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L'inventaire des rêves
Chimamanda Ngozi Adichie, Blandine Longre
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 27 Mars 2025
- 9782073081407
L'inventaire des rêves, c'est avant tout la naissance de quatre grandes héroïnes, quatre femmes puissantes venues d'Afrique de l'Ouest dont les destins et les rêves se croisent. Chiamaka est une rebelle qui a déçu sa famille huppée du Nigeria, car au mariage avec enfants elle préfère vivre de sa plume, sans attaches. Mais est-ce vraiment son rêve ? Sa meilleure amie Zikora, qui a toujours voulu être mère, réussit à trouver le parfait alter ego, mais sera-t-il à la hauteur ? Quant à Omelogor, cousine de la première, femme d'affaires brillante, elle rêve de combattre les injustices faites aux femmes et plaque tout pour reprendre des études aux États-Unis. Et puis il y a Kadiatou, domestique adorée de Chiamaka, fine cuisinière et tresseuse hors pair. Son rêve américain se réalise quand un hôtel de luxe l'embauche comme femme de chambre, pour le meilleur et surtout pour le pire. Les rêves des femmes seraient-ils plus difficiles à atteindre ? Dix ans après le succès planétaire d'Americanah, la grande Adichie signe un magnifique nouveau roman, ample et saisissant. En mêlant avec brio sujets profonds et frivolité, drames et douceur, L'inventaire des rêves bouleverse autant qu'il amuse. Car si ces quatre héroïnes inoubliables aiment rêver d'amour, papoter pendant des heures, partager plats savoureux et plaisanteries, elles sont aussi et avant tout des femmes noires qui, chacune à sa manière, doivent questionner l'impact qu'a leur couleur de peau sur leur parcours, et sur le regard des autres.
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Ivan et Peter, deux frères que les années ont éloignés, se retrouvent à la mort de leur père. Ivan, vingt-deux ans, est un brillant joueur d'échecs, ultrasensible et solitaire. Peter, juriste renommé de Dublin, est un trentenaire aux multiples conquêtes. Tous deux vivent des amours périlleuses pendant ce moment délicat du deuil, intermède de vie où la fragilité n'exclut pas l'aventure. Avec Intermezzo, l'Irlandaise Sally Rooney signe un nouveau roman sensuel et fascinant dans la veine de Normal People, où les personnages se mettent à nu, les couples se font et se défont dans une délicieuse confusion des sentiments.
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Au chevet de son père mourant, Atara recueille les propos confus de cet homme qui l'a élevée avec sévérité. Il l'appelle Rachel, du nom de sa mystérieuse première épouse, s'adresse à elle par une vibrante déclaration d'amour. Troublée, Atara retrouve sa trace et réveille chez cette femme âgée un douloureux passé dans la lutte armée clandestine. Rachel n'a rien oublié de ces années de résistance contre les Anglais, avant la fondation de l'État d'Israël, et surtout pas le prénom de celle qui aujourd'hui se présente à elle. Mais de qui Atara porte-t-elle le nom ? La rencontre de ces deux femmes bouleversera de façon inattendue leur existence et liera à jamais leur destin. En sondant magistralement l'âme humaine, Zeruya Shalev montre comment l'histoire collective d'une société fracturée bouscule les liens privés. De sa plume délicate et précise, elle interroge la parentalité, le couple, mais aussi la culpabilité et les silences qui régissent nos vies.
