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Éditions de Minuit
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Capitalisme et schizophrénie Tome 1 ; l'anti-Oedipe
Gilles Deleuze
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Mars 1972
- 9782707300676
Qu'est-ce que l'inconscient ? Ce n'est pas un théâtre, mais une usine, un lieu et un agent de production. Machines désirantes : l'inconscient n'est ni figuratif ni structural, mais machinique. - Qu'est-ce que le délire ? C'est l'investissement inconscient d'un champ social historique. On délire les races, les continents, les cultures. La schizo-analyse est à la fois l'analyse des machines désirantes et des investissements sociaux qu'elles opèrent. - Qu'est-ce qu'oedipe ? L'histoire d'une longue -erreur -, qui bloque les forces productives de l'inconscient, les fait jouer sur un théâtre d'ombres où se perd la puissance révolutionnaire du désir, les emprisonne dans le système de la famille.
Le " familialisme " fut le rêve de la psychiatrie ; la psychanalyse l'accomplit, et les formes modernes de la psychanalyse et de la psychiatrie n'arrivent pas à s'en débarrasser. Tout un détournement de l'inconscient, qui nous empêche à la fois de comprendre et de libérer le processus de la schizophrénie.
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Qu'est-ce que l'hypnose ?
François Roustang
- Éditions de Minuit
- Reprise
- 22 Décembre 2002
- 9782707318145
Si l'hypnose est le plus souvent réduite à un phénomène de soumission, de fascination, d'insensibilité, c'est que notre culture, qui a peu de moyens pour la penser, en retient seulement le négatif ou l'ombre portée.
En réalité, l'hypnose est un état de veille intense, à l'instar du sommeil profond à partir duquel nous rêvons. de même que ce sommeil profond conditionne l'éclosion du pouvoir de rêver, de même cette veille intense nous fait accéder au pouvoir de configurer le monde.
L'hypnose devient alors une vigilance accrue qui met à notre disposition les paramètres constitutifs de notre existence. ouverte aux dimensions de notre monde, elle s'oppose à la veille restreinte que nous connaissons dans notre vie de tous les jours.
Loin d'être passive, l'hypnose nous permet, par l'imagination, d'anticiper et de transformer nos comportements et nos agissements. elle sollicite notre capacité à décider de notre place en relation avec les autres et notre environnement. en ce sens, elle relève non pas de la psychologie, mais d'une cosmologie. la pratique de l'hypnose, cette veille plus large et plus fine, peut devenir un art de vivre.
Elle suppose un apprentissage qui n'a rien d'ésotérique et qui se contente de prendre appui sur les possibilités présentes en chacun.
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Narcissisme de vie narcissisme de mort
André Green
- Éditions de Minuit
- Reprise
- 11 Octobre 2007
- 9782707320131
Le regain d'intérêt pour le narcissisme dans la théorie psychanalytique justifie la publication de ce recueil d'articles, qui comporte aussi des textes inédits, tous centrés sur cette question, l'une des plus énigmatiques de la psychanalyse. Freud, après avoir introduit le narcissisme en 1914, devait se désintéresser de ce concept qu'il avait brillamment développé quand il eut procédé aux remaniements théoriques amorcés autour de 1920 qui donnèrent naissance notamment à la dernière théorie des pulsions (opposition des pulsions de vie et des pulsions de mort), à la deuxième topique de l'appareil psychique (Ça-Moi-Surmoi), à sa nouvelle conception de l'angoisse, etc.
Après une période d'oubli, ce concept en déshérence fut remis en honneur en France depuis déjà un certain nombre d'années, tandis que l'Amérique sembla redécouvrir récemment son existence. André Green, qui n'a cessé de s'intéresser à ce problème depuis 1963, est cependant un des rares auteurs - sinon le seul - à avoir tenté d'articuler la théorie du narcissisme avec celle de la dernière théorie des pulsions. Alors que le narcissisme n'est généralement envisagé que sous ses aspects positifs, par lesquels on le rattache aux pulsions sexuelles de vie, il montre la nécessité de postuler l'existence d'un narcissisme de mort, qu'il appelle le narcissisme négatif. À la différence du premier, qui vise l'accomplissement de l'unité du Moi, le second tend au contraire à son abolition dans l'aspiration au zéro.
Cette théorie du narcissisme est complétée par l'exposition d'un certain nombre de " formes narcissiques " qui sont autant de configurations observées dans la pratique. Enfin, un travail sur le Moi souligne la duplicité qui sous-tend sa structure dans la contradiction entre se savoir mortel et se croire immortel. Tout porte à conclure à Narcisse Janus.
