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Les Belles Lettres
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Physique existentielle : Guide scientifique sur les plus grandes questions de la vie
Sabine Hossenfelder
- Les Belles Lettres
- 7 Mai 2025
- 9782251456720
Nous avons une image unilatérale de la physique, celle d'une discipline très technique, très mathématique, avec des accélérateurs de particules et tout ce qui s'ensuit.
Pourtant, la physique aborde des questions existentielles : Comment fonctionne l'univers ? Comment tout a-t-il commencé ? De quoi sommes-nous faits ? Pourquoi sommes-nous ici ? Le libre arbitre est-il une illusion ? L'univers a-t-il un but ? Autrement dit, les lois fondamentales de la nature permettent-elles de répondre aux grandes interrogations philosophiques ?
Dans Physique existentielle, Sabine Hossenfelder, physicienne renommée, aborde avec rigueur et clarté les interrogations philosophiques les plus profondes à travers le prisme de la physique moderne.
Parce que nombre de choses sont faciles à croire et difficiles à prouver, elle dissèque, sans céder aux spéculations gratuites, les idées issues de la mécanique quantique, de la cosmologie et de la thermodynamique pour éclairer des concepts souvent détournés à des fins pseudo-scientifiques. Elle démystifie les théories les plus audacieuses - du multivers aux voyages dans le temps - et révèle ce que la science peut réellement nous dire, ou pas, sur notre place dans l'univers.
Un ouvrage fascinant, aussi stimulant pour les esprits scientifiques que pour les amateurs de questions métaphysiques et qui invite à repenser les prétentions explicatives de la science sans renoncer à la quête de sens. -
Il faut que tout change pour que rien ne change.
C'est ce qu'Irene Vallejo, dans ces brèves chroniques, pointe avec son savoir de philologue, sa plume sans pareille et son ironie aimable.
Convoquant voix et mythes du passé, elle décrypte en virtuose notre époque : clientélisme, exhibitionnisme des réseaux sociaux, oisiveté, indignés, impunité, fragile démocratie, expérience du chagrin ou autres idées contagieuses, sans oublier les ingrédients du bonheur.
Elle questionne les tristesses et les espoirs qui peuplent notre quotidien, avec sa générosité et son désir de comprendre, et nous fait entrevoir cette permanence des choses comme des êtres qui engage notre avenir : les idées changent de peau pour continuer de palpiter : c'est l'art d'unir des univers, une tâche accomplie en coulisses, dans la pénombre.
La proximité des êtres humains, au-delà du temps qui passe, voilà ce à quoi ces instantanés situés mais intemporels nous invitent à réfléchir. La Bruyère appelait cela des Caractères. Irene Vallejo leur donne le nom d'Étincelles : il est, encore et toujours, nécessaire de souffler sur la flamme pour bien distinguer la misère et la grandeur du genre humain. -
Vivre en bourgeoise au Moyen Âge : Les leçons du Mesnagier de Paris (1393)
Karin Ueltschi
- Les Belles Lettres
- 18 Octobre 2024
- 9782251455792
Comment vivaient les bourgeoises autour de l'an 1400 ?
Un manuel d'instruction ménagère, Le Mesnagier de Paris, véritable bible domestique, nous transmet de précieuses informations sur cette période d'essor urbain : un Bourgeois vieillissant enseigne à sa jeune femme de quinze ans les devoirs de la parfaite épouse. Outre les conseils de pratique religieuse attendus, on y trouve des développements sur la gestion de la maison et des domestiques, le jardinage, les chevaux et un traité d'autourserie, ainsi qu'une foule de recettes de cuisine et autres savoureuses astuces comme chasser les puces des fourrures, faire passer du boeuf pour de la venaison d'ours, ou changer du vin blanc en vin rouge.
L'apprentissage des bienséances sociales est au coeur de l'enseignement : elles semblent même l'emporter sur les impératifs spirituels, infléchissement remarquable dans un univers qui se laïcise, où culture populaire et savoir-faire technique se frottent aux traditions savantes et aux lettrés, et où les vertus humaines doivent trouver à s'épanouir au plus épais du quotidien, la bonne réputation faisant figure de bien absolu.
