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PUF
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Les transclasses ou la non-reproduction : Le livre fondateur
Chantal Jaquet
- PUF
- Quadrige
- 16 Avril 2025
- 9782130880721
Paru en 2014, Chantal Jaquet a forgé dans cet ouvrage la notion de « transclasse », pour désigner les personnes qui passent d'un milieu social à un autre. Le concept s'est depuis largement imposé dans l'espace public.
Ce livre a voulu comprendre philosophiquement le passage exceptionnel d'une classe sociale à l'autre et pour cela a forgé une méthode d'approche des cas particuliers. Dans une première partie, l'autrice a mis en évidence les causes politiques, économiques, sociales, familiales, singulières, qui président à la non-reproduction sociale, et a analysé dans une seconde partie leurs effets sur la constitution des individus qui transitent d'une classe à l'autre et sont soumis à une logique fluctuante de l'entre-deux.
Cette démarche, qui a mis l'accent sur la dimension du passage « transclasse », a pensé un concours de causes, relevant aussi bien de l'histoire collective que de l'histoire intime, et a brisé l'isolement disciplinaire pour appréhender la singularité au carrefour de la philosophie, de la sociologie, de la psychologie sociale et de la littérature. C'est par la déconstruction des concepts d'identité sociale et personnelle que Chantal Jaquet a pu penser le métissage des déterminations.
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L'être et la mer : pour un existentialisme écologique
Corine Pelluchon
- PUF
- 11 Septembre 2024
- 9782130850434
Tout en soulignant l'actualité de l'existentialisme, à partir de L'Être et le néant de Sartre qui implique d'accepter la matérialité de notre condition et éclaire le lien entre contingence et liberté, indétermination du sens et responsabilité, Corine Pelluchon montre que l'écologie exige de l'enrichir. L'existentialisme écologique ne se réduit pas au coexistentialisme attestant notre appartenance à une communauté de vivants. Il suppose de rompre avec l'imaginaire terrestre et de penser l'humain en partant de la mer.
Reposant sur une ontologie liquide, il rompt avec l'obsession territoriale qui explique les contradictions du droit international de la mer, déchiré entre l'impératif de préservation d'un écosystème indispensable à notre survie, et les rivalités économiques et militaires conduisant à sa surexploitation.
Opposée à toute pensée de l'enracinement, cette phénoménologie de la vie marine met en évidence la fluidité du moi et conçoit notre immersion dans le monde commun, qui renvoie à la mémoire et à l'immémorial, à la mer-mère conçue dans sa préséance sur les terres.
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À l'heure de la transition écologique, ne pourra-t-on plus jamais voyager comme avant ? Faut-il limiter ses déplacements, voire renoncer aux voyages ? Ces questions n'ont rien inédit. Les philosophes de l'Antiquité, sans avoir ni l'avion, ni Internet, les avaient pour l'essentiel déjà posées. Car les voyages ont toujours eu un caractère ambigu et polémique.
A contre-courant des idées reçues, Juliette Morice propose de penser le voyage, depuis ses tout débuts jusqu'à l'ère du tourisme de masse. Ce que l'on découvre alors, ce ne sont pas tant les contradictions de cette pratique, que les nôtres propres, désir d'évasion et refus de l'inconnu, entre mensonges exotiques et besoin d'ailleurs.
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Sexe, genre et sexualités : introduction à la philosophie féministe
Elsa Dorlin
- PUF
- Quadrige
- 5 Avril 2023
- 9782130842569
Le sexe désigne communément le sexe biologique qui nous est assigné à la naissance (mâle ou femelle), le rôle ou le comportement sexuels qui sont censés lui correspondre (le genre) et, enfin, la sexualité. Les théories féministes s'attachent à la problématisation de ces trois acceptions mêlées du sexe. Elles travaillent à la fois sur les distinctions historiquement établies entre le sexe, le genre et la sexualité, sur leurs constructions et leurs relations. S'agit-il d'une relation de causalité : le sexe biologique détermine-t-il le genre et la sexualité ? D'une relation de simultanéité non contraignante entre le sexe biologique, d'une part, et l'identité sexuelle (de genre et de sexualité), d'autre part ? S'agit-il d'une relation de normalisation ? L'hétérosexualité reproductrice est-elle la norme légale, sociale, mais aussi médicale, à l'aune de laquelle les catégories de sexe comme de genre peuvent être déconstruites, voire contestées et bouleversées ?