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Comment parler de l'autre côté, se demanda Alice. Car, en fait de merveilles, elle avait découvert qu'elle était plus d'une, et qu'une seule langue ne pouvait signifier ce qui avait lieu entre elles. Il fallait pourtant essayer de se faire entendre. Alors, s'appliquant, elle reprit :
Que dire d'une sexualité féminine autre ? Autre que celle prescrite dans et par l'économie du pouvoir phallique. Autre que celle encore et toujours décrite - et normalisée - par la psychanalyse. Comment inventer, ou retrouver, son langage ?
Comment interpréter le fonctionnement social à partir de l'exploitation des corps sexués des femmes ? Que peut être, dès lors, leur action par rapport au politique? Doivent-elles ou non intervenir dans les institutions ?
Par quel biais échapper à la culture patriarcale ? Quelles questions poser à son discours ? À ses théories ? À ses sciences ? Comment les énoncer pour qu'elles ne soient pas, à nouveau, soumises à la censure ou au refoulement ?
Mais aussi : comment déjà parler femme ? En retraversant le discours dominant. En interrogeant la maîtrise des hommes. En parlant aux femmes, entre femmes.
Questions - parmi d'autres - qui s'interrogent et se répondent dans plusieurs langues, sur plusieurs tons, à plusieurs voix. Déconcertant l'uniformité d'un discours, la monotonie d'un genre, l'autocratie d'un sexe. Innombrables les désirs des femmes, et jamais réductibles à l'un ni à son multiple.
Le jour était déjà levé depuis longtemps. Une histoire n'en finissait pas d'imposer son ordre. De l'obliger à s'exposer dans une clarté un peu froide. Dans l'attente d'un autre matin, elle repassa derrière le miroir, et elle se retrouva entre elles toute(s).
Luce Irigaray
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Aujourd'hui.
En me proposant de publier en livre ce qui fut d'abord un article de journal, Jérôme Lindon m'a donné à réfléchir l'alliance d'un hasard et d'une nécessité. Jusqu'alors, je n'avais pas prêté une attention suffisante au fait qu'un article, L'Autre cap , visiblement assiégé parles questions du journal et du livre, de l'édition, de la presse et de la culture médiatique, avait certes été publié dans un journal (Liber, Revue européenne des livres, octobre 1990, n°5), mais dans un journal singulier qui tente d'échapper à la règle, puisqu'il est simultanément inséré, de façon inhabituelle, dans d'autres journaux européens et simultanément en quatre langues. Or, il se trouve, de façon apparemment fortuite, qu'un autre article, La Démocratie ajournée , traitant au fond de problèmes analogues, et d'abord de la presse et de l'édition, du journal, du livre et des médias (dans leur rapport à l'opinion publique, aux libertés, aux droits de l'homme, à la démocratie - et à l'Europe) avait été lui aussi publié l'année précédente dans un autre journal qui fut aussi le même, à savoir Le Monde, et encore à part, dans le supplément d'un numéro singulier : le premier numéro du Monde de la Révolution française (janvier 1989) qui parut douze fois l'année du bicentenaire. Au-delà du partage des thèmes et en raison de cette situation (un journal dans le journal mais aussi un journal comme tiré à part), j'ai donc imaginé qu'il y avait quelque sens à replacer ces deux articles tels quels, côte à côte et sous le même jour. Le jour, justement, la question ou la réflexion du jour, la résonance du mot aujourd'hui, voilà ce que ces articles de journal gardent de plus commun - à leur date, au jour d'alors. Les hypothèses et les propositions ainsi risquées s'en trouvent-elles pour autant datées aujourd'hui, au moment où les problèmes du droit, de l'opinion publique et de la communication médiatique, entre autres, connaissent l'urgence et la gravité que l'on sait ? Au lecteur d'en juger.
Aujourd'hui se trouve être le premier, non le dernier mot de La Démocratie ajournée . Il entre peut-être en correspondance avec ce qui résonne étrangement dans l'apostrophe de Paul Valéry, citée à l'ouverture de L'Autre cap et relancée de loin en loin : Qu'allez-vous faire AUJOURD'HUI .
Jacques Derrida, le 29 janvier 1991.
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Éthique de la différence sexuelle
Luce Irigaray
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Mars 1984
- 9782707306807
« L'homme et la femme demeurent plus étrangers l'un à l'autre que ne le ont à chacun l'animal, la plante, la pierre, l'univers, les dieux. Cet irréductible de l'un à l'autre s'oublie sans cesse et s'organise en mondes bâtis dans la méconnaissance. Le langage, les échanges en général fonctionnent comme si ces deux moitiés du monde se connaissaient, se parlaient, se partageaient. À peine se font-elles signe de chaque côté d'un miroir qui n'appartient ni à l'une ni à l'autre, d'un abîme infernal ou céleste, d'une proximité que plus rien ne signifie. À moins qu'elles ne se détournent délibérément l'une de l'autre, ou ne tentent de se détruire dans le vertige de quelque renversement dialectique.