L'harmonie du couple est au coeur de l'affaire ; si l'exigence de l'obéissance inconditionnelle de l'épouse à son mari est rappelée avec insistance, bien des nuances se glissent dans cette leçon subtile empreinte de prévenance. Ainsi, en creux du vieux parchemin ne se dessine pas seulement le contour de la parfaite Bourgeoise, mais également l'aimable portrait d'un mari délicat, d'un prudhomme qui nous a laissé l'exquis tableau d'une jeune femme du temps jadis. -
Pendant les années 1950 et dans des États-Unis en passe de devenir insidieusement une « démocratie populaire », deux industriels tentent héroïquement de défendre leur liberté d'entreprendre contre le processus de collectivisation : Dagny Taggart et Hank Rearden. Mais cette lutte s'inscrit peu à peu dans un mouvement clandestin de résistance à l'étatisme, ponctué par les mystérieuses disparitions des entrepreneurs et créateurs les plus en vue, qui se mettent en grève contre la collectivisation à l'instigation du véritable héros du roman, John Galt, un génial ingénieur et inventeur.
Pourquoi, sans raison apparente, un sentiment de désespoir et de frustration se répand-il partout ? Pourquoi, dans les pires moments, entend-on ce nom, sans visage et sans origine ?
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L'assemblée des femmes
Aristophane
- Les Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 6 Septembre 2024
- 9782251455716
« Si donc vous m'en croyez, vous pouvez encore être sauvés. C'est aux femmes qu'il nous faut abandonner la cité », dit Praxagora au peuple athénien (v. 209- 211). Pour sauver Athènes, les femmes, déguisées en hommes, proposent de changer les lois. Fatiguées de subir les conséquences de l'incompétence des hommes, les femmes, qui d'ordinaire s'occupent de diriger la maison, vont prendre le pouvoir. Tout est désormais mis en commun, les biens, les enfants, les partenaires sexuels : le pouvoir masculin, la propriété, le mariage sont abolis. Fini le débat politique à l'assemblée, c'est l'économie du ménage qui triomphe. À condition de respecter les nouvelles lois, les hommes bénéficieront de l'administration des femmes : nourris, habillés, ils pourront s'adonner aux plaisirs de l'amour et de l'oisiveté, abandonnant la politique qui, dorénavant, est subordonnée au monde domestique.
Comédie grinçante, dans laquelle Aristophane propose à ses concitoyens de rire de la corruption et de l'impéritie des dirigeants de la cité, de la mentalité d'assistés de l'ensemble du peuple, l'Assemblée des femmes, représentée en 392 avant notre ère, nous montre que le projet utopique d'une cité dirigée par des femmes, véritable monde à l'envers où le pouvoir est féminisé, est voué à l'échec. -
Une année, du 9 septembre au 9 septembre, à tenter de comprendre et de qualifier ce qu'elle a subi. De passer de coupable à victime, du statut de « celle qui ne dit mot consent » à celui de poupée de chiffon, tétanisée par la stupeur.
Une année pour comprendre que l'on croit connaître l'autre, une année pour sortir de sa caverne intérieure.
Marine Peyrard enchaîne les formes libres pour parler avec une grande justesse de la guerre que se livrent ses sentiments contradictoires en son corps usé, qui s'érige comme un rempart. Échange épistolaire contemporain, monologue intérieur, libération de la parole des autres comme miroir de sa propre souffrance... Le récit de cette belle au bois dormant nous touche en ce qu'il lève le voile sur les acceptations quotidiennes, sur les petites résignations qui, piqûre après piqûre, vrillent un peu plus chaque jour la chair et l'âme.