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Le livre des anges/Six fois sept
Ludmila Oulitskaïa, Sophie Benech
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 10 Avril 2025
- 9782073040404
Nous ne le savons pas forcément, mais nous autres, humains, sommes entourés d'anges qui vont et viennent selon les moments de notre existence. Qu'ils soient grimés en pigeons perchés sur une branche d'arbre ou aux côtés de deux amies âgées se rendant sur la tombe de leur défunt mari, ces êtres sont des compagnons surprenants et précieux, capables de nous escorter délicatement lorsque notre temps sur terre touche à son terme. Nimbées d'une lumière douce aux accents magiques, ces histoires de Ludmila Oulitskaïa nous présentent des scènes du quotidien traversées par une profondeur étonnante : et si notre monde d'humains était doublé de celui des anges ? Avec un regard plein de tendresse pour ses semblables, mais non dénué de mordant et d'humour, la grande écrivaine russe nous invite à considérer autrement le passage des jours et notre condition mortelle, et à y laisser filtrer une nouvelle lueur, celle de ces présences mystérieuses.
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La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville... Un roman envoûtant sur la corruption de l'innocence, l'histoire d'un coeur simple sacrifié au bûcher du génie.
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Nageurs et nageuses de cette piscine que tous appellent là en bas ne se connaissent qu'à travers leurs routines et petites manies, et les longueurs, encore, encore. Ils y viennent à heure fixe pour se libérer des fardeaux de là-haut.Alice, tout spécialement, trouve un grand réconfort dans sa ligne de nage. Et puis un jour, une fissure apparaît au fond, dans le grand bain, en préfigurant d'autres, celles de son cerveau. Pour elle, l'inéluctable fermeture résonne comme un clap de fin. Remontent alors à la surface des souvenirs de jadis, de l'internement dans un camp pour Nippo-Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, d'une enfant perdue très tôt, pourtant si parfaite... Mais Alice oublie chaque jour un peu plus.Là où il faudra bien se résoudre à l'enfermer, sa fille essaie de sauver quelques lambeaux du paysage fracturé qu'est devenue leur relation lacunaire.
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Maria, jeune libraire habitant à New York, porte un prénom féminin depuis quelques années seulement. Depuis qu'elle a eu le courage de fuir la ville paumée de Pennsylvanie où elle a grandi. Depuis qu'elle s'est enfin affranchie du corps assigné à sa naissance pour vivre en tant que femme, au grand jour. Cependant, malgré sa transition si libératrice, Maria ne peut s'empêcher de sentir que sa vie lui échappe. C'est alors que sur un coup de tête, elle décide de prendre la route, direction le Grand Ouest. Et si partir à l'improviste pouvait lui permettre de mieux se retrouver ? Premier roman devenu culte aux États-Unis, Nevada nous embarque dans un foisonnant et explosif voyage intérieur qui explore toute la complexité d'une transition, avec sensibilité et mordant.
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Le roman, publié en 1925, raconte la journée d'une femme élégante de Londres, en mêlant impressions présentes et souvenirs, personnages surgis du passé, comme un ancien amour, ou membres de sa famille et de son entourage. Ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l'immobilité. La qualité la plus importante du livre est d'être un roman poétique, porté par la musique d'une phrase chantante et comme ailée. Les impressions y deviennent des aventures. C'est pourquoi c'est peut-être le chef-d'oeuvre de l'auteur - la plus grande romancière anglaise du XXe siècle.
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L'année du singe se présente à la fois comme un récit de voyage à travers la Californie, l'Arizona, le Portugal et le Kentucky, un fantastique carnet de rêves et de conversations imaginaires, et une méditation lucide sur le passage du temps, le deuil et la compassion. Au fil de ses déambulations solitaires, Patti Smith déroule l'année 2016, l'année charnière de ses soixante-dix ans. Le souvenir des lieux se mêle au paysage intérieur de l'artiste, et tout ce qu'elle a vu, rêvé ou lu, coexiste dans ce pays des merveilles tout personnel. Elle croise ainsi un cortège de fantômes aimés et admirés, parmi lesquels Roberto bolano, Jerry Garcia, mais aussi, et surtout, deux amis chers au crépuscule de leur vie : le dramaturge Sam Shepard et le producteur de musique Sandy Pearlman.Patti Smith tisse avec pudeur et mélancolie la toile de cette année singulière marquée par des bouleversements intimes et politiques, sans jamais s'abandonner à l'apitoiement ni au désespoir. Elle célèbre au contraire l'art et les pouvoirs de l'imagination, offre sa sagesse optimiste et sa finesse d'esprit, rappelant, s'il en était besoin, qu'elle est l'une des créatrices les plus talentueuses de notre temps.
