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Prix
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Toute mon adolescence, j'étais persuadée que les personnages d'À la recherche du temps perdu étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman. J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire La Recherche. Et là, ma vie a changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles. Proust m'a constituée comme sujet. L. M.
Érudit, réjouissant, instructif. Télérama.
Dans un impeccable pas de deux entre autobiographie et hommage littéraire, l'essayiste remonte le fil de sa propre enfance tout en célébrant le chef-d'oeuvre proustien, indépassable école du regard et bréviaire d'émancipation. Bouleversant. Psychologies magazine.
Prix Médicis essai 2023. -
Si la modernité a placé la dignité au coeur de ses promesses, nos sociétés contemporaines trahissent cette ambition en multipliant des situations perçues comme indignes. Des institutions comme les hôpitaux, les EHPAD ou les prisons sont devenues des lieux d'atteinte systémique à la dignité. Parallèlement, les mouvements sociaux récents (révolution ukrainienne, Black Lives Matter...) et les débats sur les discriminations, la fin de vie, le travail ou la condition animale soulignent l'urgence d'agir face à ce «devenir indigne» de nos sociétés. Entremêlant psychanalyse, philosophie politique, littérature et sciences sociales, Cynthia Fleury propose de penser une dignité universelle et effective dans le cadre de la philosophie du soin, qui dépasse l'indignation : une clinique de la dignité. Quatre entretiens - avec Claire Hédon, Défenseure des droits, Benoît Berthelier, Benjamin Lévy et Catherine Tourette-Turgis - permettent, à l'aune de la sociologie carcérale, par exemple, ou du traitement des personnes séropositives, d'explorer autant de dimensions de la dignité.
-
Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre
Delphine Horvilleur
- Grasset
- Essais Grasset
- 21 Février 2024
- 9782246838463
Fracassée comme tant d'autres après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l'auteur voit son monde s'effondrer. Elle dont la mission consiste à porter la souffrance des autres sur ses épaules et à la soulager par ses mots, se trouve soudain en état de sidération, impuissante et aphasique.
Dans la fièvre, elle écrit alors ce petit traité de survie, comme une tranche d'auto-analyse qui la fait revenir sur ses fondements existentiels.
Le texte est composé de dix conversations réelles ou imaginaires : conversation avec ma douleur, conversation avec mes grands-parents, conversation avec la paranoïa juive, conversation avec Claude François, conversation avec les antiracistes, conversation avec Rose, conversation avec mes enfants, conversation avec ceux qui me font du bien, conversation avec Israël, conversation avec le Messie.
Ce livre entre en résonnance avec Vivre avec nos morts (puisqu'il s'agit ici, a contrario, de l'angoisse de mourir avec les vivants), avec Réflexions sur la question antisémite (puisque c'est le pendant personnel, intime et douloureux à l'essai plus intellectuel et réflexif) et à Il n'y a pas de Ajar (puisque la musique, le ton, la manière des dialogues oraux font écho à ceux du monologue théâtral).
Comme toujours avec l'auteur, le va et vient entre l'intime et l'universel, entre l'exégèse des textes sacrés et l'analyse de la société actuelle, entre la gravité du propos et l'humour comme politesse du désespoir, parvient à transformer le déchirement en réparation, l'inconfort en force, l'inquiétude en réassurance et le doute en savoir. -
Ci-gît l'amer : guérir du ressentiment
Cynthia Fleury
- Folio
- Folio Essais
- 1 Septembre 2022
- 9782072981777
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l'objet de l'analyse reste la quête des origines, la compréhension de l'être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur. L'aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s'effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité ? Nous voilà, individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d'en faire le moteur des histoires individuelles et collectives.
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Que peut littérature quand elle ne peut ?
Patrick Chamoiseau
- Seuil
- Libelle
- 7 Février 2025
- 9782021588927
Aujourd'hui, pour questionner les littératures dans leur rapport au monde, donc à chaque être vivant, il serait indécent de ne pas considérer toutes les oppressions : Palestiniens, Tibétains, Ouïghours, Rohingyas, Tutsis, Kurdes, Ukrainiens, Haïtiens, Syriens, peuples-nations effacés dans l'Outremer français... Je les vois et les nomme un à un au coeur en apparence bien impuissant de nos littératures !...
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Croire : sur les pouvoirs de la littérature
Justine Augier
- Actes Sud
- Babel
- 2 Janvier 2025
- 9782330200022
Justine Augier ("De l'ardeur", "Par une espèce de miracle", "Personne morale"...) qui pratique et incarne une forme de pudeur et d'éthique littéraire assez uniques voit son projet d'écrire sur la littérature comme lieu de l'engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l'urgence mute, l'intime et l'universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.
