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CNRS
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De haute lutte. La révolution de l'avortement
Stephanie Hennette-Vauchez, Laurie Marguet
- CNRS
- Societe
- 9 Janvier 2025
- 9782271151759
Une histoire du combat pour la défense de ce droit à l'avortement, et des questions qu'il a soulevé ces dernières décennies.
Historique et capitale, la loi Veil de 1975 était néanmoins un texte prudent qui ne consacrait pas un " droit " des femmes à avorter. Elle définissait un cadre contrôlé permettant, au terme de plusieurs entretiens et d'un délai de réflexion imposé, d'obtenir une interruption de grossesse sans encourir les foudres de la loi. Si l'avortement n'était plus un comportement à punir, il demeurait un choix transgressif.
En dépit des nombreuses évolutions de la législation, d'un recours à la pratique qui demeure extrêmement stable, et de son ancrage social, culturel et politique, la question de l'avortement reste éminemment sensible. Les débats parfois virulents qui, en France, ont entouré sa constitutionnalisation, en ont été la preuve, et les mena ces, toujours renouvelées dans leurs formes, ne faiblissent pas.
Cet ouvrage, saisissant l'occasion du cinquantième anniversaire de la loi Veil, entend faire le point sur les connaissances, les étapes juridiques, les difficultés qui demeurent et les représentations sociales et culturelles de ce geste qui, depuis des temps immémoriaux, consti tue une donnée structurante de la vie des femmes.
La mobilisation des savoirs académiques dans des domaines aussi divers que le droit, la sociologie, l'his toire, l'anthropologie, la psychologie, la littérature, le cinéma, l'analyse des pratiques militantes, etc., permet de mettre à distance et à l'épreuve nombre d'idées reçues qui continuent de nourrir la perception commune de l'avortement. -
Le pouvoir des lectrices - Une histoire de la lecture au XIXe siècle
Isabelle Matamoros
- CNRS
- Histoire
- 6 Mars 2025
- 9782271151698
Les pratiques de lecture des femmes à travers des écrits personnels féminins.
Quel est le processus historique de la sédimentation des différences sexuées en matière de goûts de lecture ?
Dans les années 1800-1840 domine l'idée que les lectrices ne s'approprieraient pas correctement les livres. Leur accès au savoir est limité, sous peine de mettre en péril l'équilibre entre les sexes. Contre ces préjugés, Isabelle Matamoros nous plonge au plus près du quotidien des lectrices et de leurs pratiques. Elle propose non une histoire des représentations et des discours sur la lecture des femmes, mais une histoire genrée de la lecture avec les femmes. Que lisaient-elles ? Quel sens donnaient-elles à leurs lectures ?
Ce qui rapproche les femmes qui composent la biographie chorale de ce livre c'est qu'elles lisent. Un peu, beaucoup ; dans leur jeunesse ou tout au long de leur vie ; de manière hésitante ou plus experte ; des romans, de l'histoire ou de la philosophie ; seules, par-dessus l'épaule d'un frère ou d'un père, entre femmes, ou en société.
Si les récits des femmes ici convoqués témoignent du poids des normes, ils laissent surtout transparaître de nombreux usages du livre : se distraire, s'échapper du quotidien, débattre, apprendre, enseigner, ou agir en politique. Et surtout, dans une France corsetée par le Code civil, le désir de s'émanciper. -
Un va-et-vient constant entre les pensées d'hier et les enjeux d'aujourd'hui.
À distance de l'idée de backlash automatique, une réflexion sur la profondeur historique du processus de libération des femmes.
L'Ancien Régime prend fin en 1789 avec la proclamation de l'égalité des citoyens, la chose est entendue. Mais il n'existe pas, pour les femmes, un moment historique précis, un point décisif qui marquerait la fin de leur oppression, la fin du patriarcat. Pour autant, avant et après la Révolution, puis dans les premières décennies du XIXe siècle, les principes démocratiques ne sont pas sans effets sur la pensée de leur émancipation.
