Depuis sa publication, en 2014, ce petit livre a largement contribué à légitimer les efforts visant à rendre la langue française plus souple, plus inclusive, plus égalitaire. Simple et accessible, il démontre que dès sa mise en place, au XVIIe siècle, la masculinisation de la langue française a suscité de vives résistances. Et expose avec humour la misogynie cultivée des siècles durant dans ces chasses gardées de l'entre-soi masculin que furent les cercles de lettrés, les hauts lieux du pouvoir politique, les institutions chargées de veiller sur les arts et les lettres. Il faut beaucoup de mauvaise foi pour oser réfuter ses arguments, largement fondés sur des exemples historiques, et pourtant sa parution a attisé les polémiques autour du langage non sexiste. Vendu à des milliers d'exemplaires, il est aujourd'hui présenté avec une préface de Diane Lamoureux, autrice et chercheuse québécoise dont l'éclairage ramène à ses justes proportions cette querelle très franco-française.
Depuis quand, et comment, et pourquoi le mot « homme » en est-il venu à désigner le genre humain tout entier ? Au fil d'une passionnante analyse sur l'usage historique de ce terme, son étymologie, la plus-value sémantique qu'il a progressivement acquise, Éliane Viennot retrace l'histoire d'un abus de langage qui gonfle « l'Homme » à la dimension de l'humanité. Au pays du Musée de l'Homme, de la Maison des Sciences de l'Homme, des Droits de l'homme et du citoyen, cette histoire-là relève d'une exception française qui sent fort l'imposture masculiniste. Il est temps que « l'homme » se couche, sémantiquement parlant, qu'il regagne son lit de mâle humain et laisse place aux autres individus du genre Homo, aux personnes humaines.
Christine Bard se fait l'historienne des trajectoires familiales et de son vécu dans L'histoire traverse nos peaux douces, cycle qui comprendra quatre volumes et s'ouvre avec ce premier livre, Jack. Un portrait complexe et tout en nuances de son père - fils d'ouvrier du Nord, instituteur et poète, secret, pudique, intriguant.
L'histoire qui traverse nos peaux douces est celle de la lutte des classes, des sexes, et des bouleversements apportés par les guerres, celle d'Algérie et les deux grands conflits « mondiaux ». Ces luttes ont affecté les vies, suscité des résistances, des compromis, des échappées. Entre histoire et autobiographie, Christine Bard explore, avec tendresse, les traces du passé dans le présent.
Violette Leduc voulait écrire, au féminin, la sexualité sans fards ni masques ni ombres, afin de restituer le ressenti sensuel et sexuel éprouvé dans l'amour physique. Comme son ami Jean Genêt, mais en partant de son expérience de jeune fille lesbienne, de femme bisexuelle. Malgré la censure de ses éditeurs, contre ses propres doutes et la tentation de l'autocensure, elle a passionnément poursuivi ce projet audacieux. Catherine Viollet en retrace ici le processus contrarié, déchiffre les « manuscrits millefeuilles » de l'écrivaine - son oeuvre palimpseste maintes fois reprise, remaniée, amputée.
Avec un inédit de Violette Leduc, « Une soirée au Fétiche », qui est un précieux témoignage sur le monde lesbien de l'entre-deux guerres.
La violente polémique surgie en France à l'automne 2017autour de l'écriture inclusive a conduit Eliane Viennot à élargir la question au « langage inclusif ». L'autrice de Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! expose dans ce petit guide les bonnes raisons de débarrasser la langue des normes et des règles masculinistes pour dire et écrire un monde où chacun-e aurait sa place, à égalité. Les outils existent : l'acccord de proximité, les féminins des noms de fonctions, le point milieu, la création de néologismes opportuns, etc., sont autant de moyens détaillés dans ces pages, à la portée de tous-tes.
Activiste et opposante au régime d'Assad, Samira al-Khalil est l'une des « quatre de Douma » : deux femmes (Razan Zaitouneh et Samira), deux hommes (Wael Hamada et Nazim al-Hammadi), enlevés en décembre 2013 et disparus depuis. Figure emblématique du soulèvement démocratique de 2011, elle travaillait au Centre de documentation des violations en Syrie et avait créé avec Razan Zaitouneh deux lieux d'accueil pour les femmes en banlieue de Damas.