À l'intersection du littéraire et du politique, un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins. -
Et si l'on avait fait fausse route dans l'interprétation du Petit Chaperon rouge ? De cette histoire familière, on a surtout retenu une mise en garde contre des prédateurs inconnus, intégré l'idée que le danger rôdait dehors. Et pourtant...
Il était une fois, sous une flamboyante capuche rouge, un petit malentendu. Perrault et les frères Grimm s'étaient donné de la peine, ils avaient semé les indices comme d'autres sèment les cailloux, mais en vain. Quelque chose en nous résistait, à nos corps défendants. Affabulation collective, le déni mit tout à l'envers : on verrouilla, d'un même geste, et le contresens et la porte de nos maisons. Rembobinons. Qu'est-ce que c'est que cette grand-mère " folle " de sa petite-fille ? Pourquoi l'enfant donne-t-elle si prestement son adresse au loup ? Aurait-elle d'excellentes raisons de traîner des pieds en chemin ? Est-il bien vrai que la forêt est un danger et la maison un lieu sûr ? Et, surtout, qui se cache sous la couverture ? Un loup grimé en mère-grand, vraiment ?
L'enquête est rouverte. À travers un réseau de récits fictionnels et familiaux, où surgissent, au détour d'un sentier, Sigmund Freud, Virginia Woolf ou encore David Lynch, Lucile Novat dissèque la fable, débusque le tabou, et fait retentir un tout autre avertissement.
Suivi de Barbe-Bleue, un conte dont vous étes le Perrault. -
Parce qu'on ne naît pas homme, on le devient.
Adapté du podcast phénomène Les Couilles sur la table, ce livre est une synthèse indispensable et passionnante de ce que l'on sait sur la virilité, les masculinités et les hommes.
Un livre à offrir à toutes celles et ceux qui se posent des questions sur eux-mêmes. Et à celles et ceux qui ne s'en posent pas encore.
-
Le chagrin conduit le coeur vers la littérature et la philosophie dans l'espoir d'y trouver une consolation, comme un enfant se réfugie dans les bras de sa mère. Mais les mots des autres ne consolent pas. Regarder la mort en face, n'est-ce pas constater notre condition d'êtres résolument inconsolables ?Qu'est-ce que ça change, vraiment, de perdre son père ? Sans croyance en un au-delà, que signifie l'ultime disparition de ce qui est ? Rien ne change, et pourtant le monde n'est plus le même. Il faut s'habituer à vivre dans un monde sans lui. La vie continue, les matins se succèdent, les enfants grandissent, un nouveau chat rejoint la maison, et après la grande tristesse c'est la peur de l'oubli qui survient.Et si tout redevenait comme avant ? La vie, même dans l'impossible face-à-face avec la mort, se trouve dans cette alternative : quand le temps s'étire, on s'ennuie ; quand le temps s'arrête, on gémit. Le drame n'est-il qu'une suspension provisoire de nos soucis ? Mais alors, nous autres, êtres inconsolables, avons-nous la possibilité de jouir de l'existence en connaissance de cause ?A. V. R.
-
La position de la cuillère et autres bonheurs impertinents
Deborah Levy
- Éditions du sous-sol
- Souterrains
- 10 Mai 2024
- 9782364687851
Et si Deborah Levy nous ouvrait les portes de sa bibliothèque personnelle ? Si elle nous emmenait à la découverte des artistes qui l'inspirent et la secouent ? Et si, en passant, elle nous livrait une anecdote savoureuse impliquant les petites cuillères, son voisin de palier et Nietzsche ? Tour à tour jeune femme aux yeux noircis de khôl, ses fidèles creepers aux pieds pour arpenter le Londres underground des années 1970, déjà fascinée par Colette et Simone de Beauvoir, amante féministe relisant Marguerite Duras et Sigmund Freud et Violette Leduc et Roland Barthes, voyante lorsqu'il s'agit de scruter l'âme des artistes qui l'obsèdent - Édouard Manet, Lee Miller, Francesca Woodman -, à l'affût du monde sous toutes ses coutures - technologie, pandémie, gastronomie... - Deborah Levy nous livre au fil de ces textes réjouissants, un véritable traité de l'indiscipline et une plongée revigorante dans son intimité loufoque et érudite.
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Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres écrits : «Femme, réveille-toi !»
Olympe de Gouges
- Folio
- Folio 3 Euros
- 20 Juin 2024
- 9782073073556
«Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ?» Un ton résolument frondeur, une langue énergique, un propos engagé, par l'une des grandes voix féminines de la Révolution française.