Trente-cinq ans après Muse de la raison, qui mettait en lumière les incertitudes d'une " démocratie exclusive " des femmes, Geneviève Fraisse scrute ici les intuitions et les conséquences de ces principes chez celles et ceux qu'on peut qualifier de logiciennes et logiciens de l'égalité : Choderlos de Laclos, Olympe de Gouges, Fanny Raoul, Stendhal, Germaine de Staël ou Charles Fourier. De manière à chaque fois pertinente, chacun déploie les transformations possibles des relations entre les sexes.
À distance de l'idée de backlash mécanique, ils et elles viennent nous dire, deux siècles plus tard, à quel point la marche vers l'égalité est puissante, avec son histoire autant que sa raison. -
Algérie. La guerre, prises de vues
Marie Chominot, Sébastien Ledoux
- CNRS
- Histoire
- 5 Septembre 2024
- 9782271152015
Des auteurs et autrices de renom s'emparent de la photographie pour renouveler l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne.
Renouveler l'histoire de la guerre d'indépendance algérienne à partir de la photographie : tel est l'enjeu du présent livre. Rassemblant une vingtaine de chercheurs et chercheuses, il offre des mises en perspective originales de la guerre au plus près de ses acteurs, saisis par l'objectif ou saisissant eux-mêmes des situations qu'ils ont souhaité immortaliser.
Au fur et à mesure de l'analyse, les mots viennent animer ces images provenant souvent d'archives familiales, parfois de la justice ou de l'armée. Les photographies sont ainsi projetées dans une histoire collective que les auteurs documentent par les travaux les plus récents : l'engagement des indépendantistes, les disparus de la bataille d'Alger, la torture, le discours du général de Gaulle à Alger en mai 1958, le sort des harkis, l'exil des rapatriés, la lutte fratricide entre le FLN et le MNA, les camps de regroupement, la guerre psychologique menée par l'armée française ou l'année 1962.
Les regards, points de vue, lieux - en Algérie et en métropole - qui en ressortent nous permettent de comprendre la pluralité des expériences de cette guerre coloniale, mettant au jour autant d'écarts irréductibles que de correspondances. -
Condamnées à mort : L'épuration des femmes collaboratrices à la libération 1944-1949
Fabien Lostec, Marc Bergère
- CNRS
- Nationalisme Et Guerres Mondiales
- 7 Mars 2024
- 9782271144713
Un bilan chiffré définitif et exhaustif de l'épuration féminine.
L'épuration et la violence au prisme du genre.
Contrairement à une légende tenace, toutes les femmes collaboratrices n'ont pas été graciées par les tribunaux de l'épuration à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Elles sont 650 à être frappées par la peine capitale, dont 45 sont finalement exécutées. Jamais, depuis la Révolution française, autant de femmes n'avaient été condamnées et mises à mort en si peu de temps.
Qui sont ces condamnées à mort, de quelle façon ont-elles collaboré, comment vivent-elles leur épuration et par qui sont-elles jugées ? Fabien Lostec brosse le portrait individuel et collectif de ces femmes. Il nous montre qu'au-delà de l'image
de la collaboratrice sentimentale, elles se sont résolument engagées au service de l'ennemi, ont commis des actions violentes et des tortures, ont provoqué des déportations et des assassinats.
La morale et le droit s'entremêlent lors de leurs procès, puisqu'elles sont accusées d'être de mauvaises épouses et/ou mères et, plus largement, de mauvaises femmes. L'auteur examine le temps du jugement jusqu'à la mort pour celles dont le recours en grâce est rejeté et n'oublie pas le temps de l'incarcération ni celui de la sortie de prison pour celles qui bénéficient d'une commutation de peine.
Une étude fine qui vient renouveler par le genre l'histoire de l'épuration et de la violence politique. -
Michelet, précurseur de la figure moderne de la sorcière comme femme puissante.
Un Michelet méconnu sur une thématique très actuelle.
Au moment où la figure des sorcières revient en force par le biais de la culture féministe, l'historien Jules Michelet, avec La Sorcière paru en 1862, s'affirme comme l'un des inventeurs de ce mythe moderne mais aussi comme le précurseur de contestations tout à fait actuelles.
