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Œuvres classiques
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Pourquoi Hamlet n'a-t-il pas été écrit par une femme ? À cette question, faussement naïve et vraiment provocante en 1929, Woolf répond : car une femme n'aurait pas eu «un lieu à elle» pour écrire. De quel lieu s'agit-il ? Espace concret de la pièce de travail où s'isoler ; espace temporel où les femmes sont libérées des tâches domestiques ; espace mental où elles sont libres de penser. Espace de liberté économique, aussi, qui leur permette de s'assumer seules. C'est enfin l'espace qui reste à créer dans la tête des hommes (et des femmes) pour admettre que oui, les femmes peuvent travailler, penser et écrire à l'égal des hommes. Impeccable démonstration historico-sociale sur les obstacles qui ont conduit les femmes à demeurer dans un état de minorité face aux hommes, Un lieu à soi est un texte hybride, tout à la fois essai, récit autobiographique, fiction utopique et manifeste idéologique. Woolf met sa finesse et son ironie au service d'une cause toujours actuelle.
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La Maison de Claudine : La Naissance du jour ; Sido
Colette
- Folio
- Folio Classique
- 2 Janvier 2025
- 9782073044723
Comment naît une écriture, en quel lieu mystérieux se forge-t-elle ? Pour Colette, la maison de son enfance, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l'Yonne, en est la source vive dont elle prend conscience après le succès remporté par Chéri en 1920. Des souvenirs qui lui reviennent, dans les nouvelles et les courts chapitres de La Maison de Claudine (1922) et de Sido (1930), émerge une figure lumineuse, celle de Sido, sa mère. Entre ces deux ouvrages, La Naissance du jour (1928) permet à Colette, relisant les nombreuses lettres de Sido, et les réécrivant parfois, de mettre au jour tout ce qu'elle doit à cette mère. En pleine maturité littéraire, elle réinvente patiemment le modèle et le miroir de son oeuvre. Trois livres, trois chefs-d'oeuvre, qui offrent en filigrane le récit d'une double quête de l'auteure : celle de ses origines et celle de son écriture.
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Écrit sous un pseudonyme masculin, paru en 1847, Hurlevent est le premier et le seul roman d'Emily Brontë, qui mourra un an plus tard. Ce livre aux péripéties violentes, qui fit scandale et fascina des générations d'écrivains - de Virginia Woolf à Patti Smith, en passant par Georges Bataille -, raconte l'histoire d'un amour maudit, dont l'échec pèse sur toute une famille et sur deux générations, jusqu'à l'apaisement final. «Emily était pareille à un petit volcan qui, endormi, aurait pourtant bouillonné sans arrêt et aurait craché sa lave dans les mots et les actions des personnages qu'elle avait choisis. [...] Son esprit sans entrave n'a pas créé un monde propret. En écrivant Hurlevent, elle n'a pas offert ce que les gens souhaitaient : elle a offert ce qu'elle avait.» Patti Smith.
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Le Vote des femmes : et autres textes féministes
Hubertine Auclert
- Flammarion
- Champs
- 25 Septembre 2024
- 9782080445568
Surnommée la «suffragette française», Hubertine Auclert a milité en faveur des droits politiques des femmes et du droit de vote en particulier. Dans Le Vote des femmes, paru en 1908, elle défend la nécessité pour ces «dégradées civiques nées» de participer à la décision politique, afin de remettre en cause la hiérarchie entre les sexes et d'affirmer leur individualité. À cette mutation décisive, espérée, sans cesse repoussée, Hubertine Auclert a voué son existence. Pourtant, aujourd'hui, elle est singulièrement oubliée, gommée par l'effacement qui menace les femmes et le féminisme, quasiment hors-jeu de l'histoire. Michelle Perrot réhabilite avec talent ce texte incontournable et cette figure clef de notre matrimoine. Édition enrichie : discours et articles en annexe.
