« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n'avaient ni argent ni vêtements à m'offrir, c'est une voisine qui m'a secourue avec une robe et des sous-vêtements.
Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation. Il n'y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n'avaient pas pu emporter.
Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée.
J'y voyais un symbole.
Nous n'avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre.
Nous faisions semblant de vouloir continuer. ».
Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l'impact de cette épreuve dans sa vie.
Simone et ses soeurs, c'est le secret de Simone Veil. Elles étaient trois : Milou, Denise et Simone, la dernière.
Dans ce livre, elles racontent leur histoire à travers leurs lettres, leurs journaux intimes, leurs souvenirs - autant de documents inédits retrouvés dans les archives familiales.
Elles ont dix ans, elles ont quinze ans... Elles s'écrivent tout ce qu'elles vivent : les bains de mer, les premiers flirts et l'amour, l'arrière-pays nic¸ois, les années chez les éclaireuses.
Et puis la vie bascule : l'Occupation, la traque des Juifs, l'engagement dans la Résistance de Denise jusqu'au camp de concentration de Ravensbrück, la déportation à Auschwitz de Milou et Simone, leur famille décimée. Et la vie après. Au retour des camps, les trois soeurs doivent réapprendre à vivre et aimer. Elles ne cesseront jamais de se parler et de s'écrire.
Ce livre choral, composé avec les récits inédits dessoeurs Jacob, nous raconte l'extraordinaire amour et le courage de trois femmes au destin exemplaire.
Comment des jeunes femmes en majorité juives et slovaques survécurent à Auschwitz en y travaillant dans l'atelier de haute couture créé à l'été 1943 par Edwig Höss, l'épouse du commandant du camp, pour ses propres besoins et ceux d'autres femmes de SS (y compris dans l'élite berlinoise). Un témoignage d'autant plus saisissant qu'il mêle l'enfer concentrationnaire à l'existence dorée des geôliers, sous la plume d'une historienne de la mode. Et une enquête sur la façon dont l'aryanisation économique déstabilisa le secteur textile, pas seulement en Allemagne, et dont la récupération des affaires de déportés devint une véritable industrie de reconditionnement, au point qu'une vingtaine de trains remplis d'effets personnels repartaient quotidiennement d'Auschwitz.
Mildred Harnack.
Ce nom, balayé par l'histoire, est celui de l'arrière-grand-tante de Rebecca Donner.
Ce nom est celui d'une intellectuelle américaine de vingt-six vivant à Berlin lorsque le nazisme entame sa fulgurante ascension au pouvoir. Refusant les discours nauséabonds et les régressions sociales, elle tient des réunions secrètes dans son appartement, rassemble autour d'elle un cercle d'activistes aidant les Juifs à fuir le pays, dénonçant Hitler et appelant à la révolution.
Ce nom est le coeur battant de l'un des plus importants réseaux de résistance en Allemagne.
Ce nom est celui d'une espionne précieuse pour les Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.
Ce nom est celui d'une femme libre, arrêtée et guillotinée pour n'avoir jamais renoncé à ses idées.
À partir de notes, de correspondances, d'archives et de témoignages, Rebecca Donner rend un bouleversant hommage à son aïeule. Ce récit en immersion dans le quotidien chuchoté de son héroïne nous rappelle le combat de celles et ceux que les livres d'histoire et la mémoire collective ont laissé de côté. Mildred a désormais une voix, un visage, un destin.
« Dans les camps, il y a ceux qui survivent et ceux qui ne survivent pas. Il y a ceux qui reviennent et ceux qui ne reviennent pas. Personne ne sait pourquoi. C'est quelque chose qui vient du ciel. Il y a des anges, forcément. Je le crois. J'ai toujours eu deux anges avec moi. Je les ai toujours. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Peut-être parce qu'il fallait que je revienne. Il fallait que je dise ce que d'autres ne diraient pas, que j'écrive ce que personne n'écrirait. Je ne sais pas. Je n'y suis pour rien ».