S'identifiant à sa Sorcière, Michelet, penseur bien souvent jugé hérétique, rompt avec une histoire classique et part en exploration dans le continent perdu de la sorcellerie, qui à son époque n'a pas encore donné lieu à de véritables recherches. Il s'appuie sur sa connaissance générale de l'histoire médiévale mais aussi sur la fiction, la poésie, le conte et le mythe pour reconstituer la figure de la sorcière. À travers elle, il évoque la femme créatrice, son rapport alternatif avec le monde naturel et dénonce le grand enfermement des femmes aux Temps modernes.
Paule Petitier, attentive à la richesse du texte de Michelet, en déploie le subtil feuilletage et les enjeux relatifs à la place des femmes dans le monde et l'histoire. -
Pas sérieux s'abstenir : Histoire du marché de la rencontre XIXe-XXe siècle
Claire-Lise Gaillard
- CNRS
- Histoire
- 1 Février 2024
- 9782271135384
Le marché de la rencontre n'a pas attendu Meetic, Tinder ou Grindr pour prospérer. Tout au plus l'ère numérique lui a-t-elle conféré, en même temps qu'un regain de vitalité, une légitimité nouvelle ?
Le marché de la rencontre n'a pas attendu Meetic, Tinder ou Grindr pour prospérer. Tout au plus l'ère numérique lui a-t-elle conféré, en même temps qu'un regain de vitalité, une légitimité nouvelle. Pendant près de deux siècles, ce domaine d'activité de réputation douteuse a fait de la discrétion une qualité première.
Son entremise est longtemps demeurée taboue dans les familles.
L'examen des registres d'agences matrimoniales et de la presse dédiée aux annonces permet néanmoins de lever le voile. Par-delà les figures chères au vaudeville - ambitieux coureurs de dots, parents autoritaires, oies blanches ou vieilles filles rêveuses -, qui sont les créateurs de ces agences, quels sont les services qu'ils proposent et quelle en est la clientèle ?
Du Courrier de l'hymen dans les années 1790 au Chasseur français (qui revendique 4,5?millions de naissances), les annonces sont aussi la source d'une histoire de l'ordinaire, à hauteur des hommes et des femmes à la recherche d'amour et de bons partis. Par leurs silences entendus et leurs connotations équivoques, elles nous apprennent ce qui, selon les époques, est communément perçu comme admis, désirable ou au contraire inacceptable. Elles sont ainsi des indices de la transformation des sociétés, qu'il s'agisse de l'équilibre entre enjeux économiques et romantiques, du poids des stéréotypes de genre ou des failles grandissantes de la société bourgeoise patriarcale. -
Tout les oblige à mourir : L'infanticide génocidaire au Rwanda en 1994
Violaine Baraduc
- CNRS
- Cnrs Anthropologie
- 21 Mars 2024
- 9782271148797
La logique génocidaire à son point d'incandescence : l'infanticide.
Un questionnement sur la place des femmes dans les massacres à l'occasion de la commémoration des trente ans du génocide.
En 1994, le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda n'épargne pas les relations les plus intimes. Dans certaines familles " mixtes ", des grands-parents, des oncles, des tantes, des cousins, des maris, et même des pères ou des mères, s'en prennent à leurs proches. Ainsi de Béata Nyirankoko et Patricie Mukamana. Après plusieurs semaines de massacres sur tout le territoire, ces deux paysannes hutu se résignent à tuer les enfants qu'elles ont eus avec leur maris tutsi.
À partir d'entretiens, d'archives judiciaires et d'observations, cette enquête donne à entendre les voix des deux mères et celles de différents membres de leur famille, accusés ou rescapés. Interrogeant le rôle des femmes et des rapports de genre dans les tueries, elle dévoile certains rouages essentiels du retournement des liens affectifs et sociaux à l'oeuvre durant un génocide commandité par l'État, mais massivement exécuté par la population. -
Les femmes et les enfants d'abord ? Enquête sur l'ordonnance de protection
Solenne Jouanneau
- CNRS
- Societe
- 7 Mars 2024
- 9782271144836
Les enjeux et les impasses d'une innovation juridique visant à mieux protéger les femmes.
