Zones
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Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante - puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant - puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée - devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
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Réinventer l'amour : comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles
Mona Chollet
- Zones
- 16 Septembre 2021
- 9782355221743
Nombre de femmes et d'hommes qui cherchent l'épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s'invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Sur une question qui hante les féministes depuis des décennies et qui revient aujourd'hui au premier plan de leurs préoccupations, celle de l'amour hétérosexuel, ce livre propose une série d'éclairages.
Au coeur de nos comédies romantiques, de nos représentations du couple idéal, est souvent encodée une forme d'infériorité féminine, suggérant que les femmes devraient choisir entre la pleine expression d'elles-mêmes et le bonheur amoureux. Le conditionnement social, qui persuade les hommes que tout leur est dû, tout en valorisant chez les femmes l'abnégation et le dévouement, et en minant leur confiance en elles, produit des déséquilibres de pouvoir qui peuvent culminer en violences physiques et psychologiques. Même l'attitude que chacun est poussé à adopter à l'égard de l'amour, les femmes apprenant à le (sur ?) valoriser et les hommes à lui refuser une place centrale dans leur vie, prépare des relations qui ne peuvent qu'être malheureuses. Sur le plan sexuel, enfin, les fantasmes masculins continuent de saturer l'espace du désir : comment les femmes peuvent-elles retrouver un regard et une voix ?
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Bouffées de chaleur : briser le tabou de la ménopause
Miriam Stein
- Zones
- 12 Octobre 2023
- 9782355222108
La ménopause est l'un des ultimes tabous dans la vie des femmes. Atteinte des premiers symptômes de la périménopause à 44 ans, la journaliste Miriam Stein s'est trouvée désemparée face à ce bouleversement, avant de prendre le problème à bras-le-corps.
Elle nous livre en son propre nom, avec naturel, humour et une belle sensibilité, un récit intime qui s'enrichit de nombreux éclairages tirés d'ouvrages littéraires, d'études scienti?ques et de penseuses féministes, dont Simone de Beauvoir et Gloria Steinem.
Au-delà de son expérience personnelle, elle s'attaque aux clichés dont la ménopause est affublée, en nous donnant des repères médicaux sur le phénomène, en analysant sa signi?cation culturelle et en mettant en lumière les stratégies employées par les femmes pour mieux passer le cap, se sentir bien dans leur peau et reprendre le pouvoir sur leur vie.
Plaidant pour une émancipation et une affirmation féminines à tous les âges de la vie, Miriam Stein cherche, contre la relégation qui les frappe, à changer le regard que la société porte sur les femmes mûres . Car vieillir peut aussi signi?er un nouveau départ, une nouvelle liberté. -
Pourquoi parler encore des mecs ? Quand tout se passe comme si les humains étaient hommes par défaut et femmes par exception, il semble qu'on n'en parle déjà que trop.
À y regarder de plus près, cependant, on parle beaucoup d'hommes mais plus rarement des hommes. On parle d'individus en particulier, bien peu de la classe des hommes dans son ensemble.
On parle des Grands Hommes, moins de tous ceux qui envoient des photos de leur pénis sur Internet. On parle plus des ministres que des violeurs (sauf quand il s'agit du même type).
Alors, si nous retournons le regard féministe vers les hommes, que voyons-nous ? Soudain, on comprend comment les hommes sont construits et les histoires qu'on se raconte sur la " nature masculine " se révèlent mensongères. On voit que l'amour des hommes pour les femmes n'est pas un cadeau. On voit qu'en un sens les hommes préfèrent de toute façon les hommes, ce qui ne les empêche pas d'être homophobes.
