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GALLIMARD
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«Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement.»Matthieu Galey.
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Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d'autres lauréates d'un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d'une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d'étudiante américaine, des amours qu'elle a connues. Tout bascule lorsque Esther quitte New York. Tentatives de suicide, traitements de choc, guérison, rechutes, et, pour finir, l'espoir. Esther est à la fois «patiente» dans l'univers hospitalier et observatrice au regard aigu de ce monde, qui a pour toile de fond l'Amérique des années 1950.
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Une enfant de huit ans qui engage le combat contre l'institutrice qui la traite de «sale Juive» ou de «sale bicote». Une écolière qui ne se soumet pas au culte rendu à Pétain dans les écoles, du temps de Vichy. Une adolescente qui se révolte contre le Dieu des Juifs, parce qu'il n'accorde pas leur place aux femmes. Une jeune avocate qui refuse de prêter le serment traditionnel, parce qu'elle le juge trop servile... Parcours d'une rebelle, qui permet de retrouver les moments forts d'une vie marquée par des combats difficiles, voire dangereux.
Défense des militants du F.L.N. pendant la guerre d'Algérie, ce qui lui vaut d'être arrêtée par les militaires putschistes. Procès de Bobigny sur l'avortement, cause des femmes, Gisèle Halimi ébauche ici une nouvelle réflexion sur le féminisme, née de la tendresse et des contradictions d'«une jeune mère indigne» à l'épreuve d'«un couple impossible». Bien des hommes et des femmes célèbres traversent cette histoire passionnée. Coty, de Gaulle, Giscard, Mitterrand, Chirac, Simone Veil, Bourguiba ou encore Camus, Sartre, Simone de Beauvoir... Peints souvent avec amitié, quoique toujours sans complaisance et parfois d'une plume acérée. Mais, sans doute, pour cette actrice et témoin privilégiée de quelques événements importants de notre époque, le vrai grand homme a-t-il été Édouard, cette figure paternelle à laquelle elle revient toujours, par-delà la vie et la mort, et qu'elle appelle «le magicien». -
Un soir d'hiver, Laure se rend chez des amis pour dîner. Une grève monstrueuse paralyse Paris. Dans les bouchons, sa voiture immobilisée, elle rêvasse. Demain elle emménage avec François : une nouvelle vie bien réglée, sécurisante... Dehors l'air est glacial. Laure autorise un auto-stoppeur égaré à monter à ses côtés. Son odeur la saisit, la droiture de son profil, la courbe de son oreille. C'est l'instant d'une rencontre dans une ville figée. Une passion les emporte, le temps d'une nuit, pour vivre et aimer. Dans le silence d'un habitacle, l'anonymat d'un troquet, d'un restaurant, ou à l'abri d'une chambre minable, cette chronique intime prend la forme d'un récit initiatique, qui nous porte vers un conte de fées sensoriel. Ici, les mots, à peine murmurés, disent l'amour fou.
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«Il fallut seulement quelques gestes, la mode féminine actuelle prêtant à cette sorte de transformation. Le temps de remplacer sa jupe courte par un pantalon long, et Marion, fille de trente ans, redevint l'éphèbe éternel qu'elle était.» Dans L'ange et les pervers, roman de 1930 d'une belle modernité, nous suivons le parcours de Marion Hervin de Valdeclare, un personnage intersexe. D'abord maintenu·e dans l'ignorance de sa particularité physique, iel se construit tant bien que mal et finit par s'enfuir à Paris. C'est alors sous deux identités différentes, de femme et d'homme, que Marion mène une double vie... Lucie Delarue-Mardrus offre un tableau d'une liberté littéraire remarquable en donnant voix à cet «ange» coupé en deux. Conte, roman d'apprentissage, journal, le livre brouille les frontières entre genres et formes narratives et propose une réflexion novatrice sur la féminité, anticipant le constructivisme du Deuxième sexe de Beauvoir.