Une approche sociologique innovante du droit et de la justice.
"?Mieux protéger les femmes?" : telle est l'ambition de l'ordonnance de protection, créée en 2010. Ce dispositif doit permettre à la justice d'intervenir en urgence dans des situations de violence au sein des couples, sans qu'il soit nécessaire de porter plainte
ou d'engager une procédure pénale. Pourtant, cet outil juridique demeure étonnement peu employé.
Afin de comprendre pourquoi, cette enquête originale rend compte aussi bien de la fabrique de la loi que de sa mise en application. Croisant archives, entretiens, analyses statistiques et observation d'audiences, elle revient sur les conditions d'élaboration et de transformation de ce droit à la protection porté par les organisations féministes, avant d'analyser la manière dont les juges s'en sont emparés.
Cette approche innovante permet de comprendre comment l'ordonnance de protection aboutit paradoxalement à instituer un seuil de violence "?juridiquement acceptable?" dans les couples, ce qui contribue à légitimer certaines pratiques d'extorsion du consentement féminin et perpétue ainsi la domination masculine. -
En dépit d'une abondante littérature consacrée au conflit israélo-palestinien, le Hamas reste un acteur politique largement méconnu. Boycotté par la majorité de la communauté internationale et agissant sans l'appui d'un véritable appareil d'Etat, le mouvement islamiste exerce pourtant un rôle capital dans la géopolitique du Moyen-Orient.
Dépassant l'analyse simplificatrice qui se focalise principalement sur la coloration religieuse de l'identité politique du Hamas, dont l'obsession unique serait la destruction d'Israël, Leïla-Laetitia Seurat s'efforce au contraire de nuancer cette approche unilatérale, pour montrer la complexité des liens entre le soubassement idéologico-religieux et des intérêts bien compris.
L'analyse des procédures de décision en matière de politique étrangère au sein du mouvement permet également d'entrer dans la " boîte noire " du Hamas qui reste, par son caractère clandestin et sa culture du secret, encore très largement opaque au grand public. Prendre une décision consiste en effet pour le Hamas à consulter ses différents centres de pouvoir, répartis entre la Cisjordanie, Gaza, les prisons israéliennes et l'extérieur. L'analyse de ces interactions permanentes et préalables à toute prise de décision, permet d'éclaircir de nombreuses zones d'ombre et d'invalider le poncif encore largement répandu d'un mouvement homogène, unifié et vertical. -
Les races guerrières : Enquête sur une catégorie impériale 1850-1918
Stéphanie Soubrier
- CNRS
- 28 Septembre 2023
- 9782271137760
Popularisée en 1910 dans le cadre du projet de recrutement d'une " force noire " en Afrique occidentale, la catégorie de " race guerrière " est utilisée dans l'empire colonial français des années 1850 à la fin de la Première Guerre mondiale...
Popularisée en 1910 dans le cadre du projet de recrutement d'une "?force noire?" en Afrique occidentale, la catégorie de "?race guerrière?" est utilisée dans l'empire colonial français des années 1850 à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle y désigne certaines populations jugées particulièrement aptes à porter les armes, pour des raisons à la fois biologiques et culturelles : Bambara, Wolof et Toucouleurs d'Afrique de l'Ouest, Sakalava de Madagascar et habitants des hauts plateaux du Vietnam partagent ainsi le privilège discutable d'avoir été considérés par les Français comme des "?soldats nés?", prédisposés à exercer et à subir la violence extrême des guerres des XIXe et XXe?siècles.
Menée à partir d'archives militaires, médicales et coloniales, cette étude retrace l'apparition et le développement d'une catégorie méconnue, fruit de la rencontre entre les officiers français et les populations colonisées, et mesure les conséquences concrètes et durables des stéréotypes raciaux sur la vie des individus. Elle propose ainsi une histoire nouvelle de la pensée raciale en France, attentive à ses contradictions, à ses effets pratiques et à ses mirages. -
La notion de « formes de vie » a émergé il y a une dizaine d'années et circule dans des domaines variés, de la biologie à la philosophie en passant par la sociologie, la science politique et l'anthropologie.
