Dans le contexte des tensions et des soulèvements des dernières semaines qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, ce livre rassemble avec une intense vitalité les travaux d'une vingtaine de femmes photographes iraniennes, dont l'expression est régulièrement muselée et les productions sous surveillance. L'intime, les rapports de l'individu à la famille, au couple ou à la société au sens large, la place de la femme dans celle-ci ainsi que les liens complexes de ces femmes artistes à l'histoire de leur pays, à leur mémoire souvent confisquée, aux guerres successives qui ont vu disparaître tant de proches, sont les thèmes qui sous-tendent et hantent leurs images. Un livre impérieux en forme de porte-voix.
« La vie des femmes est un éternel recommencement. Chaque jour elles doivent prouver la légitimité de leur existence à part entière avec l'autre sexe. Chaque matin elles doivent être à la fois mères, amantes, travailleuses en assumant la charge mentale que nécessite ce détriplement de personnalité. Chaque jour des hommes disent aux femmes : «Ça va mieux aujourd'hui qu'avant, non ? Alors de quoi vous plaignez-vous ?». Les hommes ont raison mais partiellement car, s'il est indéniable que les droits et les acquis des femmes ont fait un bond vertigineux depuis plus d'un siècle en Occident, il n'en reste pas moins que la lutte pour l'égalité femme/homme n'est pas un chemin pavé de roses où les droits les plus fondamentaux sont sanctuarisés et acquis pour toujours.Aujourd'hui l'art n'est plus un interdit lorsqu'on naît de sexe féminin mais ce n'est pas pour autant que les obstacles sont tous levés. Ces femmes ont des destins extraordinaires, la force morale et psychique dont elles ont du faire preuve pour continuer à créer malgré les épreuves force l'admiration comme le constat qu'elles n'ont pas mis leur énergie à se faire connaître mais plutôt à persévérer.»Laure Adler
Tour à tour décrite comme artiste conceptuelle, photographe, vidéaste et même détective, Sophie Calle a développé une pratique immédiatement reconnaissable, alliant le texte à la photographie pour nourrir une narration qui lui est propre. Elle fait désormais partie des plus grandes artistes du XXIe siècle.
Surtout connue pour ses travaux en architecture, en urbanisme et en design de mobilier, Charlotte Perriand a pourtant développé, au cours de son oeuvre, une « parenthèse photographique » durant l'entre-deux-guerres. Pratiquée à titre personnel et dans le cadre de ses recherches, la photographie de Charlotte Perriand s'avère prolixe : clichés documentaires, photos brutes, photomontages militants ancrés dans les luttes politiques et sociales de son époque.
Aborder son oeuvre du point de vue de la photographie revisite l'histoire du médium en soi : Charlotte Perriand est de ces « non-photographes » qui annoncent l'avènement de l'image comme langage hégémonique et transversal de communication. Pionnière de la modernité, la photographie est pour Charlotte Perriand une machine à créer, à communiquer, économique, rapide, capable de traduire le regard de « l'homme nouveau », d'appréhender le monde et de l'exprimer ; pour elle, c'est une machine à révéler, à noter et à émouvoir.
Compositrices : l'histoire oubliée de la musique, comme son titre l'indique, se présente comme un manuel d'histoire de la musique, recoupant volontairement les mêmes périodes que la plupart des ouvrages de références, c'est-à-dire huit grandes parties : Antiquité, Moyen-Âge, Renaissance, époque des absolutismes (baroque), siècle des Lumières (classique), période romantique (XIXe siècle), période moderne (1890-1945), période contemporaine. Ce découpage traditionnel permet au lecteur de se référer à ses connaissances préalables, ou inversement d'arpenter par la suite d'autres ouvrages structurés sur les mêmes bases, dans le but à la fois de favoriser la comparaison des approches et de faciliter un travail intellectuel de complément entre les livres.
