Temps modernes (de 1492 à 1799)
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Olympe de Gouges : Une femme dans la Révolution
Florence Lotterie, Elise Pavy-Guilbert
- Flammarion
- Histoire Flammarion
- 19 Février 2025
- 9782080467959
Paris, 3 novembre 1793. Olympe de Gouges meurt sur l'échafaud. Une fin tragique qui met un terme à une existence qui l'a conduite de Montauban, où elle est née, au coeur des salons et de la vie intellectuelle dans le Paris des Lumières. Jeune encore, la célèbre révolutionnaire avait rêvé de littérature et de politique, de chantiers sociaux, de nouveaux droits pour les exclus en raison de leur précarité, de leur couleur ou de leur sexe. Par la suite, Olympe de Gouges avait défendu d'une plume enlevée et souvent acidulée l'égalité civique : voter et «monter à la tribune» de l'Assemblée nationale, mais aussi élever son enfant tout en travaillant et en s'engageant dans la vie publique. Des positions hardies et d'une grande modernité, qui ne lui semblaient pourtant pas l'être... Dans ce court récit, Élise Pavy-Guilbert et Florence Lotterie retracent les grandes heures de cette combattante enthousiaste des lettres, de l'amour et de la liberté, qui mena une vie accomplie et volontaire, jusqu'à braver les pires dangers dans les orages de la Révolution.
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Les femmes ou les silences de l'histoire
Michelle Perrot
- Flammarion
- Champs Histoire
- 22 Janvier 2020
- 9782081451995
Les femmes font aujourd'hui du bruit ? C'est en regard du silence dans lequel les a tenues la société pendant des siècles. Silence des exploits guerriers ou techniques, silence des livres et des images, silence surtout du récit historique qu'interroge justement l'historienne. Car derrière les murs des couvents ou des maisons bourgeoises, dans l'intimité de leurs journaux ou dans leurs confidences distraites, dans les murmures de l'atelier ou du marché, dans les interstices d'un espace public peu à peu investi, les femmes ont agi, vécu, souffert et travaillé à changer leurs destinées.Qui mieux que Michelle Perrot pouvait nous le montrer ? Historienne des grèves ouvrières, du monde du travail et des prisons, Michelle Perrot s'est attachée très tôt à l'histoire des femmes. Elle les a suivies au long du XIXe et du XXe siècles, traquant les silences de l'histoire et les moments où ils se dissipaient. Ce sont quelques-unes de ces étapes que nous restitue ce livre.
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L'esclavage raconté à ma fille
Christiane Taubira
- Points
- Points Document
- 21 Avril 2016
- 9782757858523
La traite négrière organisée par les Etats dès le XVIe siècle est à l'origine du racisme contemporain : de ce constat, Christine Taubira développe avec passion l'histoire trop méconnue des Nègres marrons, insurgés, résistants et résistantes, qui ont pris part à tous les combats menant à l'abolition. L'esclavage a-t-il toujours existé ? Quelle est la différence entre l'esclavage moderne et l'esclavage contemporain ? Doit-on regretter toute l'aventure coloniale ? Mère engagée, Christine Taubira répond à sa fille par un subtil jeu de questions-réponses, pour éclairer sur l'histoire des souffrances et des révoltes des victimes de l'esclavage.
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La Saint-Barthélemy ; les mystères d'un crime d'Etat (24 août 1572)
Arlette Jouanna
- Gallimard
- 11 Octobre 2007
- 9782070771028
Le 18 août 1572, Paris célèbre avec faste le mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre, événement qui doit sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Six jours plus tard, les chefs huguenots sont exécutés sur ordre du Conseil royal. Puis des bandes catholiques massacrent par milliers «ceux de la religion» - hommes, femmes, vieillards, nourrissons... Comment est-on passé de la concorde retrouvée à une telle explosion de violence ? Comment une «exécution préventive» de quelques capitaines a-t-elle pu dégénérer en carnage généralisé ? Quel rôle ont joué le roi, la reine mère, les Guises, le très catholique roi d'Espagne ? De ces vieilles énigmes, Arlette Jouanna propose une nouvelle lecture. La Saint-Barthélemy n'est l'oeuvre ni des supposées machinations de Catherine de Médicis, ni d'un complot espagnol et encore moins d'une volonté royale d'éradiquer la religion réformée. Charles IX, estimant sa souveraineté en péril, répond à une situation d'exception par une justice d'exception. Mais en se résignant à ce remède extrême, il installe, sans en faire la théorie, une logique de raison d'État. Cette tragédie, vécue comme une rupture inouïe, suscite une réflexion foisonnante sur les fondements du pouvoir, les limites de l'autorité, la légitimité de la désobéissance ; sur le danger aussi que font courir les divisions religieuses aux traditions du royaume. Mais cet effort de restauration politique va se heurter à la sur-sacralisation du roi, qui ouvre la voie à l'absolutisme des Bourbons.