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Passage de l'Odéon : Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l'entre-deux-guerres
Laure Murat
- GALLIMARD
- L'imaginaire
- 25 Avril 2024
- 9782073062116
«Indiscutablement, c'est un grand bonheur que de rendre à nouveau hommage à Adrienne Monnier et Sylvia Beach, avec lesquelles j'étais, comme on dit au Québec, "tombée en amour" il y a deux décennies. Me réimmerger dans leur monde n'a fait que confirmer ce sentiment inaltéré pour deux libraires intrépides, articulées, drôles, énergiques, sans peur ni reproche. Elles ont été mes héroïnes, elles le demeurent, intactes.» En 1915, Adrienne Monnier inaugure au 7, rue de l'Odéon une librairie-bibliothèque de prêt, La Maison des Amis des Livres, appelée à devenir le rendez-vous favori du Tout-Paris littéraire. En 1921, Sylvia Beach installe en face, au n°12, Shakespeare and Company. L'«Odéonie» va constituer l'un des foyers les plus actifs de la vie culturelle de l'entre-deux-guerres, dont la renommée franchira les frontières de la France avec la parution d'Ulysse de James Joyce, édité en 1922 par Sylvia Beach, puis traduit en français en 1929 grâce à Adrienne Monnier. Un lieu mythique de partage et de rencontres pour Aragon, Gide, Sarraute, Breton, Fargue, Beauvoir, Leduc, Stein, Toklas, Hemingway. Dans un Paris agité de passions et fou de livres, Laure Murat nous entraîne dans un récit vivant, sur les pas de deux libraires hors du commun, sans lesquelles notre paysage littéraire serait aujourd'hui très différent.
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Avec l'invention d'une étonnante narration collective, d'un «Nous» choral en hommage à la poétesse Sappho, ce «roman» nous plonge dans la vie intellectuelle du début du XX? siècle aux côtés de figures amies de l'Imaginaire : Natalie Barney, Renée Vivien, Romaine Brooks, Gertrude Stein, Virginia Woolf, Sarah Bernhardt, Isadora Duncan, Lina Poletti, Eleonora Duse, Colette. Rassemblés en bouquet, les fragments présentés ici nous portent à travers l'Histoire et tissent des liens entre les destins d'écrivaines, peintres et artistes qui ont toutes cherché à atteindre leur moi véritable et à résister à l'oppression. Ce livre, sensible au désir lesbien et à celui d'être ensemble, surprend et défie toutes les catégories : il est à la fois biographie, roman, portrait, manifeste, récit expérimental...
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Lily Bart, orpheline ruinée, cherche désespérément à faire un beau mariage pour assurer sa position sociale. Cependant, difficile de naviguer dans les courants traîtres d'un monde fondé sur les apparences. Tiraillée entre son éducation futile et ses idéaux de liberté, d'amour et de grandeur, Lily évolue jusqu'à l'inévitable au milieu des bals somptueux, des dîners extravagants. Détruite par le scandale, minée par des dilemmes moraux, elle devient le symbole d'une vie violentée. À sa sortie en 1905, ce grand roman de moeurs a suscité la controverse mais a rencontré un succès immédiat. Situé dans la haute société new-yorkaise du XIX?, où seule compte la richesse affichée, La maison de liesse explore l'impact des normes sociales sur le destin des femmes. Dans cette nouvelle traduction, Edith Wharton est au sommet de son art, subtilement cynique et bouleversante.
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«Mon cas n'est pas unique : j'ai peur de mourir et je suis navrée d'être au monde. Je n'ai pas travaillé, je n'ai pas étudié. J'ai pleuré, j'ai crié. Les larmes et les cris m'ont pris beaucoup de temps. Le passé ne nourrit pas. Je m'en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m'ont torturée. J'aurais voulu naître statue, je suis une limace sous mon fumier.» Autobiographie sans remords et sans artifice, La Bâtarde revient sur l'enfance de Violette Leduc : la honte, la faute, son physique disgracieux, son attirance pour les deux sexes, ses amours, ses abandons, ses rendez-vous ratés. L'ouvrage retrace trente années, durant lesquelles elle travaille, écrit, souffre d'écrire, découvre le beau monde et se lie d'amitié avec Maurice Sachs et Simone de Beauvoir. Malgré des envolées lyriques éblouissantes, rien n'est enjolivé dans son écriture si exigeante, si précise ; toujours à la recherche du mot juste et cependant introuvable. Violette veut tout remuer, tout dire de sa mémoire brûlante. Sa plume perce l'épaisseur des années sans aucune concession. Écrire comme un acte de survie. D'une immense beauté, La Bâtarde permit à Violette Leduc de connaître enfin le succès, à l'âge de 57 ans.