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Le chemin de la frontière
Grete Weil, Olivier Le Lay
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 10 Avril 2025
- 9782073014986
Monika est une jeune femme éprise d'idéal qui grandit en Bavière au début du XXe siècle. Esprit curieux et grande lectrice, elle épouse Klaus, comme elle issu de la bourgeoisie juive et passionné de philosophie. Mais les premières années de leur mariage sont loin de ce qu'ils avaient imaginé : autour d'eux gronde la menace nazie, qui s'étend progressivement et envahit leur quotidien. D'abord enclins à minimiser le danger ou à supposer qu'il ne les concernera pas, ils comprennent tardivement, quand Klaus est arrêté, que le piège s'est refermé sur eux aussi. Cachée à Amsterdam pendant l'hiver 1944 et alors que la guerre n'est pas encore finie, Grete Weil s'inspire de sa vie et transpose en un roman tragique son histoire d'amour brisée par la peste brune. En son centre le personnage de Monika, qui chemine vers la conscience politique et conserve son goût pour la vie en dépit de ce qui brise les existences, nous touche au coeur. Posant la délicate question de la responsabilité de chacun dans l'Allemagne nazie, Le chemin de la frontière est un livre d'une impressionnante clairvoyance qui n'a été publié en allemand qu'en 2022. Sa traduction en français, quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est un événement littéraire de premier ordre.
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101 façons de tuer son mari : Variations
Claire Saint-Germain, Laura Lindstedt
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 27 Mars 2025
- 9782073019981
Laura Lindstedt et Sinikka Vuola sont parties d'un fait divers réel, un maricide commis en Norvège en 1981, au cours duquel la Finlandaise Anja a tué d'un coup de fusil son mari Thorvald, après dix-huit ans de violences conjugales. L'accusée a été acquittée et le mari mort a été déclaré coupable par la justice. Dans ces 101 façons de tuer son mari, elles ont choisi d'utiliser 101 formes littéraires connues pour rendre compte du crime. Pour réaliser ces variations, elles ont employé des techniques de l'Oulipo et écrit certains chapitres «dans le style de», en s'inspirant notamment de Gertrude Stein, Franz Kafka, Nathalie Sarraute et François Rabelais. Les autrices ont également recouru à des imitations parodiques de diverses manières de parler, comme le «Féminisme intersectionnel» ou le «Commentaire sportif», et de parties d'ouvrage même, telles que la «Table des matières» ou les «Notes de bas de page». Les formes de la narration de 101 façons de tuer son mari, tour de force stylistique, permettent de mettre en lumière la tragédie, qui échappe ainsi à la fois à l'effacement et au voyeurisme social. Ces variations nous invitent, collectivement, à nous reposer des questions fondamentales : de quels sujets parlons-nous, et de quelle façon ? Comment la manière dont nous écrivons les modifie-t-elle ?
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Elles sont quatre : il y a Nene la romantique, Ira la cérébrale, Dina l'idéaliste et Keto l'observatrice. Voisines depuis l'enfance, elles grandissent ensemble à Tbilissi, en Géorgie, au moment où l'Union soviétique s'effrondre et où se pose la question de l'avenir de leur pays. Chacune à leur manière, les quatre amies vont faire l'expérience de l'amour, de l'espoir, de la déception, de la trahison, et être confrontées aux conséquences, dans leur vie privée, de ces événements politiques et historiques qui feront bifurquer à jamais leurs existences. Très attendu après le succès de La huitième vie, ce nouveau roman au souffle épique confirme que Nino Haratischwili est l'une des autrices les plus talentueuses de sa génération. La lumière vacillante nous entraîne aux côtés de personnages féminins inoubliables, mus par la passion et habités par des idéaux qui se heurtent à la cruauté de l'Histoire.