Ni la femme ni l'homme n'ont construit un territoire qui leur permette d'habiter et cohabiter leur corps, leur chair, de s'étreindre, s'aimer, créer ensemble. Mais la constitution d'une éthique sexuée est toujours reportée à plus tard. Elle emprunte d'étranges détours. S'arrête à l'écologie animale, considère le sexe des végétaux, analyse le comportement de nos cellules, s'efforce de connaître toutes espèces ou genres de mêmes et d'autres selon la taille, la forme, la couleur, la quantité, le nombre... Tout, sauf ce si proche de nous que nous ne le percevons pas et que, le touchant, nous n'abordons souvent qu'à notre nuit. Tant nous fait défaut ce qui dit nos puissances sensibles, leur architecture, leurs abords, leurs seuils, leurs passages du plus intime au plus lointain, en nous, entre nous.
La différence sexuelle comme enjeu théorique et pratique est encore abandonnée aux sciences et techniques « secondes » : médecines, arts, modes. Restaurations, reproductions, voiles, masques d'un original qui reste dans l'ombre, et qui vaut d'être interrogé avant d'être imputé à Dieu, ou quelque Autre qui nous fait loi.
Qui suis-je ? Qui es-tu ? En quoi consiste l'insurmontable de notre différence ? Quelles sont nos conditions de possibilité de vie, de beauté, de raison commune ? Ces questions s'imposent à notre époque. Mais elles suscitent les polémiques et les refus de qui se veut, se croit, ou s'ignore monopole d'une « philosophie première » - Vérité. » Luce Irigaray ----- Avant-propos et calendrier des cours ----- Ce recueil est composé de cours donnés à l'université Erasmus de Rotterdam. Ils ont eu lieu dans le cadre de la chaire internationale pluridisciplinaire créée pour Jan Tinbergen (prix Nobel d'économie politique), et occupée chaque année un semestre par un chercheur étranger. Elle m'a été attribuée en philosophie durant le deuxième semestre 1982, notamment à la demande de groupes de femmes enseignantes et étudiantes des Pays-Bas.
Qui occupe cette chaire est supposé y faire un travail original par rapport à ses recherches antérieures et en laisser des traces écrites. D'où ce livre qui rend compte de l'enseignement donné à l'université Erasmus de Rotterdam, y compris dans le déroulement de son calendrier-horaire qui reste sobrement l'architecture du volume.
Les cours ont été condensés en quatre mois, étant donné les dates de vacances. Chaque mois avait lieu une conférence suivie d'un débat. Les intitulés des conférences sont : « La différence sexuelle », « L'amour de soi », « L'amour du même, l'amour de l'autre », « L'amour de l'autre ». Les débats ne sont pas reproduits ici, pas plus que les exposés des étudiant(e)s. Le même mois, se tenaient également deux séminaires de lecture de textes philosophiques choisis en fonction du projet d'ensemble et de la conférence du mois. En septembre : « L'amour sorcier » (Lecture de Platon : Le Banquet, « Discours de Diotime »), et « Le lieu, l'intervalle » (Lecture d'Aristote : Physique IV, 3, 4, 5) ; en octobre : « L'admiration » (Lecture de Descartes : Les Passions de l`âme, article 53) et « L'enveloppe » (Lecture de Spinoza : L'Éthique, Première partie, « De Dieu ») ; en novembre, le séminaire a été réalisé par les étudiantes sur La Phénoménologie de l'esprit de Hegel (VI, « L'esprit, A, a, Le monde éthique, La loi humaine et la loi divine, l'homme et la femme ») et mes réponses ont été faites à partir de Speculum, de l'autre femme... « L'éternelle ironie de la communauté » ; en décembre, j'ai exposé « L'invisible de la chair » (Lecture de Merleau-Ponty : Le Visible et l'invisible, « L'entrelacs-le chiasme ») et « La fécondité de la caresse » (Lecture de Lévinas : Totalité et infini, Section IV, B, « Phénoménologie de l'éros »).
À cet enseignement destiné aux étudiant(e)s de différents niveaux, s'ajoute traditionnellement une « grande leçon » adressée à l'ensemble du corps enseignant de l'université, ouverte au public, et susceptible d'intéresser différents secteurs des sciences et du savoir. Je l'ai organisée autour du personnage d'Antigone tel qu'il est présenté par Hegel dans son analyse du monde éthique ; elle est reprise dans ce recueil à la date et dans le contexte où elle a été prononcée.