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Les hauts de Hurtebise : Wuthering Heights
Emiliy Brontë
- Les Belles Lettres
- 19 Avril 2024
- 9782251455358
« Aucun lecteur des Hauts de Hurtebise ne peut oublier le moment et l'endroit où il a lu ce livre. À l'évocation de ce titre, tous ceux qui liront cette page se souviendront, avec un soupir en songeant à la jeunesse qui passe, du moment où le tendre pouvoir tragique du génie mortifère de ces pages les a saisis à la gorge ». John Cowper Powys
De Virginia Woolf à William Somerset Maugham, en passant par Kate Bush, Luis Buñuel et tant d'autres, Wuthering Heights a inspiré - et inspire toujours - nombre d'écrivains, musiciens, cinéastes et artistes. Il fallait à ce chef-d'oeuvre un traducteur à sa démesure. Par son talent aussi unique que le roman d'Emily Brontë, Patrick Reumaux a su le rendre à son souffle fantastique. -
L'amour inquiet : correspondance (1912-1942)
Friderike Zweig, Stefan Zweig
- Les Belles Lettres
- Domaine Étranger
- 7 Octobre 2022
- 9782251453477
Au début de l'année 1920, Friderike von Winternitz, une jeune et talentueuse romancière, devient l'épouse de Stefan Zweig, qu'elle connaît depuis 1912. C'est en femme résolue, aimante et « forte », comme elle le dit dans une des lettres qui précèdent leur mariage, qu'elle décide de l'assister dans sa vocation littéraire, mettant de côté sa propre carrière.
Jusqu'au début de l'année 1934, le couple et leurs filles vivent à Salzbourg puis leurs chemins se séparent : Stefan part vivre à Londres, où il tombe amoureux de sa secrétaire Lotte Altmann, tandis que Friderike reste en Allemagne. Après l'Anschluss, en 1938, le romancier divorce de Friderike, et au début de la guerre, se marie avec Lotte. Il n'en poursuit pas moins, jusqu'à son suicide à Rio en 1942, sa correspondance avec Friderike, lui confiant ses derniers tourments.
Au fil de cette abondante correspondance, la passion se mue en estime affectueuse. On y suit l'écrivain, de l'univers en décomposition du Monde d'hier, lieu de ses succès de jeunesse (cette Mitteleuropa dont il gardera toujours la nostalgie), aux années d'errance à travers une Europe ravagée par la barbarie nazie. La dernière lettre de Zweig à Friderike est écrite quelques heures avant son suicide : « Je suis certain que tu verras des temps meilleurs et tu me donneras raison de n'avoir pas pu attendre plus longtemps avec ma bile noire. » -
Un soir de l'été 1848, Rome décide d'envoyer le père Latour, qui exerce son ministère près des Grands Lacs, ranimer la foi au Nouveau-Mexique. À dos de cheval, Jean-Marie Latour et son fidèle Joseph Vaillant inventorient leur diocèse au fil des années : des terres immenses aux couleurs changeantes, une flore chaque jour nouvelle. De village en village, ils font connaissance des populations indiennes et mexicaines souvent hautes en couleur, qui séduisent immédiatement nos deux prélats. Jean-Marie Latour y restera quarante ans et y mourra « d'avoir vécu ».
L'histoire du catholique monseigneur Latour est prétexte pour l'épiscopalienne Willa Cather à une éblouissante démonstration de ce qu'elle appelait la création véritable : « ce qui est ressenti sur la page sans y être spécifiquement nommé ». Son chef d'oeuvre incontestablement. -
Ma vie
Golda Meir, Hortense Chabrier
- Les Belles Lettres
- Le Gout De L'histoire
- 8 Septembre 2023
- 9782251454627
Golda Meir était sans aucun doute l'une des femmes les plus incroyables de son époque - et de toutes les époques. Née en 1898 à Kiev, fille d'un charpentier pauvre, elle est devenue la première (et la seule) femme Premier ministre d'Israël. Le premier souvenir de Meir est celui de son père barricadant la porte d'entrée en réponse aux rumeurs d'un pogrom imminent. La famille a émigré aux États-Unis et, pendant un certain temps, Meir a vécu avec sa soeur, où elle a été exposée à des débats sur le sionisme, le droit de vote des femmes, la littérature et le socialisme. Elle devient enseignante et, après son mariage, émigre à nouveau en Palestine, où elle s'installe dans un kibboutz. Toujours active sur le plan politique, elle est devenue le premier envoyé d'Israël à Moscou, a été promue ministre des affaires étrangères et a finalement été élue Premier ministre, à la tête d'Israël. Dans son autobiographie, elle écrit : « Pour moi, être juive signifie et a toujours signifié être fière de faire partie d'un peuple qui a maintenu son identité distincte pendant plus de 2 000 ans, malgré toutes les souffrances et tous les tourments qui lui ont été infligés. »
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« Nous avons joué, toujours joué votre jeu d'hommes, que ce soit dans les larmes... ou le rire... ou la rage... et même la haine muette «féminine», comme vous l'avez dit à juste titre ; nous avons toujours été vos complices contre nous-mêmes en le sachant mais enivrées, droguées, par vous, prétendument privilégiées, consentantes en apparence... jusqu'au jour où moi, Artemisia, soudain réveillée, j'ai peint ce tableau armé. »
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Il vivait aux fins fonds du futur, le pronom "je", disparu, était remplacé par le pronom "nous". Dans un monde dépourvu d'amour, il osa aimer la jeune femme de son choix. Dans un monde ayant perdu toute trace de civilisation et de science, il eut le courage de chercher et de trouver la science. Il fut condamné à mort car il avait commis le péché impardonnable : il s'était distingué de la masse sans esprit. Il était homme. Anthem fut d'abord publié en Angleterre en 1938, puis réécrit pour l'édition américaine en 1946. Ayn Rand, comme le fera plus tard George Orwell dans 1984, décrit un des futurs possibles de notre civilisation. Une vision terrifiante, l'interdiction de se distinguer de son voisin, de penser par soi-même ou d'être original. Les hommes vivent et dorment dans des bâtiments géants où ils ne sont jamais seuls. L'idée de progrès a disparu ainsi que la liberté.
