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Satire sur le monde littéraire, la violence de classe et l'amour, "E'de'ne" est la nouvelle création d'Alice Zeniter, qu'elle mettra elle-me^me en sce'ne au cours de la saison 2024-2025. Prolongeant des réflexions menées dans "Je suis une fille sans histoire" (L'Arche) et dans "Toute une moitié du monde" (Flammarion), autour de la littérature comme enjeu de domination culturelle et de validation sociale, Alice Zeniter propose ici une peinture forte et nuancée de mondes sociaux divergents, inspirée par le roman "Martin Eden" de Jack London.
E'de'ne, jeune femme d'un milieu populaire, tombe amoureuse de Rose, issue de la bourgeoisie culturelle. Dans cette satire sociale, qui rappelle les rapports de domination décrits par Bourdieu, se rencontrent « héritie'res » et précariat ouvrier de la blanchisserie d'un abattoir, ou' E'de'ne travaille pour gagner sa vie. La nuit,
elle écrit. Convaincue malgré la fatigue, le mépris des autres et l'absence d'argent, que c'est là sa vocation. Quelle légitimité sociale pourrait alors offrir la littérature ? D'ou' vient cette conviction que l'on peut devenir écrivain?e alors me^me que son milieu social d'origine semble l'interdire ? « La honte sociale est un fouet tre's efficace, me^me si personne ne sait qui le manie. » Devient-on alors transfuge de classe ? -
Et vos corps seront caillasses
Joëlle Sambi
- L'Arche
- Des Ecrits Pour La Parole
- 16 Février 2024
- 9782381980652
« Je ne peux concevoir l'art en dehors d'un ancrage politique, je le pratique et l'accompagne donc toujours d'une réflexion qui m'amène à douter de tout, à déconstruire constamment, à creuser de nouveaux idéaux et à chercher le lieu de l'apaisement. La paix est un luxe, il n'y a pas d'accalmie. » dit Joëlle Sambi à l'endroit de sa pratique artistique, au croisement des formes et des luttes.
Quand le slam ou poésie « faite pour être dite à haute voix » s'écrit sur le papier, se compose de manière évidente et quasi organique un écrit pour la parole. La poésie de Joëlle Sambi est un flow rugueux, né à Kinshasa, qui érode la rime traditionnelle et râpe les conventions sociales, dérape et décape. Déconstruit les héritages dominants et asphyxie les violences, raciales, sexistes et homophobes. Scalpant la métrique classique pour un mètre libre et nourri d'autres héritages culturels et musicaux, sa poésie est une parole performée, à dire, toujours vivante, en métamorphose.
« Nous ne sommes pas vos copines noires et brunes et pas assez blanches / Nous ne sommes pas celles qui peuplent vos solitudes / Pas celles qui fortifient vos châteaux / Nous ne sommes pas celles que vous violez, exotisez, insultez, désirez, haïssez, frappez, rejetez / Poétesses / Nous ne sommes rien / Nous ne sommes rien / Et ce rien peuplera vos rêves hantés » -
21 grands noms de la scène poétique francophone se racontent. Ces lettres racontent leur parcours, leur intimité, leur place dans la société des lettres. Dans ces billets, mots d'humeur, mots d'ordre pour un nouvel ordre du monde, elles prennent le contre-pied d'un lyrisme classique. La femme n'est pas (seulement) Muse, mais Poète, Musicienne, Inspiratrice, Agente de son propre désir. Poésie verticale et adressée, ces lettres racontent les combats, les dialogues et les rencontres qui font de l'écriture une matière politique. Une chair à vif, une matière spirituelle inflammable, une sensualité sans contraintes. Dotées d'une virulence poétique radicale et troublante, ces lettres racontent une soif de partage, un désir de transmission, un rêve de l'autre, l'histoire d'une reconquête de soi.s.
Auteurs: Aurélie Olivier, Chloé Delaume, Sonia Chiambretto, Rébecca Chaillon, Adel Tincelin, Rim Battal, Liliane Giraudon, Ryoko Sekiguchi, Nathalie Quintane, Milady Renoir, Sophie G. Lucas, Marina Skalova, Lisette Lombé, Édith Azam, Ouanessa Younsi, Sandra Moussempès, Michèle Métail, RER Q -
Pour le 20e titre de la collection « Des écrits pour la parole », L'Arche réédite le texte fondateur : celui qui a donné son nom à la collection, avec une préface inédite de Léonora Miano qui rappelle pourquoi « il a bien fallu écrire ces paroles ». Composé de deux parties, « In-tranquilles » et « Femme in a city », ce volume vibrant d'oralités et de récits intimes est un pamphlet poétique d'une force politique inouïe. Écrits pour la parole est une constellation de récits de femmes noires françaises, des récits intimes & politiques. Des récits libérateurs face à la violence systémique, instituée, reçue en plein corps, objet de représentations et de fantasmes dès l'enfance. Face aux mécanismes de domination à l'oeuvre dans la vie quotidienne, la sphère professionnelle, ou dans la rue. Face à l'invisibilisation dans les récits nationaux et les pages blanches de l'Histoire. Des voix pour apprendre à se connaître, accéder à une conscience de soi et reprendre en charge ses récits.
