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Shirley - Villette (1849-1853)
Charlotte Brontë
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Septembre 2022
- 9782070114962
L'immense succès de Jane Eyre (1847) fait de Charlotte Brontë une romancière reconnue. L'élaboration de son nouveau roman sera douloureuse : en l'espace de huit mois, Branwell, Emily et Anne disparaissent, faisant d'elle la seule survivante d'une exceptionnelle fratrie d'écrivains. Shirley paraît en 1849. En toile de fond, la lutte des ouvriers du textile contre la mécanisation. Au premier plan, deux héroïnes se disputant l'attention de Robert Moore : une héritière cultivée et fougueuse, et une orpheline douce et timide ; la première est inspirée d'Emily, la seconde d'Anne. L'ouvrage voit resurgir les héros des oeuvres de jeunesse (Napoléon, Nelson, Wellington), oeuvres dont on ne dira jamais assez l'importance. Il propose de magnifiques portraits de femmes cherchant leur place dans une Angleterre patriarcale.Pour Villette, qui suit en 1853, Charlotte fait appel aux souvenirs de son séjour à Bruxelles en 1842-1843. Élève puis professeur dans un pensionnat, elle avait été séduite (intellectuellement) par Constantin Heger, qui donnait des cours de rhétorique dans l'établissement tenu par son épouse. Elle transpose cette expérience dans le personnage de Lucy Snowe, qui s'éprend d'un confrère revêche. Certains contemporains ont jugé «pervers» l'humour de la romancière, mais le ton caustique et l'extraordinaire vivacité de la langue font aujourd'hui le charme du livre, où se mêlent réalisme et gothique - un gothique d'artifice, décalé. Aussi important que méconnu, Villette, qui fait la part belle aux non-dits et aux ellipses, et dont le dénouement est laissé à l'interprétation du lecteur, est un grand livre à la modernité troublante.
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Middlemarch / le moulin sur la Floss
George Eliot
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 10 Septembre 2020
- 9782072789335
Middlemarch (1871-1872) est le plus grand roman victorien, et aux yeux de certains le meilleur roman de langue anglaise, toutes époques confondues. Quête de la vérité menée de plusieurs points de vue, le livre ne saurait être réduit au destin de Dorothea Brooke, jeune fille altruiste et utopiste qui épouse un érudit desséché. Autour du couple gravitent de nombreux personnages, assujettis à des liens familiaux, conjugaux, de voisinage, d'intérêts. George Eliot entrelace les destins individuels, ménage des rebondissements dignes d'un feuilleton, sans jamais céder à la facilité : sa peinture psychologique est de la plus grande finesse lorsqu'elle décrit les désirs et les tragédies de ceux dont les vies s'entremêlent sur la trame d'une même étoffe. Son acuité peut se parer d'ironie, sans que jamais s'étiole la sympathie qu'elle éprouve pour ses créatures confrontées à la défaite de leurs aspirations. Les événements se déroulent dans l'Angleterre provinciale des années 1830, mais ce «plaidoyer pour la beauté des vies ordinaires» (Mona Ozouf) a pour sujet les passions humaines, qui sont sans âge.
Middlemarch est ici précédé du chef-d'oeuvre de la première période de George Eliot, Le Moulin sur la Floss (1860). Eliot, née Mary Anne Evans, a mis beaucoup d'elle-même dans le personnage de Maggie Tulliver, petite fille turbulente à la nature exaltée, passionnée par les livres, «aussi affamée de savoir qu'elle l'est d'amour» (M. Ozouf). Proust avouait avoir pleuré à la lecture de ce roman du paradis perdu de l'enfance. Maggie sera victime de l'ostracisme social - comme sa créatrice, qui vécut vingt-cinq ans avec un homme qui n'était pas son mari et chercha, à travers une oeuvre littéraire liant l'intellect aux sentiments, à obtenir cette respectabilité chère aux victoriens.
À sa mort, en 1880, elle fut célébrée comme «le plus grand romancier anglais contemporain». On ne lui permit pourtant pas d'être enterrée, comme l'avait été Dickens, dans le «Coin des poètes» de l'abbaye de Westminster.
