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Le Bord de l'eau
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Le wokisme n'existe pas : La fabrication d'un mythe
Alain Policar
- Le Bord de l'eau
- Interventions
- 5 Avril 2024
- 9782385190286
Le « wokisme » constitue-t-il une nouvelle configuration idéologique dont il conviendrait d'examiner les redoutables effets ?
Alain Policar démontre au contraire que l'anti-« wokisme » se déploie comme un nouvel avatar d'une offensive réactionnaire.
Il montre que la promotion académique et sociétale du « wokisme » entretient bien des similitudes avec les querelles qui l'ont précédée (sans pour autant avoir disparu), celles du politiquement correct et de l'islamo-gauchisme. Toutes obéissent à une même logique de désignation d'un ennemi supposé, ennemi de l'intérieur mais complice de ceux qui, en dehors de la « civilisation occidentale », chercheraient à en saper les fondements.
« Wokisme » permet donc de disqualifier l'ensemble des forces contestataires issues des populations minorisées, accusées, entre autres griefs, d'hypersensibilité. Il n'est pas interdit de penser que l'objectif principal de l'anti-« wokisme », conjointement poursuivi par le pouvoir politique et la droite universitaire, est de combattre l'influence des courants critiques au sein de la recherche en sciences sociales. Cette hypothèse est étayée par le fait que le procès en « wokisme » est instruit contre tous ceux qui remettent en question l'ordre établi, qui sont attentifs à la justice sociale, à la condition féminine et à celle des minorités racisées. Dans ce procès, les procureurs s'approprient parfois les thématiques (notamment en revendiquant leur attention aux injustices, aux inégalités ou aux discriminations) et le vocabulaire des accusés pour les vider de leurs sens. Il est important de ne pas se laisser abuser par une telle usurpation. -
La première fois que je compris ce que cela voulait dire, «?être une femme », je crois que j'avais douze ans. J'étais au collège, en cinquième. Ce jour-là, j'étais en jupe, et je passais devant un groupe de garçons, certains plus âges que moi, et de filles pour rentrer chez moi quand j'entendis le premier?: « Eh, sale pute ! »
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Malgré la Shoah, le discours antisémite qui l'avait permis, n'a pas changé : les Juifs, peuple coupable, tout entiers situés du côté de la domination, du privilège et de la spoliation, se seraient accaparé l'avenir du monde. L'antisémitisme, d'où qu'il vienne, proclame l'urgence de déloger les Juifs d'une place imméritée, d'une « élection » usurpée ...
Difficile de ne pas reconnaitre l'imaginaire ancestral de ce discours délirant qui de nouveau se parle un peu partout, et, c'est le plus terrible, parfois même à l'insu de ses locuteurs. Mais comment un si petit groupe humain peut-il demeurerl'obsession de centaines de millions d'individus ?
Que peut bien signifier cette « domination juive », ce terrifiant empire que les Juifs exercent sur les antisémites ?
L'antisémitisme est d'abord une très ancienne vision du monde qui postule l'abolition du judaïsme comme condition d'une rédemption universelle. Mais il est aussi une rage intime contre les Juifs qui, dès lors occupent la place originelle de l'altérité fondamentale. Celle qui oblige et nous grandit mais aussi celle que beaucoup considèrent comme une menace à éliminer.
Ce rejet essentiel de l'Autre apparaît comme un modèle de la dénonciation de l'origine et du nom, comme un affranchissement de toute dette mais aussi comme la hantise de tout désir que cet Autre, et sans doute tout Autre, peut susciter en soi.
Pour les antisémites, les Juifs portent le grand nom coupable, cette accusation est à l'origine de toutes les démissions du courage. Car seul le nom de l'Autre nous permet de penser la responsabilité d'un monde commun.