Mais qu'entendre par « formes de vie » ? Un ensemble de pratiques, d'usages de nature variée, qui donnent à la vie commune des caractères propres, pour ainsi dire diffus, explicitement ou implicitement présents dans les croyances, la langue, les institutions, les modes d'action, les valeurs. Une forme de vie est toujours, en ce sens, particulière, c'est pourquoi il existe des formes de vie, plus qu'une forme de vie.
De l'étude de ses divers sens chez des auteurs aussi différents qu'Adorno et Wittgenstein à sa portée critique et politique et à ses incidences éthiques, cet ouvrage déploie toutes les dimensions de cette nouvelle approche. En particulier, la porosité entre les sphères privée, sociale, économique et politique, et la nouvelle articulation du social et du biologique.
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La domination masculine est un fait quasi universel?: plus de 80?% des groupes humains sont patrilinéaires et à fort pouvoir masculin. Le Néolithique, qui voit l'émergence de l'agriculture et de l'élevage, est sans doute une des périodes parmi les plus importantes pour comprendre comment et pourquoi nos sociétés sont encore aujourd'hui ainsi configurées. Examiner comment se constituent et interagissent les deux catégories sociales fondamentales que sont celles des femmes et des hommes lors du passage au statut d'agriculteurs-éleveurs sédentaires représente un enjeu majeur dans la recherche des origines des inégalités.
Les rapports de genre au Néolithique ont été encore peu explorés. Il faut néanmoins se montrer prudent, et fonder les conclusions sur ce que disent les données mobilisées. Or, le genre n'a d'existence que s'il s'accomplit, s'il est visible. Il se matérialise par des attributs, des postures et des gestes, par des habitudes, par la manière de conduire des activités. Cette matérialité bénéficie à la discipline archéologique dont le support principal est l'analyse des productions matérielles des humains sous toutes leurs formes?: parures, costumes et outillages, modes alimentaires, activités de subsistance, etc.
L'une des premières cultures néolithiques européennes, le Rubané, se prête parfaitement à une telle approche?: de nombreux caractères de cette société sont connus et peuvent être mobilisés pour faire ressortir les premières informations qu'il est possible d'énoncer sur les conditions des femmes au Néolithique.
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à gauche, toute ! trotskytes, néo-staliniens, libertaires, "ultra-gauche", situationnistes, altermondialistes...
Christophe Bourseiller
- CNRS
- 14 Mai 2009
- 9782271068477
Alors même que la crise économique et l'absence de leadership au Parti socialiste lui ouvrent un spacieux boulevard, la gauche de la gauche présente un visage curieusement douloureux. Non seulement elle avance en ordre très dispersé (Nouveau Parti anticapitaliste, Parti de Gauche, Parti communiste français, Parti ouvrier indépendant, Lutte ouvrière...), mais elle semble être la proie d'une langueur indicible.
L'extrême gauche plurielle se cherche et ne se trouve plus. La clef de la survie au long terme réside-t-elle dans le dépassement ? Les divers mouvements qui composent l'archipel vont-ils abjurer leurs fondamentaux ? Jusqu'où peut-on aller ?
Cet ouvrage se propose d'interroger les extrêmes gauches, de la composante trotskiste au néo-stalinisme, en passant par l'anarchisme, l'ultra gauche, et les théories post-situationnistes.
Une étude ambitieuse et innovante pour décrypter la gauche de la gauche.
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Le Corps, la Voix, le Voile. Cheikhat marocaines
Fanny Soum-Pouyalet
- CNRS
- 11 Octobre 2007
- 9782271065919
A travers la figure exemplaire des cheikhat, chanteuses traditionnelles autrefois respectées et honorées, aujourd'hui méprisées, repoussées aux franges de la misère et de la prostitution, c'est l'ensemble des mutations et contradictions du Maroc moderne que l'auteur donne à voir.
