D'où tu parles ? : l'interjection bien connue des amphis de 1968 se trouve ici prise au sérieux, comme une invitation à dire non un état ou une situation, et moins encore un bilan, mais une trajectoire, une dynamique. Forte d'une oeuvre philosophique qui déploie les enjeux de la pensée féministe, Geneviève Fraisse relie ses différents points d'articulation - la redécouverte des révolutionnaires de 1848, les rapports femmes/raison, l'historicité des sexes, les notions de genre , de consentement ou d' habeas corpus - et ses résonances biographiques ou implications pratiques, avec le MLF d'abord et jusqu'au Parlement européen. Elle met ainsi en relief une conception de la recherche visant, loin des solutions toutes faites, à augmenter le problème .
Dès le XVIIIe?siècle, et plus encore au XIXe, des femmes sont des actrices de la presse écrite...
Dès le XVIIIe?siècle, et plus encore au XIXe, des femmes sont des actrices de la presse écrite. Revenant sur la manière dont elles ont réussi à s'infiltrer dans l'article politique, dans la chronique judiciaire ou dans le grand reportage, cet ouvrage propose un panorama des femmes journalistes, du XIXe?siècle à 1944. Pour faire passer leur prose, ces femmes ont parfois privilégié la narration, la fiction, l'écriture intime aussi. Elles ont dû inventer des pratiques, créer des postures, imposer des écritures. Subalternes elles-mêmes, elles ont par ailleurs souvent choisi d'enquêter sur les exclus. Il serait néanmoins caricatural d'affirmer l'existence d'un modèle unique de la femme journaliste qui s'opposerait à son pendant normatif masculin, car il existe une infinité de façons d'être femme journaliste.
Après l'octroi du droit de vote aux femmes françaises, les contraintes et les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes. Pourtant, l'univers de presse reste discriminant, comme en témoignent trois cas plus contemporains : Françoise Giroud, Marguerite Duras et Florence Aubenas.
La forêt est devenue depuis une dizaine d'années un sujet politique majeur de nos sociétés menacées par la crise environnementale et climatique. Les récents incendies, l'accélération de la déforestation inquiètent et mobilisent un nombre croissant de citoyens, d'élus et de scientifiques.
Séquestration du CO2, régulation des précipitations, réservoir de biodiversité... la forêt est indispensable à la survie de la planète et de l'humanité. Son prix n'est plus celui des arbres que l'on abat, que l'on vend pour faire du carton, du papier ou des meubles. Elle a une valeur intrinsèque qui doit être considérée comme telle et respectée.
En Europe, elle est le produit de dix millénaires d'aménagements, de coutumes, de codes, d'ordonnances et de lois, d'artisanats et surtout d'un imaginaire collectif forgé par les innombrables contes et légendes, signes identitaires, remis au goût du jour par le romantisme forestier du XIXe siècle.
Croisant écologie, archéologie et histoire, les notices de ce livre, courtes et précises, s'appuient sur une iconographie associant oeuvres d'art, photographies et schémas explicatifs. La connaissance de l'évolution des écosystèmes forestiers et de leurs relations avec les sociétés humaines au cours du temps constitue le fil d'Ariane de cet ouvrage.
Entre?1750 et?1850, l'univers des beaux-arts connaît de profondes mutations, dont l'une des conséquences est la banalisation d'une image positive de la "?dame artiste?" : des barrières s'abaissent, des contraintes se desserrent et la pratique de la peinture est rendue plus accessible aux femmes.
S'ouvre alors une période de créativité foisonnante associée aux noms - de moins en moins oubliés aujourd'hui - de Louise Élisabeth Vigée Le Brun, Adélaïde Labille-Guiard, Marie-Guillemine Benoist, Marguerite Gérard, Constance Mayer, Victoire Jaquotot, Lizinka de Mirbel, Rosa Bonheur...
Pourquoi les artistes femmes ont-elles bénéficié à cette époque de l'intérêt de leurs contemporains et de conditions de travail relativement égalitaires ? Pour le comprendre, cet ouvrage, centré sur le quotidien du travail de création, traite de la pratique des beaux-arts, de son organisation, de ses réalités professionnelles, institutionnelles et économiques. Il met en lumière comment s'est manifestée cette suspension relative et provisoire de l'infériorisation des femmes dans le monde de l'art.