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Les livres tiennent tout seuls sur leurs pieds
Virginia Woolf, Micha Venaille
- Les Belles Lettres
- Le Goût Des Idées
- 11 Septembre 2017
- 9782251447230
Pour Virginia Woolf, si les livres doivent tenir tout seuls sur leurs pieds, c'est qu'ils n'ont pas besoin de préface ou d'introduction pour exister. Heureusement qu'elle n'a pas suivi ses propres conseils ! Nous n'aurions pas eu la chance de lire ces 22 essais ou critiques qui nous montrent, entre autres, Thomas Hardy, Katherine Mansfield, Jane Austen, Thoreau ou Conrad, comme nous ne les avions jamais vus.
Quelques mots suffisent à l'auteur de Mrs Dalloway pour définir Tchekhov : « s'il n'est pas au niveau des génies inspirés devant lesquels on s'incline, c'est parce qu'il est à notre niveau. » Et quelques phrases pour Defoe : « alors qu'il n'y a rien de métaphysique dans le récit par Daniel Defoe du séjour de Robinson Crusoé dans son île déserte, pourquoi réussit-il à en faire un chef d'oeuvre, alors qu'il n'y a pas de solitude, pas d'âme, qu'une chose à laquelle nous faisons face, un grand pot en terre cuite ? » Ces pages nous font découvrir également l'insolence de Virginia Woolf (lorsqu'elle plaide pour que la littérature ne soit pas réservée aux « gens en perruque et en robe » mais offerte à tous ceux qui « mettent l'accent au mauvais endroit » pour qu'ils « piétinent les pelouses vénérables »), ou son humour (« pour transposer aujourd'hui la légende d'Achille, imaginons Tennyson tué sur les marches de St Paul par un aigle - non c'est trop fantastique - imaginons-le tué par un taxi »).
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Quel soulagement : se dire "j'ai terminé"
Virginia Woolf, Micha Venaille
- Les Belles Lettres
- Le Goût Des Idées
- 12 Septembre 2018
- 9782251448428
Qu'est-ce qui distingue le journal qu'a tenu Virginia Woolf de tant d'autres journaux intimes ? On le lit comme un roman, car il est bien écrit. Comme un roman policier, car le suspense est là : année par année, on assiste en direct à la naissance de ses livres. À partir de quelques mots...
Père, et Mère, et l'enfant dans le jardin : la mort. Presque rien. Une phalène pénètre dans la pièce. Ensuite, on l'accompagne dans la plus belle des aventures artistiques.
Jusqu'au dénouement, Oh, quel soulagement, se réveiller et se dire : « j'ai terminé ». Comme dans une série, on est déçus que ça se termine et on a envie de vivre le prochain épisode. Heureusement il y en a. La Chambre de Jacob, Mrs Dalloway, Vers le Phare, Orlando... De plus on n'est jamais lassés car Virginia Woolf en dit beaucoup - et on a l'impression que c'est à nous, lecteurs, qu'elle le dit - sur elle, ses hésitations, sa confiance dans les mots, les bonheurs qu'elle sait nous faire partager, son angoisse au moment de la publication, qui la rend littéralement malade.
