« Il ne s'agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s'agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd'hui et avant tout, c'est notre manque d'imagination. L'art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n'avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison. » En répondant aux questions brûlantes d'actualité de Carole Guilbaud, Aurélien Barrau remet le politique et le social au coeur de l'écologie.
Il nous aiguillonne vers un renouveau démocratique où la liberté la plus fondamentale est d'abord celle du pouvoir vivre.
Bouleversée par la mort en prison de la militante Ulrike Meinhof en 1976, bientôt suivie de celle de quatre autres membres de la RAF (Fraction Armee Rouge), d'Eaubonne publie en 1978, aux éditions féministes Tierce, Contreviolence ou La résistance à l'État, petit ouvrage qui rassemble plusieurs textes sur les rapports entre féminisme et violence politique, ainsi que quelques poèmes. Ces textes ont été écrits dans un contexte de débats internes aux mouvements écologiste et féministe sur les stratégies de non-violence ou d'action directe (autodéfense féministe, sabotages, etc.), et également de débats dans tous les milieux militants sur le soutien plus ou moins critique à apporter à celles et ceux ayant choisi la lutte armée, principalement en Allemagne mais aussi en Italie ou en France, face à la répression des États (conditions d'emprisonnement extrêmes et morts suspectes des détenu·es en Allemagne).
Cette réédition est accompagnée d'une présentation historique, fruit de plusieurs années de recherche, dans laquelle Isabelle Cambourakis remet en perspective la trajectoire de d'Eaubonne et propose une analyse fouillée de son parcours politique, depuis sa socialisation primaire à travers l'étude des engagements politiques de ses parents dans les années 1920 et 1930, jusqu'à l'activisme radical des années 1970.
« Une bonne histoire, aujourd'hui encore, c'est souvent l'histoire d'un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c'est mieux... » Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps ? Alice Zeniter déconstruit le modèle du héros et révèle la manière dont on façonne les grands récits depuis l'Antiquité. De la littérature au discours politique, elle nous raconte avec humour et lucidité les rouages de la fabrique des histoires et le pouvoir de la fiction.
" Ce livre constitue une tentative de compréhension de faits qui, au premier coup d'oeil, et même au second, semblaient simplement révoltants. Comprendre, toutefois, ne signifie pas nier ce qui est révoltant et ne consiste pas à déduire à partir de précédents ce qui est sans précédent ; ce n'est pas expliquer des phénomènes par des analogies et des généralités telles que le choc de la réalité s'en trouve supprimé. Cela veut plutôt dire examiner et porter en toute conscience le fardeau que les événements nous ont imposé, sans nier leur existence ni accepter passivement leur poids, comme si tout ce qui est arrivé en fait devait fatalement arriver. Comprendre, en un mot, consiste à regarder la réalité en face avec attention, sans idée préconçue, et à lui résister au besoin, quelle que soit ou qu'ait pu
être cette réalité. " (Hannah Arendt)
Sur l'antisémitisme est la première partie de l'oeuvre magistrale d'Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (New York, 1951), qui inclut aussi L'Impérialisme (" Points Essais ", n° 356) et Le Système totalitaire (" Points Essais ", n° 307).
Tel est le chemin éternel de l'humanisme : comment l'homme a cherché à se construire, à grandir, entrelacé avec ses comparses, pour grandir le tout, et non seulement lui-même, pour donner droit de cité à l'éthique, et ni plus ni moins aux hommes. Quand la civilisation n'est pas soin, elle n'est rien. Cynthia Fleury Soigner, la chose est ingrate, laborieuse, elle prend du temps, ce temps qui est confisqué, ce temps qui n'est plus habité par les humanités. Ici se déploie une tentative de soigner l'incurie du monde, de poser au coeur du soin, de la santé, et plus généralement, dans nos relations avec les autres, l'exigence de rendre la vulnérabilité capacitaire et de porter l'existence de tous comme un enjeu propre, dans toutes les circonstances de la vie. Cynthia Fleury expose une vision humaniste de la vulnérabilité, inséparable de la puissance régénératrice des individus ; elle conduit à une réflexion sur l'hôpital comme institution, sur les pratiques du monde soignant et sur les espaces de formation et d'échanges qui y sont liés, où les humanités doivent prendre racine et promouvoir une vie sociale et politique fondée sur l'attention créatrice de chacun à chacun.
Dix ans après une première publication en 2012, la réédition de Notre force est infinie est l'occasion de redécouvrir le parcours de Leymah Gbowee, prix Nobel de la paix en 2011 pour s'être opposée courageusement à la guerre civile au Liberia.