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L'histoire des femmes en Occident Tome 2 ; le moyen âge
Georges Duby, Michelle Perrot
- Tempus / Perrin
- Tempus
- 28 Février 2002
- 9782262018702
Du rôle de la femme dans l'univers domestique à sa place dans la religion, des lettrés à l'amour courtois et aux représentations, l'émergence d'une place singulière.
Ces femmes du Moyen âge, à qui maîtres, époux et censeurs dénient la parole avec tant de constance, ont finalement laissé plus de textes et d'échos de leur dire que de traces proprement matérielles. Le millénaire que couvre ce volume laisse, vers son début et vers sa fin, passer, un peu plus assurée, la parole même des femmes, bien qu'il faille tendre l'oreille pour la saisir, assourdie, dans le brouhaha immense du choeur des hommes.
Leur discours, leurs témoignages ou leur cri nous permettent simplement de percevoir comment ont mûri en elles les modèles que directeurs de conscience ou maîtres du savoir leur imposaient, les images que les hommes leur renvoyaient d'elles-mêmes, parfois leur refus de cette vision déformée, et toujours la manière dont ces images se sont inscrites dans leur vie et leur chair. L'histoire tout court a tout à gagner à prendre en compte sa part féminine. -
Pascoa et ses deux maris : une esclave entre Angola, Brésil et Portugal au XVIIe siècle
Charlotte de Castelnau-l'Estoile
- Flammarion
- Champs Histoire
- 3 Mai 2023
- 9782080421807
Le 20 août 1700, à Salvador de Bahia, au Brésil, «la noire Pascoa aujourd'hui libre, qui fut la captive de Francisco Álvares Tavora», est arrêtée par l'Inquisition. Elle est embarquée sur un bateau vers Lisbonne où siège le tribunal du Saint-Office. Pascoa est accusée de bigamie : elle s'est mariée au Brésil alors que son premier conjoint, épousé en Angola, est encore vivant. Les sources du procès de Pascoa nous sont parvenues, mettant au jour la réalité des sociétés esclavagistes de l'Atlantique Sud ainsi que le contrôle de l'Église exercé tant sur les esclaves que sur leurs maîtres. Les minutes du procès témoignent du caractère pointilleux de la justice inquisitoriale, dont l'enquête est menée sur trois continents, révélant ainsi une étonnante préoccupation pour le mariage des esclaves. Elles donnent la parole à une femme qui, face au terrible Tribunal de la Foi, ne s'avoue jamais vaincue. C'est la voix de Pascoa que ce récit fait entendre.
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"Défaire son fruit" Une histoire sociale de l'avortement en France à l'époque moderne
Laura Tatoueix
- EHESS
- En Temps & Lieux
- 22 Mars 2024
- 9782713233784
L'avortement existe-t-il dans la France d'Ancien Régime?
C'est par cette question, rarement posée en ces termes, que
Laura Tatoueix aborde les sources de la période, principalement religieuses et judiciaires. Et c'est d'une manière inédite
qu'elle y répond. Elle retrace d'abord le parcours qui conduit
de la fabrication canonique d'un péché mortel à l'élaboration
d'une catégorie criminelle laïque. Ensuite, elle s'intéresse aux
dispositifs de répression et à leurs évolutions, qui sont souvent
le reflet de changements dans les représentations de l'acte luimême, mais aussi des femmes et des enfants. Surtout, elle tente
de redonner corps aux actrices et acteurs de l'avortement, à
travers l'étude des conditions matérielles d'une pratique qui
se médicalise, des modes de transmission de ces savoirs clandestins, et des raisons qui ont poussé ces femmes à « défaire
leur fruit».