Popularisée en 1910 dans le cadre du projet de recrutement d'une force noire en Afrique occidentale, la catégorie de race guerrière est utilisée dans l'empire colonial français des années 1850 à la fin de la Première Guerre mondiale...
Popularisée en 1910 dans le cadre du projet de recrutement d'une ?force noire? en Afrique occidentale, la catégorie de ?race guerrière? est utilisée dans l'empire colonial français des années 1850 à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle y désigne certaines populations jugées particulièrement aptes à porter les armes, pour des raisons à la fois biologiques et culturelles : Bambara, Wolof et Toucouleurs d'Afrique de l'Ouest, Sakalava de Madagascar et habitants des hauts plateaux du Vietnam partagent ainsi le privilège discutable d'avoir été considérés par les Français comme des ?soldats nés?, prédisposés à exercer et à subir la violence extrême des guerres des XIXe et XXe?siècles.
Menée à partir d'archives militaires, médicales et coloniales, cette étude retrace l'apparition et le développement d'une catégorie méconnue, fruit de la rencontre entre les officiers français et les populations colonisées, et mesure les conséquences concrètes et durables des stéréotypes raciaux sur la vie des individus. Elle propose ainsi une histoire nouvelle de la pensée raciale en France, attentive à ses contradictions, à ses effets pratiques et à ses mirages.
La littérature fait, par nature, appel au jugement. De la qualité littéraire de l'oeuvre d'abord, des personnages, ensuite. Un roman suscite toujours un débat, où l'on discute des droits et de la légitimité de chacun, des crimes, des méfaits, des raisons et des prétextes. Le lecteur se fait alors juge et s'acquitte de cette tâche comme il le peut, souvent instinctivement.
Dans cet ouvrage, vous allez vous exercer à assumer dignement ces hautes fonctions que vous confère le pouvoir de la fiction, en examinant un cas particulièrement difficile. Vous allez rouvrir un procès dont l'accusé a, depuis plus d'un siècle et demi, bénéficié d'un non-lieu pour cause de popularité. À la barre des prévenus, Edmond Dantès, dit comte de Monte-Cristo, jeté en prison à la suite d'une dénonciation calomnieuse, et qui fait justice lui-même... atteignant quelques innocents au passage.
Dans quelle mesure ses actes sont-ils moralement répréhensibles, voire juridiquement condamnables ? La vengeance peut-elle être juste ? Le héros, d'innocent persécuté, ne devient-il pas aussi criminel que ceux qu'il prétendait punir ?
Examiner son cas sous l'angle du droit, c'est arracher la lecture au prisme de la réaction immédiate. C'est démontrer que la mise en doute du schéma mythique du Surhomme fait partie intégrante du projet romanesque. L'enjeu, non seulement moral, mais aussi politique, est ici essentiel : le roman à succès constitue une référence commune, propice au débat démocratique sur les normes et valeurs fondant notre société.
Dans la société française contemporaine, la ménopause apparaît comme une étape-clé du vieillissement des femmes, souvent vécue avec angoisse, et prise en charge par la médecine. On pourrait penser que c'est une façon universelle de considérer un événement qui, après tout, l'est aussi. Il n'en est rien. Selon les sociétés, l'arrêt des menstruations peut être un accroissement des possibles et des pouvoirs, l'avènement d'une sexualité enfin libérée de la fertilité, ou même un non-événement, ne faisant pas l'objet d'une attention particulière, au point qu'il n'existe pas de mot pour le désigner.
Ce livre offre un point de vue original, celui des sciences sociales, d'autant plus précieux que les représentations de la ménopause se nourrissent presque exclusivement des discours médicaux, qui la considèrent comme une carence, associée à un ensemble de troubles et de risques. Le phénomène naturel devient alors une « maladie » qu'il faut traiter. Face à ce discours « savant » alarmiste, les expériences des femmes apparaissent plurielles et les liens sociaux se révèlent aussi importants que le vécu corporel.
Une belle enquête sur un sujet tabou.