Chronique poignante de l'émancipation d'une femme, récit d'un engagement passionné, portrait d'une Afrique où renaît l'espoir, la réédition d'un livre majeur, bouleversant, passionnant, par la lauréate du prix Nobel de la paix.
Leymah Gbowee est une toute jeune fille quand, en 1989, le dictateur Charles Taylor prend le pouvoir au Liberia, marquant le début d'une lutte tribale qui met le pays à feu et à sang. Rien ne disposait Leymah Gbowee, issue d'une famille modeste, mère célibataire de quatre enfants à vingt-cinq ans, sans diplôme, à devenir l'une des plus importantes militantes pour les droits des femmes et pour la paix. Et pourtant, à force de courage, elle fonde le Women of Liberia Mass Action for Peace, une coalition de chrétiennes et de musulmanes inédite dans le pays, et organise un spectaculaire mouvement de résistance à l'oppression qui changera à jamais la face du Liberia.
Notre force est infinie est le récit sans fard d'une vie hors du commun, celle d'une femme qui décide de se révolter contre la violence meurtrière des hommes. C'est surtout le rappel, indispensable aujourd'hui, qu'il ne faut jamais cesser de croire en notre puissance politique et collective.
« Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d'un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l'époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir.
C'est l'histoire d'un spasme idéologique, doublé d'une poussée technologique qui a bouleversé les vies. Ici s'achève ce que l'Occident avait tenté de créer pour panser les plaies de deux guerres mondiales. Ici commence aujourd'hui : les SOS des hôpitaux. La police devenu force paramilitaire. L'information tombée aux mains de magnats multimilliardaires. La suspicion sur la dépense publique quand l'individu est poussé à s'endetter jusqu'à rendre gorge. La stigmatisation de populations entières devenues ennemis de l'intérieur.
Londres. Birmingham. Sheffield, Barnsley. Liverpool. Belfast. Ancien ministre. Leader d'opposition. Conseiller politique. Journaliste. Ecrivain. Mineur. Activistes irlandais. Voici des paroles souvent brutes qui s'enchâssent, s'opposent et se croisent. Comment ne pas entendre ces quelques mots simples venus aux lèvres de l'ancien mineur Chris Kitchen comme de l'écrivain David Lodge : une société moins humaine était en gestation ?
Comment ne pas constater que le capitalisme qui prétendait alors incarner le monde libre face au bloc soviétique en plein délitement, est aujourd'hui en train de tuer la démocratie ?
Quand la mémoire prend forme, il est peut-être trop tard, mais il est toujours temps de comprendre. »J.P.
Un plaidoyer de combat pour la démocratie, armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu politique. C'est une évidence pour Julia Cagé : nous pouvons faire mieux que le monde dans lequel nous vivons.
Loin d'être un refus de la politique, la crise actuelle de la démocratie représentative voit des citoyens combattre chaque jour pour davantage de démocratie, de participation et d'égalité.
Libres et égaux en voix propose de donner une voix à celles et ceux qui en ont longtemps été privés : les femmes, les classes populaires, les minorités. D'abord en repensant notre système électoral et en garantissant parmi les parlementaires une véritable représentation de la réalité sociale. Ensuite en proposant un nouvel équilibre entre la démocratie représentative et un usage raisonné du référendum. Enfin en permettant aux citoyens de reprendre le contrôle des partis et des médias, afin de dessiner un nouvel horizon politique égalitaire.
En tant que chercheuse et citoyenne, Julia Cagé renouvelle en profondeur la réflexion sur l'égalité politique dans un plaidoyer armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu. Un essai vivifiant et porteur d'espoir sur notre démocratie.
Alors que le recours à la violence est souvent présenté comme le mode de résistance le plus radical, Judith Butler propose de régénérer la non-violence comme idéal. La non-violence, ce n'est pas la passivité ni le renoncement à l'action. Ce n'est pas le pacifisme naïf ni l'aspiration inconséquente à une forme de pureté morale. Ce serait plutôt une entreprise politique agressive de rupture avec le monde et ses propres impulsions.
Défendre la non-violence comme idéal, serait-ce idéaliste ? Pour Judith Butler, la non-violence est au contraire nécessaire dans des temps comme les nôtres, quand ceux qui prennent position pour la violence reproduisent les cadres et les pratiques institués.
Judith Butler propose ainsi de constituer la non-violence comme nouvel imaginaire politique. À travers ses discussions de Fanon, Freud, Benjamin, Arendt, Foucault..., elle entreprend de fonder une éthique politique sur les notions d'interdépendance, d'égalité et d'anti-individualisme.