Quelques semaines avant de mourir, Marceline Loridan-Ivens, déportée à Auschwitz-Birkenau à quinze ans dans le même convoi que Simone Veil, s'est confiée à David Teboul et Isabelle Wekstein-Steg. Ceci est son dernier récit.
Lorsque la France s'effondre en 1940, Churchill fonde le Special Operations Executive (SOE). Cette armée secrète doit infliger des pertes aux Allemands, créer des réseaux de résistance et informer Londres des mouvements de l'ennemi. Il faut ainsi former des agents bilingues capables de sauter en parachute, de tuer, de faire sauter des ponts... Adolescente, Noreen Riols, qui parle couramment français, est expédiée dans un bâtiment de Baker Street. Sans le savoir, elle vient d'atterrir au QG du SOE. Recrutée à la section F, elle va travailler deux ans sous les ordres du colonel Buckmaster et servir d'appât, faire passer des messages... Aujourd'hui, seule survivante de la section F, Noreen se souvient de ces années. Aimables, humoristiques et terrifiants à la fois, ces souvenirs sont l'oeuvre d'une femme aussi exceptionnelle que modeste.
L'histoire oubliée du combat des femmes dans les ghettos de Hitler.
C'est en cherchant des exemples de femmes juives résistantes à la British Library que Judy Batalion est tombée sur Women in the Ghettos [Femmes dans les ghettos], un livre insolite et poussiéreux de deux cents pages, écrit en yiddish. Connaissant la langue, elle se plonge dans la lecture et tombe sur des histoires d'armes, de grenades et d'espionnage.
«C'était un polar yiddish, l'histoire des «filles du ghetto» juives polonaises, qui soudoyaient les gardes de la Gestapo, cachaient des pistolets dans des ours en peluche et organisaient des réseaux d'abris souterrains. Elles séduisaient les nazis, les amadouaient avec de l'alcool et des confiseries, et les tuaient. J'étais stupéfaite.
J'avais grandi dans une famille de survivants de l'Holocauste, et on ne m'avait jamais parlé de cette histoire. Je savais que j'avais trouvé un trésor, et que je devais retrouver la trace de ces filles. »
17000 viols : l'autre visage des libérateurs de la France. Tel est le résultat de ce document accablant qui a nécessité des années de recherches. Ces agressions furent plus violentes et féroces en France qu'en Angleterre, et plus brutales encore en Allemagne. À partir d'archives inédites des tribunaux militaires américains, de témoignages, d'expertises, d'interrogatoires, ce livre éclaire d'un jour nouveau la violence sexuelle en temps de guerre. Sans voyeurisme, mais avec des mots crus et précis, il dit la réalité de la guerre, la peur, la souffrance et l'humiliation, et rompt définitivement avec l'imaginaire du "repos du guerrier".
C'est un livre qui transcende les genres et raconte une enquête. Elle mènera l'autrice - anthropologue, Américaine, d'origine juive - sur les traces de son ancêtre, Daniel Trocmé, instituteur pendant la Seconde Guerre mondiale au Chambon-sur-Lignon, le « village des Justes ». De Washington au Chambon, des camps de Buchenwald et de Majdanek à Jérusalem, Maggie Paxson s'interroge sur ce qui fait une société pacifique et ce qui pousse une collectivité, malgré la violence et le danger, à choisir l'altruisme. Au passage, elle rencontre des millions de Juifs d'hier et des millions de migrants d'aujourd'hui dans une même tradition d'accueil séculaire. Pour finir par se rencontrer elle-même. C'est un témoignage fort et émouvant sur le sens d'une vie, le concept de paix et le devoir de mémoire.
Un livre touché par la grâce, porté par une écriture lyrique, qui entrelace avec aisance et subtilité le récit historique, l'étude de terrain, le témoignage et l'introspection personnelle.