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Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe
Chimamanda Ngozi Adichie
- Gallimard
- Hors Série Littérature
- 24 Mars 2017
- 9782072721977
«Je suis convaincue de l'urgence morale qu'il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l'égard des femmes et des hommes.» À une amie qui lui demande quelques conseils pour élever selon les règles du féminisme la petite fille qu'elle vient de mettre au monde, la grande romancière Chimamanda Ngozi Adichie répond sous la forme d'une lettre. Puissante et touchante, cette missive prend vite la tournure d'un manifeste. L'autrice nigériane examine ici, non sans humour, les situations concrètes qui se présentent aux parents d'une petite fille tout en expliquant comment déjouer les pièges que nous tend le sexisme, à travers des exemples fort vivants. Devenu une référence, ce texte s'adresse à tous : aux hommes comme aux femmes, aux parents en devenir et à l'enfant qui subsiste en chacun de nous. Tous peuvent y trouver les clés permettant d'adopter une ligne de conduite féministe pour «imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants».
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M, romancière entre deux âges, s'est isolée du monde en s'installant avec son second mari au bord d'une côte océanique spectaculaire. Sur sa propriété baignée d'une lumière splendide et entourée de marais, le couple possède une dépendance soigneusement reconvertie en résidence d'artistes. M n'a qu'un rêve : y accueillir un jour L, un peintre à la renommée mondiale, qu'elle admire.Quand il finit par accepter son invitation, M jubile. Cependant, elle déchante vite car L n'arrive pas seul - une ravissante jeune femme est à son bras. Entre-temps, la fille de M et son compagnon ont également débarqué. Les trois couples doivent alors cohabiter dans ce cadre certes enchanteur, mais qui va devenir le théâtre de multiples tensions.D'une plume ciselée, Rachel Cusk crée un huis clos piquant et fascinant que l'on découvre en se plongeant dans le flot de pensées de M, une Mrs Dalloway des temps modernes. Entre désirs étouffés, orgueil artistique et illusions déçues, La dépendance décortique avec beaucoup de malice le large éventail des rapports humains et la légitimité de la vocation artistique.
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Une merveilleuse arithmétique de la distance : Poèmes 1987-1992
Audre Lorde
- Gallimard
- L'Imaginaire
- 17 Avril 2025
- 9782073038944
«Noire, lesbienne, mère, guerrière, poétesse», c'est ainsi que se présentait Audre Lorde (1934-1992), grande poétesse militante afro-américaine. Présentée ici dans une édition bilingue, cette Merveilleuse arithmétique de la distance exprime sans fard les différentes facettes d'une femme en mouvement, en quête de libération et de sororité. Parfois sensuels, érotiques, ses mots se font soudain politiques, échos des luttes sociales. Écrit pendant sa lutte contre un cancer du sein, ce recueil posthume est un condensé du souffle lumineux et de la force de la langue de l'autrice. Empreinte de mélancolie et de fureur, sa parole caresse autant qu'elle s'élève, telle une vague furieuse, plurielle et inspirante. Dans le poing brutal du défi l'avenir ne se fait pas attendre. Va te coucher avec nos mots fais-en des rêves choisis ceux que tu veux écris-nous un poème. Cet ouvrage se veut la somme d'un travail collectif : il a été traduit à quatre mains par Providence Garçon et Noémie Grunenwald, et est accompagné des textes lumineux d'Alice Diop, Fatou S., Kiyémis et Mélissa Laveaux.