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Boudin biguine best of banane
Rébecca Chaillon
- L'Arche
- Des Ecrits Pour La Parole
- 21 Avril 2023
- 9782381980539
Il y a des choses à dire, quand on parle de son corps. C'est-à-dire, à partir de son corps : quand l'écriture est dans la peau, quand écrire, c'est s'arracher les mots à soi-même. Ce livre part de l'urgence de dire ce qui gratte, ce qui dérange, ce qui ronge. Rébecca Chaillon écrit son retour à la Martinique, ses interrogations intimes, amoureuses, militantes et alimentaires, la destruction et la reconstruction successives des imaginaires. Passant par une langue poétique et politique, elle décrit les effets de la colonisation sur les afrodescendants - en mettant en lumière les espaces occupées par chacun et chacune autour d'un même sujet.
Comment se construisent nos désirs sous les injonctions ? Comment se réapproprier nos corps, nos identités dédoubleés, nos héritages détruits ? Avec ce texte riche ou la poésie rencontre l'insomnie, Rébecca Chaillon prend son corps comme matrice nourricière pour faire advenir un sujet libre des normes. Les impensés coloniaux sont mis au jour - ou plutôt, le refoulé raciste et capitaliste français est donné à voirdans son omniprésence mortifère. -
Fille d'amanitore ; que mon règne arrive
Léonora Miano
- L'Arche
- Scene Ouverte
- 20 Janvier 2023
- 9782381980508
Ample fresque historique embrassant mythologie et monde contemporain, Fille d'Amanitore dépeint l'articulation de la beauté et la brutalité propre au monde des humains, au travers de récits de vie de femmes d'aujourd'hui, filles et mères, en des mondes où se mêlent demeure ancestrale des divinités, terre des humains et le no man's land d'Amanitore, la candace à la mémoire oubliée. Léonora Miano invite à repenser le fondement divin du désir, réinterroge la puissance de la filiation féminine, et le poids des non-dits dans la transmission mère-fille. Et que mon règne arrive est une exhortation à la reconquête de leurs mémoires et leur par des femmes subsahariennes, pour les affranchir du discours bien-pensant de la « sororité planétaire », autre leurre du féminisme européocentré. Dans cette proposition pour affranchir la femme subsaharienne de toute forme de domination, coloniale et masculine, Léonora Miano l'inviter à habiter ses spiritualités, et orchestre le règne du féminin dans le monde par la voie africaine.
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Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d'Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l'identité n'est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l'origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le texte est truffé d'allusions et de citations, sans que Kane ait voulu les identifier. Quant au sujet, les voix qui déversent leurs sensations dans un torrent d'impressions, de souvenirs et de désirs sont à l'image de l'idée que Sarah Kane se faisait de l'amour : dès que deux personnes forment une relation, une sorte de colonisation prend place et l'une d'elles risque d'être abusée par le pouvoir que l'autre exerce sur elle.
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Léonora Miano propose dans ce recueil des écrits d'une grande musicalité à la composition graphique libre, parfois proche du calligramme. Il comprend : « La question blanche », « Le fond des choses » et « La fin des fins ».
Rythmée de beats musicaux, sa langue fait s'élever une injonction vibrante à la paix. Elle aborde les questions d'assignation sociale et raciale, la façon dont la couleur de peau constitue un problème dans le regard de celui qui dit l'autre noir, de même que l'immigration, autrefois économique sur le sol français, est aujourd'hui perçue comme une menace et alimente les discours identitaires et fascistes.
Ces trois textes sont à lire comme les partitions
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En 1995, Sarah Kane écrit Anéantis (Blasted) qui est aussitôt créé au Royal Court Theatre de Londres. Presque trente ans après Sauvés d'Edward Bond, créé dans le même théâtre, la presse britannique se déchaîne : sale, alarmant, dangereux. Mais l'auteur et sa pièce accèdent immédiatement à la célébrité.
L'histoire de Ian et Cate dans un hôtel de luxe à Leeds est l'histoire d'un amour impossible. C'est aussi l'histoire d'une aliénation profonde entre les légionnaires de la guerre civile et la population qu'ils sont susceptibles de conquérir.
Ce qui fait la gloire des dramaturges, c'est la forme qu'ils savent donner à leurs sujets. Et l'écriture de Sarah Kane est scénique, c'est-à-dire à trois dimensions. Dialogue et action s'enchevêtrent, se complètent et s'enrichissent mutuellement pour donner à l'ensemble une nouvelle profondeur de champ.
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La plage d'une île tropicale dans le Pacifique Sud. Midi juste, chaleur écrasante. Une seule et unique plante inconnue aux feuilles flétries comme les oreilles d'une centaine d'épagneuls. Pas un bruit d'insecte, d'poseai ou de reptile, pas d'appel de voix humaine, seul le clapotis rythmé de la mer.
Puis juste comme cette solitude et cette immensité commencent à devenir amusantes, un minuscule point mouvant semble s'approcher sur la gauche, un autre point encore plus minuscule sur la droite. Les points continuent d'avancer en grossissant pendant environ une demi-heure et finissent par devenir un homme et une jeune femme, face à face dans ce midi torride.
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Il est psychanalyste et s'appelle Henry. Elle s'appelle Béatrice, elle est danseuse. Lui vit à New York dans l'Upper East Side, le « golden ghetto ». Elle à Paris, en plein coeur d'un Belleville vibrant, parmi les Blacks, les Arabes et les autres. La comédie est légère, mais sa légèreté a des racines profondes. Il est si difficile de dire « je t'aime ».