Franz Fanon avait prévenu : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous. » -
Eva Jospin : des baptistères en forêt
Agnès Callu
- Bord De L'Eau
- Imaginaires De L'architecture
- 17 Mai 2024
- 9782385190378
Cet ouvrage pense, avec les outils de l'interdisciplinarité, le motif esthétique de la forêt tel que la plasticienne Eva Jospin s'en saisit dans son travail créateur.
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à côté du genre : sexe et philosophie de l'égalité
Geneviève Fraisse
- Bord De L'Eau
- Diagnostics
- 16 Novembre 2010
- 9782356870933
Eros et libido, sexe et genre : Les mots se succèdent depuis un peu plus d'un siècle pour dire la dualité et le rapport entre hommes et femmes.
Si l'on cherche l'objet philosophique, on trouve l'expression " différence des sexes ", " Geschlechterdifferenz " sous la plume hegelienne. Quant au genre, ce mot fait le pari de brouiller les pistes des représentations contraintes qui assignent chaque sexe à sa place. Et si, toute terminologie confondue, on s'en tenait à ce que la " différence des sexes " est une catégorie vide ? Alors, on se situerait " à côté du genre ", à côté des affaires de définition et d'identité, pour établir le repérage des lieux où sont pensés les sexes, dans leur tension, leur décalage, leur disparité au regard du contemporain démocratique.
Au fond, la démarche est inversée : il ne s'agit pas de voir ce qu'il en est du sexe et du genre, mais de dire ce qui surgit dans la pensée quand égalité et liberté révèlent des enjeux sexués dans la politique et la création, l'économique et le corps, la pensée et l'agir.
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Genre, corps, espace
Marie-Françoise Berthu-Courtivron, Isabelle Danic
- Bord De L'Eau
- Documents Bord De L'eau
- 12 Janvier 2024
- 9782356879974
Cet ouvrage collectif offre une analyse transversale très éloquente des enjeux de genre à l'oeuvre dans les espaces de nos sociétés modernes. L'étude est menée parallèlement dans divers champs disciplinaires (sociologie, psychologie, sciences des activités sportives, géographie, littérature et selon une approche intersectionnelle articulant rapports d'âge, d'origine et de classe. L'analyse est également historique (du XVIIIe à nos jours) : car finalement des convergences peuvent être repérées entre la cour de Marie-Antoinette et les quartiers populaires contemporains : les femmes et les hommes restent assujetti·e·s aux normes de genre qui façonnent les corps et l'espace de leur époque ; tou·te·s se conforment ou tentent de résister aux injonctions sociales d'incarnation d'un modèle présenté comme idéal. Une étude de genre - où le féminin n'est pas traité séparément mais bien dans son interaction avec le masculin - ne peut éviter un état des lieux critique des rapports de domination : au-delà des comportements de surenchère induits par la performance des rôles sociaux, cet ouvrage s'attache aussi au parti pris (souvent insidieux, parfois spectaculaire dans l'espace) d'exclusion ou d'invisibilisation du féminin. Par-delà les schémas récurrents, sont également développées quelques tentatives, souvent fictionnelles, de totale subversion.
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Mariage pour tous: la violence d'une conquête
Arnaud Alessandrin, Flora Bolter, Denis Quinqueton
- Bord De L'Eau
- Documents Bord De L'eau
- 7 Avril 2023
- 9782356879349
Le débat autour du mariage pour tous a irrigué le débat public depuis le début des années 2000, juste après l'adoption du pacte civil de solidarité.
Le mariage de Bègles, le 5 juin 2004, a accéléré son inscription à l'agenda politique. Les forces politiques progressistes ont peu à peu intégré ce projet de réforme à leur programme tandis que les forces conservatrices hésitaient à le combattre frontalement, cherchant des dérivatifs dans des projets euphémisants comme une «union civile» aux contours demeurés flous. Le débat s'est finalement cristallisé dans les derniers mois de 2012 et les premiers mois de 2013 autour du travail du parlement sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe présenté par le gouvernement Ayrault le 7 novembre 2012.