Une fabuleuse somme collective, un livre manifeste, un ouvrage de référence : telle est l'ambition de cet ouvrage co-construit par 160 autrices du monde entier qui présentent 300 femmes photographes, de l'invention du médium aux années 2000. Ainsi les portraits de chaque photographe ont été rédigés par des femmes de toute nationalité pour se prémunir de l'écueil d'un regard "occidentalo-centré". Les séquences de portraits alternent avec des portfolios qui font dialoguer les oeuvres entre elles.
En presque quarante ans, Mylène Farmer a façonné un univers très personnel et insolite dont l'aspect inaccessible a nourri l'imaginaire de ses nombreux admirateurs comme du grand public. Elle a su s'imposer dans le paysage de la culture pop francophone, s'adaptant aux modes tout en préservant ses inspirations propres. Absente des scènes médiatiques, ces rares concerts connus pour leur grande technicité et la paradoxale grande intimité qui y règne, attirent toujours des dizaines de milliers de personnes qui constituent un public loyal habité par une ferveur presque religieuse. Cet ouvrage s'attache à analyser le parcours et la carrière atypiques de la chanteuse, à expliquer son statut d'icône désormais indiscutable, à travers ses oeuvres et ses interventions médiatiques.
Design, architecture, photographie... Il est impossible de restreindre le travail de Charlotte Perriand à un seul domaine d'expression. Au-delà d'une recherche esthétique, c'est une réflexion politique qu'elle développe dans l'ensemble de ses travaux en cherchant à rendre accessible au plus grand nombre un véritable art de vivre.Laure Adler livre ici le portrait d'une femme libre, engagée et visionnaire, illustré par de nombreuses photographies issues des archives de la créatrice.
« Sait-on vraiment qui on est ? On est multiple tout au long de sa vie. On se construit sur une espèce de socle social, une origine géographique. Moi, je suis née à Marseille, en 1954, dans une famille "populaire". Je ne suis pas une héritière. Ou plutôt, je suis héritière de la vie des gens qui m'ont précédée, mais qui étaient ouvriers, paysans et immigrés. Je crois que je n'ai pas trahi la jeune fille que j'étais à 18 ans. Je suis une comédienne "connue", comme on dit, avec une identité assez forte dans mon milieu professionnel, et même à l'extérieur ! Et je suis tout autant comédienne que citoyenne. J'adore mon métier - jouer -, mais il y aura toujours dans le choix de mes projets une volonté de donner à voir des images de femmes qui sont très ancrées dans une réalité sociale. » Ariane Ascaride traverse une enfance assez solitaire. Tombée dans le théâtre dès ses 8 ans, elle «monte» à Paris pour tenter l'entrée au Conservatoire, tout en poursuivant des études de sociologie à la Sorbonne. Elle rencontre Robert Guédiguian, son futur mari, dans les réunions syndicales de leur université. En 1981, ils tournent Dernier Été, premier film d'une longue série ensemble, jusqu'à ce jour de 1998 où Ariane reçoit sans y croire le César de la meilleure actrice pour Marius et Jeannette. Ce tournant dans sa carrière lui offrira de multiplier les collaborations au cinéma, à la télévision et au théâtre. En 2019, elle reçoit le prix d'interprétation à la Mostra de Venise pour Gloria Mundi. Enfin, Ariane est attachée à un autre rôle : celui de femme dans la société. On la connaît pour ses interventions indignées face aux injustices sociales, qu'elle combat à l'écran comme à la ville.
À l'origine était la femme, plurielle par nature, tour à tour objet d'amour, de fascination et de crainte. De la Vénus de Willendorf, image d'un idéal féminin tout-puissant, à la Mariée de Niki de Saint-Phalle, offrant le regard de la femme artiste sur sa propre destinée, la quête de l'éternel féminin jalonne l'histoire de l'art depuis les temps les plus anciens. Figures mythiques et tutélaires, les héroïnes amoureuses, d'Eve à Rita Hayworth et de Bethsabée à Camille Claudel, se révèlent brutales ou tendres, ambitieuses parfois, mais toujours ensorceleuses : dangereuses pour les autres et pour elles-mêmes. Parcourant cette galerie des amantes fatales, Laure Adler et Élisa Lécosse proposent un décryptage passionnant d'une histoire trop longtemps laissée aux seuls mains et regards des hommes. Explorant les archétypes, les codes de l'histoire de l'art et leur détournement au fil des époques, elles analysent le lent basculement des femmes vers l'autonomie amoureuse et la reconnaissance du corps et du désir.