Je suis une femme blanche, trans et lesbienne et mon point de vue n'est pas moins neutre qu'un autre. Je vais recourir à des statistiques, des théories, des histoires, des dessins et des punchlines pour vous faire poser un nouveau regard sur vos pères, vos frères, vos compagnons, vos ex - et peut-être sur vous-même. -
Pensées décoloniales : une introduction aux théories critiques d'Amérique latine
Philippe Colin, Lissell Quiroz
- Zones
- 9 Mars 2023
- 9782355221538
La théorie décoloniale constitue l'un des discours phares de notre temps. Loin des imprécisions dont elle fait souvent l'objet, cet ouvrage, première synthèse en français sur son origine latino-américaine, offre une généalogie et une cartographie d'un continent de pensée méconnu en Europe. Mêlant récits historiques, portraits de théoriciens (dont Gloria Anzaldúa, Arturo Escobar ou Anibal Quijano), extraits d'oeuvres non encore traduites, explications de concepts clés, ce livre offre une introduction claire, informée et stimulante des apports d'un des courants les plus féconds de la théorie critique contemporaine.
La conquête de l'Amérique, scène inaugurale de la modernité capitaliste, fut aussi l'acte de naissance de nouveaux rapports coloniaux de domination qui ont modelé une hiérarchie planétaire des peuples selon des critères raciaux, sexuels, épistémiques, spirituels, linguistiques et esthétiques. Or cette colonialité du pouvoir n'a pas été enterrée par les décolonisations. Si l'on veut en sortir, il faut (re)connaître les expériences vécues par celles et ceux qui ont résisté à l'imposition de ces régimes, les savoirs produits par les sujets marqués par la blessure coloniale, et tenter de discerner, dans ces fragiles nouveaux mondes , l'horizon d'un dépassement de la colonialité. -
Sur un mode subjectif et partisan, dans la veine d'un Lester Bangs, le récit de l'aventure punk rock née il y a près de 25 ans du cri de colère et de ralliement lancé par une poignée de jeunes féministes nord-américaine underground : Revolution, Grrrl Style, Now ! Le mouvement des riot grrrls -les émeutières - était né. Des groupes de femmes, dont le légendaire Bikini Kill, partaient à l'assaut, bien décidées à rendre le punk plus féministe, et le féminisme plus punk .
Au début des années 1990, de jeunes féministes nord-américaines lançaient du fond de leurs tripes un cri de colère et de ralliement dans le milieu punk underground : Revolution, Grrrl Style, Now ! La culture riot grrrl - littéralement, les émeutières - était en train de naître. Des groupes comme Bikini Kill ou Bratmobile partaient à l'assaut de la production musicale, décidés à rendre le punk plus féministe et le féminisme plus punk .
Leur offensive fut une secousse incroyablement positive pour toute une génération assommée par la culture mainstream. Car les riot grrrls ont été bien davantage qu'un simple courant musical : appliquant les principes du Do-It-Yourself, elles ont construit une véritable culture alternative, dont la force de frappe tient en une proposition que suivront des milliers de jeunes femmes : celle d'oser devenir qui elles sont et de résister corps et âme à la mort psychique dans une société capitaliste et patriarcale.
Manon Labry retrace l'histoire de cette révolution politique et culturelle. Elle déploie une écriture punk bien frappée qui entremêle paroles de chansons, témoignages, réflexions personnelles, extraits de fanzines et illustrations pour faire la chronique d'une génération. -
Libérée, la sexualité des femmes d'aujourd'hui ? On serait tenté de croire que oui. Pourtant, plus de 50 % d'entre elles se disent insatisfaites, que ce soit à cause d'un manque de désir ou de difficultés à atteindre l'orgasme. Si tant de femmes ordinaires sont concernées, peut-être qu'elles n'ont rien d'anormal et que ce n'est pas à la pharmacie qu'il faut aller chercher la solution. Le remède dont elles ont besoin est plus certainement culturel, et passe par une réorientation de notre approche androcentrée du sexe et du plaisir.