-
De quelle obscure impulsion ce texte, qui m'a hantée pendant de longs mois, s'est-il nourri ? Tout ce que je sais, c'est que j'ai été emportée, engloutie par le siècle d'histoire qui a traversé cette prison de Lyon, la prison de Montluc. Jean Moulin, Raymond Samuel, dit Aubrac, René Leynaud, André Devigny, les enfants d'Izieu y ont tous été emprisonnés. Puis de nombreux condamnés à mort algériens. Klaus Barbie, lui, y est incarcéré avant son procès en 1983. Ce n'est qu'en 2009 que l'aile des femmes, la dernière en activité, est définitivement fermée, en même temps que la prison.
Toute la complexité de l'histoire semble s'être concentrée en un seul point, mais ses tentacules s'étendent bien plus loin. J'ai essayé de les suivre, de les démêler. De les pénétrer au cours d'une nuit blanche où je pensais aller à la rencontre des esprits de tant de résistants, et où j'ai fini par me rendre compte que le fantôme, en ces lieux, c'était moi. -
« Ces "Je me souviens" ne sont pas exactement des souvenirs, et surtout pas des souvenirs personnels, mais des petits morceaux de quotidien, de choses que, telle ou telle année, tous les gens d'un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles ne valaient pas la peine d'être mémorisées, elles ne méritaient pas de faire partie de l'Histoire, ni de figurer dans les Mémoires des hommes d'État, des alpinistes et des monstres sacrés. Il arrive pourtant qu'elles reviennent, quelques années plus tard, intactes et minuscules, par hasard ou parce qu'on les a cherchées, un soir, entre amis : c'était une chose qu'on avait apprise à l'école, un champion, un chanteur ou une starlette qui perçait, [...] un geste, ou quelque chose d'encore plus mince, d'inessentiel, de tout à fait banal, miraculeusement arraché à son insignifiance, retrouvé pour un instant, suscitant pendant quelques secondes une impalpable petite nostalgie. » G.P.
Recueil de minuscules souvenirs réunis entre 1973 et 1977, qui s'échelonnent entre la 10e et la 25e année de l'auteur (1946-1961), "Je me souviens" fait revivre l'air du temps de l'après-guerre et des années 1950.
-
Ce livre n'est pas l'histoire d'un homme, même si ce médecin, Joël Le Scouarnec,
est à l'origine de la plus importante affaire de pédocriminalité jamais jugée en
France. C'est l'histoire de celles et ceux qui ne l'ont pas arrêté, et dont les
agissements ne feront l'objet d'aucun procès.
Avec les armes de la littérature du réel, L'Impuni tente de mettre des mots sur ce qui
ne se raconte jamais. Sur ce qui se tait au lieu de hurler. Sur ce qui fait semblant de
dormir. Pour comprendre où ça commence, pourquoi ça passe, jusqu'où ça ira si
nous continuons ensemble à nourrir l'impunité au lieu de nous dresser contre elle.
C'est le libre récit d'une enquête sur tout ce qui nous échappe face à la déferlante,
mais où se tient pourtant l'espoir de notre insurrection. -
« J'ai cessé d'imaginer un jour, je ne sais plus quand ni pourquoi. Je sais pourtant ce que je dois à l'imagination : de n'avoir pas péri, mille fois au moins. Et si j'ai désormais retrouvé son chemin, je ne veux plus le perdre. »
Imagine, dit la chanson. Il suffirait d'un mot pour faire advenir l'impossible - le bonheur, la paix et tout le reste. Rien, pourtant, n'apparaît plus difficile aujourd'hui.
Pour explorer les multiples facettes de l'imagination, Laura El Makki nous offre un voyage poétique au coeur des oeuvres de celles et ceux qui sont allés au-delà du vrai et du vécu. On y croisera, entre autres, les soeurs Brontë, Mary Shelley, Ursula K. Le Guin, George Orwell, Marcel Proust ou encore Gaston Bachelard, mais aussi le père Noël, un monde peuplé d'amis imaginaires, des rêves oubliés qui refont surface...