Instant politique violent, il a vu surgir une parole haineuse débridée complaisamment relayée dans les médias de masse au nom du «débat contradictoire » et un mouvement nébuleux, dans son organisation et son financement, «La manif pour tous ». Cette période a engendré une forte recrudescence des actes de haine anti-LGBT, violences, injures, discriminations. Dix ans après, et alors que l'existence même de cette disposition légale ne fait plus débat, que bon nombre de responsables politiques qui s'y sont opposé avec virulence cherchent à faire oublier leurs positions d'hier, nous avons voulu recueillir les souvenirs de ce temps politique. -
Femmes et drogues : trajectoires d'usagères-revendeuses insérées socialement à Bordeaux et Montréal
Sarah Perrin
- Bord De L'Eau
- Documents Bord De L'eau
- 12 Janvier 2024
- 9782385190057
Les femmes insérées socialement sont doublement invisibles dans les mondes de la drogue.
Les recherches académiques, dispositifs sociosanitaires et répressifs liés aux drogues se focalisent sur une population masculine et précaire. Malgré la féminisation des consommations et en dépit du fait qu'une grande partie des usagers travaillent, étudient et disposent un logement fixe, étudier femmes et drogues restait un impensé des sciences sociales.
Cet ouvrage vient combler un vide en donnant la parole à une population stigmatisée et invisibilisée. Fondée sur 108 entretiens réalisés avec des usagères-revendeuses et usagers-revendeurs, des professionnels sociosanitaires, des policiers et des acteurs et experts des politiques publiques liées aux drogues, cette étude analyse la manière dont des femmes insérées socialement agissent dans des mondes de la drogue formatés par et pour des hommes.
Tout en décrivant une population cachée de femmes insérées qui consomment et revendent des drogues, l'ouvrage aborde la manière dont les usagères-revendeuses jouent avec les critères des profilages policiers pour limiter les risques répressifs, et gèrent leurs usages sans recourir à des structures de prise en charge des addictions. -
Un féminicide en France : Sohane 17 ans, brûlée vive
Annie Sugier, Linda Weil-Curiel
- Bord De L'Eau
- Clair & Net
- 7 Avril 2023
- 9782356879301
La tragédie a ému la France entière lorsque la presse a révélé qu'une jeune fille était morte brûlée vive, enfermée dans un local à poubelles d'une cité de la banlieue parisienne le 4 octobre 2002 par un jeune coq qui avait décidé de la « punir »: elle refusait d'obéir à son ordre de ne pas paraître dans SA cité.
Le livre raconte très précisément l'enchaînement des faits en reprenant les procès-verbaux de la procédure pénale, les expertises, et relate les audiences de la Cour d'assises de Créteil puis de Bobigny. Le récit des amies de Sohane est poignant.
Le drame de la mort de Sohane est entré dans l'Histoire : c'en était fini du compagnonnage aimable entre garçons et filles des cités partageant les mêmes ambitions sociales, place à Ni Putes Ni Soumises et à la marche des filles en février 2003.
Tout avait basculé et les tensions ont été de plus en plus vives jusqu'aux émeutes de 2005 mettant le feu aux banlieues. De nouveau seule la voix des garçons s'imposait aux médias. On connaît la suite. -
La langue n'est pas sexiste ; d'une intelligence du discours de féminisation
Patrick Charaudeau
- Bord De L'Eau
- Clair & Net
- 14 Janvier 2021
- 9782356877536
La langue n'est pas sexiste, si l'on veut bien considérer que c'est le sujet parlant, le locuteur, le scripteur, qui est à la fois maître et esclave de l'usage qu'il ordonne. Il peut alors ajouter à ses façons de parler des relents de sexisme, mais il peut également y échapper par des usages intelligents.
C'est donc du discours qu'il est question - et non de la langue - faisant que seul le sujet parlant est responsable de ce qu'il dit.