Qui a découvert un nombre exceptionnel de comètes et d'astéroïdes?? Une femme. Qui a permis d'organiser la population stellaire?? Des femmes. Et la loi permettant d'arpenter l'Univers?? Encore et toujours... une femme?! Pourtant, quand il s'agit de citer au hasard un «?astronome historique?», on pense le plus souvent à des hommes?: Galilée, Copernic, ou plus près de nous, Hubble. Certes, au cours des siècles, les femmes n'ont guère eu l'occasion d'accéder aux sciences en général et à l'astronomie en particulier. Est-ce pour autant une raison de croire en l'absence totale de leurs contributions??
À rebours des idées reçues, Yaël Nazé retrace le parcours de quelques scientifiques importantes qui ont en commun une particularité?: leur sexe. L'ouvrage suit la trame des grandes découvertes, chaque domaine donnant lieu à une description des phénomènes astronomiques concernés et à un récit où l'on retrouve les grandes figures féminines de l'astronomie.
La barbe ne fait pas le philosophe « Femme, être incomplet et condamné à une éternelle enfance, tu prétends t'élever à la philosophie?! Quel aveuglement est le tien???» Les mots de Victor Cousin, personnage clé de l'institutionnalisation de la philosophie en France au XIXe?siècle, donnent le ton. La IIIe?République perpétue cette politique d'exclusion?: tandis que la philosophie est élevée au rang de couronnement des études secondaires et de pratique culturelle républicaine par excellence, chargée de suppléer la religion dans l'organisation morale de la société, elle se trouve exclue par la loi des cours prodigués aux jeunes filles.
Qu'est-ce donc qu'être philosophe en France entre 1880 et 1949 ? C'est d'abord et avant tout porter une barbe : être un homme. Pourtant, Plutarque défiait déjà quiconque de mesurer la sagesse du penseur à la longueur de son poil... Cette situation n'est pas sans susciter des rébellions, des transgressions, parfois des travestissements - et, ainsi, des évolutions.
Mêlant combats individuels et collectifs, cette enquête novatrice révèle un pan de l'histoire des femmes aux XIXe et XXe?siècles et fait ressortir une galerie de femmes philosophes qui s'affirment en dépit des obstacles?: de Jenny d'Héricourt et Julie Favre jusqu'à Dina Dreyfus et Simone de Beauvoir, en passant par Jeanne Crouzet, Julie Hasdeu, Clémence Royer, Jeanne Baudry, Léontine Zanta, Alice Steriad, Lucy Prenant, Hélène Metzger, Renée Déjean, Yvonne Picard, Simone Weil ou Marguerite Buffard Flavien.
Spectatrices !
De l'Antiquité à nos jours Les femmes occupent une place continue dans le public du spectacle vivant depuis ses origines. Partis en quête des traces de cette présence, les auteurs ici réunis ont repéré les lieux et genres de spectacles que les femmes ont privilégiés, leurs emplacements dans les gradins et les salles, et tenté de retrouver leurs émotions, décantées des commentaires masculins.
Les spectatrices ont souvent été considérées comme soumises à leurs passions et dépourvues de toute distance critique. Elles ont été placées soit dans une position subalterne, reflétant leur place dans la société, soit aux premières loges, non pour leur offrir une qualité du regard mais pour permettre aux spectateurs de les voir et de scruter leurs robes et coiffes. Adversaires et défenseurs du théâtre ont débattu de la présence de ces femmes, les premiers la regrettant, tant cet art favoriserait des désirs illicites, les seconds la louant, les spectatrices devenant cette fois les garantes de la décence et de l'utilité du genre théâtral. Dans le même temps, la réception féminine a joué un rôle croissant dans les stratégies des auteurs et acteurs. En fonction de la période, du lieu, de leur appartenance sociale, les spectatrices ont pu jouir d'une plus ou moins grande liberté ; elles ont également usé de la scène comme d'un lieu d'émancipation, et ont parfois pris soin de laisser de leur expérience des témoignages directs.
Cette étude de grande ampleur permet de redonner à ces femmes une parole et une voix, un corps et des gestes, mais aussi des affects contrastés, de l'exaspération au plaisir.