Maggie Paxson est chargée de recherche à l'université de Georgetown (Washington) et à l'United States Holocaust Memorial Museum. Elle a longtemps étudié les sociétés en conflit, en particulier en Russie, où elle a vécu dans un village du Nord-Caucase au contact de ses habitants. Elle est aussi chanteuse au sein de l'Imperial Palms Orchestra, l'un des principaux big bands de la côte Est.
Ce document, paru en 1993, a été le premier témoignage sur le Camp de Rivesaltes (Pyrénées Orientales). D'abord camp militaire, il a été converti en 1941 en camp d'internés destiné à accueillir 18000 personnes, Juifs, Espagnols et Tsiganes. Il fut fermé en novembre 1942 après la déportation massive des Juifs.
Friedel Reiter y travaille jusqu'au jour de sa fermeture, auprès des enfants. Elle tient un journal presque quotidien, y décrit la vie au camp, les moments de bonheur et de désespoir. Elle tente d'écarter ses états d'âme pour agir, négocier, éviter le pire.
Ce document est un témoignage historique et humain à la mémoire de la déportation.
Florence Conrad, riche américaine et infirmière pendant la Grande Guerre, forme en 1943 une unité d'ambulances. Grâce aux fonds qu'elle récolte, elle achète dix-neuf véhicules Dodge et recrute à New York les premières volontaires. Ces femmes, parfois très jeunes, sont déterminées à libérer la France et ne reculent devant rien.
En 1943, les Rochambelles - qui tirent ce surnom de leur unité sanitaire Rochambeau, en mémoire du comte du même nom, compagnon de Lafayette - passent outre les railleries et tentent de s'imposer dans un monde d'hommes. Elles sont incorporées à la deuxième division (DB) du général Leclerc à Rabat et apprennent rapidement à maîtriser la mécanique, repérer des mines, poser des garrots.
Le 30 mai 1944, les 39 Rochambelles embarquent pour Liverpool. En août, elles débarquent sur le sable d'Utah Beach en Normandie avec pour mission d'évacuer les blessés des zones de combat vers les postes de tri. Elles arrivent à Paris le 25 août 1944 et participent à la dure campagne d'Alsace et à la prise de Berchtesgaden. Deux d'entre elles perdent la vie dans les combats qu'elles mènent sans arme. À partir de leurs témoignages émouvants, Ellen Hampton nous retrace dans un récit captivant l'épopée de ces ambulancières, courageuses et idéalistes, guidées par leur instinct patriotique.
Elles s'appelaient Laure, Lucie, Marie-Rosa, Hélène, Adélaïde, Alice, Anna, Marie-Grégoire, Mathilde, Lucienne, Marianne, Thérèse, Andrée, Caroline.
Elles étaient commerçante, institutrice, étudiante, scoute, mère de famille, psychiatre, secrétaire, religieuse.
Avec insolence ou candeur, avec courage, la peur au ventre ou insouciantes, avec force, avec douceur, avec opiniâtreté, elles se levèrent contre l'oppression de l'occupant nazi.
Plusieurs ont été dénoncées puis arrêtées, d'autres pas, certaines ont été déportées, condamnées à mort voire exécutées sommairement.
Elles sauvèrent des vies.
Ce livre dresse le portrait, émouvant et documenté, de quelques-unes de ces femmes qui hébergèrent des prisonniers évadés ou une radio clandestine, aidèrent des milliers de personnes à franchir la frontière, protégèrent des juifs, subirent des représailles ou participèrent aux plus hautes instances de la Résistance.
Puisse leur engagement nous inspirer !
De 1939 à 1945, au camp de Ravensbrück, 132 000 femmes et enfants furent les victimes silencieuses des nazis. Résistantes, Tziganes, Témoins de Jéhova, handicapées, prostituées ou juives, elles étaient pour le Reich des déclassées, des « bouches inutiles ». Parmi elles, 8 000 Françaises dont Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz.