Confrontée au secret qui recouvre un acte transgressif, souvent lié à la sexualité illégitime, l'historienne s'efforce ici de
faire parler les silences des archives et d'éclairer l'ambiguïté
des discours. Tout l'enjeu de ce livre est donc de dévoiler ce
qui a été dissimulé pour reconstituer une histoire longue de
l'avortement, entre normes et pratiques. Laura Tatoueix fait
de l'avortement un phénomène social global, encadré par le
secret, la rumeur et la dénonciation, et soumis à des mécanismes de classe et de genre qu'elle démonte avec finesse -
Justices d'empire : la répression dans les colonies francaises au XVIIIe siècle
Marie Houllemare
- PUF
- 17 Janvier 2024
- 9782130832775
Si la colonisation est une entreprise avant tout militaire et économique, la justice participe à la consolidation du gouvernement colonial. Placés sous l'autorité du secrétaire d'État de la Marine, les magistrats coloniaux adaptent le droit pénal métropolitain à des sociétés très diverses, en grande partie fondées sur l'esclavage. Au-delà de la diversité des espaces et des dynamiques sociales coloniales, la mise en oeuvre de pratiques répressives communes dans toutes les colonies sont un facteur non négligeable d'intégration des différents territoires colonisés à un ensemble impérial qui se consolide entre le milieu du XVIIe et la fin du XVIIIe siècle.
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Libres ou soumises? les femmes et la Révolution ; mythe et réalité d'une décadence
Christine Le bozec
- Passés composés
- 10 Avril 2019
- 9782379330124
Il est courant d'affirmer qu'au XVIII siècle, les femmes étaient libres, pour ne pas dire libérées. Puis d'ajouter dans la foulée que la Révolution française les a privées de leurs droits. Pour illustrer ce propos, les protagonistes de cette représentation utilisent à l'envi l'argument des femmes tenant Salon. Au-delà de la question de la représentativité de ces salonnières, il y a là le souhait de discréditer les années révolutionnaires.
Toutefois, il ne suffit pas de se cantonner dans l'impressionnisme d'une telle hypothèse. Christine Le Bozec procède donc à un état des lieux de la condition féminine à l'époque des Lumières, avant d'envisager leur implication et leur rôle au cours de la Révolution française, puis de conclure sur l'Empire et la Restauration. Ses conclusions sont novatrices : le seul moment où le groupe femme (et non de rares individus) a réellement pris la parole, s'est fait écouter en investissant l'espace public, furent les années 1789-1795 ; années de conquête de droits chèrement et âprement acquis, puis difficilement conservés, avant que Bonaparte ne commence à les rogner et que la Restauration ne les supprime.
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Riche en détails sur la vie quotidienne et en analyses psychologiques, cette biographie est plus centrée sur la femme, la personnalité, les goûts et les choix de Marie-Antoinette que sur la reine, les considérations géopolitiques et philosophiques. C'est ce livre qui a inspiré Sofia Coppola pour son film.
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Soeur du roi François Ier, reine elle-même par son mariage avec le roi de Navarre, Marguerite d'Angoulême est célèbre pour son oeuvre littéraire, notamment le Miroir de l'âme pécheresse ou l'Heptaméron.
Elle devrait l'être aussi pour sa quête spirituelle, son soutien aux précurseurs de la Réforme, et sa défense des droits de la femme.
Inquiétée, voire menacée pour son audace théologique et littéraire, proche des idées réformatrices et amie de Calvin mais attachée à l'Église catholique, Marguerite de Navarre a ouvert la voie, dès le XVIe siècle, à la revendication pour la liberté de conscience et les prémices de l'autonomie féminine.
Femme d'exception, diplomate pour le roi, hérétique à ses heures, auteurà scandale pour son époque, protectrice des humanistes réformateurs, l'influence de Marguerite de Navarre perdurera avec sa fille, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, et son petit-fils, Henri, futur Henri IV, roi de France et de Navarre.
Ce parcours impressionnant, écrit d'un style alerte, se lit comme un roman et permet de découvrir les intrigues des grands personnages de cour et de rencontrer les « hérétiques » menacés du bûcher que Marguerite de Navarre a tenté de sauver.