Ce livre s'est imposé dès sa parution comme un classique de la théorie politique contemporaine.
Les Vies politiques auxquelles ces essais sont consacrés n'ont en commun que l'époque au cours de laquelle elles se sont déroulées. Ainsi, Martin Heidegger, Karl Jaspers, Hermann Broch, Walter Benjamin, Bertold Brecht, Rosa Luxemburg et Jean XXIII par exemple, ont tous vécu ce que l'un d'eux, Brecht, appela de « sombres temps ».
L'objectif principal de ce livre n'est cependant pas de dénoncer un mal d'époque mais de réfléchir un peu de « la lumière incertaine, vacillante et souvent faible que des hommes et des femmes, dans leur vie et leur oeuvre, font briller dans presque n'importe quelles circonstances ».
Sexual Politics, issu de la thèse soutenue par Kate Millett en 1970 à l'université de Columbia (États-Unis) suscite un véritable engouement dès sa parution, en plein essor du Women's Lib dont l'autrice est partie prenante. L'essai, paru en France sous le titre La politique du mâle (Stock, 1970), a été réédité en 2007 par Antoinette Fouque sous son titre original, en concertation avec l'autrice avec laquelle elle a partagé amitié et bien des combats pour la libération des femmes.
Dans cet essai magistral devenu un classique et désormais disponible en édition de poche, Kate Millett critique la société occidentale en se concentrant sur la dénonciation du pouvoir patriarcal et de la négation du corps féminin à tous les niveaux : idéologique, sociologique, anthropologique, politique, ainsi que littéraire. Ce livre qui fit l'effet d'un pavé dans la mare en révélant les injustices sans nombre subies par les femmes contribua par la suite à favoriser le développement des études et recherches féminines au niveau universitaire.
« Pour que nos descendants sachent ce qu'il s'est passé à Wuhan. » Du début de la pandémie de Covid-19 qui a bouleversé le monde, nous ne savons rien. En janvier 2020, pour la première fois dans l'histoire, une ville de plus de dix millions d'habitants est mise en quarantaine. Enfermée dans son appartement, l'écrivaine Fang Fang tient son journal en ligne. Jour après jour, suivie par des millions de lecteurs, elle retrace l'histoire d'une catastrophe, depuis le chaos glaçant des premières semaines jusqu'à l'enrayement de l'épidémie.Fang Fang raconte la mort et la peur, la solidarité des habitants, le silence des responsables, le courage des lanceurs d'alerte, la débrouille et les petites joies, les plaisanteries et la colère qui circulent, le printemps qui vient dans une ville qu'elle aime. Alors qu'il se heurte à la censure et à de violentes attaques, ce témoignage unique nous rappelle nos premiers devoirs dans les heures sombres : l'indépendance d'esprit et l'humanité.
Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. La première fin, et, en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite. Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration.
S'il ne l'est pas en fait, c'est seulement parce que ceux qui l'entourent ne le sont pas moins que lui. Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques.
Racistes, sexistes, ennemis de la liberté : une société incivile exploite nos émotions pour augmenter son influence politique, dans les médias, sur les réseaux et dans les urnes. Décryptons-les pour mieux protéger notre démocratie.
Il serait dangereux de réduire la désinformation aux fake news et aux flambées de commentaires haineux sur les « réseaux sociaux ». Stephanie Lamy nous incite à nous détacher des leurres pour regarder qui finance, organise et commandite les opérations sémantiques visant à déstabiliser les idées démocratiques et le respect des droits humains.
Trumpistes, identitaires, masculinistes, homophobes, affidés de gouvernements autoritaires... Stephanie Lamy ne se limite pas à remonter au hashtag qui a mis le feu à telle ou telle situation explosive, mais retrace les stratégies de ceux qui veulent prendre le pouvoir dans nos démocraties. Le danger n'est pas que virtuel : des proches du Kremlin sont bien intervenus pour aggraver les tensions au moment de #BlackLiveMatter, ou, plus près de nous, Génération identitaire a réussi à financer un bateau anti-migrants en Méditerranée (opération Defend Europe).
Or cette société «incivile» ressemble à s'y méprendre aux ONG et associations de défense des droits respectées et utilise les mêmes armes. Stephanie Lamy fait dans ce livre le récit de ces opérations qui visent à fragiliser notre paix, elle y explique les techniques de désinformation, les rouages de son économie, et les interactions entre ces groupes souvent ultra-réactionnaires qui n'ont en commun que la haine de nos libertés.