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Oeuvres romanesques complètes Tome 1
Jane Austen
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 4 Octobre 2000
- 9782070113231
Jane Austen est aujourd'hui célèbre, en France comme ailleurs - même si, en France, on lit souvent ses oeuvres dans des versions qui sont des adaptations plutôt que des traductions. Face aux débordements sentimentaux des romans qu'affectionne son époque (et auxquels on assimile un peu trop légèrement les siens), elle se veut l'écrivain de la raison et cherche à prémunir le lecteur contre les errements d'un coeur livré à la seule pente de l'égoïsme. À ses portraits nuancés, elle ne donne pas pour fond les paysages tourmentés de romans gothiques (tournés en dérision dans L'Abbaye de Northanger), mais ceux, apparemment plus paisibles, d'une campagne anglaise qu'elle connaît de l'intérieur et dont elle révèle l'arrière-scène : ce monde de la bonne société rurale, où les jeunes filles doivent apprendre à diriger leurs sentiments pour atteindre au bonheur rêvé. Le choix d'un prétendant, les étapes menant au mariage forment l'intrigue principale de ses romans : l'occasion pour son regard aiguisé de mettre au jour bien des vérités - dans une langue d'une extraordinaire précision, que la présente traduction s'efforce de respecter dans tous ses détails.
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Oeuvres romanesques Tome 1
Virginia Woolf
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 17 Avril 2012
- 9782070114825
Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de «Mrs. Dalloway», un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait «un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre» ; ce «nouveau livre» sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare.
Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : «Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer «roman». Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi? Élégie?» L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie («Il aura une part de l'exaltation de la poésie»), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre («Il sera dramatique»), jusqu'à un certain point («mais ce ne sera pas du théâtre»). Play-poem, «poème dramatique», qualifiera Les Vagues ; essay-novel, «roman-essai», désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre: a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque: «Le récit peut-être vacillera; l'intrigue peut-être s'écroulera; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman.» Élargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité: «J'immatérialise le propos...» Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des «moments d'être», déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant «qu'une chose réelle existe derrière les apparences». «Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir.»
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Wuthering heights et autres romans (1847-1848)
Emily Brontë
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Septembre 2002
- 9782070114948
En leur temps, les romans de Charlotte, Emily et Anne Brontë ont choqué le public et révolutionné le genre romanesque anglais. Un siècle et demi après la mort des Brontë, il y avait place pour une édition réunissant un ensemble de textes qui, sans prétendre constituer des oeuvres complètes, offre au lecteur français, dans une traduction nouvelle, l'intégralité des grands textes et un choix représentatif des écrits de jeunesse. Le présent volume (l'édition en comptera trois) comprend les premiers romans rédigés à l'âge adulte par chacune des trois soeurs : Wuthering Heights, d'Emily, Agnes Grey, d'Anne, et Le Professeur, de Charlotte. Ces trois romans furent proposés conjointement pendant plus d'un an à divers éditeurs. C'est en quelque sorte ce «manuscrit» originel que nous reconstituons ici, pour la première fois, car seuls les romans d'Emily et d'Anne seront publiés en décembre 1847, Le Professeur paraissant posthume dix ans plus tard. À ces trois oeuvres vient s'ajouter le second roman d'Anne, La Locataire de Wildfell Hall, souvent considéré comme une réponse à Wuthering Heights.
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Jane Eyre ; oeuvres de jeunesse 1826-1847
Emily Brontë, Anne Brontë, Charlotte Brontë
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 20 Mars 2008
- 9782070114955
Tous les enfants inventent des histoires, et l'on sait le sérieux qu'ils mettent à leurs jeux. Plus rares sont ceux qui transforment les mondes imaginaires nés de ces jeux en univers littéraires patiemment élaborés. Et si cette élaboration est le fait de tous les membres d'une fratrie, il n'y a pas d'erreur possible : il s'agit des Brontë.
Depuis la mort de leur mère et de leurs soeurs aînées, Charlotte, Branwell, Emily et Anne sont cloîtrés au presbytère de Haworth. Seule fenêtre sur l'extérieur, la lecture : la Bible, les classiques, les journaux que reçoit leur père. Le jour où le révérend Brontë offre des soldats de bois à son fils, l'imagination des enfants se met en branle ; chacun s'empare d'un soldat, lui donne l'identité d'un héros (Wellington, Napoléon...), le proclame souverain d'une île. Puis les îles cédent la place à la confédération de Glasstown, qui deviendra Verdopolis, et au royaume d'Angria, sorte d'Afrique rêvée dont Charlotte et Branwell rédigent en alternance la chronique, en vers et en prose. Emily et Anne se consacrent à un autre monde, celui de Gondal et de Gaaldine, dont les seuls vestiges sont des poèmes. Les premiers textes des jeunes écrivains, âgés de dix à quatorze ans, sont marqués par les contes de fées et Les Mille et Une Nuits. Avec l'adolescence, après de nouvelles lectures (Byron, Scott) et sous l'influence de l'actualité, aventures épiques, guerres, intrigues politiques et amoureuses prennent le dessus.