Ce journal reconstitué après sa disparition à partir de notes prises au jour le jour et de posts sur Facebook, relate le quotidien de la ville sous le siège : les privations, les destructions, mais aussi la détresse et le courage de celles et ceux qui agissent pour la liberté et la justice, malgré la trahison de la « communauté internationale ».
De Jurassic World à la série des Jurassic Park en passant par tous les remakes de Godzilla, le cinéma hollywoodien fait des dinosaures les superstars de ses blockbusters. Souvent terrifiants, toujours fascinants, ces représentants d'une nature fantasmée, resurgie pour réclamer ses droits sur la culture humaine, symbolisent la force sauvage de l'ordre naturel.
À partir de ce schéma, Anne Larue étudie les dinosaures du point de vue du genre : d'un côté les grands mâles carnassiers, de l'autre les inoffensives femelles herbivores, et partout des scénarios qui exaltent la culture du viol. Mais il y a la science-fiction féministe et sa fabrique de métaphores, créées pour convoquer la puissance femelle et préparer la revanche...
Une analyse de l'Etat moderne, de sa création, de son fonctionnement et des alternatives existantes ou utopiques à sa domination, sous l'angle de l'intersectionnalité. Soulignant le fait que les réformes adoptées en vue d'améliorer la condition des femmes confortent trop souvent les structures sexistes, les auteures questionnent le rapport aux institutions à établir dans le cadre des luttes.
À partir de la fin du Moyen Âge, l'Europe et en particulier la France furent le théâtre d'une gigantesque polémique sur la place et le rôle des femmes. Feutrée ou violente, la querelle en appelle à la raison ou aux émotions, s'exprime en traités, pamphlets, oeuvres d'art... et porte sur tous les sujets, du pouvoir aux relations amoureuses en passant par le travail, le mariage, l'éducation, le corps, l'art, la langue, la religion.
Cette histoire s'est développée en écho aux efforts visant à empêcher ou à faciliter l'accès des femmes et des hommes aux mêmes activités, aux mêmes droits, à la même reconnaissance. Elle a durablement formaté nos sociétés et nos esprits quant aux manières de penser.
Cet ouvrage dit la douleur de l'exil non choisi et, au delà, l'espérance et le courage d'une femme libre qui a fait siens ces mots de Virginia Woolf : "Mon pays à moi, femme, c'est le monde entier". S'étant entraînée dès l'enfance à repousser les murs des espaces, réels et imaginaires, qu'elle habitait, l'auteur explore les tensions entre la nostalgie pour là-bas et l'attirance pour l'ailleurs... Cette nouvelle édition est augmentée d'une lettre adressée par Pinar à ses ami·es de Lyon, lorsqu'elle a quitté cette ville en 2015 pour Nice.
La "Chronologie" retraçant les grandes étapes de son parcours et le procès fleuve que lui intente l'État turc a été mise à jour, de même que la bibliographie de ses écrits.
Le long effort des grammairiens pour masculiniser le français a suscité de vives résistances chez celles et ceux qui, longtemps, ont parlé et écrit cette langue sans appliquer des règles contraires à sa logique. Initiée au XVIIe siècle, la domination du genre masculin sur le genre féminin ne s'est en effet imposée qu'à la fin du XIXe avec l'instruction obligatoire. Depuis, des générations d'écolières et d'écoliers répètent que "le masculin l'emporte sur le féminin", se préparant ainsi à occuper des places différentes et hiérarchisées dans la société.
Ce livre retrace l'histoire d'une entreprise à la misogynie affirmée ou honteuse, selon les époques. Riche en exemples et en citations, il convie à un parcours plein de surprises où l'on en apprend de belles sur la "virilisation" des noms de métier, sur les usages qui prévalaient en matière d'accords, sur l'utilisation des pronoms ou sur les opérations "transgenre" subies par certains mots. Explorant plus avant les pistes qu'il a ouvertes, sa nouvelle édition prolonge la réflexion sur le langage sexiste (écriture inclusive, règle de proximité, formules épicènes, nouveaux pronoms...).