La Fée-Cinéma est le récit autobiographique d'Alice Guy : première femme cinéaste du monde.Écrire vite. Raconter son enfance, d'abord : la jeune Alice est élevée entre le Chili, la Suisse et la France. Puis le pensionnat et la vie à Paris. Suivent des études de sténographie, avant qu'elle ne devienne en 1895 la secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de Photographie. C'est à la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumière qu'Alice a l'idée de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras Gaumont. Déjà «mordue par le démon du cinéma», elle n'a qu'une obsession : raconter des histoires en réalisant ses propres films, dont le plus célèbre, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction...Longtemps effacée de l'Histoire, Alice Guy décrit ici avec précision les débuts du cinéma, la magie des accidents, des expérimentations et autres bouts de ficelle. Sans détour et sans romance, d'une écriture intime et urgente, elle dit la beauté du 7? art qu'elle a «aidé à mettre au monde» ; elle se réhabilite.Elle meurt en 1968 et ses Mémoires, pourtant achevés en 1953, ne seront publiés qu'en 1976.
Personnalité fascinante, Rosa Bonheur (1822-1899) est l'artiste des paradoxes. Créatrice hors norme encore trop méconnue, elle fut pourtant la meilleure artiste animalière de son temps et sut imposer, dans ce XIX? siècle très corseté, sa liberté et son indépendance.Sans anthropomorphisme ni sentimentalisme, ses peintures et dessins insufflent la vie aux animaux qu'elle observait inlassablement. Plus que jamais, au XXI? siècle, regarder l'art de Rosa Bonheur nous permet une nouvelle rencontre avec le vivant, et nous aide à mieux habiter le monde.Réalisé à l'occasion du bicentenaire de la naissance de l'artiste, cet ouvrage polyphonique accueille de nombreux spécialistes à la croisée de divers champs disciplinaires afin de donner à voir toute la richesse et la modernité de Rosa Bonheur.
Figure majeure d'un art engagé et féministe américain, depuis les luttes pour les droits civiques jusqu'à celles des Black Lives Matter, auteur de très célèbres ouvrages de littérature enfantine, activiste militante, Faith Ringgold a développé une oeuvre qui forme un pont unique entre le riche héritage de la Harlem Renaissance et l'art actuel des jeunes artistes africains-américains. Elle mène, à travers ses relectures de l'histoire de l'art moderne, un véritable dialogue artistique et critique avec la scène artistique parisienne du début du xxe siècle, notamment avec Picasso et ses Demoiselles d'Avignon, qui trouve, au musée Picasso de Paris, un cadre particulièrement emblématique pour cette première exposition en France consacrée à cette artiste new-yorkaise.
Pendant longtemps, la majorité des femmes surent lire, mais pas écrire, l'écrit restant, dans la répartition traditionnelle des tâches entre les sexes, la chasse gardée des hommes. Quand elles accédèrent enfin au droit à l'écriture, elles durent mener une lutte encore plus longue, celle de la reconnaissance de leur production écrite.Alors que la plupart de ces femmes aspiraient à une vie sans contrainte, où elles auraient pu exprimer librement leur art, les obstacles qui ne cessèrent en effet de se dresser devant elles - trouver du temps pour écrire constituant déjà une tâche en soi - les vouèrent à un anticonformisme qui les mettait en danger.À ces contraintes sociales s'ajouta une pression intérieure, une quête inconditionnelle d'authenticité qui, entravée, put les mener à la folie ou au suicide.Cet ouvrage dresse le portrait d'une cinquantaine de ces auteures, depuis le Moyen Âge avec Hildegarde de Bingen et Christine de Pisan, jusqu'à l'époque contemporaine avec Carson McCullers, Marguerite Yourcenar, Anaïs Nin, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Françoise Sagan - ou plus récemment Toni Morrison, Isabel Allende ou Arundhati Roy - en passant par les incontournables soeurs Brontë, George Sand, Colette, Virginia Woolf ou Karen Blixen.