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Dans le demi-monde parisien de la Belle Époque, un jeune homme fin et séduisant, que l'on surnomme Chéri, s'introduit chaque jour chez Léa de Lonval, une courtisane d'une cinquantaine d'années. Alors que les deux amants semblent inséparables, l'annonce du mariage de Chéri avec la jeune Edmée sonne le début de l'incompréhension mutuelle, aiguisant la conscience du passage du temps et la crainte d'une solitude irrémédiable. Publié en 1920, Chéri opère un tournant dans l'oeuvre de Colette, lui assurant reconnaissance et succès. Après l'avoir adapté pour le théâtre, avec la collaboration d'un jeune dramaturge, elle en imagine une suite en 1926 : La Fin de Chéri. Explorant les dégâts de la rupture amoureuse comme ceux de la Grande Guerre, ce second roman montre un homme incapable de goûter à la liesse des Années folles. De cet être désenchanté, Colette a fait l'une de ses plus célèbres créatures romanesques.
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Nouvelle édition en 1999
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Une soirée d'été sur une île au large de l'Écosse. Pôle de convergence des regards et des pensées, Mrs Ramsay exerce sur famille et amis un pouvoir de séduction quasi irrésistible. Un enfant rêve d'aller au Phare. L'expédition aura lieu un beau matin d'été, dix ans plus tard. Entretemps, mort et violence envahissent l'espace du récit. Au bouleversement de la famille Ramsay répond le chaos de la Première Guerre mondiale. La paix revenue, il ne reste plus aux survivants désemparés, désunis, qu'à reconstruire sur les ruines.Des bonheurs et des déchirements de son enfance, Virginia Woolf a fait la trame d'une oeuvre poétique, lumineuse et poignante qui dit encore le long tourment de l'écriture et la brièveté de ses joies:visions fragiles, illuminations fugaces, «allumettes craquées à l'improviste dans le noir.»
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Mariée, au sortir de l'adolescence, à un vieux colonel, antipathique et autoritaire, Indiana est contrainte à une routine d'outre-tombe. Tout la disposait pourtant à être sauvée par l'amour : Raymon, par qui elle se laisse séduire, possède la jeunesse et la fougue que n'a plus son mari. Indiana se trouve prise dans les turpitudes de la passion, car le désir du jeune homme se révèle bientôt un appétit plus redoutable que la brutalité de son mari repu. Oppressée dans son mariage, Indiana cherche une aventure : celle-ci achèvera de l'opprimer. «J'ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, mais profond et légitime, de l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et dans la société.» Paru en 1832, Indiana fut lu comme un pamphlet contre le mariage, et lança la carrière littéraire de l'auteure. Sand y expose les libérations illusoires qui enferrent les femmes dans une vie dont elles n'ont pas la clef. Son récit inverse le trajet habituel du roman : pour pouvoir être aimée, l'héroïne devra d'abord se libérer.
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This text is an updated edition of George Eliot's classic tale. The novel is a masterly evocation of diverse lives and changing fortunes in a provincial community.
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Le blé en herbe et autres écrits
Colette, Antoine Compagnon
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 23 Février 2023
- 9782073015785
Claudine à l'école est le grand succès de mars 1900. Le livre est signé Willy. On sait généralement qu'il s'agit du pseudonyme d'Henry Gauthier-Villars, qui l'utilise pour signer les productions de l'atelier qui lui écrit ses ouvrages. Cette fois, pourtant, le texte sort du lot. Il ne ressemble à rien de connu, la langue est nouvelle, le ton insolent, le propos scandaleux. C'est qu'il n'est pas de la plume d'un des scribes habituels de Willy : il est de sa jeune femme, Sidonie-Gabrielle, née Colette. Colette : il faudra attendre 1923 et Le Blé en herbe pour que ce nom apparaisse seul sur la couverture d'un livre. Avant cela, il y aura eu d'autres «Willy», des «Colette Willy» et même des «Colette (Colette Willy)». Mais on a vite compris. Catulle Mendès écrit à Colette : «vous avez créé un type». Claudine en effet est un type, et elle deviendra un mythe. Colette en créera d'autres : celui de Sido, sa mère, «le personnage principal de toute [s]a vie» ; celui de Gigi, jeune fille élevée pour devenir une femme entretenue et qui échappe à ce destin ; et celui de Colette elle-même, qui se construit au fil de plusieurs vies - elle fut danseuse, mime, actrice, journaliste, directrice