Philosophie branches et domaines
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Judith Butler, dont le livre emblématique Trouble dans le genre a redéfini notre manière de penser le genre et la sexualité, se penche dans cet ouvrage sur les attaques contre «l'idéologie du genre». Sur tous les continents, des mouvements protéiformes s'en prennent au genre : la droite populiste et l'extrême droite, le Vatican et les Églises évangéliques, les féministes anti-trans... Ils diffusent un fantasme selon lequel le genre serait une menace dangereuse, voire diabolique, envers les familles, les enfants, la culture, et même l'«humanité». Pourquoi le genre est-il devenu un fantasme obsessionnel pour les régimes autoritaires, les partis fascistes et les féministes anti-trans ? Que peut-on répondre à celles et ceux qui en font usage ? Avec quels arguments ? Mais les arguments suffisent-ils face à un fantasme ? Intervention essentielle sur l'une des questions les plus épineuses de notre époque, cet ouvrage offre une déconstruction méticuleuse de toutes les controverses qu'elle abrite : la différence entre nature et culture, l'interaction entre sexe et genre, l'héritage colonial de la différence sexuelle, les relations entre féminismes et mouvement trans... Qui a peur du genre ? est un appel à former une large coalition, qui rassemble toutes celles et tous ceux dont la lutte pour l'égalité s'articule à la lutte contre l'injustice.
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Physique existentielle : Guide scientifique sur les plus grandes questions de la vie
Sabine Hossenfelder
- Les Belles Lettres
- 7 Mai 2025
- 9782251456720
Nous avons une image unilatérale de la physique, celle d'une discipline très technique, très mathématique, avec des accélérateurs de particules et tout ce qui s'ensuit.
Pourtant, la physique aborde des questions existentielles : Comment fonctionne l'univers ? Comment tout a-t-il commencé ? De quoi sommes-nous faits ? Pourquoi sommes-nous ici ? Le libre arbitre est-il une illusion ? L'univers a-t-il un but ? Autrement dit, les lois fondamentales de la nature permettent-elles de répondre aux grandes interrogations philosophiques ?
Dans Physique existentielle, Sabine Hossenfelder, physicienne renommée, aborde avec rigueur et clarté les interrogations philosophiques les plus profondes à travers le prisme de la physique moderne.
Parce que nombre de choses sont faciles à croire et difficiles à prouver, elle dissèque, sans céder aux spéculations gratuites, les idées issues de la mécanique quantique, de la cosmologie et de la thermodynamique pour éclairer des concepts souvent détournés à des fins pseudo-scientifiques. Elle démystifie les théories les plus audacieuses - du multivers aux voyages dans le temps - et révèle ce que la science peut réellement nous dire, ou pas, sur notre place dans l'univers.
Un ouvrage fascinant, aussi stimulant pour les esprits scientifiques que pour les amateurs de questions métaphysiques et qui invite à repenser les prétentions explicatives de la science sans renoncer à la quête de sens. -
Ce livre n'est pas un réquisitoire contre la cancel culture. C'est un livre-manifeste qui appelle au sursaut d'une gauche universaliste, éprise de justice et de progrès. Qui appelle aussi à la création d'un front populaire, seul capable de lutter contre les nouveaux fascismes qui gagnent le monde. Susan Neiman combat, argument contre argument, l'autocritique accusatoire qui rend la pensée des Lumières coupable des maux que sont le colonialisme et l'esclavage, coupable aussi d'aveuglement et d'eurocentrisme. Elle montre combien les revendications identitaires se révèlent réductrices et essentialistes, en un mot dangereuses. Elle critique le renoncement à l'idée de progrès qui encourage les politiques d'intérêt personnel et condamne toute action d'intérêt général. En quatre brefs chapitres, Susan Neiman redistribue les cartes d'une conversation intellectuelle nécessaire à nos démocraties.
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Frankenstein, la grenouille et l'électron : Les sciences et la performativité queer de la nature
Karen Barad
- Asinamali
- 22 Septembre 2023
- 9782955382295
Des amibes mutantes et communistes, des électrons pervers et immoraux, des bras tentaculaires aux capacités visionnaires et puis cette autre espèce étrange : les scientifiques de laboratoire. Les atomes, la lumière, l'espace-temps, l'univers entier sont bien plus queer que nous ne pouvons l'imaginer. En conjuguant physique quantique, sciences naturelles et sciences studies avec les théories féministes, Karen Barad bouleverse notre vision du réel, ainsi que les notions habituelles d'identité et de causalité , elle révèle le lien intime entre matière et signification, et offre un support empirique au déconstructionnisme. Il en résulte une véritable ode à Protée, une onto-épistemologie matérialiste et relationnelle... un projet vertigineux de philosophysique.
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La philosophie morale
Monique Canto-sperber, Ruwen Ogien
- Que sais-je ?
- 11 Janvier 2017
- 9782130789451
Que dois-je faire ? Qu'aurais-je dû faire ? N'aurais-je pas mieux fait d'agir autrement ?