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Anna Akhmatova publie son premier recueil en 1912 et s'impose très tôt comme une virtuose de la petite forme lyrique. Classée comme «acméiste» ou «intimiste», elle est plus authentiquement quelqu'un qui cultive un style simple, rigoureux, d'un classicisme qui l'apparente à Pouchkine, même si chez elle toute idée d'imitation est exclue. Après la révolution d'Octobre, elle refuse d'émigrer, quoique suspecte aux autorités nouvelles qui vont, peu à peu, l'interdire de publication. En 1940, cette interdiction est momentanément levée et Anna Akhmatova publie plusieurs poèmes sur la guerre, mais non les textes qui lui tiennent le plus à coeur, comme Requiem ou les suites de poèmes brefs qui évoquent les arrestations massives et le goulag. À nouveau condamnée au silence dès la fin de la guerre, elle continue de composer pour elle-même des textes plus amples comme les «Élégies du Nord», et toujours des suites de textes brefs. Elle n'obtiendra jamais l'autorisation de donner au public un «septième livre» qui réunirait ses écrits récents et prendrait la suite des six recueils publiés dans sa jeunesse. Cette anthologie aborde l'oeuvre dans son entier. Elle puise dans les premiers livres, donne in extenso Requiem et le Poème sans héros, puis reprend à son compte un plan ébauché par la poétesse pour son fantomatique «Septième livre». C'est tout le parcours d'Anna Akhmatova qui est ici restitué, c'est un demi-siècle de combat solitaire, acharné, douloureux, mais au final sans faiblesse, qui se révèle page à page. Une poésie fragile et souveraine qui, confrontée aux risques les plus grands, ne renonce jamais, et célèbre avec une rare intensité les pouvoirs d'une parole irréductible.
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Secs, sans cavalier, les mots Et leur galop infatigable Quand Depuis le fond de l'étang, les étoiles Régissent une vie. «Ariel, génie de l'air de La Tempête, de Shakespeare, est aussi le nom du cheval blanc que montait à l'aube dans le Devon, en Angleterre, l'un des plus extraordinaires poètes du XX? siècle, Sylvia Plath, aux derniers mois de sa courte vie. Ariel, borne décisive marquant un avant et un après, parole intense jusqu'à la rage parfois, question de vie ou de mort. Ariel, jusqu'au bout, l'extrémité du dernier souffle.» Valérie Rouzeau.
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Hannah, Cate et Lissa sont jeunes, impétueuses, inséparables. Dans le Londres des années 90 en pleine mutation, elles vivent ensemble et partagent leurs points de vue sur l'art, l'activisme, l'amour et leur avenir, qu'elles envisagent avec gourmandise. Le vent de rébellion qui souffle sur le monde les inspire. Leur vie est électrique et pleine de promesses, leur amitié franche et généreuse. Puis les années passent, et à trente-cinq ans elles ne sont pas celles qu'elles s'imaginaient être. Entre la remise en cause de leur indépendance, des carrières plus ou moins épanouissantes et des mariages chancelants, toutes trois sont insatisfaites et chacune convoite ce que les deux autres semblent posséder. Qu'est-il arrivé aux femmes qu'elles étaient supposées devenir ? Dans ce roman tout en nuances sur les différentes facettes de l'amitié au fil du temps, Anna Hope tisse avec élégance et délicatesse la vie de ces trois héroïnes contemporaines. Elle sonde les différentes façons de trouver son identité de femme, mais aussi de mère, de fille, d'épouse ou d'éternelle rebelle, et explore cet interstice entre les espérances et la réalité, cet espace si singulier fait de rêves, de désirs et de douleurs où se joue toute vie.
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«Expat'» installés dans les Balkans et Macédoniens en exil se croisent dans l'entrelacs de ces histoires, qui toutes mettent en scène des moments de séparation, de découverte ou de retrouvailles avec un lieu. Que ce soit volontairement ou contre leur gré, les personnages de ces nouvelles quittent une terre pour tenter d'en trouver une autre, qui serait plus accueillante. Hélas pour eux - mais heureusement pour nous -, il n'en est rien, et ces déplacements sont l'occasion d'une étude acérée, qui va du désopilant au tragique, des conséquences personnelles et politiques de ces exils contraints ou fantasmés. Après le succès de Mon cher mari (Gallimard, 2022), le talent de Rumena BuZarovska se déploie de nouveau dans cette mosaïque de voyages et de déracinements, confirmant que sa plume est l'une des plus prometteuses de sa génération.