L'expression « Droits de l'Homme » concernet- elle l'homme générique en embrassant les droits des femmes ? Tout ce qui concerne la féminisation de la langue, de la critique sexiste à la transformation des noms de métier, du genre grammatical à la féminisation des formes, est passé en revue sans oublier l'écriture inclusive qui propose des transformations d'usage de la langue, dont l'auteur examine les bonnes et les mauvaises solutions.
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Surmonter la violence familiale
Sandrine Jourdin
- Bord De L'Eau
- Clair & Net
- 3 Mars 2023
- 9782356879226
Ce récit est celui d'une femme qui a connu dans son enfance la loi d'un père brutal, seul maître à bord dans l'espace familial. Au moment où elle termine son analyse, elle porte un regard rétrospectif sur son enfance, sur la violence telle qu'elle peut être perçue par un enfant, sur les traces qu'elle laisse et comment la psychanalyse peut permettre de se dégager des effets d'une violence domestique sournoise, invisible et certainement plus ordinaire qu'on l'imagine.
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Images et architectures mathématiques de la séduction
Agnès Callu
- Bord De L'Eau
- Imaginaires De L'architecture
- 19 Mai 2023
- 9782356879257
À l'heure où la métaphorologie architecturale domine la théorie politique, il est urgent d'interroger les conséquences épistémologiques de ce nouvel univers sémantique.
De l'économie de l'attention au design des interfaces des logiciels, l'organisation sociale contemporaine s'enroule autour d'un refoulé utilitariste. Or, l'anthropologie philosophique fait reposer les fondements de tout rapport économique et social sur les calculs du ratio « plaisir-déplaisir » engendré par un comportement ou une interaction.
Les ramifications de ce paradigme idéologique se dévoilent dans cet ouvrage porté par Agnès Callu où le cadre discursif appelle ensemble l'anthropologie politique, la théorie des images, l'histoire économique ou la Computer Science pour penser, notamment, les ressorts de « l'amour en ligne ».
L'Architecture reprend aujourd'hui la place centrale qu'elle a occupée à la Renaissance et à la période moderne dans les théories politiques et les définitions de l'être humain. Les sciences cognitives, l'économie comportementale, le Machine Learning, la théorie politique, au vrai, l'ensemble des champs de savoir théoriques et pratiques s'agence autour de l'espace construit comme image synthétique de la pensée. -
La France, toute imbue de ses valeurs républicaines, ne mesure pas toujours à quel point elle a choisit pourtant d'être, dans les faits, un modèle d'accroissement des inégalités : inégalités de revenus, inégalités de territoires, inégalités de générations. A faire le diagnostic juste de l'état des inégalités, de leur évolution, on pourrait à juste titre en tirer la conclusion qu'il existe une préférence française pour les inégalités. C'est dans ce grand écart entre les discours et les actes que se glisse pour bonne partie le désaveu du politique. Dés lors, dans le même temps où chacun utilise jusqu'à l'épuisement et l'insignifiance des notions jamais précisées ni clarifiées, justice sociale, équité, solidarité, égalité des chances, discrimination positive, l'Institut Edgar Quinet a souhaité mieux définir les différentes approches des concepts en jeu, des politiques induites, faire un état des lieux précis des difficultés propres au modèle français et indiquer, sur la base d'analyses conduites par des spécialistes reconnus, des pistes d'action pour une gauche moderne qui, tout en acceptant de voir le monde tel qu'il est et de rompre avec nombre des tabous et des conservatismes qui l'ont empêché de réduire véritablement les inégalités, continuerait de se fixer pour tâche historique la réalisation de l'idéal de liberté, d'égalité et de fraternité qui définit le meilleur de la tradition du socialisme républicain.
Les rencontres de l'Institut consacrées aux inégalités et à la justice sociale se sont tenues les 17, 18 et 19 janvier à Paris.
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" Tout, toujours, dans Hamlet, se présente deux fois.
