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La splendide promesse : Mon itinéraire républicain
Danièle Sallenave
- Gallimard
- Blanche
- 27 Février 2025
- 9782073098412
Je suis une enfant des années d'après-guerre, élevée dans l'amour de la république, de ses principes, de ses symboles et de ses mythes au coeur de l'Ouest conservateur et clérical. Qu'ai-je fait de cet héritage, et qu'a-t-il fait de moi ? Je ne me donne pas en exemple, je raconte. Mon itinéraire, mon parcours dans une époque mouvementée. Fin de la guerre d'Algérie, mai 68, découverte du tiers-monde, chute du Mur, sursauts populistes d'une France en proie au mécontentement et au doute... Une rude mise à l'épreuve de l'idéal républicain. Des voyages, des rencontres, des engagements, des amitiés, des ruptures. Et pour finir une conviction têtue. La république n'est rien si elle oublie «la splendide promesse faite au tiers état», selon la formule de Mandelstam. Une promesse de justice, d'instruction et de progrès. D. S.
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Des rivières sauvages, des vallées sombres, des gorges, des torrents, des cascades, et, au creux des collines, un lac immense : dans un récit autobiographique, Françoise Chandernagor nous décrit la Creuse, pays des sources et des eaux qui inspira Claude Monet. Pauvre, secrète et longtemps inaccessible, cette région du Massif central - dont, pendant trois siècles, les fils devaient migrer chaque printemps vers des chantiers parisiens pour survivre -, cette terre granitique vouée au chêne et au genêt, fut le paradis de son enfance. Une enfance à demi paysanne, placée sous l'égide d'un grand-père lui-même "maçon migrant". Dans un hameau de dix-sept feux, une enfance libre et buissonnière qui est à l'origine de sa vocation d'écrivain. À travers le sort de ceux qu'elle a connus dans son village, et les changements économiques ou climatiques violents de ces dernières années, Françoise Chandernagor, avec son art de conteuse, montre la transformation de cette "île" hors du temps, son île battue des vents où, longtemps, on n'arrivait qu'à pied : "Eux savaient où était caché l'or vrai, et ils se promettaient qu'un jour ils reviendraient vers leurs landes familières, reviendraient dans leur village sans route, perdu entre Limoges et Clermont, pour y contempler chaque été, et jusqu'à en être aveuglés, les paillettes de soleil que nos vents fous arrachent aux rivières."
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« Arrêtez. Il y en a trop. Ça n'est plus crédible.
J'ai beau savoir, et ma cousine a beau me fournir de son côté des informations toutes plus criantes de vérité, je refuse de continuer l'inventaire. La nausée me prend, la tête me tourne.
Ils sont trop nombreux, c'est trop systématique. Et pourtant jamais pareil.
Pourquoi tenter de reconstituer la généalogie de ces chaînes d'abus, de meurtres psychiques, de saccage, pourquoi se faire du mal en cherchant à s'approcher au plus près de ce qui s'est vraiment passé? Parce qu'il faut raconter ce que ces gens si bien élevés, ces bons bourgeois français, se sont autorisés à faire subir à leurs rejetons, petits, fragiles, tellement dépendants d'eux. Et tâcher de le dire dans le détail. Omettre ou minimiser la réalité serait encore ménager les agresseurs. Il faut aussi essayer de comprendre, analyser. Expliciter comment sur quatre générations - et je n'écris peut-être que pour stopper la malédiction -, en toute impunité, tant de personnes ont instrumentalisé, maltraité leurs enfants, sans jamais être inquiétées.
La loi des grands nombres me délie soudain de ma peur, de mes hontes et du silence imposés. » A l'issue de la parution de Noces de charbon à l'automne 2013, une cousine lointaine de Sophie Chauveau prend contact avec elle, éberluée de constater que la romancière semble avoir subi une enfance et une adolescence similaires à la sienne, c'est-à-dire totalement saccagées par les comportements incestueux de leurs pères. Cette coïncidence fait tristement écho à des rumeurs entendues dans leurs familles respectives sur des ancêtres eux-mêmes soupçonnés de crimes sexuels. Elles commencent alors une sorte d'enquête, épouvantable et nécessaire inventaire dressant peu à peu la liste d'une telle quantité de pervers et de victimes dans cette famille hors normes que leur témoignage unique et édifiant prend une force inouïe.