d'un institut de beauté, publicitaire... comme si la littérature ne pouvait suffire à lui assurer l'indépendance et la liberté qui sont, avec l'aptitude au plaisir, ses valeurs les plus hautes. Des tenues succinctes portées sur la scène du Moulin Rouge à la croix de grand-officier de la Légion d'honneur reçue en 1953, la ligne droite n'est pas le chemin le plus court. Mais l'oeuvre de Colette s'est nourrie de ce sinueux parcours. Colette appelle «littérature» tout ce qu'elle n'ai me pas : l'emphase, la «ciselure» et les idées générales, qui lui vont aussi mal, dit-elle, que les chapeaux empanachés. L'année du Blé en herbe, elle déclare à Simenon : «Supprimez toute la littérature, et ça ira.» «C'est le conseil qui m'a le plus servi dans ma vie», dira le romancier. C'est aussi ce qui préserve l'oeuvre de Colette du vieillissement. L'ouverture de Chéri, en 1920, a époustouflé les lecteurs. Cent ans plus tard, on l'admire toujours. Mais le style ne serait rien s'il n'était au service d'un regard d'une extraordinaire sensibilité. Colette, nous dit Antoine Compagnon, rend présents «le monde de l'enfance, l'étoffe de la sensation, l'émotion de la mémoire». On la crédite aussi d'avoir été «la première femme qui ait vraiment écrit en femme» (A. Maurois), la première à explorer ainsi les amours adolescentes (Le Blé en herbe), à entretenir une réelle connivence avec la nature et «les bêtes», à poser ce qu'on appellera la question du «genre» (dans Le Pur et l'Impur, en 1941), etc. Mais ce sont ces trois domaines - l'enfance, la sensation, la mémoire - qu'il faut retenir si l'on veut lui rendre justice. Elle les partage avec Proust, dont elle admira
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Qu'on l'appelle sorcière ou farfadet, le personnage de la petite Fadette est nimbé d'une inquiétante magie. Les paysans l'accusent d'avoir ensorcelé un jeune villageois tombé amoureux d'elle : Landry est en effet métamorphosé par cette jeune fille mystérieuse. Mais, en fait de magie, Fadette initie le jeune homme aux secrets de la nature, pour laquelle elle nourrit une foi simple et raisonnée. Cette alchimie s'exprime aussi dans la matière du roman. Sand explore la langue comme la Fadette parcourt la campagne : à l'écoute de toutes ses nuances et variations, elle découvre dans le dialecte du Berry le refuge d'un français que l'académisme avait étouffé. Au secours de ces rythmes oubliés, l'écrivaine marie les langues, croise les registres pour forger une écriture neuve. Ces explorations de la nature et de la langue ont tout d'un combat : l'héroïne devra faire preuve de ruse et d'acharnement pour venir à bout des superstitions paysannes. Au-delà des charmes d'une lecture bucolique, La Petite Fadette a la profondeur d'un ensorcellement.
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Shirley - Villette (1849-1853)
Charlotte Brontë
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Septembre 2022
- 9782070114962
L'immense succès de Jane Eyre (1847) fait de Charlotte Brontë une romancière reconnue. L'élaboration de son nouveau roman sera douloureuse : en l'espace de huit mois, Branwell, Emily et Anne disparaissent, faisant d'elle la seule survivante d'une exceptionnelle fratrie d'écrivains. Shirley paraît en 1849. En toile de fond, la lutte des ouvriers du textile contre la mécanisation. Au premier plan, deux héroïnes se disputant l'attention de Robert Moore : une héritière cultivée et fougueuse, et une orpheline douce et timide ; la première est inspirée d'Emily, la seconde d'Anne. L'ouvrage voit resurgir les héros des oeuvres de jeunesse (Napoléon, Nelson, Wellington), oeuvres dont on ne dira jamais assez l'importance. Il propose de magnifiques portraits de femmes cherchant leur place dans une Angleterre patriarcale.Pour Villette, qui suit en 1853, Charlotte fait appel aux souvenirs de son séjour à Bruxelles en 1842-1843. Élève puis professeur dans un pensionnat, elle avait été séduite (intellectuellement) par Constantin Heger, qui donnait des cours de rhétorique dans l'établissement tenu par son épouse. Elle transpose cette expérience dans le personnage de Lucy Snowe, qui s'éprend d'un confrère revêche. Certains contemporains ont jugé «pervers» l'humour de la romancière, mais le ton caustique et l'extraordinaire vivacité de la langue font aujourd'hui le charme du livre, où se mêlent réalisme et gothique - un gothique d'artifice, décalé. Aussi important que méconnu, Villette, qui fait la part belle aux non-dits et aux ellipses, et dont le dénouement est laissé à l'interprétation du lecteur, est un grand livre à la modernité troublante.
