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Vies rebelles : Histoires intimes de filles noires en révolte, de radicales queers et de femmes dangereuses
Saidiya Hartman
- Le Seuil
- L'univers Historique
- 20 Septembre 2024
- 9782021496949
Vies rebelles retrace des bribes d'existence de femmes noires, qui ont quitté le sud des États-Unis en quête d'une vie meilleure pour les villes du Nord-Est, New York et Philadelphie, entre 1890 et 1930, après l'abolition de l'esclavage.
S'appuyant sur les sources de la police, les écrits des philanthropes et des réformateurs sociaux, les archives de la justice mais aussi sur les notes prises par le jeune W.E.B. Du Bois lors de ses enquêtes, Saidiya Hartman leur donne vie, rendant à ces filles et femmes leur statut de sujet, dessinant des portraits vibrants de Noires indisciplinées, reconstituant leurs désirs, leurs efforts pour trouver la joie de vivre, leurs aspirations à la liberté, leurs élans de vie, leurs pensées, leurs corps éprouvés mais libres, leur anarchisme.
Il en résulte des histoires inoubliables, portées par une écriture exceptionnelle, qui transforment nos représentations des classes subalternes « déviantes » et de la condition noire dans les sociétés post-esclavage. Cette attention à l'infra-politique ouvre aussi d'autres généalogies aux radicalités noires et à la révolution des moeurs. Soixante-dix photographies rares et bouleversantes viennent illustrer la vie de ces femmes en marge de la société.
Saidiya Hartman est l'une des théoriciennes afro-américaines les plus réputées aux États-Unis. Elle poursuit un travail d'écriture à la frontière des sciences humaines et de la narrative non fiction qui inspire nombre de chercheurs mais aussi d'artistes. Elle est professeure à l'université de Columbia. -
Marianne est aussi noire : Luttes occultées pour l'égalité
Collectif
- Le Seuil
- La Couleur Des Idees
- 25 Octobre 2024
- 9782021500660
À l'heure où le pouvoir social des femmes dans le monde suscite l'attention, où l'histoire des féminismes fait l'objet d'un renouvellement sans précédent, ce livre s'intéresse à des protagonistes jusqu'alors négligées?: les femmes noires de l'Hexagone et des (post)colonies françaises des Amériques, d'Afrique et de l'océan Indien.
Réunissant vingt chercheur·e·s issu·e·s de ces territoires, ce livre vient corriger une distorsion des regards historique et sociologique en rendant visibles les contributions des femmes afrodescendantes à l'histoire des femmes et des luttes d'émancipation en France du XXe siècle à nos jours. Il montre comment les femmes noires de France, des Antilles et de Guyane françaises, de Mayotte et de La Réunion, mais aussi du Cameroun et des Quatre Communes du Sénégal, affrontent les facettes multiples du racisme et du patriarcat, et répondent au colonialisme en leurs termes propres. On découvre leurs ressources et leur inventivité dans la vie sociale et familiale, la politique, les mobilisations féministes, la littérature ou les arts du spectacle, pour s'ériger en sujets d'histoire. Loin des représentations réductrices, des femmes telles que Suzanne Lacascade, Gerty Archimède ou Émilie Aliker sont ici actrices du changement socioculturel et politique de leur société. -
George Sand à Nohant ; une maison d'artiste
Michelle Perrot
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 23 Août 2018
- 9782020820769
Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour « la bonne dame », je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une « oasis » propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son oeuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation.
Ce lieu, Sand l'a investi. L'art y établit la communion des coeurs et des esprits. C'est aussi une cellule politique, inspirée par le socialisme de Pierre Leroux, noyau républicain support de journaux et ferment subversif des manières de vivre et de penser. Nohant est le creuset d'une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde.
Pas plus que personne, Sand n'a réalisé son rêve. Aujourd'hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d'une histoire d'amour aux accents infinis.
Michelle Perrot
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Mauvaises filles ; incorrigibles et rebelles
Véronique Blanchard, David Niget
- Textuel
- Histoire Beaux Livres
- 28 Septembre 2016
- 9782845975606
Si les «?mauvais garçons?» ont leurs héros, de Gavroche à Joey Starr en passant par James Dean, les «?mauvaises filles?» sont les invisibles de l'histoire.
Dans cet ouvrage, Véronique Blanchard et David Niget dévoilent ces ombres fugaces qui surgissent au détour d'archives médicales ou judiciaires?: «?vagabonde?», «?hystérique?», «?fille-mère?», «?prostituée?», «?fugueuse?», «?cheffe de bande?», «?punk?», «?crapuleuse?»...
Par le biais d'une vingtaine de portraits incarnés de «?mauvaises filles?» jugées immorales, de 1840 aux années 2000, ils rendent un visage et une histoire à ces destins orageux. Ils cartographient les lieux qu'elles traversent ou qui les enferment - lieux de perdition (fête foraine, guinguette, bal), de coercition (internat, couvent, prison, asile), de soumission (maison close, foyer familial).
Étouffées et contraintes depuis des décennies par le poids des normes juridiques, religieuses, médicales, familiales, ces mineures «?incorrigibles et rebelles?» ont néanmoins fini, par leurs résistances, par devenir des actrices du changement social, culturel et politique.
Alors, déviantes ou dissidentes??