Fruit d'un travail d'enquête minutieux à travers le monde à la rencontre des dernières rescapées et des familles des déportées, ce livre exceptionnel rend hommage et redonne la parole à ces femmes, vibrantes héroïnes d'une histoire restée trop longtemps marginale. En écho à Si c'est un homme de Primo Levi, Sarah Helm interroge l'indicible, pour ne « jamais oublier ce qui s'est passé ».
Une bouleversante « biographie » de Ravensbrück. Sans prétendre l'expliquer, Sarah Helm esquisse comment les rescapées ont pu survivre à l'horreur. Et s'en remettre. Marie Charrel, Le Monde des livres.
A l'instar de la courageuse Nellie Bly, Janet Flanner est une journaliste culottée. Née à la fin du XIXe siècle à Indianapolis dans un milieu quaker cultivé et bourgeois, étudiante en lettres à l'université de Chicago, critique théâtrale pour le quotidien local, l'Indy Star, elle se marie pour échapper à sa mère et suit son époux à New York. Elle y fréquente la bande de l'Algonquin, des auteurs, comédiens, dramaturges bourrés de talent et d'esprit et y rencontre le grand amour de sa vie, Solita Solano, comme elle journaliste et aspirante écrivaine. Janet quitte son mari et les deux femmes partent visiter l'Europe avant de s'installer en 1922 à Paris, et d'y vivre libres. Trois ans plus tard, le New Yorker lui propose d'écrire toutes les deux semaines une Lettre de Paris, sous le nom de plume de Genêt. Ce qu'elle fera brillamment tout en publiant, dès le début des années trente, des reportages sur l'Europe en proie à ses démons.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Janet Flanner rentre au pays. Pour autant, à dix mille kilomètres, elle continue à raconter aux Américains Paris et la France sous le joug nazi, aussi précisément que si elle y résidait encore. Tantôt grave et tantôt ironique, elle explique, décortique, suppute, griffe, pointe les petites et les grandes lâchetés et l'héroïsme au quotidien. Plus elle enquête, plus elle écrit, plus sa détestation de la barbarie nazie s'accroît. Vifs, précis, documentés, ses articles restent parmi les meilleurs de ceux qu'on a pu lire sur la France occupée. La profusion de détails, du plus sombre au plus dérisoire, qui portent sur tous les sujets possibles (le marché noir, l'économie, l'argent, la mode, la nourriture, le travail, l'éducation, la presse, l'Eglise, l'antisémitisme, etc.), compose une fresque minutieuse assemblée comme un collage. Paris est une guerre, tout autant qu'une plongée fascinante dans la France occupée, est un régal de lecture et une mine pour les férus d'histoire.
Évoquer la guerre 39-45, c'est aussitôt faire surgir des images familières à la mémoire collective : l'Occupation, l'Exode, les camps, les bombardements... Mais questionner cette mémoire à travers les témoignages de femmes « ordinaires » c'est en faire émerger des visages plus intimes et toucher du doigt une vie quotidienne qui, en dépit des événements, de l'absence des pères et des maris, doit continuer.
Ce livre présente une sélection de témoignages inédits, déposés dans le fonds d'archives de l'Association pour l'autobiographie (APA), parfois écrits sur le vif, parfois reconstitués à partir de lettres et de journaux. On y découvrira le récit des bouleversements géographiques, qu'il s'agisse de fuir l'Alsace annexée, les bombardements en Normandie ou même l'Allemagne dans le sillage d'un père collaborateur ; les difficultés quotidiennes, à l'heure de se ravitailler, de poursuivre ses études ; les questionnements, la solitude, les espoirs et les engagements dans la lutte armée.
Certaines femmes, au bout de la route, verront leur mari arrêté, connaîtront la prison et la déportation... Leurs témoignages vibrants, mus par un désir ardent de transmission, sans impératifs littéraires ni souci de plaire. nous permettent d'apprécier les ressources de combativité qu'elles déploient, dans une entreprise de résilience quotidienne. Leur ténacité, leur intelligence, leur dignité, parfois même leur humour au milieu du drame, attestent qu'il existait mille et une manière de résister à ces années noires.