Du début du XIXe siècle, tout juste sorti de la Révolution française, jusqu'à la violente rupture de la Première Guerre mondiale, un long siècle de création picturale s'écoule qui voit émerger, croître et se métamorphoser l'espace de production artistique de la modernité. Cet ouvrage se propose de le parcourir en compagnie d'artistes dont l'histoire de l'art a négligé les oeuvres jusqu'à une période récente : les peintres femmes.
Du phénomène inédit de féminisation du Salon officiel sous le Consulat et la Restauration à l'afflux des artistes nordiques, britanniques, russes et américaines sur la scène parisienne à l'aube du XXe siècle, des ultimes débats sur l'ancestrale hiérarchie des genres picturaux au surgissement accéléré des avant-gardes, de la multiplication des ateliers de jeunes femmes au seuil du XIXe siècle aux premières diplômées de l'École des beaux-arts au début du XXe siècle, la période déploie une scène où il nous appartient désormais de les voir et de les entendre jouer, elles aussi, leur rôle d'artiste tel qu'elles s'en emparèrent concrètement, personnellement dans et avec leur temps.
Cette peintre étatsunienne méconnue en France a développé une oeuvre picturale très originale focalisée sur le monde végétal et les fleurs en particulier. Un nouvel engouement pour son travail se fait jour, pour preuve le succès incroyable de l'exposition temporaire que le Centre Pompidou lui a consacré en 2021. Dans la lignée de son remarqué "Apprendre à voir" (5 800 ventes - lauréat de la première édition du Prix de l'essai EcoloObs décerné ce 9 mai), l'historienne de l'art et naturaliste Estelle Zhong Mengual explique comment et pourquoi ces oeuvres nous donnent à voir les fleurs comme on ne les avait jamais vues et renouvellent profondément notre rapport à elles et, plus largement, au monde vivant.
Georgia O'Keeffe est l'une des plus grandes figures de l'art nord-américain du XXe siècle, amazone de l'art contemporain, artiste ho rs normes. Pour Estelle Zhong Mengual, Georgia O'Keeffe, qui peint les fleurs comme si elle zoomait avec un appareil photo, nous invite à changer de focale, et à faire l'expérience de la beauté du monde du point de vue d'une abeille ou d'un colibri.
Ce journal de l'exposition est tenu par Gaëlle Josse à partir d'un choix de photographies de Vivian Maier (1926-2009) qui se sont révélées des moments clés de sa vie.
Ces séquences évoquent les thèmes chers et récurrents de son travail.
Elle marchait dans la ville munie d'un Rolleiflex. Chaque visage, chaque silhouette prise allait raconter une histoire « comme si chaque vie entrevue devait livrer son secret. » Elle arpentait la ville seule ou accompagnée d'enfants. Elle était très inspirée par les scènes et les portraits d'enfants, ils étaient importants dans son oeuvre et rendaient une impression joyeuse et juste ou encore poignante.
Enfin, les autoportraits de l'artiste constituent certainement la part la plus originale et la plus énigmatique de son travail. Elle jouait avec sa propre identité. Vivian Maier « empoignait la vie qui était partout où elle portait son regard. Elle la saisissait par petites séquences, elle l'observait, elle la suivait. » Une biographie de l'artiste termine ce journal et raconte la suite de son l'histoire... par la découverte de ses photographies.
Lorsqu'elle disparaît en 1990, Delphine Seyrig n'est plus cette figure de proue du cinéma d'auteur mondial qu'elle fut durant toutes les années 60 et 70, de Marienbad au Charme discret de la bourgeoisie.