Le présent volume porte sur les théories féministes de ces cinquante dernières années, dont la richesse et l'engagement font l'un des champs les plus novateurs de la recherche actuelle : le féminisme marxiste, l'épistémologie ou l'éthique féministes, l'histoire et la philosophie féministes des sciences, le black feminism, le féminisme « post-moderne » et la théorie queer. L'ensemble de ces pensées constitue aujourd'hui un véritable champ de la philosophie contemporaine, dont on trouvera ici une introduction et une problématisation particulièrement éclairantes. -
Au voleur ! anarchisme et philosophie : pour une nouvelle critique de la domination
Catherine Malabou
- PUF
- 5 Janvier 2022
- 9782130825449
L'ouvrage débute par une définition très précise des termes « anarchie » et « anarchisme » et de leur histoire, en même temps que par un tour d'horizon des enjeux politiques contemporains qui rendent nécessaire une nouvelle réflexion sur ces termes et leur potentiel émancipateur, trop vite enterré ou méprisé (les anarchistes sont des nihilistes, des terroristes, etc.). Catherine Malabou s'interroge sur la raison pour laquelle certains des philosophes les plus importants du XXe siècle ont élaboré des concepts d'anarchie décisifs pour comprendre la situation contemporaine de la pensée en matière d'éthique et de politique sans jamais toutefois se référer à l'anarchisme. Comme si l'anarchisme était quelque chose d'inavouable, qu'il faudrait cacher alors même qu'on lui vole l'essentiel : la critique de la domination et de la logique de gouvernement. Au fil de l'interprétation critique de chaque philosophe se dégagent les éléments d'une pensée du « non gouvernable », qui va bien au-delà d'un appel à la désobéissance ou d'une critique convenue du capitalisme. Le livre propose donc une réinterprétation de l'anarchisme.
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Histoire philosophique des arts : oeuvres, concepts, théories
Carole Talon-Hugon
- PUF
- 25 Octobre 2023
- 9782130833987
On a parfois reproché au philosophe sa méconnaissance de l'art et de son histoire. L'histoire de l'art, elle, n'a pas toujours mesuré que l'art n'est pas fait que d'oeuvres, mais aussi de mots pour les dire, de concepts pour les catégoriser, de théories pour les penser.
C'est de ce double constat qu'est né ce livre : retracer une histoire philosophique de l'art occidental, de l'Antiquité grecque jusqu'aujourd'hui, et suivre les développements des arts et la succession des styles en les mettant en relation avec l'atmosphère théorique où ils se sont produits. Se dessinent ainsi les grands paradigmes artistico-conceptuels qui ont fait l'histoire de l'art occidental. -
Passer à l'acte. Arrêter d'attendre. Se lancer sans filet. Dans la psychanalyse, la criminologie ou le langage courant, le passage à l'acte désigne toujours une sorte de saut dans le vide, un acte qui serait impulsif autant qu'irrationnel. Et si c'était le contraire ? Et s'il y avait dans le passage à l'acte quelque chose comme un véritable élan de pensée et de création, de réflexion et d'invention ? Et si le passage à l'acte était avant tout une manière d'accorder une puissance propre à l'étincelle de l'instant ou à l'intensité de l'appel d'air ?
Dans cet essai élégant et sensible où se croisent des philosophes braqueurs de banque et des meurtrières au geste inexplicable, les oeuvres de Marguerite Duras, Chantal Akerman, Pierre Michon ou Francis Ponge et les idées de Michel Foucault, Jacques Lacan ou Gilles Deleuze, Léa Bismuth propose une réflexion inédite sur le rôle que jouent les crises, les bifurcations brusques, les explosions qu'il est devenu impossible de contenir dans des existences que nous croyons maîtriser. Et si l'art de passer à l'acte était avant tout l'art des commencements aventureux ? Et si l'art de passer à l'acte était l'art de vivre la vie elle-même ?