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Après la publication de L'Emile et du Contrat social en 1762, Jean-Jacques Rousseau est frappé d'un mandat d'arrêt.Le voilà lancé, avec Thérèse, sa compagne, sur les routes de l'exil, fuyant la justice royale.Thérèse, catholique, analphabète, originaire d'Orléans apprend à penser et briser ses chaînes auprès de l'audacieux protestant suisse, brillant touche-à-tout, qui n'avait pas encore écrit une ligne lorsqu'ils se sont rencontrés à Paris en 1745.Souvent oubliée ou dans l'ombre des protectrices célèbres de Rousseau, Thérèse, qui partagea sa vie pendant trente-trois ans, est redécouverte et mise en valeur par ce roman biographique très documenté.Une échappée au côté du philosophe des Lumières qui porte au plus haut le flambeau de la liberté. Non sans bénéfice pour Thérèse... et la Révolution !Pauline Tanon est autrice de pièces de théâtre et de biographies, ainsi qu'actrice et metteuse en scène. Ce livre est son premier roman biographique.
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Est-ce un homme, une femme, un hermaphrodite ? l'énigme de son sexe aura sûrement beaucoup plus fait pour sa réputation que tout ce qu'il entreprit dans sa longue existence.
Les aventures du chevalier d'eon dépassent de loin par l'extravagance tout ce qu'un romancier peut imaginer, mais leur intérêt ne s'épuise pas dans les péripéties d'une vie " sans queue ni tête ", comme il le dit un jour. tout à la fois agent secret de louis xv et diplomate officiel, il est mêlé à la grande politique, mais aussi à d'innombrables intrigues : il rencontre des souverains, des ministres, court de saint-pétersbourg à londres, détient des secrets d'etat jusqu'au jour oú un tribunal britannique déclare, sans preuve, qu'il appartient au sexe féminin.
Maurice lever avait évoqué la flamboyante " amazone de golden square " dans sa biographie de beaumarchais. il avait alors décidé d'écrire cette histoire oú vérités et légendes sont restées intimement liées. la mort l'en a empêché. c'est son épouse evelyne qui l'a fait à sa place, mettant en lumière des documents inédits en france sur l'un des personnages les plus pittoresques du xviiie siècle. une biographie historique entièrement renouvelée.
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Femmes, culture et révolution
Elke Harten, Hans-Christian Harten
- Des femmes
- 5 Juin 1989
- 9782721003836
Les récentes recherches historiques ont mis en évidence la participation des femmes aux transformations sociales et politiques sous la Révolution française, qui fut aussi une révolution culturelle. Documents à l'appui - inconnus pour la plupart -, ce livre présente le riche éventail de leurs créations littéraires, artistiques et pédagogiques.
L'autre versant de cette révolution culturelle est l'apparition de nouvelles images de la femme. Elle s'affirme héroïque et patriotique, dans une visée progressiste. Mais, au nom de la Nature, elle incarne également désormais la Mère républicaine, La Liberté et la Raison, divinités réparatrices et régénérantes, surgies d'un après-régicide aussi coupable qu'angoissé. Les femmes sont idéalisées et bannies du politique.
Elke et Hans-Christian Harten proposent une interprétation socio-historique et psychanalytique inédite de ces profonds bouleversements et des perspectives tout à fait neuves pour la compréhension de la Révolution française.
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Siècle des découvertes, des horizons qui s'ouvrent, des épices importées d'Orient, des femmes célèbres, le XVIe siècle est aussi celui de l'intolérance et de l'Inquisition.
Doña Gracia, grande dame de la Renaissance, issue d'une famille de marranes, dirige la " banque " Mendes, rivale de celle des Médicis, et doit quitter le Portugal. A Anvers elle fréquente la cour de Charles Quint. Jusqu'au jour où le danger devient trop pressant. Alors commence son périple : Lyon, Venise, Ferrare, et pour finir Istanbul, où Soliman le Magnifique l'accueille et la protège. De la Corne d'or, elle décrète l'embargo sur Ancône, port des Etats pontificaux.
Pour la première fois dans l'histoire de la Renaissance, les Juifs se dressent face à la persécution, sous la bannière d'une femme...
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Madame de maintenon (1635-1719) ou le prix de la reputation
Desprat Jean-Paul
- Perrin
- 7 Janvier 2010
- 9782262032029
Mme de Maintenon, c'est d'abord une destinée exceptionnelle : cette petite-fille du poète Agrippa d'Aubigné naît dans la cour d'une prison, épouse à 17 ans le poète Scarron et devient l'hôtesse du plus brillant salon littéraire de Paris.