Les années 80 ne l'ont pas aimée ; dans cette décennie de restauration formelle et idéologique, son parcours, esthétique ou politique, paraissait trop radical. C'est peu dire que le temps a joué en sa faveur. La postérité a validé ses choix d'actrices les plus aventureux (chez Akerman ou Duras). Son oeuvre de cinéaste est redécouverte avec un intérêt croissant. Ses prises de position publiques, aux avant-postes de la lutte féministe, circulent plus que jamais sur les réseaux.
Quelles traces de son court passage laisse l'astre Seyrig ?
Tel sera l'objet de cet essai admiratif et amoureux.
Dans cet essai littéraire en forme d'exercice d'admiration, Virginie Apiou met en lumière les multiples facettes de l'une des actrices les plus fascinantes du cinéma français et tente, à travers l'évocation de sa filmographie, de sa vie et de son combat féministe, de cerner le « mystère Seyrig ».
« En octobre 2015, alors que j'assistais à une rétrospective artistique majeure à Londres, j'eus une révélation. En regardant autour de moi, je réalisai qu'aucune oeuvre d'une femme artiste n'était exposée. Me vint alors cette question : pouvais-je nommer vingt noms de femmes artistes sans y réfléchir ? La réponse était non. Avais-je exclusivement étudié l'histoire de l'art à travers un prisme masculin ? La réponse était oui. » Combien de femmes artistes connaissez-vous ? Qui « fait » l'histoire de l'art ? Est-ce que les femmes étaient reconnues en tant qu'artistes avant le xxe siècle ? Qu'est-ce que le baroque au bout du compte ?
Découvrez la flamboyante Sofonisba Anguissola à la Renaissance, l'oeuvre radicale de l'Américaine Harriet Powers au xixe siècle et l'artiste qui a réellement inité le mouvement du ready-made incarné par Marcel Duchamp. Explorez l'âge d'or néerlandais, le travail étonnant des artistes d'après-guerre en Amérique latine, et les femmes qui ont impulsé l'art en 2020.
Des Cornouailles jusqu'à Manhattan en passant par le Nigeria et le Japon, voici l'histoire de l'art comme elle n'a jamais été racontée auparavant. Suivant un ordre chronologique mais sans adopter la grille de lecture occidentale des mouvements artistiques et événements politiques, L'Histoire de l'art sans les hommes redéfinit les canons traditionnels en mettant en lumière l'oeuvre d'artistes exceptionnelles qui ont repoussé les frontières et osé défier une pratique artistique dominée par les hommes.
Qui était Germaine Richier née dans un monde étranger à l'art, pour qui l'art est devenu le centre de son monde ? Qui était cette artiste inclassable qui a tracé sa route envers et contre tout ? Laurence Durieu, petite nièce de l'artiste nous propose une biographie inédite, accompagnée d'un choix de textes des auteurs de son époque, lesquels ont célébré cette herbe folle qui a poussé dans la grande tradition de la sculpture.
Il faut voir La Feuille, La Vierge folle, Le Grain ou La Forêt, quatre sculptures qui, de la terrasse du musée Picasso dominent la baie d'Antibes depuis 1963, pour comprendre que cette oeuvre nous parle de la nature et des hommes, et que de cette conjugaison naissent des êtres hybrides qui font de Richier l'une des plus grande sculpteure du XXe siècle.
Pékin, 1969. Zhu Xiao-Mei est un « être de mauvaise origine », c'est-à-dire qu'elle est issue d'une famille de bourgeois cultivés. Une tare d'autant plus lourde à porter pour la jeune Xiao-Mei qu'elle a un don précoce pour le piano et une passion pour la musique décadente - Shumann, Mozart, Bach. Logique, par conséquent, qu'elle soit envoyée en camp de rééducation par les autorités de la Chine communiste.