Et en parallèle, elle a écrit des centaines de lettres où là encore, elle a inlassablement dévoilé les secrets de son travail. C'est le journal d'un écrivain et plus encore, le journal d'une vie. Qu'elle a poursuivi jusqu'au mot fin de cette vie. Tout mon travail d'écrivain se lit aussi comme un livre d'aventure.
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Beaulieu-sur-Mer, années 1920. Un bal masqué estorganisé à la villa Kérylos, une bâtisse construite dans le style grec antique par le notable et philologue Théodore Reinach. Parmi les invités, Marika Anninos, la grand-mère de l'autrice, qui a quitté sa Grèce natale pour suivre un officier de marine en France. Marika se voit rejetée par sa belle-famille parce qu'elle ne répond pas à l'idéal d'une Grèce antique rêvée dont Théodore Reinach se fait le champion, peut-être pour oublier l'antisémitisme dont la menace plane déjà en France. Alors Marika comprend qu'il faut mettre en mouvement ces marbres grecs, pour que la Grèce éternellement morte de Théodore Reinach et sa France non moins raide puissent voler, s'envoler, danser enfin. Un roman virevoltant sur l'appropriation culturelle, les humanités, l'exil et l'hospitalité.
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Sur le célébrissime lac de Côme, en Italie, dans un hôtel 1900, des aristocrates cosmopolites s'adonnent aux joies électives de la villégiature et de l'entre-soi.
Un jeune couple, qui irradie la beauté et le mystère, va mettre à mal l'ordonnancement de cette bonne société. Natalia, la jeune et jolie veuve d'un richissime marchand. Et son frère, Eugène Ardent, qui la rejoint à Côme après des années de séparation. Les deux personnages sont liés par un terrible mystère: violée par son beau-père, Natalia a été vengée par son frère, qui a blessé au pistolet l'auteur du forfait. Le jeune homme est contraint à un long exil. A l'heure où ils se retrouvent, privés de fortune, leur amour éclate. Ils décident d'user de leur pouvoir de séduction pour suborner la bonne société qui les entoure et en obtenir les faveurs.
Véritable enquête policière perçant enfin l'anonymat de l'auteur de Madame Solario, la préface de Bernard Cohen lève le voile sur la personnalité restée longtemps mystérieuse de l'écrivain qui a publié en 1956 ce roman, salué alors par une critique unanime comme un événement littéraire d'une exceptionnelle importance et dont Marguerite Yourcenar avait fait son livre de chevet. La presse américaine avait parlé d'une "Françoise Sagan mâtinée d'Henry James", et un critique australien crut détecter la plume d'un Anglais de 75 ans, tandis qu'une psychanalyste, Nata Minor, allait hasarder l'hypothèse que l'auteur n'était autre que Winston Churchill. La vérité, si elle est moins romanesque, est tout aussi dramatique: Gladys Huntington s'est suicidée deux ans après la sortie de ce best-seller qui a marqué plusieurs générations.
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Les voix de l'impossible
Salomé Ambill
- Frison-Roche Belles-Lettres
- Or Des Lignes
- 25 Juillet 2023
- 9782492536571
La maladie frappe, main tendue sur la joue. Elle ne nous appartient pas. Elle ne cherche qu'un contact. Elle fouille, ausculte. Elle gratte, creuse, tire et soulève. Elle s'adapte à nos chemins, elle se confond en nos peurs et s'engouffre en nos plaies. Elle infecte nos plus belles cicatrices. Elle se joue des pansements. La maladie cherche en nous la chaise qu'on déserte à la table de notre vie. L'image manquante d'un moi oublié. Elle prendra cette place, vide de nous, et elle aura raison.
Voilà pourquoi ce livre. Une façon pour la petite fille que j'ai poussée dans l'ombre d'enfin se rasseoir. -
On regardait ailleurs : des russes ordinaires contre la guerre
Kristina Safonova, Catherine Perrel
- Les Belles Lettres
- Memoires De Guerre
- 20 Octobre 2023
- 9782251455037
Pour la première fois, des citoyens russes, gens simples et ordinaires, évoquent leur opposition à la guerre en Ukraine. Depuis les premières heures du conflit, la jeune journaliste Kristina Safonova a recueilli les témoignages de ces femmes et de ces hommes que l'on n'entend jamais.