« Vous nous en devez un?»?: les questions de la fécondité et de la maternité se posent de manière aiguë dans les familles royales et princières françaises, tant celles-ci doivent répondre à l'impératif de la loi salique, la reine n'étant vraiment reconnue dans sa fonction qu'après avoir enfanté.
Étudier les grossesses des princesses et des reines, depuis la consommation du mariage jusqu'à l'accouchement, le retour de couches et les premiers mois de l'enfant, permet de rendre compte de la centralité de cet objet à la cour. Les corps de ces femmes sont scrutés quotidiennement, afin d'y déceler les signes de la gestation d'un héritier pour le royaume. Les retards de règles sont une affaire publique, commentés jusque dans les ambassades européennes. Les ventres arrondis deviennent un outil politique pour fédérer les sujets autour de prières et de cérémonies religieuses, pour retarder une décision, détourner, parfois, le regard de l'opinion.
L'auteure montre également comment circulent les savoirs sur la grossesse et la maternité qui se constituent aux XVIIe et XVIIIe?siècles. Ceux des sages-femmes et chirurgiens accoucheurs d'abord, qui rivalisent pour ausculter et accompagner ces parturientes. Et ceux des princesses elles-mêmes, ensuite, qui échangent directement certaines de leurs connaissances et expériences, parfois au-delà des frontières. La cour apparaît alors comme un véritable laboratoire des pratiques périnatales.
Dans ce passage de l'intime, non au public, mais à l'officiel, l'auteure repense le rôle (politique) des reines qui tentent de faire respecter leur pudeur, négocient avec l'étiquette, voire mettent en place des pratiques de restriction des naissances pour ne plus être pour le royaume des «?moules à enfants?».
La domination masculine est un fait quasi universel?: plus de 80?% des groupes humains sont patrilinéaires et à fort pouvoir masculin. Le Néolithique, qui voit l'émergence de l'agriculture et de l'élevage, est sans doute une des périodes parmi les plus importantes pour comprendre comment et pourquoi nos sociétés sont encore aujourd'hui ainsi configurées. Examiner comment se constituent et interagissent les deux catégories sociales fondamentales que sont celles des femmes et des hommes lors du passage au statut d'agriculteurs-éleveurs sédentaires représente un enjeu majeur dans la recherche des origines des inégalités.
Les rapports de genre au Néolithique ont été encore peu explorés. Il faut néanmoins se montrer prudent, et fonder les conclusions sur ce que disent les données mobilisées. Or, le genre n'a d'existence que s'il s'accomplit, s'il est visible. Il se matérialise par des attributs, des postures et des gestes, par des habitudes, par la manière de conduire des activités. Cette matérialité bénéficie à la discipline archéologique dont le support principal est l'analyse des productions matérielles des humains sous toutes leurs formes?: parures, costumes et outillages, modes alimentaires, activités de subsistance, etc.
L'une des premières cultures néolithiques européennes, le Rubané, se prête parfaitement à une telle approche?: de nombreux caractères de cette société sont connus et peuvent être mobilisés pour faire ressortir les premières informations qu'il est possible d'énoncer sur les conditions des femmes au Néolithique.
Proposer des solutions pour faire face au changement climatique est devenu un enjeu majeur pour l'avenir de nos sociétés : réduire les gaz à effet de serre, en grande partie émis par les activités humaines, et réduire la vulnérabilité de nos sociétés et des écosystèmes, par anticipation, adaptation et résilience, est vital.
Étant donné la complexité du système dans lequel nous vivons, notre modèle de développement fondé sur les énergies fossiles et exploitant des ressources de plus en plus limitées, il est temps de répertorier les solutions à notre portée et de s'interroger sur leur viabilité et leur efficacité.
À l'occasion de la conférence Paris climat 2015, ou COP21, « penser les solutions » pour faire face au changement climatique est essentiel. Ce livre collectif mobilise une cinquantaine de scientifiques et de spécialistes reconnus, pour répondre aux questions d'aujourd'hui et penser les solutions de demain. Il offre une vision globale des problématiques liées au changement climatique, ainsi qu'une perspective critique originale nécessaire à la construction de solutions innovantes et ingénieuses au service de la société.