Est-ce que la tante et l'oncle vont me garder ici ? » murmura-t-elle dans l'oreille du petit Jésus. Mais pourquoi le feraient-ils, eux, alors que personne d'autre ne l'avait encore fait ? Peut-être qu'ils changeront d'avis demain, comme Mademoiselle Andrea avant eux.
Et soudain, l'absence de sa mère devint la seule réalité tangible dans sa chambre, aussi réelle que les ombres noires projetées par le grand miroir. Érica ferma les yeux avec force puis tenta d'imaginer sa mère, mais son visage était comme une page grise et vide. Elle savait qu'elle perdrait sa mère pour toujours si elle ne parvenait pas à se souvenir d'elle. « Demain, tu devras beaucoup sourire », lui criait sa petite voix intérieure.
Fouillant dans ses papiers personnels, Flora Hogman, alias Érica, retrouve un texte qu'elle écrivit il y a près de cinquante ans et qui la replonge en 1943. Cette petite fille d'une famille juive de Tchécoslovaquie a alors sept ans, elle se trouve seule à Nice avec sa mère, son père étant mort avant la guerre. Lorsque les Allemands entrent en zone libre, sa mère fait appel au « réseau Marcel » pour la mettre en lieu sûr. Ainsi débute l'errance d'une fillette seule au monde, enfant cachée ballottée de foyer en foyer dans la France occupée.
Un récit singulier et poignant, préfacé par Annette Wieviorka, qui retrace l'histoire des organisations de sauvetage des enfants juifs.
« Je trahirai demain, pas aujourd'hui.... » Assassinée à 22 ans, la jeune résistante juive qui sauva plus de 200 enfants n'a jamais trahi, ni ses rêves, ni sa vision d'une humanité apaisée où les enfants ne seraient pas en danger.
Née en Allemagne, Marianne suit sa famille menacée par les nazis, de Tchécoslovaquie en Espagne, en Suisse et enfin en France. Réfugiée à Moissac en 1940, elle s'engage dans le scoutisme israélite puis dans la résistance non-violente. En 1943, elle fait partie du réseau clandestin de résistance juif qui travaille avec l'OSE, l'ORT, la CIMADE, le SSE pour assurer le passage en Suisse de familles menacées.
C'est lors d'un de ces passages qu'elle est arrêtée ; torturée elle refuse d'abandonner les enfants qui lui ont été confiés et est sauvagement assassinée.
Cette très belle figure de la résistance féminine juive nous est restituée ici par Magali Ktorza qui a pu s'entretenir avec les camarades de Marianne et les enfants qu'elle a sauvés.
Marguerite Buffard-Flavien, née dans le Jura en 1912, élève de l'École normale supérieure de Sèvres, devient professeur de philosophie et s'engage en 1934 dans le combat antifasciste. Nommée successivement à Colmar, Caen puis Troyes, restée fidèle au parti communiste, elle est révoquée en décembre 1939. Elle travaille ensuite comme ouvrière dans une bonneterie puis, exclue du PCF, isolée, rejoint la ferme de la famille de son mari. Internée en 1942 au camp de femmes de Monts, près de Tours, elle participe à l'une des rares révoltes contre la mauvaise nourriture. Transférée de ce fait à Mérignac, près de Bordeaux, elle s'évade en décembre 1943 et rejoint la Résistance à Lyon. Agent de renseignement à l'inter-région FTP, dénoncée, elle est arrêtée par la Milice le 10 juin 1944. Le 13 juin, vraisemblablement par crainte de' parler sous la torture, elle se défenestre du troisième étage du siège de la Milice, rue Sainte-Hélène. Elle meurt le jour même sans avoir parlé. Rapidement, après quelques hommages, elle disparaît de la mémoire collective. Une plaque est apposée rue Sainte-Hélène, avec la mention erronée " Assassinée par la Gestapo ". Christian Langeois reconstitue cette vie brisée sur la base d'archives, d'une riche correspondance (en particulier avec son mari prisonnier en Allemagne), de quelques témoignages. Il restitue la figure d'une femme d'exception pleinement engagée dans la vie au nom d'un idéal humaniste.