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Le roman d'une femme amoureuse et libre, inspiré de la relation tumultueuse de Georges Sand avec Alfred de Musset.
« Je ne demande pas si votre amour serait pour moi le bonheur. Je sais seulement qu'il serait la vie, et que, bonne ou mauvaise, c'est cette vie-là ou la mort qu'il me faut. »
George Sand et Alfred de Musset vécurent ensemble une aventure passionnée. Réunis dans ce roman sous les traits de Thérèse, dévouée et angélique, et de Laurent, tourmenté et oisif, le couple se découvre, s'aime et se déchire. Du triomphe de la passion jusqu'à son triste déclin, la romancière raconte et examine toutes les phases d'une histoire d'amour, où la jalousie et la mort ne sont jamais loin des plus ardents désirs. -
Le journal d'une femme de chambre
Octave Mirbeau
- Des femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 18 Novembre 2004
- 3328140020359
Le "Journal d'une femme de chambre", d'abord été publié sous forme de feuilleton dans les années 1890 avant d'être édité en 1900, est certainement l'un des textes les plus violents d'Octave Mirbeau. Véritable réquisitoire contre les moeurs bourgeoises, ce monologue féroce et cynique révèle les bassesses et les vices d'une classe sociale triomphante qui, dans le secret des alcôves, libère le poids de ses frustrations et de ses turpitudes.
« J'adore servir à table. C'est là qu'on surprend ses maîtres dans toute la saleté, dans toute la bassesse de leur nature. Tout ce que peut contenir d'infamies et de rêves ignobles le cerveau respectable des honnêtes gens. Ramasser ces aveux, les classer, les étiqueter dans notre mémoire, en attendant de s'en faire une arme terrible, au jour des comptes à rendre, c'est une des grandes et fortes joies de notre métier, et c'est la revanche la plus précieuse de nos humiliations. » O.M.
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Paradoxe sur le comédien
Denis Diderot
- Des Femmes
- Bibliotheque Des Voix
- 8 Octobre 2004
- 3328140020380
Écrit en plusieurs étapes, à partir de 1773, Le Paradoxe sur le comédien ne sera publié qu'en 1830. Sous la forme d'un dialogue, dissymétrique, entre deux interlocuteurs censés défendre une thèse opposée, Diderot développe une véritable réflexion sur l'art du comédien et, plus largement, sur la création artistique.
« Mais quoi ? dira-t-on, ces accents si plaintifs, si douloureux, que cette mère arrache du fond de ses entrailles, et dont les miennes sont si violemment secouées, ce n'est pas le sentiment actuel qui les produit, ce n'est pas le désespoir qui les inspire ? Nullement ; et la preuve, c'est qu'ils sont mesurés ; qu'ils font partie d'un système de déclamation ; que plus bas ou plus aigus de la vingtième partie d'un quart de ton, ils sont faux; qu'ils sont soumis à une loi d'unité ; [...] que pour être poussés juste, ils ont été répétés cent fois, et que malgré ces fréquentes répétitions, on les manque encore. » D.D.
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Contes de fées queer
Madame de Murat
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 24 Janvier 2024
- 9782743661786
Les récits de Mme de Murat s'adressent à un public adulte, à même d'entrevoir derrière les voiles de l'humour ou du merveilleux, l'irrévérence et la transgression. Ce qui, dans sa vie réelle, suscite la désapprobation morale et sociale de ses contemporains (le choix de quitter un mari violent, de vivre seule à Paris, ses amours lesbiens) peut, dans ses fictions, se laisser dire, à travers les motifs récurrents du travestissement, du trouble de l'identité sexuelle, de l'inversion des rapports de domination entre hommes et femmes.