L'Europe ne convainc plus. Au mieux, elle agace. Trop abstraite, elle est devenue un paquebot bureaucratique qui ne répond pas aux attentes du citoyen. Cet essai stimulant nous invite à repenser nos fondamentaux et notre ambition collective afi n de rebâtir une Europe à la mesure des défi s du XXIe siècle.
Les crises successives ont révélé les nombreuses failles existantes de l'Union européenne : culte de la rigueur budgétaire, ignorance des inégalités sociales, manque de réflexion stratégique, Brexit... Nicole Gnesotto revient sur les fondements de la construction européenne - ses succès, ses ambitions, ses ratés, les divergences grandissantes entre les pays membres -, et dessine une stratégie globale capable de ressusciter l'adhésion des citoyens. Après un espace commun entièrement voué au marché, il est temps de construire une Europe politique : changer le modèle européen, mais changer aussi la notion même de puissance. Cette Europe, dans laquelle la France a un rôle à jouer, devra défendre l'identité et ses intérêts dans le monde, mais aussi faire la différence en matière de social, de solidarité et de souveraineté. Face à une Amérique égocentrique et versatile, à une Chine conquérante et autoritaire, à un Moyen-Orient explosif, à l'ingérence russe et aux risques multiples pour la démocratie représentative, nous avons le devoir de réinventer notre modèle car si l'on ne change pas l'Europe maintenant, elle disparaîtra.
Au moment où les partis populistes remportent des succès déconcertants dans les sociétés libérales occidentales, en Autriche, en Italie, aux États-Unis..., nul ne saurait douter que nous traversons aujourd'hui ce que Chantal Mouffe appelle un « moment populiste », qui s'explique par la désaffection croissante envers les partis de gouvernement traditionnels et la défiance envers la chose politique dans son ensemble. Après L'illusion du consensus, la gauche progressiste que défendait l'auteure, capable de revitaliser la démocratie et de rétablir un espace où s'expriment les conflits, doit désormais se reconstruire ; et il semble bien qu'elle n'ait d'autre choix que d'adopter, elle aussi, une « stratégie populiste ». Mais attention, par « populisme de gauche », il faut entendre la stratégie qui vise à construire une frontière entre « le peuple » et l'« oligarchie », la seule frontière politique qui vaille, comme l'avance Chantal Mouffe dans ce texte aux allures de véritable manifeste. Chantal Mouffe, théoricienne de la « démocratie agonistique », est notamment l'auteure de L'illusion du consensus, où elle esquissait déjà, à partir d'un diagnostic pragmatique, des pistes de pensée et d'action inédites pour une nouvelle gauche.
Mémoires de Christiane Taubira, femme politique et auteure de la loi qui reconnaît la traite négrière et l'esclavage comme crimes contre l'humanité. Elle revient sur son parcours, ses expériences personnelles et politiques et fait le point sur l'élection présidentielle de 2002 et sa candidature au nom du Parti radical de gauche.
Nous, femmes africaines, ne sommes audibles que lorsque nos voix confortent le discours misérabiliste et condescendant sur notre situation, souvent réduite à celle de femmes « pauvres, mutilées et enceintes ». Les politiques néolibérales qui saignent notre continent à blanc avec la complicité de dirigeants « démocratiquement élus » mais corruptibles et corrompus sont, elles aussi, mutilantes. En d autres termes, une excision peut en cacher une autre. Cette réalité doit se savoir, être dite et inscrite au coeur du débat politique pour la seconde libération de l Afrique et plus particulièrement du Mali.
Assignée à résidence depuis les années 1990, persécutée par la junte militaire au pouvoir en Birmanie, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991, continue de prôner la non-violence.
C'est dans les fondements du bouddhisme qu'elle puise son énergie politique : pour elle, la libération du peuple passe par une révolution des esprits. Moins d'un siècle plus tôt, en 1906, Trotsky justifiait la nécessité d'une insurrection armée pour lutter contre un Etat par nature violent. Ainsi s'opposent deux visions de la révolution, deux stratégies pour servir un même but : l'émancipation des peuples.