Selon des représentations bien ancrées dans les esprits, le viol est commis dans un lieu isolé par un inconnu violent et armé. Pourtant en France, 9 fois sur 10, la victime connaît l'agresseur et dans ce cas une fois sur deux, le violeur est le conjoint ou un ex-conjoint.
Depuis longtemps, le viol est considéré en France comme un crime. Le viol conjugal faisait exception. Le mari avait le droit d'avoir des rapports sexuels avec sa femme, y compris contre la volonté de cette dernière et par la force. Depuis la loi du 4 avril 2006, le code pénal reconnaît le viol entre conjoints comme un viol aggravé. Pourtant, les victimes portent rarement plainte et lorsqu'elles le font, les affaires sont souvent jugées, non pas en cour d'assises comme tous les crimes, mais au tribunal correctionnel.
Le viol conjugal est occulté par son invisibilité, lorsqu'il a lieu entre les murs d'un domicile commun. Comme les autres violences sexuelles, il laisse peu de traces visibles : ni bleu, ni plaie. Le viol conjugal, crime du quotidien, est à l'opposé du fait divers.
Peu propice aux raccourcis accrocheurs, le sujet est éclairé par les contributions d'un collectif multidisciplinaire associant médecins, psychologues, sociologues et juristes. Ce livre montre l'urgence d'un infléchissement des pratiques judiciaires.
A travers la figure exemplaire des cheikhat, chanteuses traditionnelles autrefois respectées et honorées, aujourd'hui méprisées, repoussées aux franges de la misère et de la prostitution, c'est l'ensemble des mutations et contradictions du Maroc moderne que l'auteur donne à voir.
Entre tradition et modernité. Entre villes et campagnes. Entre islam et islamisme. Mais aussi entre tradition et folklore, entre émancipation et exploitation.
Quatrième étape d'une étude magistrale sur La France, les femmes et le pouvoir depuis le Ve ?siècle, ce volume explore les six premières décennies du XIXe?siècle. D'un empire à l'autre, en passant par le retour de la monarchie et celui de la République, la période a vu se consolider la domination des hommes sur les femmes à un point jamais atteint jusqu'alors en France. Entreprise difficile et conflictuelle, dans une société où la question de l'égalité des sexes était débattue depuis la fin du Moyen Âge, et où tant de femmes en avaient fait la démonstration.
D'où le déploiement sans précédent de constitutions, de lois, de mesures règlementaires, de théories pseudo-scientifiques, de discours historiques délibérément muets sur les femmes, mais aussi de violences verbales, physiques et symboliques destinées à asseoir le nouvel ordre et à confiner le sexe dit «?faible?» dans les emplois les plus déqualifiés, loin des lieux de pouvoir et d'excellence. Le tout sans parvenir à désarmer celles et ceux qui pensaient qu'une autre société était possible, et qui, exploitant toutes les failles du système, se donnèrent peu à peu les moyens de changer la donne, pour que l'égalité, la liberté, ne restent pas le bien des frères.
La grande taille apparaît au premier regard comme un attribut féminin enviable, signe de séduction et d'élégance. Pourtant, si l'on écoute ce que disent les femmes de TRÈS grande taille (mesurant plus d'1,77?m, soit 2 à 3?% de la population féminine), c'est une tout autre histoire, faite de difficultés à surmonter et de stigmates à déconstruire. Rejet, exclusion, gêne, tel est leur quotidien aux différents âges de la vie. Elles peinent aussi bien à s'accepter comme des personnes «?normales?» pouvant évoluer sereinement en société qu'à se construire comme de «?vraies?» femmes, malgré leur aspiration affirmée en ce sens.
Valorisation dans les imaginaires mais moqueries quotidiennes?: cet ouvrage vise à résoudre ce paradoxe de la très grande taille. Celle-ci serait gênante parce qu'elle perturbe les normes qui veulent que les femmes soient douces, fragiles, passives, et dominées physiquement par les hommes qui les entourent. Ces femmes hors norme remettent donc en cause, par leur simple existence, l'ordre genré du monde.
Sur la base d'une enquête, l'ouvrage retrace la trajectoire de ces femmes très grandes et s'intéresse à la manière dont elles apprennent, avec plus ou moins de succès, à contourner, à dépasser, à transgresser, à dénier, voire à renverser ces stigmatisations.