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«Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres», disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du «couple existentialiste» (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de «totalité». Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. «On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter.» Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : «devenir un écrivain célèbre». Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du «Castor» de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. «Répertoire des rêves d'une génération», embrassant la presque totalité du XX? siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. «Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous.» Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop «intellectuelle». C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
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«Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres», disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du «couple existentialiste» (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de «totalité». Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. «On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter.» Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : «devenir un écrivain célèbre». Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du «Castor» de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. «Répertoire des rêves d'une génération», embrassant la presque totalité du XX? siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. «Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous.» Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop «intellectuelle». C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
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« Chaque jour est précieux, parce que nous respirons encore pour rester attentifs, chacun à notre façon, émus par la lumière qui tombe sur une haute branche, la table de travail le matin, la tombe d'un poète bien-aimé. » Un livre de jours retrace en photos une année de vie dans l'univers de Patti Smith. Chaque jour est l'occasion de découvrir un nouveau cliché de l'autrice ou de sa collection. De sa guitare favorite à des images de son enfance en passant par son édition rare d'Une saison en enfer ou un portrait d'Allen Ginsberg, nous plongeons de manière ludique et esthétique au coeur du monde fascinant d'une artiste culte qui se dévoile ici comme jamais. Accompagnés de légendes pleines d'esprit et de douceur, les 366 visuels, poétiques, tendres et souvent nostalgiques, sont aussi une célébration de la vie et de toutes les petites réjouissances qu'elle offre chaque jour. Pour rendre hommage à la France et à ses lecteurs français qui lui sont si chers, Patti Smith a personnalisé cette édition avec une préface et des photos inédites.
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À la mort de ses parents, Niki de Saint Phalle entame l'écriture d'un cycle autobiographique. Elle explore la mémoire familiale à la recherche de réponses à rebours du temps, fouillant l'Histoire depuis la Grande Dépression jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de sa naissance à son mariage avec Harry Mathews. Traces constitue l'un des trois temps de ce projet intime dans lequel l'artiste nous invite. Dans un style volontairement naïf, elle raconte ses parents, New York, les châteaux, l'enfance, la guerre, les jeux, les joies, les rêves et les peines. Les drames n'apparaissent qu'entre les lignes ; le traumatisme initial est partout et nulle part à la fois. Dans ce vrai livre-trésor, Niki de Saint Phalle nous offre en dessins, en photos et autres merveilles colorées les clés de son imaginaire. Bien plus qu'une autobiographie illustrée, Traces est un portrait artistique d'une grande délicatesse, un tête-à-tête intime avec l'une des plus grandes artistes du XX? siècle.
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Dans un récit intime en forme de confession, Dominique Bona retrace sa vie d'écrivain, à la fois romancière et biographe. Elle dévoile ses émotions, ses sentiments et les rencontres qui ont construit sa propre identité. Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette:elle raconte la part cachée de ses livres, les enquêtes pleines de risques et d'embûches, les coups de foudre, les hasards et les désillusions qui ont fait de chacun d'eux une histoire personnelle. Si elle convoque avec tendresse et humour les personnages de sa famille imaginaire, c'est elle que l'on découvre, sous le masque que tout écrivain s'impose, dans cette autobiographie d'une biographe passionnée.
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Mémoires Tome 1 et Tome 2
Simone de Beauvoir
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 17 Mai 2018
- 9782072780592
Coffret de deux volumes vendus ensemble
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Moteur ! Elles tournent : Coffret trois titres
Chantal Akerman, Alice Guy, Agnès Varda
- Gallimard
- L'imaginaire
- 5 Octobre 2023
- 9782073038630
La collection « L'Imaginaire » / Gallimard met à l'honneur les réalisatrices dans ce coffret réunissant trois destins hors du commun : Chantal Akerman, Alice Guy et Agnès Varda.