Entre tradition et modernité. Entre villes et campagnes. Entre islam et islamisme. Mais aussi entre tradition et folklore, entre émancipation et exploitation. -
Selon des représentations bien ancrées dans les esprits, le viol est commis dans un lieu isolé par un inconnu violent et armé. Pourtant en France, 9 fois sur 10, la victime connaît l'agresseur et dans ce cas une fois sur deux, le violeur est le conjoint ou un ex-conjoint.
Depuis longtemps, le viol est considéré en France comme un crime. Le viol conjugal faisait exception. Le mari avait le droit d'avoir des rapports sexuels avec sa femme, y compris contre la volonté de cette dernière et par la force. Depuis la loi du 4 avril 2006, le code pénal reconnaît le viol entre conjoints comme un viol aggravé. Pourtant, les victimes portent rarement plainte et lorsqu'elles le font, les affaires sont souvent jugées, non pas en cour d'assises comme tous les crimes, mais au tribunal correctionnel.
Le viol conjugal est occulté par son invisibilité, lorsqu'il a lieu entre les murs d'un domicile commun. Comme les autres violences sexuelles, il laisse peu de traces visibles : ni bleu, ni plaie. Le viol conjugal, crime du quotidien, est à l'opposé du fait divers.
Peu propice aux raccourcis accrocheurs, le sujet est éclairé par les contributions d'un collectif multidisciplinaire associant médecins, psychologues, sociologues et juristes. Ce livre montre l'urgence d'un infléchissement des pratiques judiciaires.
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« A l'instar du feu sous la cendre, ces mêmes femmes simples, ordinaires, qui étaient négligées par les intellectuelles à l'époque du Chah, ce sont elles qui, aujourd'hui, incarnent le mouvement. Etant sorties hors des quatre murs de leur maison à la faveur de la révolution, elles ont commencé à se rencontrer et à se raconter dans les files de ravitaillement et ont enfin compris qu'elles ont une histoire, qu'elles sont l'histoire ».
Shahla Sherkat 1979. L'Imam Khomeiny demande la création d'une presse féminine « islamique ».
1992. Shahla Sherkat fonde Zanan, « Femmes », qui s'impose vite comme le premier, le plus libre, le plus critique, et le plus détonnant des magazines iraniens.
2008.L'hebdomadaire est fermé pour « raison administrative ».
2009.Trente ans après la révolution, CNRS éditions donne à lire, au public français, cet autre Iran que dévoile Zanan, de A comme Ayatollah à Z comme Zarathoustra, en passant par la guerre, l'embargo, le nucléaire, mais aussi la mode, le cinéma, la fête.
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Elizabeth Anscombe (1919-2001) est l'une des grandes philosophes britanniques du xxe siècle. Influencée par Aristote et la scolastique médiévale, mais surtout par son maître Ludwig Wittgenstein, elle a renouvelé les débats en philosophie de l'action et en philosophie morale.
L'action est un sujet de perplexité pour le philosophe car, irréductible à un mouvement sans agent, elle engage une volonté, des intentions et des valeurs morales. Elle se situe donc entre philosophie de l'esprit et philosophie morale : préciser le rôle de la volonté et des intentions dans l'action nous éclaire sur les degrés de responsabilité - en particulier morale - de l'agent.
Dès lors, comprendre comment s'intriquent la spontanéité de l'action et sa dimension téléologique devient un enjeu majeur de la philosophie.
L'esprit en pratique explique pourquoi la philosophie de l'esprit selon Anscombe doit opérer un détour par la philosophie de l'action et décrire le « mental » dans ce qu'il a de visible. Mais aussi pourquoi toute considération sur l'éthique impose de s'appuyer sur une vision claire des motifs de l'action et du type d'agent qui en est le moteur.
En s'inscrivant pleinement dans les débats actuels sur la subjectivité, l'intentionalité, la responsabilité, la philosophie d'Anscombe renouvelle en profondeur la notion d'intention.
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Le corps se réinvente par la couleur. Éphémère ou permanente, individuelle ou communautaire, la mise en couleur du corps s'inscrit dans des systèmes de représentations complexes. Capables d'aliéner la vision des formes et des volumes, la couleur et ses régimes symboliques se déclinent à l'infini.