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Ethan Frome, dans une petite ferme du Massachusetts, est sous la domination de sa femme Zenobia, une mégère hypocondriaque qui dépense tout l'argent du ménage à soigner des maladies imaginaires. L'arrivée de Mattie Silver, une cousine de Zenobia, illumine la vie d'Ethan en lui apportant de la douceur e de la compréhension. Mais elle déchaîne la jalousie de la redoutable Zenobia, qui va réussir à chasser la jeune fille. En traîneau , Ethan va conduire Mattie à la gare. Ils comprennent alors qu'ils ont besoin l'un de l'autre. Ethan lance le traîneau contre un arbre, pour mourir avec Mattie. Mais au lieu de trouver la mort, ils sont cruellement mutilés. Ils vont passer le reste de leurs jours sous le regard méchant de Zenobia. Edith Wharton, grande romancière, la meilleure disciple d'Henry James, a écrit avec cette tragique histoire l'oeuvre la plus représentative de la littérature régionaliste de la Nouvelle-Angleterre.
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Pensé comme un roman de formation et d'émancipation, l'ouvrage retrace l'itinéraire amoureux de Thérèse, l'alter ego de Violette Leduc, de l'adolescence à la maturité. Thérèse aime Isabelle, puis Cécile, puis Cécile et Marc, puis Marc. Jugé obscène, Ravages est censuré en 1955. Le livre paraît amputé des cent cinquante premières pages (Thérèse et Isabelle) et de plusieurs passages clés (les scènes du taxi, de la chambre d'hôtel et de l'avortement final). «C'est un assassinat» pour Violette Leduc. La censure déséquilibre l'ouvrage et en modifie la portée. Ravages est un roman mort-né. Aujourd'hui, pour la première fois, Thérèse et Isabelle retrouve Ravages. L'Imaginaire propose une édition hors-série annotée et augmentée des passages censurés, repérés à l'encre violette. L'occasion unique de redécouvrir le roman subtil et engagé d'une pionnière féministe.
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Une embellie perdue est la suite des Mémoires que Gisèle Halimi a entrepris avec La cause des femmes et Le lait de l'oranger. En juin 1981, l'avocate est élue députée. Le «peuple de gauche» rêve de changer la vie ; et les femmes de compter, enfin, en politique.Mais l'embellie sera brève. Les socialistes cèdent, assez vite, au «réalisme» et aux délices du pouvoir. «La gauche a-t-elle encore une âme ?» s'interroge bientôt Gisèle Halimi. En septembre 1984, elle quitte l'Assemblée. Pendant quarante mois, elle aura vécu une aventure ambiguë : décevante, dans l'univers masculin des politiciens : riche de découvertes, dans sa circonscription.Le Palais-Bourbon sous la vague rose. Le chemin - un temps commun - avec François Mitterrand, Joxe, Rocard ou Bérégovoy. La campagne - hors de tous les partis - des «100 femmes pour les femmes», en 1978. Le suicide tragique de trois amies, «chambardées» par leurs ruptures féministes... Souvenirs mêlés...Ce livre témoigne de l'espérance et du désenchantement de ces dernières années. Il tente aussi une réflexion sur le pouvoir, la démocratie, les contradictions entre vie privée et vie publique.Un récit doux-amer, tourné cependant vers l'avenir où Maud-Tahfouna, la petite-fille lumineuse de Gisèle Halimi, l'entraîne. Avec la force de l'enfance.
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La tour d'amour, un des plus célèbres romans de Rachilde, met en scène le huis clos oppressant de deux hommes isolés dans le phare d'Ar-Men. Comme des prisonniers, Mathurin Barnabas et le jeune Jean Maleux luttent contre les vagues déchaînées et entretiennent les feux pour guider les navires au large d'Ouessant. Tout autour, la mer gronde. Un jour, alors que des marins viennent de s'échouer sur les côtes, Maleux découvre la morbide passion que nourrit Barnabas... Conte caustique, romantique et tourmenté, La tour d'amour nous précipite dans un cauchemar qui fait se rencontrer la cruauté de la mer et celle des hommes. Terrible et puissant, le livre brûle d'une beauté noire et crée le scandale dès 1899. Chef-d'oeuvre de la littérature fin-de-siècle, il marie symbolisme et naturalisme, tout en révélant la face obscure de la Belle Époque.