" Celle qui écrit, qui porte la parole des ouvriers d'ici, qui essaie, je, roule vers la ville, petite ville dans la plaine, une image de province, moderne un peu. Sur la droite, on sait qu'il y a les usines, la forme des bâtiments et les fumées ; les HLM aussi, à côté, hauts. À gauche les clochers. Cela a pu résumer les vies, longtemps, l'espace sa répartition, son temps croisé. Le temps nouveau, ils ont peur, ils, les ouvriers, ceux avec qui je parle, ceux que je vais raconter, ils ont peur, le temps nouveau qui vient sera peut-être un temps mort. " Avec des mots simples, un rythme, un ton, Patricia Cottron-Daubigné nous peint, tel un chemin de croix où l'on inspire à chaque halte (Regard ; Stèle ; Croquis-démolition : lieux ; Croquis-démolition : hommes - premier plan de licenciement ; Croquis-démolition : hommes - fermeture dé?nitive de l'usine ; Chantier) la destruction, au jour le jour, d'un groupe d'hommes et de femmes dans leur lieu, en France, quelque part, dans une ville de province.
Patricia Cottron-Daubigné est née à Surgères, en Charente-Maritime. Elle vit et travaille aux abords du Marais Poitevin. Elle a publié des poèmes dans des revues (Décharges, Friches, Ici è là, Contre-allées, N4728), quelques recueils chez Soc et Foc, au Dé bleu, aux éditions Tarabuste. Sa voix porte et résonne.
L'Union Ouvrière est l'oeuvre maîtresse de Flora Tristan, publiée grâce à une souscription qui la conduisit à un porte-à-porte militant auprès de personnalités comme de simples travailleurs et travailleuses. Pour faire entendre cet appel à la constitution de la classe ouvrière, elle accomplit un tour de France où son enthousiasme généreux est mis à rude épreuve et au bout duquel, seule et épuisée, elle meurt, à quarante et un ans. L'Union ouvrière est le premier manifeste politique cohérent d'une femme qui ne dissocie pas la lutte des femmes de la lutte ouvrière. C'est aux plus démunies, aux plus exploitées d'entre elles qu'elle adresse cette apostrophe qui nous touche encore aujourd'hui : « Mes soeurs, je vous jure que je vous délivrerai. » C'est aussi, quelques années avant Marx et Engels, l'un des premiers appels à l'union internationale de la classe ouvrière.
Si la violence conjugale est aujourd'hui reconnue comme une question de société légitime, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est grâce aux mobilisations féministes des années 1970, qui définissent alors la violence dans le couple comme une violence faite aux femmes, produit des rapports de domination entre les hommes et les femmes, que ce phénomène sort de la dénégation sociale dans laquelle il était tenu. Comment une cause féministe devient-elle un problème public dont s'emparent les associations, les institutions internationales et l'État ?
En apparence, le problème de la violence conjugale paraît semblable partout : il s'agit de développer des lieux d'accueil pour les victimes de violence, de créer des lois pour rendre la violence illégitime et d'appeler à sanctionner ceux qui transgressent ces nouvelles normes sociales et juridiques. Cependant, les conditions institutionnelles, politiques et idéologiques diffèrent dans chacun des pays et le problème public y est traité selon des modalités distinctes. À travers la question des violences conjugales et en comparant le cas français et américain, Pauline Delage analyse avec acuité quelles sont, de part et d'autre de l'Atlantique, les formes légitimes de l'intervention publique dans le domaine de l'intime et des inégalités sexuées.
D'un côté, partout dans le monde la sécularisation s'accélère ; de l'autre, les religions manifestent une forte vitalité : telle semble la contradiction de ce temps. Ce livre éclaire, à l'échelle mondiale, ces phénomènes mêlés de sécularisation et de réveil religieux. Mais il montre aussi la puissance de " laïcisation " partout à l'oeuvre, avec la démocratie et les droits de l'homme, l'individualisme, le consumérisme... Dans bien des régions du monde, les États prennent des mesures constitutionnelles pour mettre fin au poids d'une religion officielle et permettre le pluralisme religieux ; ils donnent les mêmes droits à toutes les religions ; ils refusent les vetos religieux qui voudraient brider les libertés collectives et individuelles. Mais en même temps que cette " laïcisation ", ils s'efforcent d'entretenir de bonnes relations avec les religions, en leur accordant des avantages matériels et parfois des droits nouveaux. Au-delà des apparences, cet ouvrage de référence éclaire ces mutations religieuses et laïques en cours dans le monde entier dès lors que les libertés démocratiques sont respectées.
Jean Baubérot a été le premier titulaire de la Chaire d'Histoire de la laïcité à l'EHESS. Ses nombreux travaux sur la laïcité font autorité en France et à l'étranger.
Micheline Milot, professeure à l'Université du Québec à Montréal, experte auprès du Conseil de l'Europe, est auteure de plusieurs ouvrages sur la religion, l'éducation et la laïcité.