Trois cinéastes pionnières qui se sont battues pour la liberté de créer, et s'affranchir des codes, trois voix qui ont marqué à jamais l'histoire du cinéma. Avec les préfaces de Sabine Lancelin, Inès Tabarin, Céline Sciamma, Nathalie Masduraud, Valérie Urrea, Audrey Diwan et Véronique Le Bris. -
«Dans ce livre, il est question d'une vie brève. Pas de celle d'un inconnu choisi au hasard, parce que j'aurais vu sa photo, son sourire, dans un vieux journal, mais celle de mon père, Maurice Audin. Peut-être avez-vous déjà croisé son nom. Peut-être avez-vous entendu parler de ce que l'on a appelé l'affaire Audin. Ou peut-être pas. Je le dis d'emblée, ni le martyr, ni sa mort, ni sa disparition ne sont le sujet de ce livre. C'est au contraire de la vie, de sa vie, dont toutes les traces n'ont pas disparu, que j'entends vous parler ici.»
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«C'était déjà la féminisation de la pauvreté, l'insécurité sexuelle et la montée des intégrismes qui avaient motivé, la première édition de ce recueil. Le constat négatif que je faisais alors, loin d'être obsolète, est plus que jamais d'actualité. Les nouveaux textes de cette réédition attestent une régression, une contre-libération menaçantes. [...] Libérer à sa source la libido creandi des femmes, c'est lancer un défi permanent à cette guerre et s'ouvrir à la géni(t)alité des deux sexes. Se souvenir que le premier environnement de chaque humain est un corps vivant, parlant ; se souvenir qu'on naît d'une femme (et aussi d'un homme) et en éprouver de la gratitude, c'est abolir un ordre symbolique, tyrannique, hégémonique ; c'est vaincre l'addiction spéculaire de Narcisse, s'évader des dogmes et des illusions des religions du Livre ; c'est stopper la spéculation du Tout-marchandise, du Tout-profit ; mais c'est aussi, sans doute, commencer à penser. La gestation, hospitalité psychique autant que charnelle, comme paradigme de l'éthique, de la responsabilité et du don ? Génitrices, généalogistes, archéologues, archives et archivistes de l'espèce humaine, des femmes ont commencé à vivre leur nouvelle "condition historique", à inscrire la genèse d'une modernité tardive. C'est l'hypothèse positive que réaffirme cette nouvelle édition.» Antoinette Fouque.
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Plaisirs ; messages secrets ; entretiens avec Patricia Boyer de Latour
Dominique Rolin
- Gallimard
- L'infini
- 25 Avril 2019
- 9782072849053
«Avec Plaisirs, j'entrais dans le monde de Dominique Rolin, éblouie par son rire, son courage, ses obsessions et ses dons. Messages secrets est d'une toute autre nature. Elle m'embarque avec elle dans un voyage d'où l'on ne revient pas. Elle le sait, elle m'entraîne et elle sait ce qu'elle fait. Elle sait que je peux l'entendre. Sans hystérie et sans pathos. J'entre dans son rêve. J'en suis la dépositaire. Je dois en transmettre les messages secrets. Je me fais traductrice d'une métaphysique concrète. Je redessine à l'infini l'espace de sa liberté. Et ensemble, nous nous approchons du miroir, le plus près possible de cet inconnu impensable où elle me précède.» Patricia boyer de Latour.
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Le 22 novembre 1906, la jeune Virginia Stephen adresse quelques lignes respectueuses à un ami de son frère (" Cher Mr. Strachey, nous aimerions tant vous voir, si vous pouviez nous rendre visite un jour prochain. Dimanche qui vient vous conviendrait-il, vers six heures du soir ? Vanessa va beaucoup mieux et aimerait vous parler. "). Vingt-cinq ans plus tard - l'arc de temps que couvre le présent volume -, ils sont l'un et l'autre célèbres, et à la tête d'oeuvres qui marquent déjà l'époque. Il est le démystificateur féroce du siècle de Victoria, et l'auteur d'essais lumineux sur la littérature, le théâtre et l'histoire ; elle a déjà publié plusieurs de ses oeuvres majeures, de La Chambre de Jacob à Mrs. Dalloway et La Promenade au phare. Ils s'entrelisent, se complimentent, se critiquent, évoquent leur quotidien, moquent les ridicules de l'infortunée Ottoline Morrell et disent tout le bien, et le mal, qu'ils pensent de ceux qui les entourent - de Roger Fry à E. M. Forster, via Keynes, Clive Bell ou Duncan Grant. Publié à l'origine dans une version largement censurée, pour ménager les susceptibilités de certains protagonistes, par Leonard Woolf et James Strachey, cet échange entre deux esprits aigus, et " pas toujours charitables ", offre une chronique fascinante du cercle de Bloomsbury, et paraît ici pour la première fois dans son intégralité, augmenté de lettres retrouvées depuis l'édition originale.