C'est à vingt-trois ans que Charlotte fait, en une page admirable, ses adieux au monde d'Angria. Mais il transparaît encore dans Jane Eyre, écrit sept ans plus tard. Sitôt paru, le roman passe pour « un livre à faire galoper le pouls et battre le coeur et faire venir les larmes aux yeux » ; Thackeray, l'auteur de La Foire aux vanités, annonce qu'il est l'un des pleureurs. Le succès est immense. Charlotte voulait-elle montrer qu'une héroïne peut être attirante sans être belle ? Jane Eyre, c'est en quelque sorte le vilain petit canard réfugié chez Barbe-Bleue, avec lequel le sombre et séduisant Mr. Rochester a plus d'un point commun. La métamorphose de cette jeune femme passionnée, tiraillée entre les conventions victoriennes et son désir d'être l'égale de l'homme qu'elle aime, est le sujet du livre.
Outre une nouvelle traduction de Jane Eyre, ce volume propose un large choix d'écrits de jeunesse inédits en français. Le recueil de poèmes édité par les trois soeurs en 1846 est traduit pour la première fois dans son intégralité. Le talent de Branwell, longtemps éclipsé, se révèle au travers de la prose et des vers des juvenilia, et des poèmes parus de son vivant dans la presse du Yorkshire.
JANE EYRE précédé d'OEUVRES DE JEUNESSE (1826-1847) [2008]. Ce volume contient : Récits et poèmes (1826-1839) de Charlotte et Patrick Branwell Brontë ; Poèmes (1837-1848) d'Emily Brontë ; Alexander et Zenobia (1837) d'Anne Brontë ; Poèmes publiés (1841-1847) de Patrick Branwell Brontë ; Poèmes (1846) de Charlotte, Emily et Anne Brontë, et Jane Eyre (1847) de Charlotte Brontë.
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Oeuvres romanesques complètes Tome 2
Jane Austen
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 17 Octobre 2013
- 9782070113811
Il y a une façon d'évoquer Jane Austen qui pourrait la faire passer pour ce qu'elle n'est pas : une donneuse de leçons. Fille d'un pasteur de province, elle se veut l'écrivain de la raison face aux débordements sentimentaux des auteurs de son temps (Samuel Richardson, Fanny Burney), et cherche à prémunir le lecteur contre les errements du coeur glissant sur la pente de l'égoïsme. À ses portraits tout en nuances, elle ne donne pas pour fond les paysages tourmentés des romans gothiques d'une Ann Radcliffe, mais ceux, apparemment plus paisibles, d'une campagne anglaise dont elle révèle l'arrière-scène : ce monde où les jeunes filles doivent apprendre à diriger leurs sentiments pour atteindre au bonheur rêvé.
Pourtant, ses romans ne sont pas des contes de fées déguisés où l'héroïne finit par épouser le parfait gentleman. Les changements psychologiques subtils et progressifs vécus par les protagonistes contribuent sans doute au plaisir de la lecture, mais ils passent après la joie que procure l'ironie dont Austen fait preuve à l'égard de ses créatures. Douée d'un génie comique certain, celle «qui écrit en cachette derrière une porte grinçante» est, pour Virginia Woolf, l'«un des auteurs les plus constamment satiriques» de son époque. En prenant pour cibles les comportements égoïstes et les petites lâchetés de ses semblables, elle pointe ce que la nature humaine peut avoir de mesquin, de pathétique, de loufoque et d'affligeant.
Les héroïnes elles-mêmes n'échappent pas aux critiques de leur créatrice. Fanny Price est timorée, Anne Elliot influençable, et Emma Woodhouse, qui n'est ni l'une ni l'autre, n'inspirerait pas la sympathie, si Jane Austen n'avait l'art de rendre attachants jusqu'aux défauts qu'elle moque. Ce tour de force, une sensibilité rare et l'audace discrète de son style sont les secrets de son extraordinaire popularité.
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Oeuvres romanesques Tome 2
Virginia Woolf
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 23 Avril 2012
- 9782070132249
Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de «Mrs. Dalloway», un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait «un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre» ; ce «nouveau livre» sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare.
Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : «Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer «roman». Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi? Élégie?» L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie («Il aura une part de l'exaltation de la poésie»), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre («Il sera dramatique»), jusqu'à un certain point («mais ce ne sera pas du théâtre»). Play-poem, «poème dramatique», qualifiera Les Vagues ; essay-novel, «roman-essai», désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre: a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque: «Le récit peut-être vacillera; l'intrigue peut-être s'écroulera; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman.» Élargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité: «J'immatérialise le propos...» Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des «moments d'être», déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant «qu'une chose réelle existe derrière les apparences». «Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir.»