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C'est sous le pseudonyme de Rachilde que Marguerite Eymery (1860-1953) décide de se lancer dans la carrière littéraire. Après quelques publications trop confidentielles à son goût, elle décide de frapper fort : en 1884, âgée de vingt-quatre ans, elle publie, avec Francis Talman, un roman érotique : Monsieur Vénus. L'ouvrage fait scandale et ses auteurs sont condamnés. En 1889, elle en propose, sous son seul nom cette fois, une version révisée et définitive, quelque temps après lui avoir offert un pendant réaliste : Madame Adonis. Les deux romans ont de quoi surprendre : ils remettent en question les identités de genre, inversent les rôles traditionnellement attachés aux hommes et aux femmes, subvertissent la nature de leurs relations. Monsieur Vénus met en scène une relation passionnelle entre une aristocrate au comportement masculin et un jeune homme qu'elle réduit au rôle de «maîtresse». Dans Madame Adonis, une femme se lie avec un couple et tombe amoureuse à la fois du mari et de l'épouse. Par leur représentation de femmes fortes laissant libre cours à leurs fantasmes, ces deux romans vaudront à Rachilde une réputation scandaleuse qui marquera durablement une carrière unique en littérature.
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«La soif qu'elle éprouvait de vivre et de s'épanouir, comme une fleur longtemps privée d'air et de soleil, devenait de plus en plus ardente.»Revenue par hasard dans la ville de son enfance après dix ans d'absence, Laurence retrouve son amie Pauline, restée auprès de sa mère infirme. Celles qui se sont connues à quinze ans au pensionnat se redécouvrent l'une l'autre, non sans admiration réciproque. Mais quand un homme s'en mêle, l'harmonie est menacée... Leur amitié y survivra-t-elle ?
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1839. «Le roi des romanciers modernes, c'est une femme», déclare Jules Janin, prince des critiques. Certes, il s'agit pour lui d'ôter sa couronne à Balzac, dont il n'a pas aimé Illusions perdues. Mais son admiration pour George Sand (car c'est elle, «le roi») est sincère, et partagée : par Balzac lui-même, puis par Flaubert, qui comparera son amie à un grand fleuve d'Amérique : «Énormité et Douceur.» Voilà ce que fut la romancière pour ses contemporains. On est loin de la considération réticente dont se contentera longtemps la postérité, avant que le vent ne tourne de nouveau, en faveur cette fois de l'oeuvre, soutenue par une personnalité qui rayonna sur plusieurs scènes littéraire, politique, sociale. Sand a publié plus de soixante-dix romans. Les quinze que voici ont été choisis pour leurs qualités propres et parce qu'ils illustrent ses différentes manières. Indiana, immense succès, est le premier qu'elle signe de son nom de plume. Le roman-poème de Lélia - révolte métaphysique et sexualité féminine en 1833 - fait scandale. Mauprat échappe aux qualificatifs ou les mérite tous : roman historique, familial, d'amour, d'aventures, noir, humanitaire, social... Pauline est un «roman de l'artiste», veine à laquelle appartient aussi, le diptyque constitué de Lucrezia Floriani et du Château des Désertes. Isidora surprend par sa modernité, forme et fond. Le triptyque champêtre, La Mare au Diable, François le Champi, La Petite Fadette, fait de Sand une pionnière de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique, et de l'ethnomusicologie si l'on y ajoute Les Maîtres sonneurs. Dans Elle et lui passe l'ombre de Musset. (Pour celle de Chopin, voyez Lucrezia.) La Ville noire est un roman «industriel» à la fois réaliste et utopiste. Juste avant Voyage au centre de la Terre, Laura, voyage dans le cristal débusque le fantastique au coeur de la science. Nanon enfin récrit l'histoire de la Révolution en donnant la parole à une paysanne. «Je fais des romans, parce que c'est une manière de vivre hors de moi», dit Sand, prompte à se glisser «dans la peau de [s]es bonshommes», comme elle appelle ses personnages. L'essentiel pour elle est dans le mouvement vers l'autre, quête inquiète et patiente ; ce qu'avait bien senti Janin, qui voyait en elle l'«un de ces grands esprits plein d'inquiétudes qui cherchent leur voie». Quadriller le monde social est nécessaire, non suffisant. Si le roman est un plaidoyer (pour les femmes, contre les lois du mariage, pour la justice...), le bon roman exige que soient mêlés «le réel et le poétique». Ainsi naît le romanesque, principe de liberté : c'est l'artiste qui crée le réel, «son réel à lui». Le roman chez Sand a un effet sur «l'emploi de la vie». De lumineuses figures de femmes y mènent un combat pour l'idéal. Vaste dessein. Flaubert (comme toujours) avait raison : énormité et douceur.