Comme le théâtre lui-même (où chaque scène " re-présentée " a été répétée). Deux fois... le présent : c'est le théâtre même. On pourrait me dire : c'est le régime général des tragédies, les événements y sont toujours annoncés. Non. Il ne s'agit pas ici d'annonce, mais de répétition essentielle. " " Le Medef fait du médéfocentrisme : il croit que le monde entier ressemble à ce qu'il connaît. Les " exclus de la culture " ne sont pas toujours les " pauvres ".
Nous le savions déjà : une certaine bourgeoisie inculte avait, elle aussi, besoin de nous. Dorénavant, nous le saurons, les intermittents ont aussi la charge de sauver les membres du Medef et ceux de l'O.M.C. Malheureusement - il en est ainsi aujourd'hui - ceux qui devraient apprendre de nous sont ceux qui décident de nous. "
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La femme est l'avenir du golfe : ce que la modernité arabe dit de nous
Arnaud Lacheret
- Bord De L'Eau
- Documents Bord De L'eau
- 6 Novembre 2020
- 9782356877499
Une étude inédite sur les "nouvelles femmes" dans les pays du golfe. Des dizaines d'entretiens sur l'islam, l'amour, le travail, la famille.
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Filles de Mai : 68 Ans dans la Mémoire des Femmes
Collectif
- Bord De L'Eau
- 16 Février 2004
- 9782911803840
Elles témoignent de leur expéreince de mai 1968. En voici quelques exemples...
Anne Feig. En 68, j'ai 25 ans et je finis ma licence d'allemand. L'année 68-69, je pars enseigner le français dans un lycée allemand. C'est donc à Francfort que je peux apprécier, dans les manifs, l'intelligence et les qualités d'orateur d'un certain Cohn-Bendit...
Chantal Cambronne-Desvignes. En 68, j'ai 32 ans, et je suis enceinte de mon quatrième enfant. Enseignante, je suis durement chahutée au collège, et l'échec de mon couple me plonge dans le plus profond désespoir. Ce qui se passe en mai est pour moi le début d'une re-naissance.
Florence Herlin. En 68, je viens d'avoir 25 ans. Je suis depuis un an professeur d'histoire dans un lycée du nord de la France. Année riche en expériences : mon premier poste, l'indépendance, la vie de province, enfin l'irruption de mai.
Françoise Bonnot-Jörgens. En 68, j'ai 24 ans, je fais des études de lettres modernes à la Sorbonne, je finis ma licence et depuis la rentrée 67 je milite au GLM (Groupe de Lettres modernes) de l'UNEF.
Gisèle Moyroud. En 68, j'ai 30 ans, deux filles, ma carte au SNI. J'enseigne aux Abrets (Isère) à 500 m de mon domicile, dans un collège rural en préfabriqué, le français, l'histoire-géo, et accessoirement le dessin, la cuisine, l'instruction civique...
Luce Haccard-Perrin. En 68, j'émerge tout juste d'une interminable et douloureuse adolescence, d'un long séjour dans les couloirs d'une mort programmée et jamais achevée. Bref, je suis mûre pour NAITRE, vraiment, cette fois. Pour les autres, j'ai 27 ans, je suis documentaliste à l'Educ Naze, et viscéralement rebelle à toute autorité. Mûre, donc, pour le gauchisme...
Marie Manet. J'ai 25 ans le 2 mai 1968. Je suis infirmière de nuit dans une clinique d'Aix-en-Provence. J'élève seule ma fille de trois ans.
Marion Page. Je sors de l'Ecole normale de Nantes en 1960. En 68, j'ai 30 ans tout juste, et j'ignore tout du monde ouvrier, et aussi du monde des étudiants... Mariée à un cadre technique travaillant dans les arts graphiques, j'ai deux filles, de 5 ans et 14 mois. J'habite la banlieue sud où nous venons de faire construire grâce au Crédit Foncier. Je travaille à Paris 14e, dans une école maternelle près du boulevard Brune, et j'y emmène ma fille. Je songe vaguement à un troisième enfant (qui naîtra en 70), mais pas encore au divorce, je quitterai le domicile conjugal en 1983 seulement !
