des Lumières (émancipateur) quand d'aucuns, aujourd'hui, prétendent identifier le second au premier : tous antisémites, affirment-ils, de Voltaire à Hitler. Pour passer ensuite en revue les grandes étapes de la constitution de l'antisémitisme en Europe. Puis, pour assister, entre Vienne et Paris, à la naissance de l'idée sioniste et à sa réception dans les pays arabes et au sein de la diaspora. Une idée, trois légitimités.« Juif universel » contre « Juif de territoire », tel est désormais le couple autour duquel s'organisele débat, auquel Freud et Jung apportent une contribution décisive. Le voici bientôt relancé après la création de l'Etat d'Israël (1948) et le procès Eichmann (1961), tandis que gagne souterrainement l'idée que le génocide serait pure invention des Juifs.Et pour finir, ceci : comment expliquer la multiplication, depuis dix ans, des procès intellectuels et littéraires en antisémitisme ?
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Au café existentialiste ; la liberté, l'être et le cocktail à l'abricot
Sarah Bakewell
- Albin Michel
- 24 Janvier 2018
- 9782226392732
Paris, 1932. Trois amis se réunissent dans un célèbre café de Montparnasse. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir écoutent Raymond Aron, de retour de Berlin, parler d'une forme de pensée radicalement neuve qu'il a découverte : la phénoménologie. En guise d'explication, Aron pointe son verre du doigt et dit à Sartre : « Tu vois, tu peux parler de ce cocktail, et c'est de la philosophie ! » Intrigué et inspiré, Sartre élabore une théorie philosophique fondée sur l'existence vécue, dont le quartier de Saint-Germain-des-Prés va devenir l'emblème. Des cafés aux clubs de jazz, des cénacles intellectuels aux nuits blanches de Boris Vian chantées par Juliette Gréco, l'existentialisme va faire vibrer Paris et se diffuser dans le monde entier, de l'après-guerre aux mouvements étudiants de 1968.
Avec l'érudition et l'humour qui ont fait l'immense succès de Comment vivre ?, Sarah Bakewell fait revivre un courant fondateur de l'histoire de la pensée du XXe siècle et nous plonge dans l'atmosphère effervescente du Paris existentialiste.