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«Je m'efforçais de mettre mes pieds où elle avait mis les siens et cela m'obligeait à faire de grands pas pénibles. Parfois mes bottes trop grandes collaient à la boue. J'arrachais mon pied de la botte, la botte à la boue, je la remettais. J'essayais de la rattraper. Elle allait loin devant avec la lampe, et moi j'étais dans le noir à patauger.» La narratrice, Marie, jeune bâtarde, parle de sa mère. Sa mère, c'est Génie la folle, cette fille de bonne famille qui, déshonorée, s'est faite domestique agricole. Sa mère, c'est ce mutisme terrible qui encaisse la rudesse d'une vie rurale semée de secrets. Collée à une ombre, Marie suit et attend, sans cesse, dans la crainte d'être abandonnée. Dans un style poétique désarmant et naïf, avec la pudeur de ceux qui ont trop souffert, la jeune Marie évoque avec
ses yeux d'enfant le froid monde du dehors. Résiliente, portée par un amour immense, elle transforme la boue en beau. Poignant tableau dans lequel coexistent la bassesse de l'âme et la plus grande pureté, le roman d'Inès Cagnati est une déflagration. -
Fruit d'une correspondance entretenue de l'été 1980 à l'hiver 1991 avec Jean-Luc Hennig - journaliste et écrivain -, La Passe imaginaire dresse un autoportrait singulier de Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée. À travers une écriture engagée et vivante, l'autrice raconte ses jours, ses nuits, ses clients, ses amants imaginaires, ses rêveries, ses coups de gueule, ses révoltes contre Dieu, ses verres de royal-kadir, ses usures. Alternant poésie, hyperréalisme documentaire et onirisme, ces lettres révèlent celle qui se nommait «la catin révolutionnaire», une grande amoureuse, une militante passionnée, épicurienne et libertaire. Loin du misérabilisme et du sentiment de honte, Grisélidis Réal donne ici à la prostitution une portée puissante : celle d'un combat à la fois individuel et collectif pour changer la société tout entière. Publiée pour la première fois en 1992, cette oeuvre maîtresse de l'autrice reste aujourd'hui cruciale dans le combat pour les droits des travailleuses du sexe et au sein de la littérature féministe.
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À la mort de ses parents, Niki de Saint Phalle entame l'écriture d'un cycle autobiographique. Elle explore la mémoire familiale à la recherche de réponses à rebours du temps, fouillant l'Histoire depuis la Grande Dépression jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de sa naissance à son mariage avec Harry Mathews. Traces constitue l'un des trois temps de ce projet intime dans lequel l'artiste nous invite. Dans un style volontairement naïf, elle raconte ses parents, New York, les châteaux, l'enfance, la guerre, les jeux, les joies, les rêves et les peines. Les drames n'apparaissent qu'entre les lignes ; le traumatisme initial est partout et nulle part à la fois. Dans ce vrai livre-trésor, Niki de Saint Phalle nous offre en dessins, en photos et autres merveilles colorées les clés de son imaginaire. Bien plus qu'une autobiographie illustrée, Traces est un portrait artistique d'une grande délicatesse, un tête-à-tête intime avec l'une des plus grandes artistes du XX? siècle.
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Dans un Liban mutilé où des groupes identitaires combattent sans relâche se noue le destin de Sitt Marie-Rose, une femme chrétienne qui essaie de vivre et de lutter. Alors que la guerre civile éclate, Beyrouth prend la forme d'un champ de bataille. Violence et mort se répandent et Sitt Marie-Rose, malgré sa religion, continue de tendre la main aux Palestiniens. Devenue une traîtresse aux yeux de ses amis, elle voit se dessiner sa propre tragédie. Porté par une écriture poétique et poignante, ce récit à sept voix nous projette en plein coeur d'un Beyrouth balafré, aux côtés d'un peuple que d'autres ont choisi de diviser. Portrait nuancé d'une héroïne courageuse et authentique, cet ouvrage raconte la guerre, l'Histoire et interroge notre rapport à autrui. Traversée de couleurs, de lumière et de grâce, la voix d'Etel Adnan offre une meilleure compréhension de l'âme humaine.