Lorsque nous agissons, que nous délibérons sur nos actions, que nous prenons des décisions, nous sommes en quête de justifications, nous cherchons à montrer que notre action était la meilleure chose à faire, sinon la moins mauvaise. Nous nous référons ainsi, plus ou moins explicitement, à des normes et des valeurs communes.
En partant de la multiplicité des termes employés pour désigner notre expérience morale (éthique, morale, déontologie), cet ouvrage expose les principales théories de la philosophie morale et les grandes questions qui la traversent.
Il nous invite à analyser la nature des règles suivies par chacun en société. Il nous propose, enfin, des exemples d'éthique appliquée à des domaines concrets comme la vie professionnelle, le soin médical ou l'activité des entreprises.
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Une négation qui se voudrait absolue, mais niant tout existant -jusqu'à l'existant qu'est la pensée effectuant cette négation même- ne saurait mettre fin à la « scène » toujours ouverte de l'être, de l'être au sens verbal : être anonyme qu'aucun étant ne revendique, être sans étants ou sans êtres, incessant « remue-ménage », pour reprendre une métaphore de Blanchot, il y a impersonnel, comme un « il pleut » ou un « il fait nuit ». Terme foncièrement distinct du « es gibt » heideggerien. Il n'a jamais été ni la traduction, ni la démarque de l'expression allemande et de ses connotations d'abondance et de générosité. Il faut insister sur le caractère désertique, obsédant et horrible de l'il y a et sur son inhumaine neutralité.
Neutralité à surmonter. Sortie recherchée dans ce livre. Analyses esquissées dans ce sens de la relation à autrui. -
Depuis les années 1960, l'éthique semble se structurer en fonction de territoires d'interrogation : la bioéthique et l'éthique médicale se développent pour apporter des réponses aux problèmes liés aux avancées de la biomédecine ; l'éthique de l'environnement s'intéresse à l'avenir de la planète ; l'éthique de la sexualité analyse les nouveaux enjeux moraux liés aux évolutions des moeurs, etc.
Au-delà d'une démultiplication des champs de réflexion, l'éthique appliquée propose une approche philosophique renouvelée, à l'articulation de la théorie morale avec la pratique. Elle entend offrir ainsi des éléments transversaux de réponse, ou tout au moins des instruments d'analyse, pour aborder les grandes questions morales d'aujourd'hui.
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Au café existentialiste ; la liberté, l'être et le cocktail à l'abricot
Sarah Bakewell
- Albin Michel
- 24 Janvier 2018
- 9782226392732
Paris, 1932. Trois amis se réunissent dans un célèbre café de Montparnasse. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir écoutent Raymond Aron, de retour de Berlin, parler d'une forme de pensée radicalement neuve qu'il a découverte : la phénoménologie. En guise d'explication, Aron pointe son verre du doigt et dit à Sartre : « Tu vois, tu peux parler de ce cocktail, et c'est de la philosophie ! » Intrigué et inspiré, Sartre élabore une théorie philosophique fondée sur l'existence vécue, dont le quartier de Saint-Germain-des-Prés va devenir l'emblème. Des cafés aux clubs de jazz, des cénacles intellectuels aux nuits blanches de Boris Vian chantées par Juliette Gréco, l'existentialisme va faire vibrer Paris et se diffuser dans le monde entier, de l'après-guerre aux mouvements étudiants de 1968.
Avec l'érudition et l'humour qui ont fait l'immense succès de Comment vivre ?, Sarah Bakewell fait revivre un courant fondateur de l'histoire de la pensée du XXe siècle et nous plonge dans l'atmosphère effervescente du Paris existentialiste. -
Entre Dieu et Darwin ; le concept manquant
Francis Kaplan
- Félin
- Le Felin Poche
- 17 Septembre 2009
- 9782866457044
Qu'est-ce que la vie ? Ce problème s'est posé à l'homme depuis des millénaires, et malgré les immenses progrès de la biologie, le statut du vivant reste, quoiqu'on en pense, toujours aussi incertain : les tentatives de réduction de l'organique au physico-chimique laissent toujours un résidu inexplicable, tandis que les définitions de la spécificité du vivant hésitent entre la tautologie et l'irrationnel. Francis Kaplan prend ces problèmes à bras le corps et fournit une introduction philosophique sans équivalent aux avatars du concept de vie depuis l'Antiquité grecque jusqu'aux controverses actuelles sur le hasard et la nécessité, l'émergence de la vie et les rapports entre conscience et matière. Il montre que ni la finalité théologique ni la réduction de la vie à la matière, ni les théories vitalistes n'apportent une réponse satisfaisante à l'énigme de la finalité biologique, qu'il n'y a pas de concept adéquat et que cette finalité relève en fait d'un bricolage intellectuel. Entre le danger d'une dérive théologique et le carcan de la stricte orthodoxie darwinienne, il y a donc une place pour l'explication de la vie par un concept bricolé qui rende mieux compte du. travail effectif des biologistes.