« J'ai peur que les gens en Russie qui ne soutiennent pas le pouvoir se retrouvent isolés, sans voix. Et je voudrais montrer que tous les Russes ne sont pas pour la guerre et aussi faire en sorte qu'ils se sentent un peu moins seuls. » Kristina Safonova, 29 ans, travaille pour le site d'information indépendant Meduza, l'un des plus réputés pour la qualité et le sérieux de ses enquêtes. Elle a dû fuir son pays en 2021 après que la police se soit présentée à son domicile parce qu'elle avait participé à un rassemblement de soutien à l'opposant Alexeï Navalny. Depuis elle s'attache à raconter la vie de ses compatriotes, des gens ordinaires, de toutes conditions sociales, et à les faire réagir sur la guerre en Ukraine. Elle montre le poids de l'histoire, comment la main de fer de Vladimir Poutine a peu à peu étranglé le pays mais aussi la complexité des choix, des existences. Elle donne la parole, avec une écoute fine et attentive, à des gens qui se questionnent, s'opposent, un peu partout en Russie.
Un texte qui éclaire avec nuances les vies et positions de différents habitants de l'immensité russe trop souvent considérés comme une masse homogène. -
Agir et subir : Femmes et familles face aux mutations de l'époque hellénistique
Eftychia Stavrianopoulou
- Les Belles Lettres
- Mondes Anciens
- 10 Mai 2024
- 9782251455693
Le rôle des femmes dans la société grecque a fait depuis quarante ans l'objet d'une profonde réévaluation. L'analyse du système de genre en tant qu'élément déterminant des relations sociales a permis de repenser la construction des rapports hiérarchiques, des rôles sociaux et des formations de stéréotypes et de restituer à la femme un rôle dans l'histoire politique, sociale, religieuse et culturelle des cités grecques. De ce fait, l'histoire de la famille est également sortie de la sphère purement privée et ne repose plus sur des oppositions binaires qui attribuent des caractéristiques fixes à chaque genre. Les changements dans les relations privées entre époux sont susceptibles d'être interprétés comme des adaptations aux conditions politiques et sociales d'une époque, qu'elles contribuent en retour à modifier.
L'ouvrage met en lumière plusieurs aspects de ces transformations à l'époque hellénistique : dans l'administration du patrimoine familial, où les femmes jouent un rôle plus visible ; dans l'espace public où se multiplient les monuments honorifiques et les fondations par lesquels les familles se donnent à voir ; dans les stratégies de légitimation et de représentation de soi des nouvelles dynasties, où les reines tiennent une place centrale. La visibilité nouvelle acquise par les femmes dans ces contextes éclaire les nouveaux équilibres résultant de l'intégration plus poussée des familles dans la vie publique et met ainsi en lumière tout un pan de l'histoire sociale de l'époque hellénistique. -
Le recueil aussi personnel qu'universel d'une écorchée vive !
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Réveiller ma mère
Nathalie Ohana
- Frison-Roche Belles-Lettres
- Ex Nihilo
- 9 Décembre 2022
- 9782492536373
Un jour, une jeune femme reçoit un appel de son père ; au milieu de la confusion et des mots qui sortent dans le désordre, elle comprend, et son monde s'effondre :
Sa mère est à l'hôpital, dans le coma.
Précipitamment, elle quitte tout pour venir à son chevet et, avec une tendresse qu'elle n'a jamais eue, tente de la réanimer. Pour la première fois de sa vie, elle trouve le courage de s'exprimer réellement et d'être elle-même face à cette femme qui l'a tellement aimée qu'elle ne l'a jamais vraiment vue.
Ce récit est comme le chant d'amour d'une fille à sa mère, qui conduit dans le labyrinthe du deuil sans pathos, mais avec beaucoup de poésie. -
Femmes savantes ; de Marguerite de Navarre à Jacqueline de Romilly
Collectif
- Les Belles Lettres
- 17 Janvier 2020
- 9782251450476
Sages et sagaces, parfois téméraires, ces femmes de toutes les conditions et de toutes les époques de la Renaissance à nos jours ont pour point commun leur engagement en faveur des lettres anciennes. Pionnières de l'émancipation féminine, héroïnes du latin et du grec, elles ont préféré aux travaux d'aiguille les travaux de plume. Femmes de leur temps et femmes d'exceptions, intellectuelles dotées d'un esprit aussi curieux que passionné, ces grandes dames du temps jadis et de naguère donnent un visage nouveau à l'humanisme, un visage admirable, et féminin.
