Gallimard
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Préférence nationale : Leçon d'histoire à l'usage des contemporains
Gérard Noiriel
- Gallimard
- Tracts
- 14 Mars 2024
- 9782073074829
La loi «Asile et immigration», votée le 19 décembre 2023 et en partie censurée par le Conseil constitutionnel, a placé au centre du débat une nouvelle polémique sur la «préférence nationale» - et rappelé que la majorité de nos concitoyens pensent qu'il est normal que celles et ceux qu'ils ont élus défendent en priorité leurs intérêts. Le «problème» de l'immigration s'est imposé dès les débuts de la IIIe République et il a ressurgi à chaque fois que notre société a été en crise. L'histoire montre que la fuite en avant dans une politique de plus en plus répressive à l'égard des migrants, menée au nom de la «préférence nationale», met en péril à la fois les valeurs humanistes de notre République et les principes démocratiques de l'État de droit. Après avoir mis en lumière ces leçons de l'histoire, Gérard Noiriel propose quelques pistes pour s'opposer plus efficacement au risque de dérive xénophobe du corps social.
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La nuit ukrainienne : Une histoire intime de la révolution
Marci Shore, Pierre-emmanuel Dauzat
- Gallimard
- La Suite Des Temps
- 12 Septembre 2024
- 9782073069856
Historienne américaine spécialiste de la mémoire du XX&ssup ;iècle en Europe de l'Est, Marci Shore raconte le destin de l'Ukraine depuis les empires des Habsbourg et russe, en passant par les deux guerres mondiales, l'époque sovietique, jusqu'au point culminant qu'est la révolution de Maïdan de 2013- 2014, à laquelle succédera la première invasion russe, prélude à la guerre à grande échelle d-aujourd'hui. L'originalité de cet ouvrage - initialement paru aux Yale University Press fin 2017 et dont l'actualité renouvelée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 nous vaut un nouvel avant-propos - vient de ce récit suivant le fil des différents témoins, acteurs de cette révolution : bilingues, multilingues, russophones, ukrainophones, Polonais, catholiques, orthodoxes, juifs, dont le principal, Jurko Prokhasko, est un uniate de Galicie, patriote ukrainien à la fois dénué de nationalisme exclusif et tourné vers l'Europe et les valeurs libérales. Marci Shore écoute les Ukrainiens en temps de révolution et de guerre, et montre une Ukraine diverse, intéressante, et éprise de liberté.
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De Révolution en République ; les chemins de la France
Mona Ozouf
- Gallimard
- Quarto
- 5 Février 2015
- 9782070145614
«Qui s'intéresse à la Révolution française rencontre toujours, peu ou prou, l'ivresse que procure l'idée, ou l'espérance, d'une société régénérée et d'un homme neuf. Mais c'est pour découvrir l'ingéniosité mise par les hommes à résister à la refonte autoritaire de leurs vies. La Révolution, qui a fendu en deux l'histoire nationale, réserve le même sort à ses historiens. Fille de la Révolution, la République hérite de cette ambivalence. Tout ce Quarto raconte comment elle a dû composer avec les particularités religieuses, régionales et sociales, renoncer au modèle républicain pur, apporter des correctifs à l'esprit d'uniformité. Elle n'a pu se pérenniser en France qu'en se prêtant à ces accomodements. Aujourd'hui, la France que dessine ce livre semble se dérober à nos yeux. L'idée révolutionnaire a cessé de déterminer nos choix et nos affrontements. Et perdant ses ennemis, la République a perdu la ferveur militante que lui donnaient leurs anathèmes. L'école, hier dépositaire de l'identité nationale, est aujourd'hui l'objet d'un profond désarroi. Toutefois, il arrive à l'histoire de réanimer des enjeux engourdis, et l'apparition de menaces inédites peut redonner de l'éclat à des idées qui semblaient avoir perdu leur force inspiratrice. Et comme nous avons appris à quel point nos héritages conditionnent notre liberté, il n'est pas inutile de remettre nos pas dans les chemins buissonniers que, de Révolution en République, les Français ont dû emprunter.» Mona Ozouf.
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La Saint-Barthélemy ; les mystères d'un crime d'Etat (24 août 1572)
Arlette Jouanna
- Gallimard
- 11 Octobre 2007
- 9782070771028
Le 18 août 1572, Paris célèbre avec faste le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre, événement qui doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Six jours plus tard, les chefs huguenots sont exécutés sur ordre du Conseil royal. Puis des bandes catholiques massacrent par milliers «ceux de la religion» - hommes, femmes, vieillards, nourrissons... Comment est-on passé de la concorde retrouvée à une telle explosion de violence ? Comment une «exécution préventive» de quelques capitaines a-t-elle pu dégénérer en carnage généralisé ? Quel rôle ont joué le roi, la reine mère, les Guises, le très catholique roi d'Espagne ? De ces vieilles énigmes, Arlette Jouanna propose une nouvelle lecture. La Saint-Barthélemy n'est l'oeuvre ni des supposées machinations de Catherine de Médicis, ni d'un complot espagnol et encore moins d'une volonté royale d'éradiquer la religion réformée. Charles IX, estimant sa souveraineté en péril, répond à une situation d'exception par une justice d'exception. Mais en se résignant à ce remède extrême, il installe, sans en faire la théorie, une logique de raison d'État. Cette tragédie, vécue comme une rupture inouïe, suscite une réflexion foisonnante sur les fondements du pouvoir, les limites de l'autorité, la légitimité de la désobéissance ; sur le danger aussi que font courir les divisions religieuses aux traditions du royaume. Mais cet effort de restauration politique va se heurter à la sur-sacralisation du roi, qui ouvre la voie à l'absolutisme des Bourbons.