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Est-ce que les femmes dérangées dérangent ? Marion Leatherby, dont le loisir favori est le tricot de poils de chat, a quatre-vingt-dix-neuf ans et vit au Mexique chez son arrière-petit-fils. Presque sourde, elle est ravie du cornet acoustique que lui offre son amie Carmella. Grâce à lui, Marion découvre que sa famille complote pour se débarrasser d'elle... La voilà placée dans une maison de retraite où une tribu de dames habite d'étranges maisons aux formes d'igloos et de gâteaux d'anniversaire, sous le patronage du Docteur Gambit, un gourou tordu. Le regard d'une abbesse lubrique vient faire dérailler plus encore cette mécanique mal huilée. Sur les pas de Marion s'ouvre alors une quête surréaliste vers des univers en devinettes, des orgies psychédéliques et des escaliers vertigineux. Une recréation exubérante du monde que nous connaissons. Avec ce roman d'apprentissage à rebours, Leonora Carrington entraîne le lecteur dans une suite de péripéties déroutantes, dans les perfidies du monde et le cosmos. Grande farce noire, récit initiatique sur le temps qui passe et jumeau occulte d'Alice au pays des merveilles, Le cornet acoustique est un grand texte surréaliste, injustement oublié.
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«QUICHOTTE : Considère bien, Panza, que ce qu'ils appellent folie, moi je l'appelle réalité.»Détournement fantasque, féministe et poétique de Don Quichotte, Le voyage sans fin offre une nouvelle lecture du roman de Cervantès. Ici, Quichotte est une femme chevalier errant, passionnée de livres et d'écriture, en quête de justice et de liberté. Accompagnée de son écuyère, Panza, elle traverse nombre de péripéties et imagine un nouveau monde.Flanquée de ces deux « guerrillères », Wittig trouve une nouvelle occasion de déjouer les marques du genre et d'éclater les conventions. Elle nous offre dans cette courte pièce une expérience hybride, entre théâtre, cinéma et geste d'écriture : une profonde aventure politique.Représenté pour la première fois en 1985 au Théâtre du Rond-Point, coréalisé avec Sande Zeig, Le voyage sans fin avait alors été publié dans le supplément de la revue féministe Vlasta. «L'Imaginaire» souhaite aujourd'hui donner l'occasion aux lecteurs de redécouvrir ce texte d'avant-garde hors du commun.
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États-Unis. Années 1960. Bettina Munvies Balser, femme au foyer de trente-six ans et mère de deux filles, décide un matin de tenir un journal pour tenter d'y voir plus clair dans sa vie. Pendant six mois, au fil d'une écriture qu'elle dissimule à son entourage, nous entrons dans l'intimité la plus crue de cette «ménagère» au bord de la dépression. Mariée depuis dix ans à Jonathan, avocat et producteur de théâtre, elle voit son mariage se déliter peu à peu. Bettina éprouve le besoin de se raconter, de s'éprouver par les mots. Avec une sincérité bouleversante, du cynisme et beaucoup d'humour, elle dévoile impudemment ses névroses. Si le récit est mené depuis le point de vue de la narratrice, le roman déborde vite de la chronique d'une trajectoire personnelle. Sue Kaufman dénonce ici les violences symboliques que subissent les femmes de la classe moyenne. Elle explore, avec une repartie rugueuse, la «folie» d'un être qui perd pied dans une société américaine paternaliste.