À quoi sert d'imaginer ? À rien. À tout -
Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe
Chimamanda Ngozi Adichie
- GALLIMARD
- Hors Serie Litterature
- 24 Mars 2017
- 9782072721977
«Je suis convaincue de l'urgence morale qu'il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l'égard des femmes et des hommes.» À une amie qui lui demande quelques conseils pour élever selon les règles du féminisme la petite fille qu'elle vient de mettre au monde, la grande romancière Chimamanda Ngozi Adichie répond sous la forme d'une lettre. Puissante et touchante, cette missive prend vite la tournure d'un manifeste. L'autrice nigériane examine ici, non sans humour, les situations concrètes qui se présentent aux parents d'une petite fille tout en expliquant comment déjouer les pièges que nous tend le sexisme, à travers des exemples fort vivants. Devenu une référence, ce texte s'adresse à tous : aux hommes comme aux femmes, aux parents en devenir et à l'enfant qui subsiste en chacun de nous. Tous peuvent y trouver les clés permettant d'adopter une ligne de conduite féministe pour «imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants».
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«Nous, linguistes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, sommes proprement atterrées par l'ampleur de la diffusion d'idées fausses sur la langue française.» Les Linguistes atterrées Les discours sur les «fautes» saturent quasiment l'espace éditorial et médiatique contemporain. Mais la différence entre une faute et une évolution, c'est la place qu'elle occupera à long terme dans l'usage. Et l'usage, ça s'étudie avec minutie. C'est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits. Non, l'orthographe n'est pas immuable en français. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne «déforment» pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n'appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs. Dix idées reçues sur la langue, et surtout trente propositions pour en sortir.
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Maya Angelou est une icône de la culture afro-américaine. Engagée dans la lutte pour les droits civiques, elle fait entendre sa voix par l'écriture. Celle d'une femme noire à la détermination sans faille qui puise force et confiance dans son identité. Ses poèmes, tantôt engagés ou intimes, nous parlent du bruit des grandes villes du Sud, de féminité, d'amour et de ruptures. De rêves brisés mais, surtout, de courage et de liberté.
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Courir sur les cordes : Running upon the wires
Kae Tempest
- L'Arche
- Des Ecrits Pour La Parole
- 18 Octobre 2024
- 9782381980744
Histoire d'amour racontée à rebours, "Tes doigts sur mes cordes" de Kae Tempest remonte le fil d'une relation amoureuse et ravive
la beauté des sentiments naissants. « Je suis né·e pour e^tre
ton lit / C'est pour cca que je nais encore » réve'le le tout premier poe'me - infinie circularité d'un désir qui meurt pour renai^tre.
E'crit en 2018, peu apre's Qu'on leur donne le chaos, ce recueil est le plus personnel que Kae Tempest ait jamais écrit. Ces poe'mes racontent le souffle coupé de la rupture et le souffle court des premiers baisers, la torpeur des nuits d'ivresse et
la solitude infinie des matins sans l'e^tre aimée. Poésie d'une grande sensualité, épopée intime sobre et désenchantée, "Tes doigts sur mes cordes" est un mémorial amoureux qui ne peut s'arre^ter de vibrer. Kae Tempest nous fait entrer dans l'intimité des sensations les plus crues, les plus désespérées, désabusée des mots qu'il faut pour le dire. -
Dysphoria mundi : le son du monde qui s'écroule
Paul b. Preciado
- Points
- Points Feministe
- 16 Février 2024
- 9791041412334
Dysphoria mundi est un texte mutant qui rend compte de la transition planétaire en cours. Le xixe siècle était hystérique ; le xxe schizophrène ; notre époque est dysphorique. Anxiété généralisée, troubles post-traumatiques, syndrome de dépendance, dysphorie de genre, destruction légitimée de l'écosystème... Voici l'hypothèse que propose ce livre : généraliser la notion de dysphorie afin de la comprendre non pas comme une maladie mentale, mais comme une dissidence politique. L'auteur dessine une cartographie des pratiques d'émancipation susceptibles de transformer l'avenir. On dit souvent qu'il nous est devenu plus facile d'imaginer la fin du monde que de penser la fin du capitalisme. Preciado persiste à observer les preuves de pratiques alternatives à cette impasse : de nouveaux modes de vie jusqu'alors disqualifiés comme improductifs et anormaux se présentent désormais comme la seule issue.