Salima Fanton. En 68, j'ai 17 ans. Lycéenne à Paris. J'habite en proche banlieue et je prends le bus et le métro tous les jours, et DONC, je commence à faire l'expérience d'une "certaine" LIBERTE. J'ai un petit ami qui m'aime et que j'aime. J'ai une bonne copine de lycée. Elle est catho de gauche et s'appelle Marie-Jeanne. Ma vie amoureuse est très secrète. Je me retrouve enceinte. J'avorte dans une grande SOLITUDE...
Simone Gipouloux. En 68, j'ai 54 ans et je suis professeur de psychopédagogie à l'Ecole normale d'institutrices de Bordeaux. Je vis les événements sur deux plans en même temps : mon fils, en terminale, est très engagé, et je suis témoin de ce qu'il vit ; moi-même, dans ma profession, je m'implique complètement dans ce qui se passe.
Sylvette Dupuy. En 68, j'habite New York où j'ai suivi mon mari, j'ai un bébé, des nattes dans le dos et encore mes joues d'adolescente, je porte de longues jupes, je suis heureuse et néanmoins en quête. Sous les pavés, la plage bruisse. Et je suis convaincue que « les marges, c'est ce qui fait tenir la page » (Jean-Luc Godard).
Un Livre fort, émouvant... qui rappelle ce que fut aussi mai 68 : une renaissance pour les femmes.
Un livre tout public.
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Traces psychiques de la domination ; essais sur Kardiner
Anne Raulin
- Bord De L'Eau
- Perspectives Anthropologiques
- 18 Mars 2016
- 9782356874504
L'après-Seconde Guerre mondiale a vu aux États-Unis une mobilisation des sciences humaines - associant chercheurs européens (Adorno, Horkheimer, etc.) et américains - pour comprendre les causes de l'antisémitisme et du racisme et ses conséquences sur la société américaine. Dans ce contexte, Kardiner, psychanalyste formé auprès de Freud et promoteur du rapprochement entre psychanalyse et anthropologie, a cherché à explorer, en inventant une méthodologie entre cure analytique et enquête sociale, l'impact de la hiérarchie raciale et sociale sur le psychisme et dans l'inconscient de ceux qu'elle opprime. Afi n de donner à cette oeuvre sa puissance d'interpellation, Anne Raulin a établi une biographie inédite de Kardiner et l'a située dans sa synergie intellectuelle entre Harlem Renaissance et Black Empowerment. Articuler anthropologie, sociologie et psychanalyse dans l'approche des questions communes aux grandes métropoles contemporaines, aux États-Unis comme ailleurs, semble plus que jamais nécessaire. En France tout particulièrement, cette conception d'un rapport dynamique entre individus et sociétés avaient en leur temps alimenté des auteurs aussi divers que Merleau-Ponty, Dufrenne, Lefort, Bastide, ou Bourdieu, et aussi, à sa façon, Simone de Beauvoir. L'actualité de ce pays ne lui donne-t-elle pas un nouvel écho ?
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Le monde se soulève, les femmes aussi, à leur manière. Elles font la révolution contre un ordre de grandeur imposé, celui des « grands hommes ». Affaire DSK, #Metoo, entretien d'Adèle Haenel, Affaire Polanski : des voix s'élèvent contre le silence de la domination sexuée et sexuelle, et sous des formes nouvelles.
Grandeurs (il y a de ce point de vue une proximité entre l'affaire DSK et l'affaire Polanski).
Un « big bang » mené par les femmes, avec les risques d'un contre « big bang », d'une contre-révolution qui reposerait encore plus sévèrement l'ordre des grandeurs sexuées et sexuelles.
Que vont devenir les femmes ? Des hétérosexuelles, des lesbiennes, des cyborgs, des égales, etc.