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«Je suis née à Francfort-sur-le-Main, vers le milieu de la nuit du 30 au 31 décembre de l'année 1805. Il règne en Allemagne une superstition touchant ces enfants de minuit, Mitternachtskinder, comme on les appelle. On les croit d'une nature mystérieuse, plus familiers que d'autres avec les esprits, plus visités des songes et des apparitions. Que le lecteur en soit juge : maintes fois, dans le cours d'une existence très éprouvée, je me suis vue avertie en des songes étranges, symboliques en quelque sorte, dont le souvenir me poursuivait sans j'y puisse rien comprendre, et qui s'appliquaient ensuite, le plus exactement du monde, aux événements, aux situations, aux dispositions nouvelles et imprévues de ma vie et de mon âme.» Marie d'Agoult (1805-1876) ne doit pas seulement sa célébrité à sa longue liaison avec le compositeur Franz Liszt. Grande voyageuse, excellente musicienne, elle est l'auteur de plusieurs essais historiques et politiques, d'un roman ainsi que de poèmes, proverbes et nouvelles.
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Middlemarch / le moulin sur la Floss
George Eliot
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 10 Septembre 2020
- 9782072789335
Middlemarch (1871-1872) est le plus grand roman victorien, et aux yeux de certains le meilleur roman de langue anglaise, toutes époques confondues. Quête de la vérité menée de plusieurs points de vue, le livre ne saurait être réduit au destin de Dorothea Brooke, jeune fille altruiste et utopiste qui épouse un érudit desséché. Autour du couple gravitent de nombreux personnages, assujettis à des liens familiaux, conjugaux, de voisinage, d'intérêts. George Eliot entrelace les destins individuels, ménage des rebondissements dignes d'un feuilleton, sans jamais céder à la facilité : sa peinture psychologique est de la plus grande finesse lorsqu'elle décrit les désirs et les tragédies de ceux dont les vies s'entremêlent sur la trame d'une même étoffe. Son acuité peut se parer d'ironie, sans que jamais s'étiole la sympathie qu'elle éprouve pour ses créatures confrontées à la défaite de leurs aspirations. Les événements se déroulent dans l'Angleterre provinciale des années 1830, mais ce «plaidoyer pour la beauté des vies ordinaires» (Mona Ozouf) a pour sujet les passions humaines, qui sont sans âge.
Middlemarch est ici précédé du chef-d'oeuvre de la première période de George Eliot, Le Moulin sur la Floss (1860). Eliot, née Mary Anne Evans, a mis beaucoup d'elle-même dans le personnage de Maggie Tulliver, petite fille turbulente à la nature exaltée, passionnée par les livres, «aussi affamée de savoir qu'elle l'est d'amour» (M. Ozouf). Proust avouait avoir pleuré à la lecture de ce roman du paradis perdu de l'enfance. Maggie sera victime de l'ostracisme social - comme sa créatrice, qui vécut vingt-cinq ans avec un homme qui n'était pas son mari et chercha, à travers une oeuvre littéraire liant l'intellect aux sentiments, à obtenir cette respectabilité chère aux victoriens.
À sa mort, en 1880, elle fut célébrée comme «le plus grand romancier anglais contemporain». On ne lui permit pourtant pas d'être enterrée, comme l'avait été Dickens, dans le «Coin des poètes» de l'abbaye de Westminster.