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Parallèlement aux corps frénétiques de la Revue Nègre et des corps hachés menus du Grand-Guignol, ceux des fakirs, qui se multiplient à Paris à la fin des années 1920, misent sur l'érotisme d'une enveloppe invincible et incorruptible. Dans les salles de music-hall, envahies de vapeurs d'encens et d'éther, les uns s'enterrent vivants tandis que les autres se percent les joues. Ces spectacles de douleur attirent les foules. À travers la figure quasi-légendaire de Tahra Bey, « homme aux yeux étranges » à la source du Ragdalam de Hergé, c'est tout un pan oublié de l'histoire des spectacles, de la starification et de l'occultisme qui se donne à voir : ce « fakir-docteur », excellent publiciste, se fait le prosélyte d'une nouvelle pseudo-science, la volonthérapie, et singe bien volontiers la Passion du Christ. C'est sans compter sur un irréductible cercle anti-fakir, mené par Paul Heuzé, qui se lance dans une guerre sans merci contre l'obscurantisme. Abus de la crédulité publique, escroqueries et fausses sciences marquent le parcours de ces fakirs, qui n'ont rien à envier à nos gourous contemporains.
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Le vivable et l'invivable
Judith Butler, Frédéric Worms
- PUF
- Questions De Soin
- 12 Mai 2021
- 9782130827450
Dans les épreuves et les violences du monde contemporain. l'invivable est la pointe extrême de la souffrance, de l'injustice, et du soin qui peut et doit y répondre. Mais qu'est-ce qui est invivable ? Puisqu'il exige immédiatement une action et un soin, comment s'en prémunir et le réparer? Judith Butler critique les normes qui rendent des vies « précaires » et « invivables » (depuis Trouble dans le genre ), mais sans pour autant la lier à une philosophie de « la vie » ou du « soin ». Frédéric Worms, de son côté revendique un « vitalisme critique », pour lequel tout ce qui cause la mort relève de la vie, mais d'une manière différenciée selon les vivants, de sorte que « l'invivable » qui tue quelque chose en nous, reste littéralement vital et révèle la spécificité des vivants humains.
Mais tous les deux voient dans la différence entre le vivable et l'invivable le fondement critique pour une pratique contemporaine du soin. Pour l'un et pour l'autre, le soin complet rendra la vie humaine vivable, « plus que vivante ». Il faut s'appuyer pour cela sur les pratiques concrètes des humains confrontés à l'invivable, les réfugiés dans le monde contemporain, les témoins et les écrivains des violations du passé. Ce sont eux qui nous apprennent et nous transmettent ce qui dans l'invivable est insoutenable, mais aussi indubitable, et ce qui permet d'y résister.
Un dialogue transcrit et traduit d'une séance tenue à l'Ecole normale supérieure.
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Métamorphoses de l'intelligence ; du QI à l'IA
Catherine Malabou
- PUF
- Quadrige
- 3 Mars 2021
- 9782130828907
A défaut de définir l'intelligence, les psychologues ont entrepris de la mesurer. Après l'échec des tests de mesure, les biologistes l'ont cherchée dans les gènes. La génétique demeurant silencieuse, c'est le cerveau et son développement épigénétique qui ont construit le nouveau laboratoire de l'esprit. Aujourd'hui, l'intelligence autorise sa propre simulation par les puces synaptiques. Les programmes Human Brain et Blue Brain entendent cartographier le cerveau humain dans son intégralité jusqu'à produire un jour une conscience artificielle capable de s'auto-transformer en accédant à son code source.
Laissant de côté toute déploration technophobe, Métamorphoses de l'intelligence engage le dialogue entre autonomie et automatisme, ouvrant ainsi à l'intelligence la voie prometteuse de la démocratie expérimentale.
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Comment devrions-nous parler de sexe ? Du nôtre et de celui que l'on pratique ; un acte prétendument privé chargé de sens public ; une préférence personnelle façonnée par des forces extérieures ; un lieu où le plaisir et l'éthique peuvent se dissocier sauvagement. Depuis le mouvement #MeToo, beaucoup se sont attachés à la question du consentement comme cadre clé pour parvenir à la justice sexuelle. Pourtant, le consentement est un outil insuffisant. Pour appréhender le sexe dans toute sa complexité - ses ambivalences profondes, son rapport au genre, à la classe, à la race et au pouvoir - l'autrice souligne la nécessité d'aller au-delà du « oui et non », de l'acte voulu et du non désiré et interroge les relations tendues entre discrimination et préférence, pornographie et liberté, viol et injustice raciale, punition et responsabilité, plaisir et pouvoir, capitalisme et libération. Ainsi, elle repense le sexe en tant que phénomène politique. Incisif et très original, Le Droit au sexe est un examen historique de la politique et de l'éthique du sexe dans ce monde, animé par l'espoir d'une autre sexualité possible.