Silvia Federici examine dans Réenchanter le monde la politique des communs à travers une perspective puisant dans les luttes des femmes actuelles et passées autour de l'accès à la santé et aux soins reproductifs.
Les mouvements de femmes actuels ainsi que les initiatives de groupes, communautés et peuples opprimés dans le monde proposent des alternatives collectives et conviviales au mode d'organisation capitaliste. Agricultrices vivrières du monde et « tisseuses de mémoire », les femmes construisent partout de nouvelles économies politiques fondées sur l'action collective et des formes coopératives de reproduction sociale. Au coeur de leur stratégie se trouvent les communs.
Silvia Federici revisite ce moment particulier de l'histoire qu'est la transition entre le féodalisme et le capitalisme, en y introduisant la perspective particulière de l'histoire des femmes.
Elle nous invite à réfléchir aux rapports d'exploitation et de domination, à la lumière des bouleversements introduits à l'issue du Moyen Âge. Un monde nouveau naissait, privatisant les biens autrefois collectifs, transformant les rapports de travail et les relations de genre. Ce nouveau monde, où des millions d'esclaves ont posé les fondations du capitalisme moderne, est aussi le résultat d'un asservissement systématique des femmes. Par la chasse aux sorcières et l'esclavage, la transition vers le capitalisme faisait de la modernité une affaire de discipline. Discipline des corps féminins dévolus à la reproduction, consumés sur les bûchers comme autant de signaux terrifiants, torturés pour laisser voir leur mécanique intime, anéantis socialement. Discipline des corps d'esclaves, servis à la machine sociale dans un formidable mouvement d'accaparement des ressources du Nouveau Monde pour la fortune de l'ancien.
Le capitalisme contemporain présente des similitudes avec son passé le plus violent. Ce qu'on a décrit comme barbarie et dont aurait su triompher le siècle de la raison est constitutif de ce mode de production : l'esclavage et l'anéantissement des femmes n'étaient pas des processus fortuits, mais des nécessités de l'accumulation de richesse. L'auteur nous invite à partager son regard d'historienne et de féministe sur la situation actuelle et sur ses mécanismes.
Le 14 juin 2019 a eu lieu, en Suisse, la deuxième grève nationale des femmes. Ces quatre textes s'inscrivent dans ce contexte. L'invisibilisation du travail reproductif et gratuit fournit par les femmes est une des raisons de la colère qui s'exprime aujourd'hui. Les quatre textes regroupés dans cet ouvrage mettent en lumière l'enjeu de ce travail pour les luttes féministes actuelles.
Quels sont les usages de la grève hors du travail marchand ? Comment mener une grève du travail domestique, du travail gratuit ou du travail du sexe ? Une grève permet-elle de valoriser/visibiliser ce travail tout en le contestant ? Peut-on lutter contre le patriarcat sans lutter contre le capitalisme ?
Notre monde est pris de vertige. Dans nos vies quotidiennes, un entrelacs d'abstraction, de virtualité et de complexité s'introduit avec l'invasion des nouveaux médias technologiques. Le Manifeste Xénoféministe façonne un féminisme adapté à ces réalités, en s'emparant de l'aliénation comme d'un levier pour générer de nouveaux mondes. Le naturalisme essentialiste empeste la théologie - le mieux est de l'exorciser au plus vite.
L'innovation technoscientifique doit s'assortir d'une pensée politique et théorique collective au sein de laquelle les femmes, les queers et ceux.celles qui ne se conforment pas aux normes de genre joueront un rôle sans précédent.