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Dans une ville de province russe, le corps sans vie du ministre Andreï Liamzine est retrouvé sous la pluie battante. Qui a bien pu vouloir l'éliminer ? Sa mort est le point de départ d'une enquête parsemée de turbulences et ressemblant surtout à une chasse aux sorcières dans une petite société locale gangrenée par la séduction du pouvoir. Tous les personnages qui ont gravité autour de Liamzine vont tenter de se disculper, essayant de grappiller au passage quelque privilège ou protection supplémentaire. Au fil des jours, l'enquête va lever le voile sur chacun des cercles de cette ville où la corruption règne en maître. Roman prémonitoire, Sentiments offensés offre un portrait féroce de la société russe contemporaine, combinant brillamment comédie satirique et peinture réaliste, et nous interroge à la fois sur le passé et l'avenir de ce pays.
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Fragments d'un tout : Oeuvres choisies
Ludmila Oulitskaïa, Bernard Kreise, Sophie Benech
- Gallimard
- Quarto
- 10 Avril 2025
- 9782073084309
Née en 1943, Ludmila Oulitskaïa, figure de proue de la littérature russe contemporaine, en embrassant tous les genres littéraires, compose un tableau de la Russie marquée par les tragédies du XXe siècle. Son écriture concise révèle les dimensions cachées de chaque destin - en particulier celui des femmes -, les émotions éprouvées, sonde les âmes autant que les corps. D'une justesse saisissante, elle déploie des images visuelles, poétiques, des situations cocasses ou tragi-comiques, pour rendre compte des relations entre les personnages, en lutte pour leur survie et leur liberté... Avec finesse et une touche d'humour noir, Ludmila Oulitskaïa dépeint les visages trop humains du totalitarisme, du nationalisme ou de l'antisémitisme.
Grâce à des documents «sauvés» d'un exil forcé et un choix d'oeuvres de son mari, l'artiste Andreï Krassouline, cette édition retrace l'itinéraire d'une autrice exceptionnelle, convoquant ses modèles, rappelant son attachement au passé qui lui procure force et sens moral, son entrée en littérature, les épreuves qui nourrissent son écriture, véritable pont tendu entre sa vie et son oeuvre. -
L'iris sauvage / meadowlands / averno
Louise Glück
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 16 Novembre 2023
- 9782072944130
Louise Glück compte depuis longtemps parmi les voix majeures de la poésie américaine contemporaine. Elle avait déjà publié douze recueils de poèmes et deux essais sur la poésie lorsqu'elle reçut le prix Nobel de littérature en 2020. Le lecteur découvrira grâce à ce volume rassemblant L'iris sauvage, Meadowlands et Averno, en version bilingue, comment depuis son premier livre, Firstborn, paru en 1968, la poète n'a eu de cesse de réinventer son art à chacun de ses recueils, conçus comme de véritables compositions polyphoniques. Une préface inédite de la traductrice et universitaire spécialiste de Glück en France, Marie Olivier, viendra éclairer cette oeuvre singulière, dont le lyrisme s'apparente à «une traversée et une mise à l'épreuve du corps, celui du texte, mais aussi le nôtre, fait de chair et de sang, [...] traversé par toute la gamme des émotions humaines, dans toute leur simplicité, leur fugacité, et leur profondeur.»