Cela lui ouvre - une fois devenue veuve en 1660 - les portes de Versailles, où elle sera chargée de l'éducation des princes bâtards ; puis l'attention du roi, et enfin son coeur puisqu'elle l'épouse secrètement en 1683. Mme de Maintenon, c'est aussi un caractère complexe et contradictoire où se mêlent l'ambition, l'autorité, la dévotion, le goût du pouvoir et de l'éducation, la " tendresse et la sécheresse " qu'analyse en elle Fénelon.
Mme de Maintenon, c'est encore une femme engagée dans le mouvement des Précieuses. Le combat qu'elle mène notamment dans l'oeuvre de Saint-Cyr offre aux jeunes filles de cette institution un accès à l'empire de la raison si longtemps refusé par les hommes. Femme sans appui, elle sait que le prix à payer est celui d'une réputation intacte et pratiquement d'un renoncement à l'amour. Or, Mme de Maintenon " ne met point de bornes à ses désirs ".
Elle veut tout à la fois : la gloire, le salut chrétien et l'amour. D'où des échecs cinglants qu'elle masque en reconstruisant son personnage pour les générations futures. " Je suis née franche, il m'a fallu dissimuler... " Pour la postérité, " elle s'est peinte de dos ". Ce livre est écrit " en face d'elle ".
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Amazones de la Révolution ; des femmes dans la tourmente de 1789
Collectif
- Gourcuff Gradenigo
- 18 Novembre 2016
- 9782353402526
La présentation d'objets, d'oeuvres et de documents d'archives permet d'envisager la Révolution française par le prisme de la participation féminine et de s'interroger sur le rapport des femmes à la violence. Les mythes associés à de grandes figures comme C. Corday ou O. de Gouges sont examinés, ainsi que les représentations collectives (insurgées, suppliciées, etc.) qui ont inspiré les artistes.
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Victorine de Chastenay ; mémoires 1771-1855
Chastenay V D.
- Tallandier
- Histoire
- 24 Septembre 2009
- 9782847343731
« Je n'écris pas l'Histoire, dit-elle, mais si je remplis mes intentions, j'aurai peut-être écrit pour l'Histoire. » Née en 1771, morte en 1855, la comtesse Victorine de Chastenay a laissé d'importants mémoires. La matière ne lui manquait pas : la Révolution, le Consulat, l'Empire offraient une toile assez large à ses pinceaux. Ses souvenirs passent des charmants tableaux de l'Ancien Régime finissant - bals d'enfants, fêtes campagnardes, séances d'études avec son frère - aux angoisses de la Terreur, dont elle connut l'arbitraire et les cachots. Victorine sait alléger le trait, pour rendre l'atmosphère d'une soirée à Saint-Cloud ou à la Malmaison ou d'une réception aux Tuileries, dénoncer le faste artificiel de la cour impériale, croquer les courtisans dans l'antichambre d'un ministre ou les parasites dans les bureaux de la police. Elle évoque avec lucidité la fin de l'Empire, les fautes des ultimes campagnes, l'obstination « criminelle » de Napoléon, le chaos de 1814 et l'allégresse générale du retour des Bourbons. Surtout, elle excelle à peindre ceux qu'elle fréquente, et elle a connu tout le monde : Napoléon, rencontré trois fois, Joseph et Lucien Bonaparte, Talleyrand, Fouché, Barras, Tallien, généraux et
maréchaux, hommes politiques et ministres, directeurs et consuls, dont elle trace d'attachants portraits. Sa curiosité intellectuelle et artistique fut insatiable, et elle côtoya les plus grands, qu'ils fussent hommes de science (Corvisart, Humboldt, Cuvier, Arago...), écrivains (Bernardin de Saint-Pierre, Chénier, Germaine de Staël, Benjamin Constant...) ou artistes (Grétry, Talma, Sophie Arnould, Spontini...). Dans une langue élégante et simple, dépourvue de tout pédantisme, Mme de Chastenay faitrevivre, sans rancune ni traits vengeurs, une époque bouleversée où elle-même et les siens ont connu bien des vicissitudes. Son témoignage est l'un des plus précieux et des plus originaux sur
ces temps agités et passionnants.
Raymond Trousson est professeur émérite de littérature française à l'Université libre de Bruxelles. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à la littérature et à la philosophie des Lumières, notamment, chez Tallandier, des biographies de référence de Rousseau (2003) et de Diderot (2005).