Frontière de la Mongolie, 1974. Zhu Xiao-Mei n'a plus rien d'une bourgeoise cultivée, plus rien d'une pianiste, plus rien d'une artiste. Elle est devenue une machine à obéir et à dénoncer. Son unique livre est le Petit Livre rouge, son unique rêve de manger à sa faim. Mais un jour, Xiao-Mei trouve dans le camp un vieil accordéon. Elle caresse les touches, se risque à jouer un accord, quelques notes de musique s'élèvent... Par enchantement l'espoir renaît : Xiao-Mei se jure qu'elle rejouera du piano.
Paris, 1985. Il a fallu à la jeune femme dix ans d'obstination pour pouvoir pratiquer ce qui est depuis toujours son vrai métier, pianiste. Partie de Chine dès les premiers signes d'ouverture, en 1979, elle reprend ses études musicales aux États-Unis tout en travaillant pour survivre comme baby-sitter, femme de ménage, serveuse, cuisinière... Puis elle s'exile encore, cette fois vers Paris. Et là, le miracle survient. Pour la première fois, on l'écoute, on lui donne sa chance... Sa carrière est lancée, elle ne s'arrêtera plus.
Il y a 50 ans, Aretha Franklin réclamait le "respect", dans les années 1990, les Riot Grrrls émergent et aujourd'hui, des superstars comme Beyoncé commercialisent une version sexy du féminisme. Les charts regorgent de voix féminines, mais les scènes de festival, les magazines musicaux et les nightclubs restent dominés par les hommes. Pourtant, il y a des rebelles présentes à chaque coin de rue, dans chaque décennie où les femmes ont pris la guitare, le micro ou les platines de DJ.
Chacune a sa propre histoire. Il est question d'émancipation, de colère, de drogue et de rock n'roll, de sexe et de sexualité. Mais avant tout, de musique. Qu'il s'agisse de voix dans la soul, de battles dans le rap, de solos de guitare dans le rock, de grands tubes dans la pop ou dans la techno.
Toutes ne sont pas des rockeuses au sens propre du terme, mais si l'on estime que le rock définit une rupture, alors oui, toutes ces femmes sont de sacrées rockeuses.
À travers plus de 100 textes instructifs, divertissants et personnels, des journalistes, des musiciens ou des fans parlent des groupes qui les ont marqués, des artistes féminines qui ont donné une nouvelle facette au féminisme, de leurs disques préférés, des oeuvres de leur vie et des chansons qu'ils reprennent en choeur, du classique à l'outsider.
Mouvement provocateur et dynamique, le Surréalisme déclenche au 20ème siècle un renouvellement esthétique et éthique. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir rendu vivants ce courant et ses transgressions : de nombreuses femmes en furent des actrices majeures mais néanmoins mésestimées par les musées et minorées par le marché de l'art.
Le Surréalisme offrit à celles-ci un cadre d'expression et de créativité qui n'eut sans doute pas d'équivalent dans les autres mouvements d'avant-garde. Pourtant, c'est souvent en s'appropriant et en étendant des thèmes initiés par les « leaders » du mouvement qu'elles exprimèrent leur liberté. C'est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu'elles s'affirmèrent. « Tout contre » le Surréalisme, c'est ainsi que l'on pourrait définir leurs positions diversifiées et complexes à l'égard du mouvement.
Des années trente aux années soixante-dix, le surréalisme féminin forme des constellations éphémères, au gré de ralliements au mouvement souvent temporaires mais aussi d'amitiés qui se nouent hors de ce cadre. L'imaginaire de ces artistes n'est pas aligné sur celui des figures masculines du mouvement. Leurs pratiques, fréquemment interdisciplinaires - picturales, photographiques, sculpturales, cinématographiques, littéraires... - expriment leur volonté d'échappées belles au-delà des normes hétérosexuelles et des frontières géographiques.
C'est une cartographie d'un mouvement éclaté et mondialisé que l'exposition esquisse en évoquant les foyers belge, mexicain, britannique, américain, praguois et français du Surréalisme que ces femmes ont enrichis, passant parfois de l'un à l'autre.