Loin de tout militantisme, ce volume offre l'occasion inédite de voir vivre ces 12 femmes flamboyantes que leur condition a eu tendance à pousser dans l'ombre.
Dans cette galerie de portraits à la fois classiques et atypiques, le lecteur fera la connaissance de Perrette Bade, de Julie Favre ou de Catherine Desroche partagera le courage et l'acharnement de Juliette Ernst, l'originalité et l'éclectisme de Marie Delcourt, la liberté de Mme du Châtelet et de Marguerite Yourcenar et la constance et la clarté idéales de Jacqueline de Romilly.
À travers ces visages attachants, se dessine l'histoire de la condition féminine où il a été si difficile, si peu naturel d'être reconnue pour ses qualités intellectuelles. Des femmes savantes il est bien agréable d'en rire, il l'est tout autant de les admirer.
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Lost in maths ; comment la beauté mène la physique au désastre
Sabine Hossenfelder
- Les Belles Lettres
- 10 Mai 2019
- 9782251449319
Pendant plus de cent ans, les physiciens ont pris pour parole d'évangile l'affirmation de John Keat selon laquelle la « beauté est vérité ».
Qu'ils soient en train d'évaluer l'existence des trous noirs ou qu'ils prédisent de nouvelles découvertes au CNES, les physiciens croient que les meilleures théories sont belles, naturelles et élégantes. Ce standard sépare les théories popularisées des théories bonnes à jeter. Malheureusement, comme le démontre Sabine Hossenfelder, ce standard a également fait obstacle à toute avancée théorique majeure en physique depuis plus de quarante ans.
Dans Lost in Maths, Sabine Hossenfelder explore comment cette préoccupation moderne pour la beauté nous aveugle et nous empêche de voir le monde naturel tel qu'il est. Aiguillés par le seul critère esthétique, les physiciens ont conçu de nouvelles théories ahurissantes, inventé une douzaine de nouvelles particules et déclaré que les lieux éloignés dans l'espace sont connectés par des vortex. Mais l'observation scientifique a été incapable de confirmer presque toutes ces idées - en fait, la plupart ne peuvent même pas être testées. Pour échapper à ce cul-de-sac théorique, les physiciens doivent repenser leurs méthodes d'analyse. Lost in maths nous rappelle que ce n'est qu'en embrassant la réalité telle qu'elle est, sans essayer de l'enjoliver ou de la structurer a priori, que la science peut déchiffrer l'univers.
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Jacques Derrida (1930-2004) n'est pas seulement un membre de la génération subversive des années 60-70, il a en quelque sorte régné sur ce moment philosophique. Sa manière était plus austère, son propos moins exaltant, mais il passait pour le plus brillant, s'avérait comme le plus fécond et devançait les autres dans la reconnaissance internationale. Les adeptes de chacun des autres le connaissaient et reconnaissaient il les réunissait, en un sens. Il fut compté, d'ailleurs, comme le plus exaspérant par tous ceux qui sentaient dans ce moment un jeu trouble à l'égard de la rationalité.Il est encore trop proche de nos vies pour que l'on puisse prétendre rendre entièrement justice aux milliers de lignes de son oeuvre. Avec le présent ouvrage, on entend seulement offrir aux « amateurs » une introduction à une pensée difficile, accomplir un premier repérage de ce qu'elle a fait, de la manière dont elle nous a marqués et dont elle peut nous inspirer.On commence par exposer la pensée centrale de Derrida, celle dont le mot déconstruction signigie le programme. On raconte ensuite quelque chose du parcours de Derrida, du voyage de son écriture parmi les pays et les enjeux de la culture. Puis on décrit Derrida dans l'activité chez lui fondamentale de la lecture des philosophes, en prenant l'exemple de ses discussions de Husserl, Levinas et Heidegger. Enfin, on évoque sa postérité et les prolongements que sa pensée pourraient connaître.