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Il y a trente ans, je n'avais pas trente ans, le mur de Berlin tombait et on croyait à la fin de l'histoire. La démocratie allait enfin gagner l'Europe entière. Internet arrivait, le monde s'offrait en accès libre, c'était excitant, c'était beau. Trente ans plus tard, l'Europe promise comme un modèle de civilisation est traversée par des lignes de fractures, des sociétés coupées en deux, une agitation nationaliste et populiste nourrie par la peur, le malaise, le ressentiment.
Qu'est-ce qui se passe ?
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Angela Merkel vient d'ailleurs : de l'Est, de cette Allemagne du bloc soviétique abandonnée par l'Europe et l'Occident. Ce qui était une faiblesse sur la scène politique intérieure est devenu une force et fait sa profondeur. Angela Merkel est différente parce qu'elle sait ce que la liberté veut dire. Protestante et divorcée, elle a su s'imposer dans un milieu d'hommes largement catholique. Scientifique d'origine, elle ne cherche pas à briller mais à faire.
Lente, obstinée, sans éclat, elle est à la fois une tacticienne machiavélique et une femme de valeurs. Ses rivaux en politique, elle n'a pas hésité à les tuer avec préméditation. Mais elle accueille des centaines de milliers de réfugiés à rebours de son électorat. Marion Van Renterghem est allée sur les traces de "la femme la plus puissante du monde". Elle a retrouvé ses amis d'enfance, interrogé les acteurs et les témoins de son ascension et recueilli les témoignages d'hommes d'Etat ou de leurs conseillers qui ont côtoyé la chancelière, de Tony Blair à Vladimir Poutine, en passant par ses quatre présidents français - Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron.
Ovni politique, Angela Merkel incarne la métamorphose de l'Allemagne et de l'Europe. Elle fait partie de notre histoire commune.