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Dans ce journal d'écrivain, l'essentiel qui revient à chaque page, ce sont les questions existentielles : la littérature et l'écriture, encore et toujours. Qu'est-ce que c'est, être un écrivain ? Une autre de ses qualités réside dans la profondeur des analyses littéraires des livres que lit VivianeForrester : Kafka, Virginia Woolf, Proust, Malcom Lowry. Par exemple, sur Hemingway : « lemonde est un grand hôtel dont les personnages d'Hemingway sont les clients ». Mais elle décèleaussi tout ce qu'il y a de faible, selon elle, chez Mauriac, d'un peu faux chez Sartre, Bataille,Blanchot... Nous sont présentées les années de l'Occupation, ineffaçables : les persécutions, la fuite à Pau puis à Madrid ; la figure du père, homme riche, puissant, redoutable. La période que couvre ce journal est celle où l'auteur, qui habite rue de Rivoli, en face des Tuileries, est mariée au peintre néo-zélandais John Forrester ; où leur couple, aussi, va se déliter. Les personnages du monde littéraire apparaissent, ce sont d'abord ceux qui publient chez ses éditeurs : Maurice Nadeau, Geneviève Serreau, les Dalmas... Octavio Paz, par exemple, est impliquée dans une scène de jalousie qui a pour protagonistes John Forrester, Bona, Viviane et Octavio. Puis survient le moment où les Forrester n'ont plus d'argent. Le peintre part pour l'Australie, mais, trop malheureux, revient aussitôt. Sans un sou de côté, Viviane Forrester raconte comment elle est obligée de faire des traductions et des critiques pour survivre. Un véritable récit se dégage de ces pages, où la vie passionnante de Viviane Forrester se révèle sous un jour très inattendu, qu'il s'agisse de la femme engagée dans sa passion pour l'écriture et pour les livres, ou de son mariage avec le peintre John Forrester, qui la propulse dans le bouillonnant milieu artistique de la fin des années 1960. Le style net et lumineux décrit sans complexe ces années difficiles et passionnantes où, bien que vivant dans une grande gêne financière, celle qui se sentait « écrivain avant la naissance » va enfin naître au monde qu'elle attendait ardemment, celui des gens de lettres.
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Trois femmes dans la révolution cubaine
Oscar Lewis, Ruth M. Lewis, Susan M. Rigdon
- Gallimard
- Temoins
- 16 Avril 1980
- 9782070201259
Monica, l'étudiante bourgeoise, devenue psychologue au service de la communauté, Pilar, ancienne prostituée réhabilitée par la révolution, Inocencia, bonne à tout faire issue d'un milieu rural : trois militantes cubaines de base. Elles nous font découvrir non seulement la lutte d'un peuple pour sa dignité, mais encore la difficulté d'être femme dans un société dominée par des valeurs masculines. Dans cette enquête posthume sur la disparition de la culture de pauvreté à Cuba à la suite de la victoire de Fidel Castro, Oscar Lewis, l'auteur des célèbres Enfants de Sanchez et de La Vida, ici secondé par Ruth Lewis et Susan Rigdon, nous livre, fidèle à sa méthode biographique, une histoire orale des années qui précédèrent le triomphe de la révolution castriste, ainsi que de la première décennie d'une société communiste latino-américaine, unique en son genre. Monica, Pilar et Inocencia nous parlent, dans un langage d'une franchise et d'une candeur bouleversantes, de la répression sauvage de la police de Batista, de la vie quotidienne dans les bordels de La Havane, du monde des ouvriers agricoles de la canne à sucre et de l'avènement d'une société nouvelle, à travers la vaste campagne d'alphabétisation, l'agitation étudiante et la mobilisation politique des comités de quartier.