Tour à tour reportage, essai et recueil de réflexions à la première personne, cet ouvrage enquête sur les dernières découvertes scientifiques ayant trait à l'orgasme féminin. On y apprend ainsi qu'une chercheuse en psychologie clinique a recours à la méditation de pleine conscience pour traiter les troubles à caractère sexuel. On y découvre aussi diverses façons dont les femmes choisissent de redéfinir leur sexualité. Cette aventure aux confins de la jouissance nous emmène jusqu'au festival Burning Man, où l'orgasme féminin est donné à voir sur scène, ou encore dans le cabinet feutré d'une thérapeute qui propose de soigner les traumatismes liés au viol à l'aide de massages sensuels. -
FéminiSpunk est une fabulation à la Fifi Brindacier. Elle raconte l'histoire, souterraine et infectieuse, des petites filles qui ont choisi d'être pirates plutôt que de devenir des dames bien élevées. Désirantes indésirables, nous sommes des passeuses de contrebande. Telle est notre fiction politique, le récit qui permet à l'émeute intérieure de transformer le monde en terrain de jeu. Aux logiques de pouvoir, nous opposons le rapport de forces. À la cooptation, nous préférons la contagion. Aux identités, nous répondons par des affinités. Entre une désexualisation militante et une pansexualité des azimuts, ici, on appelle fille toute personne qui dynamite les catégories de l'étalon universel : meuf, queer, butch, trans, queen, drag, fem, witch, sista, freak... Ici, rien n'est vrai, mais tout est possible. Contre la mascarade féministe blanche néolibérale, FéminiSpunk mise sur la porosité des imaginaires, la complicité des intersections, et fabule une théorie du pied de nez. Irrécupérables !
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« J'ai fait un rêve », slogan repris à Martin Luther King, fut l'un des moteurs de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Tout a été dit sur cette victoire sauf peut-être l'essentiel : et si elle correspondait au triomphe d'une nouvelle forme d'imaginaire politique ?
Mona Chollet décortique les principaux éléments de l'univers sarkozyste : la « machine de guerre fictionnelle » que représente la success story, le mythe du self-made man, l'identification illusoire aux riches et aux puissants, le mépris des « perdants », l'individualisme borné, le triomphe de l'anecdote et du people...
Aux antipodes de la fascination béate et complaisante d'une Yasmina Reza, elle critique les impostures idéologiques du nouveau pouvoir : un démontage sans concession des valeurs de la droite bling bling, dans un style incisif, souvent drôle, toujours fin, mêlant l'enquête journalistique, l'écriture littéraire et la critique sociale.
Lucide, elle pointe également la faiblesse alarmante de l'imaginaire de gauche, radicalement incapable de relever le défi. Contre le cynisme et les renoncements, il est urgent de réinventer un nouvel imaginaire émancipateur, en commençant par se réapproprier l'aspiration légitime à l'épanouissement personnel, aujourd'hui fourvoyée dans les mirages de la « société-casino ».
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Ce « roman en images » raconte la vie quotidienne, les espoirs brisés et les rêves d'une famille de la classe moyenne prise dans la tourmente de la crise de 1929 aux Éats-Unis. Les cols blancs, ce sont les employés de bureaux ou, plus généralement les travailleurs intellectuels, par contraste avec les cols bleus, ouvriers de l'industrie, travailleurs manuels. En 1929, le crach a brisé des vies : emplois perdus, maisons hypothéquées, ambitions cassées et rêves d'ascension sociale brisés. Ouvrage en grande partie autobiographique, Col blanc nous fait revivre cet épisode de l'histoire sociale à travers la vie d'un illustrateur et de sa famille : un récit de la paupérisation, avec ses péripéties matérielles, mais surtout ses dilemmes moraux : entre les ambitions personnelles et la résistance collective, quelle option choisira-t-on ? Le col blanc se reconnaîtra-t-il dans les luttes des cols bleus ? Giacomo Patri réalise en images ce que John Steinbeck a fait avec des mots : un puissant documentaire social, sombre et saisissant, qui est aussi un hymne à la solidarité de tous les exploités, un magnifique roman engagé. Sa leçon : que la survie par temps de crise passe par la résistance collective. Dans un style inspiré de l'expressionnisme allemand et du cinéma muet, Patri a réalisé une sorte de bande-dessinée sans parole, qui frappe par sa force, sa beauté épurée et sa radicale modernité. Sombre et sobre, Col blanc est un véritable chef d'oeuvre, un des premiers « romans graphiques » américains. Imprimé artisanalement, diffusé dans les milieux syndicaux et artistiques de l'entre-deux-guerres, l'ouvrage est ensuite tombé dans l'oubli, dans l'Amérique de la guerre froide puis du maccarthysme. Enfin réédité d'après l'édition originale, ce chef d'oeuvre oublié redevient accessible à un large public. À découvrir d'urgence.