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Oeuvres romanesques
Marguerite Yourcenar
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 17 Novembre 1982
- 9782070110186
Avant-propos de l'auteur
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Oeuvres complètes, Tome 1
Marguerite Duras
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 20 Octobre 2011
- 9782070118892
Marguerite Duras, qui fut une légende vivante, s'incarne pour beaucoup dans un livre particulier : souvent Un barrage contre le Pacifique (1950) ou L'Amant (1984), parfois Le Ravissement de Lol V. Stein (1964), ou encore dans un film et sa mélodie, India Song (1973). Plus rares sont les lecteurs qui se représentent l'oeuvre dans sa continuité souterraine. À travers la diversité des genres - romans, nouvelles, théâtre, scénarios, films -, Duras n'a jamais cessé d'explorer l'écriture elle-même. Car c'est précisément la recherche d'une voix qui lui fût propre qui l'a amenée à composer pour le théâtre (où le langage «a lieu») comme à prendre la caméra : «Je parle de l'écrit même quand j'ai l'air de parler du cinéma. Je ne sais pas parler d'autre chose.» Bien sûr, l'expérience de l'écriture dramatique ou cinématographique influence l'écriture romanesque, et certains sujets passent d'un genre ou d'un support à un autre, mais il y a plus : peu à peu se fait jour un style reposant...
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1839. «Le roi des romanciers modernes, c'est une femme», déclare Jules Janin, prince des critiques. Certes, il s'agit pour lui d'ôter sa couronne à Balzac, dont il n'a pas aimé Illusions perdues. Mais son admiration pour George Sand (car c'est elle, «le roi») est sincère, et partagée : par Balzac lui-même, puis par Flaubert, qui comparera son amie à un grand fleuve d'Amérique : «Énormité et Douceur.» Voilà ce que fut la romancière pour ses contemporains. On est loin de la considération réticente dont se contentera longtemps la postérité, avant que le vent ne tourne de nouveau, en faveur cette fois de l'oeuvre, soutenue par une personnalité qui rayonna sur plusieurs scènes littéraire, politique, sociale. Sand a publié plus de soixante-dix romans. Les quinze que voici ont été choisis pour leurs qualités propres et parce qu'ils illustrent ses différentes manières. Indiana, immense succès, est le premier qu'elle signe de son nom de plume. Le roman-poème de Lélia - révolte métaphysique et sexualité féminine en 1833 - fait scandale. Mauprat échappe aux qualificatifs ou les mérite tous : roman historique, familial, d'amour, d'aventures, noir, humanitaire, social... Pauline est un «roman de l'artiste», veine à laquelle appartient aussi, le diptyque constitué de Lucrezia Floriani et du Château des Désertes. Isidora surprend par sa modernité, forme et fond. Le triptyque champêtre, La Mare au Diable, François le Champi, La Petite Fadette, fait de Sand une pionnière de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique, et de l'ethnomusicologie si l'on y ajoute Les Maîtres sonneurs. Dans Elle et lui passe l'ombre de Musset. (Pour celle de Chopin, voyez Lucrezia.) La Ville noire est un roman «industriel» à la fois réaliste et utopiste. Juste avant Voyage au centre de la Terre, Laura, voyage dans le cristal débusque le fantastique au coeur de la science. Nanon enfin récrit l'histoire de la Révolution en donnant la parole à une paysanne. «Je fais des romans, parce que c'est une manière de vivre hors de moi», dit Sand, prompte à se glisser «dans la peau de [s]es bonshommes», comme elle appelle ses personnages. L'essentiel pour elle est dans le mouvement vers l'autre, quête inquiète et patiente ; ce qu'avait bien senti Janin, qui voyait en elle l'«un de ces grands esprits plein d'inquiétudes qui cherchent leur voie». Quadriller le monde social est nécessaire, non suffisant. Si le roman est un plaidoyer (pour les femmes, contre les lois du mariage, pour la justice...), le bon roman exige que soient mêlés «le réel et le poétique». Ainsi naît le romanesque, principe de liberté : c'est l'artiste qui crée le réel, «son réel à lui». Le roman chez Sand a un effet sur «l'emploi de la vie». De lumineuses figures de femmes y mènent un combat pour l'idéal. Vaste dessein. Flaubert (comme toujours) avait raison : énormité et douceur.