Écrits pendant ou après les événements, assemblés ici comme les restes dispersés d'une expérience à peine exprimable, les témoignages rassemblés dans cette anthologie, souvent inédits - traduits de l'allemand, du polonais, du yiddish, du tchèque, de l'hébreu, du grec, de l'italien, de l'espagnol, du romani, du roumain et de l'anglais - se relaient pour dessiner ce que fut, dans les yeux des plus jeunes, la Catastrophe génocidaire, mais aussi pour dire l'incroyable vitalité déployée dans les ghettos, les campagnes et les camps, chacun se sachant en sursis. Les récits individuels de ce drame commun donnent au lecteur une représentation concrète de la tragédie collective et, surtout, lui permettent de comprendre la perception que les enfants en eurent eux-mêmes, de savoir comment ils y réagirent dans ce qui leur restait de vie sociale et intime, de connaître le regard, souvent sans concession, qu'ils portaient sur les adultes, sur leurs parents. Ces témoignages n'ont pas seulement valeur de documents historiques : qu'ils prennent ou non forme littéraire, ils montrent l'importance qu'eut pour leurs auteurs la possibilité de mettre en mots ce que chacun vivait et éprouvait, l'écriture étant pour certains le dernier rempart au désespoir et à la folie.
Les textes présentés ici, émanant de témoins inconnus autant que d'auteurs célèbres (Aharon Appelfeld, Primo Levi, Elie Wiesel.), ont été choisis et édités par Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, avec l'aide de plusieurs traducteurs et historiens français et étrangers. Ils forment un livre unique et bouleversant qui propose, pour la première fois à l'échelle de l'Europe entière, les récits de ces enfants qui grandirent dans la certitude quotidienne de leur condamnation, et qui, s'adaptant au monde où il leur fallait vivre, firent de ces récits ceux de la vie même.
Que faire lorsqu'on a 19 ans, en 1940 et que l'on est une jeune étudiante de bonne famille animée d'une foi fervente ?
Pour Marie Médard, la réponse se trouve à l'issue d'un cheminement marqué par une intense réflexion morale. Après quelques actes de désobéissance et sa démonstration publique de soutien à ses amis juifs ; elle s'engage dans l'action clandestine : en mettant à l'abri en zone Sud des enfants juifs puis comme agent de liaison du réseau Jonque.
Arrêtée, torturée, déportée à Ravensbrück et Torgau, elle continue de résister dans les camps en refusant de fabriquer des munitions et en participant à la vie spirituelle du camp.
A partir des archives familiales et de sa propre rencontre avec Marie Médard, Cécile Leblanc éclaire les fondements de son engagement résistant et le vécu de son entourage pendant sa déportation.
Un destin fascinant de résistance féminine, spirituelle et non-violente.
Avril 1945.
Cinq mille femmes sont lancées sur les routes par les SS qui fuient l'approche de l'armée américaine. Dans cette colonne, il y aura peu de rescapées ; la plupart mourront de faim, de froid et d'épuisement, les autres seront abattues. Le récit de Suzanne Maudet n'est pas celui de cette tragédie, mais le journal de l'évasion de neuf jeunes déportées, unies par l'amitié, la jeunesse, et une formidable envie de vivre.
Malgré l'épuisement et la peur, elles profitent d'un moment d'inattention de leurs gardiens, s'échappent par un sentier de campagne et se retrouvent étrangement libres en terre allemande. Commence alors, à neuf, dans les rires et dans l'audace, un voyage à travers champs et villages, en quête de nourriture, mais aussi dans l'ivresse de la liberté retrouvée.