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Le « scandale du collier » a fasciné mémorialistes, romanciers, dramaturges, essayistes, historiens et érudits. Goethe y vit l'événement qui « ruina les bases de l'État » et « détruisit la considération que le peuple avait pour la reine, et, généralement, pour les classes supérieures », voire la « préface » de la Révolution de 1789. Se basant sur l'étude des interrogatoires et des minutes du procès des protagonistes de l'« affaire », Benedetta Craveri retrace les étapes de ce complot contre Marie-Antoinette - « l'Autrichienne » honnie, alors la cible des pamphlets les plus virulents - et, à travers elle, contre la monarchie, ourdi par des aventuriers sans scrupule menés par l'intrigante comtesse de La Motte et servi malgré lui par un cardinal de Rohan prêt à tout - y compris à acquérir le collier le plus cher du monde - pour se gagner les faveurs de la reine. Cette chronique minutieuse débute avec l'arrestation du prélat, le 15 août 1785, et embrasse une époque où déjà la presse à scandale, par le biais de la calomnie et de la diffamation, est une arme politique.
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Pour des milliers de jeunes Américaines parties passer un an en France pour leurs études, l'après-guerre fut un âge d'or. Parmi elles, Alice Kaplan a choisi trois femmes devenues légendaires : la First Lady Jacqueline Bouvier Kennedy ; l'essayiste et romancière Susan Sontag ; la militante des droits civiques Angela Davis. Étudiantes à Paris en 1949, en 1957 et en 1963, elles se sont offert une liberté qu'elles ont assumée et y ont acquis des savoirs qu'elles ont su transmettre. Paris les a transformées : le rapport à leur corps, à leur langue, à leur pays n'était plus le même.
À leur retour, elles ont transformé les États-Unis. À tel point qu'elles incarnent, encore aujourd'hui, le génie féminin américain. Alice Kaplan nous montre que ce génie doit beaucoup à l'esprit parisien. Riche en révélations, cette biographie croisée décrit le Paris des Trente Glorieuses à travers les yeux de ces trois jeunes Américaines. Et témoigne, contre toute attente, de la persistance du rêve français aux États-Unis.
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L'homme qui se prenait pour Napoléon et autres essais pour une histoire politique de le folie
Laure Murat
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 22 Septembre 2011
- 9782070786640
Tous les fous, dit-on, se prennent pour Napoléon. Mais le délire d'identification à l'empereur se vérifie-t-il dans les registres des asiles et, si oui, que cela nous enseigne-t-il sur les rapports de l'Histoire et du trouble psychique ? C'est à partir de cette question qu'est née l'idée de ce livre, dont le sujet, très vite, s'est élargi à d'autres problématiques. Quel impact les événements historiques ont-ils sur la folie ? Peut-on évaluer le rôle d'une révolution ou d'un changement de régime dans l'évolution du discours de la déraison ? Quelles inquiétudes politiques les délires portent-ils en eux ? En somme : comment délire-t-on l'Histoire ? Pour le savoir, ou du moins y voir plus clair, il fallait remonter à la source et questionner la clinique, interroger les rapports entre la guillotine et la hantise de « perdre la tête », l'enjeu de la présence de Sade à Charenton, la supposée démence des révolutionnaires, la confusion entre la pétroleuse hystérique et l'opposante politique. Pendant trois ans, Laure Murat interrogé les archives. L'Homme qui se prenait pour Napoléon est le résultat de cette enquête.
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«Après avoir édité quelque sept cents livres, je me suis résolu à m'éditer moi-même. Cet ouvrage-ci mêle autobiographie intellectuelle et portrait d'époque à travers les interventions, polémiques et prises de position que j'ai été amené à provoquer ou à soutenir depuis cinquante ans. C'est au croisement de mon activité d'éditeur d'une intelligentsia encore au sommet de son rayonnement mondial et d'historien de la France contemporaine et de sa mémoire nationale que je me suis retrouvé "historien public". Depuis "Archives", cette collection de poche qui mettait les bibliothèques dans la rue et les archives dans la poche, jusqu'à "Liberté pour l'histoire", qui défend l'indépendance du travail de l'esprit, en passant par la revue Le Débat et Les Lieux de mémoire, qui réconcilient l'histoire de pointe avec la mémoire collective, une même volonté se dégage de tant d'engagements sans rapport apparent : mettre l'histoire au coeur de la culture et de l'identité françaises.» Pierre Nora.
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Dames du XIIe siècle Tome 1 ; Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres
Georges Duby
- Gallimard
- Folio Histoire
- 14 Novembre 1997
- 9782070403059
«Au XIIe siècle, des prêtres se sont mis à parler plus souvent des femmes, à leur parler aussi, à les écouter parfois. Celles de leurs paroles qui sont parvenues jusqu'à nous éclairent un peu mieux ce que je cherche, et que l'on voit si mal : comment les femmes étaient en ce temps-là traitées.
Évidemment, je n'aperçois encore que des ombres. Cependant, au terme de l'enquête, les dames du XIIe siècle m'apparaissent plus fortes que je n'imaginais, si fortes que les hommes s'efforçaient de les affaiblir par les angoisses du péché. Je crois aussi pouvoir situer vers 1180 le moment où leur condition fut quelque peu rehaussée, où les chevaliers et les prêtres s'accoutumèrent à débattre avec elles, à élargir le champ de leur liberté, à cultiver ces dons particuliers qui les rendent plus proches de la surnature. Quant aux hommes, j'en sais maintenant beaucoup plus sur le regard qu'ils portaient sur les femmes. Elles les attiraient, elles les effrayaient. Sûrs de leur supériorité, ils s'écartaient d'elles ou bien les rudoyaient. Ce sont eux, finalement, qui les ont manquées.»