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Revue de métaphysique et de morale n.3 : femmes philosophes au XVIIé siècle
Revue De Metaphysique Et De Morale
- PUF
- Revue De Métaphysique Et De Morale
- 11 Septembre 2024
- 9782130861584
Le prochain numéro sera entièrement consacré à l'histoire de la philosophie moderne. Le dossier, coordonné par Anne-Lise Rey, intitulé « Femmes philosophes à l'époque moderne » s'inscrit dans le renouveau de l'histoire de la philosophie qui vise à montrer l'importance de la contribution des femmes et à leur redonner une place dans l'historiographie. Les études rassemblées dans ce dossier témoignent de l'inscription de ces femmes philosophes dans la discussion philosophique de leur temps, qu'il s'agisse de la méthode de la connaissance, de métaphysique ou de philosophie morale, comme de la singularité de leur approche et de l'originalité des formes littéraires qu'elles empruntent.
Ce dossier est accompagné par la traduction par Philippe Hamou d'un manuscrit de Locke intitulé « Of Study ». Dans ce texte, Locke propose une réflexion sur l'organisation du savoir humain, la méthode et la conduite de l'entendement. Ce texte inédit en français est particulièrement important pour l'éthique intellectuelle qu'il formule. On y retrouve l'une des questions centrales de l' Essai : quelles dispositions morales et psychologiques doivent être cultivées si l'on veut parvenir à la connaissance ?
Enfin la chronique d'histoire de la philosophie moderne clôt le sommaire de ce numéro.
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Darwin n'est pas celui qu'on croit ; idées reçues sur l'auteur de l'Origine des espèces
Patrick Tort
- Le Cavalier Bleu
- Idees Recues
- 4 Novembre 2010
- 9782846703383
Darwin est probablement l'un des penseurs dont on a le plus caricaturé la pensée, très souvent réduite à la théorie de la sélection naturelle, dans laquelle la plupart des commentateurs ont cru pouvoir conclure à une généralisation de la " loi du plus fort ". Au nom de la nature, Darwin légitimerait ainsi les conduites de domination, d'oppression ou d'élimination susceptibles de sévir au sein des civilisations humaines. Ce sont, notamment, les différentes versions de cette malencontreuse " idée reçue " qu'il convient de confronter ici à l'analyse attentive de l'oeuvre naturaliste et anthropologique de Darwin.
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Après les ancestrales spéculations sur le statut de l'embryon, après les multiples controverses sur le devenir des bébés-éprouvette, les dilemmes soulevés par la question des mères porteuses, l'unanime condamnation du clonage, une autre technique susceptible d'entraîner des bouleversements psychologiques et anthropologiques sans précédent se profile à l'horizon du XXIe siècle. La création d'utérus artificiels permettant la réalisation d'une gestation entièrement en dehors du ventre de la femme est en effet aujourd'hui un véritable programme de recherche affiché par plusieurs laboratoires de par le monde qui pourrait aboutir dans un avenir relativement proche. Comble de l'artificialisation, emprise de la technique sur la naissance, mécanisation de la perpétuation de l'espèce humaine... toutes ces visions surgissent dès que l'on évoque la possibilité de l'ectogenèse : voulons-nous d'un monde où ce sont des machines qui accouchent des bébés ? Ces enfants qui ne naîtront plus du ventre de leur mère subiront-ils quelque préjudice d'avoir été ainsi conçus ? L'évitement de la grossesse aura-t-il quelque conséquence sur l'attachement maternel ? Toutes ces questions angoissées ont sans doute masqué quelques interrogations plus essentielles : sur quelles représentations de l'enfantement fondons-nous ces inquiétudes ? Quelle image avons-nous de la parentalité pour craindre que les mères n'éprouvent certaines difficultés à aimer les enfants qu'elles n'auront pas portés ? Quelle justification donnerons-nous à une éventuelle criminalisation de l'ectogenèse ? Et, le cas échéant, quelle vision de l'humanité le droit esquissera-t-il ? Cet essai tente ainsi de dépassionner le débat qui s'installe autour des utérus artificiels afin de penser la reproduction à l'ère de l'ectogenèse au-delà des fantasmes et des évidences jamais interrogées qui l'entourent.
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Comment juger d'un tableau ? Que dire de l'émotion ressentie devant une oeuvre d'art ? Si le beau et l'art sont des sujets philosophiques anciens, l'esthétique en tant que discipline indépendante dotée d'un objet autonome n'apparaît qu'au XVIIIe siècle, lorsque que les notions d'art, de sensible et de beau se sont liées entre elles. De Platon à Michel Henry en passant par Kant ou Adorno, cette discipline semble difficile à définir. Est-elle une critique du goût, la théorie du beau, la science du sentir, la philosophie de l'art ?
Carole Talon-Hugon est professeur à l'Université de Nice. Elle dirige le Centre de recherche en histoire des idées.