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Les héroïnes de ces cinq nouvelles semblent avancer à tâtons, hésitant entre parole et silence, caressant un langage qui étouffe autant qu'il délivre. Si les mots sont des masques et de frêles passerelles, si la conversation se fait mouvement désarticulé, faut-il alors croire à l'ellipse pour se rapprocher de soi-même ? Pauline, Geneviève, Julie, Stéphanie et Valentine, les héroïnes des Mots de hasard, peinent à se rencontrer dans l'ordinaire de la vie, comme si une mince membrane les éloignait du monde, toutes entraînées cependant par un élan qui les porte vers l'Autre. Un quotidien fait d'amour anxieux, de pur désir, d'une mélancolie en points de suspension. Délicat, le livre mêle rêve et réalisme dans une langue sensible et libre. Avec ce recueil, son premier, Mireille Best atteint sa vérité. «Simplement le nom donné à ce qu'on cherche et qui se dérobe sans cesse», comme l'écrit Annie Ernaux, qui a longtemps correspondu avec cette autrice injustement oubliée.
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La fée cinéma : autobiographie d'une pionnière
Alice Guy
- GALLIMARD
- L'imaginaire
- 16 Juin 2022
- 9782072960789
La Fée-Cinéma est le récit autobiographique d'Alice Guy : première femme cinéaste du monde. Écrire vite. Raconter son enfance, d'abord : la jeune Alice est élevée entre le Chili, la Suisse et la France. Puis le pensionnat et la vie à Paris. Suivent des études de sténographie, avant qu'elle ne devienne en 1895 la secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de Photographie. C'est à la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumière qu'Alice a l'idée de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras Gaumont. Déjà «mordue par le démon du cinéma», elle n'a qu'une obsession : raconter des histoires en réalisant ses propres films, dont le plus célèbre, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction... Longtemps effacée de l'Histoire, Alice Guy décrit ici avec précision les débuts du cinéma, la magie des accidents, des expérimentations et autres bouts de ficelle. Sans détour et sans romance, d'une écriture intime et urgente, elle dit la beauté du 7? art qu'elle a «aidé à mettre au monde» ; elle se réhabilite. Elle meurt en 1968 et ses Mémoires, pourtant achevés en 1953, ne seront publiés qu'en 1976.
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Fin XIX?. La jeune Joan Ogden vit dans une petite ville anglaise étouffante. Sa mère, soumise à un mari tyrannique, voue à sa fille un amour excessif. L'arrivée d'Elizabeth, une gouvernante, vient illuminer leur quotidien. Elizabeth croit en Joan, l'aime et dessine son avenir. Ensemble elles luttent pour des droits qui restent encore à conquérir : étudier, travailler, vivre dans l'indépendance. Elizabeth devient sa compagne mais, écartelée sans cesse entre ses sentiments et son devoir dans un triangle amoureux dérangeant, Joan doit faire face à sa mère pour gagner sa liberté. Deuxième ouvrage publié par l'autrice, La flamme vaincue est en réalité le premier que Radclyffe Hall a écrit. Vaste roman psychologique, étude poignante et philosophique sur l'émancipation, il dit la difficulté d'assumer ses choix. Les passions tristes guettent et, si l'on n'y prend garde, peuvent l'emporter sur le désir de vivre. L'autrice propose ici toute une réflexion sur la condition de la femme ; en cela, La flamme vaincue préfigure Le puits de solitude.
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«Je ne me lasse pas du même menu : tomates fraîches, charcuterie, vache qui rit, pêche, chocolat menier, citron pressé ou bien vin rouge selon ma tempérance ou mon intempérance. Mon dos à midi cherche un double dans un fossé, contre un poteau télégraphique, contre une meule, contre un cabanon. Il est sept heures du soir au mois de juillet dans les campagnes. Je m'arrête, je demande à ma mort qu'elle me prenne en été à la même heure, lorsque la lumière a mûri, lorsque dehors est une douce véranda. Que je meure lorsque l'aboiement du chien de l'infini baisse d'un ton, que je meure après le sursaut : le cliquetis au coeur des soucoupes du café où je vous ai attendue, Madame...» Sur les conseils de Simone de Beauvoir, Violette Leduc décide de parcourir la Provence en sac à dos. Trésors à prendre est le fruit de cette aventure : un authentique journal de voyage, qui décrit les endroits qu'elle traverse, ses rencontres fortuites, ses réflexions, ses flâneries et mésaventures qui lui permettent de se rapprocher d'elle-même. Ici Violette Leduc nous offre une écriture en mouvement, qui cherche son équilibre ; toujours à la conquête des mots. Écriture sensible et sensuelle qui éveille nos sens le long d'un chemin parcouru ensemble.