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Je suis un volcan criblé de météores
Etel Adnan
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 23 Novembre 2023
- 9782073042163
Si Etel Adnan, née en 1925 à Beyrouth et morte en 2021 à Paris, a tardivement rencontré une notoriété internationale comme peintre, elle a été dès sa jeunesse et sa vie durant une poétesse prolixe, engagée, aux voix multiples, car nourrie aux nombreuses cultures, langues et traditions dont elle est issue : fille d'un turc et d'une grecque, élevée à Beyrouth et éduquée en Français, elle s'installe longtemps aux États-Unis puis en France, et donc, franco-américano-libanaise, écrit en trois langues. Yves Michaud a composé pour en rendre compte une anthologie qui couvre une période de cinquante ans, de 1947 à 1997, et permet au lecteur de découvrir ce vaste continent poétique où s'énoncent les drames de l'histoire autant qu'une vision cosmique et une spiritualité athée. Vaste, libre et nomade, cette poésie s'affranchit de tout formalisme, de toutes les modes et impose une voix fervente et lucide, sans équivalent dans notre temps.
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Mrs Dalloway et autres écrits
Virginia Woolf
- Gallimard
- Bibliothèque De La Pléiade
- 27 Février 2025
- 9782073098559
1925, 1928, 1929. Mrs. Dalloway, Orlando, Une pièce à soi. Un roman ; une biographie, autre forme de roman, surtout quand le personnage biographé est imaginaire ; un essai enfin, qui expose en particulier les raisons pour lesquelles la soeur de Shakespeare n'a pu écrire les pièces de son frère (ce n'est pas seulement parce qu'elle n'a pas existé), et, plus généralement, les conditions matérielles qui doivent être réunies pour qu'une femme puisse se consacrer à l'écriture.
Mrs. Dalloway et Orlando sont deux romans aussi différents que complémentaires. Le premier, que Woolf pensa longtemps intituler Les Heures, se déroule à Londres en un jour, qui est la grande journée de Clarissa Dalloway, et le dernier jour de Septimus Warren Smith. Le second, qui aurait pu s'intituler Les Siècles, court sur 350 ans, et jusqu'en Turquie. D'abord appelé à la cour d'Elizabeth Ire, un jeune aristocrate se réveille un jour femme, au siècle suivant ; à la fin du livre - en octobre 1928 -, elle est trentenaire, mariée, et elle a fait paraître «Le Chêne», un poème auquel elle - ou plutôt il puis elle - travaillait depuis 1586. «Dans chaque être humain se produit une oscillation d'un sexe à l'autre...»
Très vite, la France s'intéresse à ces romans. Louis Gillet prend prétexte d'Orlando pour consacrer à Woolf une étude dans la Revue des Deux Mondes. Il a compris à quel point la question de la création féminine lui importe, mais l'éloge a ses épines : le grand livre, selon lui, c'est Ulysse. (Woolf allait longtemps être comparée à Joyce, et plus encore à Proust, que le mari de Vita Sackville-West tenait d'ailleurs pour le plus grand des romanciers anglais.) «Orlando est un ravissant bibelot d'étagère, et jolies choses ou jolies femmes sont à leur place dans un salon.» Le hasard des dates est cruel : nous sommes en 1929, Gillet ignore encore qu'Une pièce à soi (une pièce qui n'est pas le salon) apporte une réponse cinglante à son appréciation. Mais cet essai est un manifeste littéraire aussi bien que social, et une composante essentielle de l'art poétique que Virginia Woolf construit texte après texte.
Quant à Mrs. Dalloway, elle aurait donc cent ans. On a peine à le croire. Le livre, lui, est toujours aussi neuf, ce qui n'est pas le cas de tous les romans «expérimentaux». Il est vrai qu'il ne se résume pas à l'usage virtuose d'une technique narrative, si nouvelle soit-elle. Y coexistent la vie et la mort, la raison et la folie, la durée et les instants, «le temps qui se marque sur l'horloge et le temps qui réside dans l'esprit» (Orlando).
La lumineuse préface de Gilles Philippe éclaire les ouvrages ici réunis, trois moments forts dans une période d'écriture décisive pour Virginia Woolf. Une pièce à soi entre au catalogue de la Pléiade dans une traduction inédite de Laurent Bury.