Simple camouflage, effet de mode, affirmation individuelle, marquage identitaire, signal social, expression artistique, art sacré, figuration de l'invisible ? La réinvention du corps humain par les couleurs est une pratique universelle et un mode d'action engagé en fonction de correspondances établies entre l'Homme et la société, la nature ou l'univers. Le monde s'organise en couleurs dotées de sens qui participent à la construction des identités, des statuts, des émotions, des perceptions. Les couleurs sont alors signe et production de l'Homme.
Croisant les regards du chimiste, de l'historien, du physicien, du philosophe, du linguiste ou de l'anthropologue, cet ouvrage explore les formes, les significations, les valeurs, les fonctions multiples des modifications chromatiques du corps et de leurs variations dans le temps et dans l'espace.
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Fin de la philosophie politique ? ; Hannah Arendt contre Léo Strauss
Carole Widmaier
- CNRS
- 22 Mars 2012
- 9782271073891
Que valent les formes de pensée traditionnelles face à l'apparition des régimes totalitaires ? La démocratie a-t-elle présenté des lacunes favorisant l'émergence en son sein de tels régimes ? Que devient l'idéal de progrès, de bonheur et de liberté des citoyens ?
Leo Strauss et Hannah Arendt ont tous deux affronté ce dilemme et posé la question de la portée de la philosophie politique. C'est leur démarche, strictement parallèle mais radicalement opposée, que Carole Widmaier confronte dans une étude stimulante : du constat de la crise à leur parcours dans l'histoire de la pensée et à leur rapport respectif à la tradition et à la modernité.
Tandis que Strauss invite à réhabiliter l'idée classique d'une nature humaine, Arendt montre la nécessité d'abandonner cette idée pour approcher l'existence humaine et ses différentes modalités. D'une part la défense d'un mode de vie philosophique retiré, la recherche de la vérité, de l'autre le " souci du monde " et l'attention à l'événement.
Une réflexion salutaire pour affronter les maux de la modernité et s'ouvrir au changement politique.
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Avec les mots, avec le corps, le genre s'impose. En ouvrant la bouche ou en nous habillant le matin, nous portons les marques du genre.
Nos moyens d'expression sont genrés. Nous en jouons et, ce faisant, nous élaborons un imaginaire de la différence sexuelle. Le plus souvent, nous nous contentons d'activer des stéréotypes. Étudier ces marques du genre est donc un vaste chantier, auquel cet ouvrage collectif entend contribuer.
Les mots d'abord. La langue continue à véhiculer de redoutables préjugés sexistes. En témoigne la règle apprise à l'école : « Le masculin l'emporte sur le féminin. » Mais l'écriture inclusive aujourd'hui proposée s'insurge contre la prééminence du masculin sur le féminin dans la langue française.
Et l'histoire des langues et des oeuvres littéraires donne bien des exemples de résistance à ce masculin qui s'impose comme neutre et universel.
Le corps ensuite. Des espaces de liberté se sont ouverts, mais les normes traditionnelles n'ont pas disparu. Le corps vêtu continue de dire le genre.
À moins de perturber le regard avec un travestissement, des pilosités inattendues ou une gestuelle inhabituelle, s'« attaquer » au genre, à son binarisme obligatoire et hiérarchisé, n'est pas chose facile.
Peut-on dépasser le genre ? L'annuler ? Créer du neutre ?
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Le rituel du vote ; les assemblées du peuple romain
Hollard Virginie
- CNRS
- 4 Février 2010
- 9782271069252
Après cinq siècles de République, Rome met en place un régime impérial, caractérisé par la figure du Princeps se plaçant au-dessus des institutions existantes.
Ce changement supprime-t-il le vote du peuple romain? L'étude des règnes fondateurs d'Auguste et Tibère (27 av. -37 ap. J.-C.) permet de définir le vote romain comme un rituel politique qui, tout en devenant une simple formalité, demeure, du moins tout au long du Ier siècle de notre ère, un moment incontournable de la vie politique à Rome. Cette formalité ritualiste, qui fait le lien entre République et Empire, confère au vote toute sa valeur et pourrait même donner une coloration démocratique à la vie politique romaine.