Très académiquement ordonnée en deux genres, masculin/neutre et féminin, la langue française se laisse désormais gagner par un tumulte graphique dont ces Passions polygraphes se font l'écho. Katy Barasc, en philosophe, cherche le signe qui viendrait inscrire dans la langue ce qui ne peut s'y prononcer. Entre passions tristes des vigiles du binarisme et passions joyeuses des iconoclastes, ce qui bruisse dans ces pages est jouissance de l'écriture.
Philosophe et polyglotte, Eleni Varikas explore la dimension politique de la domination - la sujétion des femmes et des esclaves, leur exclusion de la démocratie, la naturalisation des inégalités et des oppressions. Faisant du genre un « concept voyageur », elle travaille sur la modernité avec Locke et Adorno, Virginia Woolf et Hannah Arendt, Donna Haraway et Angela Davis. Ce recueil invite à repenser le concept d'universalisme à la lumière de l'infériorisation des femmes, et celui de la liberté moderne à la lumière de l'esclavage et de la colonialité. Les textes sont tour à tour présentés par Michelle Perrot, Toni Negri, Catherine Achin, Elsa Dorlin, Martine Leibovici, Michaël Löwy, Keith McLelland et Sonya Dayan-Herzbrun.
Solidement ancré dans les recherches féministes sur la mondialisation et sur la dynamique des rapports sociaux de sexe, de race et de classe, ce livre est un essai sur l'emploi méthodique de la coercition au service de la mondialisation néolibérale.
L'instrumentalisation d'une violence en apparence "aveugle", mais en fait très contrôlée, dessine le fil rouge reliant entre eux les quatre textes qui le composent. Proximité troublante de la torture avec la violence domestique (au Salvador)... Création de la classe masculine des «frères d'armes» par le service militaire (en Turquie)... Diffusion des techniques de guerre de basse intensité (au Mexique)... Perpétuation (néo)-coloniale des violences contre les femmes indiennes (au Guatemala)...
Jules Falquet croise différents niveaux d'analyse pour rapprocher des perspectives généralement cantonnées à des sphères séparées. En révélant les continuités qui rattachent la violence misogyne aux méthodes coercitives militaro-policières, cette approche met à jour les logiques genrées de la «?gouvernance?» mondialisée, ici nommée, par antiphrase, Pax neoliberalia.
Ce livre est l'aboutissement d'une série d'entretiens entre Irène Kaufer, militante syndicale, et Françoise Collin, écrivaine et philosophe. Il revient sur les mobilisations des années 1970, en évalue les enjeux, les acquis et les zones d'ombre, s'aventure sur les pistes ouvertes au féminisme contemporain. Publié à l'origine en Belgique, aux Éditions Labor, il reparaît aujourd'hui "sous iXe" enrichi de deux textes introductifs, d'une postface, d'un appareil de notes et d'une bibliographie.
Avant, explique Andrée Michel, je me disais pacifiste. Aujourd'hui, je préfère me déclarer antimilitariste pour signifier mon opposition à toutes les opérations menées pour promouvoir la production et la vente d'armements.
Composé en deux parties - "la guerre contre les femmes" et "résistances féministes" - ce recueil rassemble, à côté d'articles de fond publiés dès les années 1980, les textes inédits d'interventions dans des colloques internationaux, notamment en Colombie, à l'invitation d'organisations féministes.
Pionnière des études sur le rôle et la place des femmes dans la famille et dans la société, féministe de la première heure, Andrée Michel est l'une des rares, en France, à travailler sur l'articulation du pouvoir d'État avec le puissant lobby de l'armement. Elle analyse la "culture de guerre" qui en découle en y introduisant les dimensions de la classe et du sexe, ce qui l'amène à qualifier l'industrie de l'armement de "formation sociale aggravée du patriarcat". Un modèle qui a pour conséquences inéluctables une extension des conflits armés et une aggravation des pauvretés qui frappent les hommes comme les femmes mais stigmatisent durablement les secondes. Les viols de guerre et la prostitution au service des armées ne sont que les exemples les plus connus, les plus frappants, des violences exercées à leur encontre.