Paul B. Preciado est philosophie, commissaire d'exposition et auteur. Dans la lignée des travaux de Kathy Acker, Judith Butler, Monique Wittig et Michel Foucault, ses ouvrages, traduits dans une dizaine de langues, sont des références internationales des études queer, trans et non-binaires. -
«Il faut s'adapter» : sur un nouvel impératif politique
Barbara Stiegler
- Folio
- Folio Essais
- 14 Septembre 2023
- 9782073010032
D'où vient ce sentiment diffus et oppressant d'un retard généralisé, lui-même renforcé par l'injonction permanente à s'adapter au rythme des mutations d'un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation des champs économique, social et politique par le lexique biologique de l'évolution ? La généalogie de ce nouvel impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources du «néolibéralisme» américain : «néo» car, contrairement au libéralisme classique qui comptait sur la libre régulation du marché, ce nouveau libéralisme autoritaire en appelle aux artifices de l'État (droit, éducation, action sociale). L'enjeu est de transformer l'espèce humaine pour fabriquer les agents d'une compétition mondiale loyale et régulée. Pour Walter Lippmann, théoricien de cette transformation, seul un gouvernement de leaders et d'experts peut conduire l'évolution des sociétés dans la bonne direction. Mais Lippmann se heurte à John Dewey, figure majeure du pragmatisme, qui lui oppose l'intelligence collective des publics, socle d'une indispensable refondation de la démocratie. «La lutte entre le néolibéralisme et la démocratie n'est pas terminée : elle ne fait que commencer», Thomas Piketty, présentation de l'édition américaine, Fordham University Press.
-
La Défaite de l'Occident
Emmanuel Todd
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 11 Janvier 2024
- 9782073041135
L'implosion de l'URSS a remis l'histoire en mouvement. Elle avait plongé la Russie dans une crise violente. Elle avait surtout créé un vide planétaire qui a aspiré l'Amérique, pourtant elle-même en crise dès 1980. Un mouvement paradoxal s'est alors déclenché : l'expansion conquérante d'un Occident qui dépérissait en son coeur. La disparition du protestantisme a mené l'Amérique, par étapes, du néo-libéralisme au nihilisme ; et la Grande-Bretagne, de la financiarisation à la perte du sens de l'humour. L'état zéro de la religion a conduit l'Union européenne au suicide mais l'Allemagne devrait ressusciter.
Entre 2016 et 2022, le nihilisme occidental a fusionné avec celui de l'Ukraine, né lui de la décomposition de la sphère soviétique. Ensemble, OTAN et Ukraine sont venus buter sur une Russie stabilisée, redevenue une grande puissance, désormais conservatrice, rassurante pour ce Reste du monde qui ne veut pas suivre l'Occident dans son aventure. Les dirigeants russes ont décidé une bataille d'arrêt : ils ont défié l'OTAN et envahi l'Ukraine. Mobilisant les ressources de l'économie critique, de la sociologie religieuse et de l'anthropologie des profondeurs,
Emmanuel Todd nous propose un tour du monde réel, de la Russie à l'Ukraine, des anciennes démocraties populaires à l'Allemagne, de la Grande-Bretagne à la Scandinavie et aux États-Unis, sans oublier ce Reste du monde dont le choix a décidé de l'issue de la guerre. -
Dans «Les Cercueils de zinc», Svetlana Alexievitch avait osé violer en 1989 un des derniers tabous de l'ex-URSS : elle dénonçait le mythe de la guerre d'Afghanistan, des guerriers libérateurs. La vérité n'est jamais bonne à dire, «Les Cercueils de zinc» valut à son auteur un procès pour "calomnie". Reste que sans ce livre on ne saurait rien de la guerre des Soviétiques en Afghanistan ni, vues de l'intérieur, des dernières années de l'URSS. Un témoignage capital du Prix Nobel de littérature 2015, dans une édition revue par l'auteur.
-
Onze années ont passées, depuis mon dernier voyage chez moi, dans mon pays, l'Iran. Aujourd'hui, je suis une autre femme. Et pourtant, je n'ai pas changé. On me demande souvent : "ça ne te manque pas ?" Et j'ai toujours du mal à répondre. J'imagine que si l'on posait cette question à une personne qui a perdu une jambe ou un bras, elle aurait la même difficulté à répondre.
La question est tellement absurde. Le manque est tellement anormal, tellement contre-nature que je n'arrive même plus à situer la douleur. Simplement, je deviens anormale, hors norme, dérangée. Sans m'en rendre compte, j'essaie d'arrêter le temps, de ne pas voir ce temps qui coule, le temps qu'on me vole... Parce que si le temps passe, je rate des choses, des êtres, et rien que cette idée me rend malade.
Je suis celle qui a fui et qui a raison d'avoir fui. Je ne vous connais pas. ?Vous, vous ne risquez rien. ?Vous savez d'où je viens et où je vais, vous connaissez ces rues, vous connaissez ces heures. Vous connaissez vos plans. ?Moi, je ne connais rien, je risque tout devant vous.
Un texte fort sur l'exil, ce sentiment "d'étrangeté" qui donne l'impression de n'être chez soi nulle part, et même, de n'être "soi" nulle part. Sortir des normes et se sentir dé-rangée.