Aux travaux écrits que j'ai déjà publiés, ouvrages ayant tous comme objet la sexuation du discours, de la langue, de la culture, et la définition de nouvelles valeurs sexuelles, vient donc s'ajouter ce livre qui est une transcription de langage parlé et partagé oralement. D'un autre style donc, plus familier à l'écoute, et dont l'enjeu est nettement la rencontre entre les sexes masculin et féminin. Rencontre possible seulement si chacun des sexes se découvre et s'aime lui-même. Ce qui suppose de remanier tout notre ordre socio-culturel, et d'en changer les fondements éthiques.
Cette tâche serait une de celles, sinon celle, qui s'impose à notre époque. Elle nous demanderait de questionner et modifier nos rapports à l'espace et au temps.
Luce Irigaray
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Trois essais psychanalytiques sur la face négative du complexe d'å'dipe dans la tragédie antique, élizabéthaine, classique.
Le meurtre de la mère par le fils, tel que le mettent en scène eschyle dans l'orestie, sophocle et euripide dans etectre, offre l'occasion d'une confrontation entre les trois tragiques traitant le même thème du matricide et de sa sanction. le meurtre de la femme par l'époux est vu à travers la folie jalouse d'othello, oú shakespeare dévoile, par la structure de la tragédie, le procès de la paranoïa.
Le meurtre de la fille par le père est celui du sacrifice d'iphigénie en aulide, oú racine fait, par rapport à euripide - celui de l'iphigénie à aulis et celui des bacchantes -, l'économie du sacrifice. un prologue sur la lecture psychanalytique des tragiques, fixant la ligne de cette contribution à là critique littéraire, et un épilogue oú sont examinées les relations entre le mythe d'å'dipe et la vérité qui s'y fait jour à travers les déformations qu'elle subit, encadrent ces trois essais.
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L'enfant de ça ; psychanalyse d'un entretien : la psychose blanche
Donnet/Green Andre
- Éditions de Minuit
- 1 Septembre 1973
- 9782707303998
"ma mère a couché avec son gendre et c'est moi l'enfant de ça" : ainsi z présente-t-il à la fois son origine et celle de ses troubles au psychanalyste avec lequel il va s'entretenir, tandis qu'un deuxième psychanalyste les écoute.
De cette rencontre singulière, il reste une transcription, sur laquelle jean-luc donnet et andré green vont travailler pour tenter de retrouver, à travers le décodage psychanalytique, le moment de vérité. ce travail de lecture aboutit à découvrir - à fabriquer ? - une clef de l'énigme. mais la mise en oeuvre de la construction théorique reste marquée du signe de l'après-coup : elle ne peut pas, elle ne doit pas effacer le trouble que z aura été pour le psychanalyste.
Le malaise de l'écoute interroge la théorie psychanalytique sur l'inceste, le réel, la folie : il débouche sur un nouveau concept : la psychose blanche.
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Les passions ont affaire avec le feu et la glace, la lumière et la nuit, l'eau et l'immersion, la terre et la découverte ou la perte du sol, la respiration dans ce qu'elle a de plus profond, de plus secrètement vivant. Palpitations entre deux amants qui invitent, rassemblent, relient et fécondent le monde en toutes ses dimensions et directions. Avant tout dire articulé en discours. Tel un chant qui cherche son rythme, tantôt large, tantôt haletant. Laissant en blanc de la chair et du souffle encore libres et vierges de toute scansion déjà marquée. Inspiration et expiration qui découvrent et inventent, ensemble, leurs mouvements, leurs mesures, leurs mélodies et harmonies. Sculptant et resculptant les bords des corps, du dehors et du dedans, dans leur singularité et leurs alliances. Modelage de l'amour qui redessine et rouvre, sans cesse, l'horizon de chair disponible. En deçà de tout regard, retour au plus subtil de tous les sens, celui qui les sous-tend tous : le tactile. Tout se donnant à travers le toucher, médiation qui, continûment, s'oublie. Surtout dans ses gestes les plus simples - les rapports à l'air, l'eau, le feu, la terre. Dont mon corps et celui de l'autre s'incarnent. Du plus intime du muqueux au plus lointain du céleste et du transcendant, du plus charnel au plus divin, tout a lieu grâce au tact. Un sol spéculatif et technique recouvrant et étouffant cette vérité devenue mystère de la vie - le toucher est ce dans quoi et à travers quoi tout se donne à nous sous peine de mort.
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L'ombre et le nom sur la féminité
Michèle Montrelay
- Éditions de Minuit
- Critique
- 1 Février 1977
- 9782707301499