Alors même que la crise économique et l'absence de leadership au Parti socialiste lui ouvrent un spacieux boulevard, la gauche de la gauche présente un visage curieusement douloureux. Non seulement elle avance en ordre très dispersé (Nouveau Parti anticapitaliste, Parti de Gauche, Parti communiste français, Parti ouvrier indépendant, Lutte ouvrière...), mais elle semble être la proie d'une langueur indicible.
L'extrême gauche plurielle se cherche et ne se trouve plus. La clef de la survie au long terme réside-t-elle dans le dépassement ? Les divers mouvements qui composent l'archipel vont-ils abjurer leurs fondamentaux ? Jusqu'où peut-on aller ?
Cet ouvrage se propose d'interroger les extrêmes gauches, de la composante trotskiste au néo-stalinisme, en passant par l'anarchisme, l'ultra gauche, et les théories post-situationnistes.
Une étude ambitieuse et innovante pour décrypter la gauche de la gauche.
Elizabeth Anscombe (1919-2001) est l'une des grandes philosophes britanniques du xxe siècle. Influencée par Aristote et la scolastique médiévale, mais surtout par son maître Ludwig Wittgenstein, elle a renouvelé les débats en philosophie de l'action et en philosophie morale.
L'action est un sujet de perplexité pour le philosophe car, irréductible à un mouvement sans agent, elle engage une volonté, des intentions et des valeurs morales. Elle se situe donc entre philosophie de l'esprit et philosophie morale : préciser le rôle de la volonté et des intentions dans l'action nous éclaire sur les degrés de responsabilité - en particulier morale - de l'agent.
Dès lors, comprendre comment s'intriquent la spontanéité de l'action et sa dimension téléologique devient un enjeu majeur de la philosophie.
L'esprit en pratique explique pourquoi la philosophie de l'esprit selon Anscombe doit opérer un détour par la philosophie de l'action et décrire le « mental » dans ce qu'il a de visible. Mais aussi pourquoi toute considération sur l'éthique impose de s'appuyer sur une vision claire des motifs de l'action et du type d'agent qui en est le moteur.
En s'inscrivant pleinement dans les débats actuels sur la subjectivité, l'intentionalité, la responsabilité, la philosophie d'Anscombe renouvelle en profondeur la notion d'intention.
Que valent les formes de pensée traditionnelles face à l'apparition des régimes totalitaires ? La démocratie a-t-elle présenté des lacunes favorisant l'émergence en son sein de tels régimes ? Que devient l'idéal de progrès, de bonheur et de liberté des citoyens ?
Leo Strauss et Hannah Arendt ont tous deux affronté ce dilemme et posé la question de la portée de la philosophie politique. C'est leur démarche, strictement parallèle mais radicalement opposée, que Carole Widmaier confronte dans une étude stimulante : du constat de la crise à leur parcours dans l'histoire de la pensée et à leur rapport respectif à la tradition et à la modernité.
Tandis que Strauss invite à réhabiliter l'idée classique d'une nature humaine, Arendt montre la nécessité d'abandonner cette idée pour approcher l'existence humaine et ses différentes modalités. D'une part la défense d'un mode de vie philosophique retiré, la recherche de la vérité, de l'autre le " souci du monde " et l'attention à l'événement.
Une réflexion salutaire pour affronter les maux de la modernité et s'ouvrir au changement politique.
En bref Que faire face à l'emprise grandissante du pouvoir économique sur le pouvoir politique ?
Le livre " Devant un phénomène sans précédent dans la zone euro, nous sommes devenus des cobayes dans une bataille entre les marchés internationaux et l'Europe ", déclarait le premier ministre grec Papandréou en février 2010.
Multinationales attaquant les monnaies pour infléchir les politiques économiques, démocraties contraintes de se soumettre aux lubies des marchés, activités intenses de lobbying... Les entreprises et les fonds spéculatifs se sont attribués un rôle inédit en matière de gouvernance mondiale. Dans un contexte marqué par la déstabilisation des espaces politiques fondés sur les Etats-nations et encouragée par le libéralisme, la puissance financière des multinationales échappe de plus en plus au contrôle démocratique.
Le recul du politique et la force grandissante des marchés annoncent-t-elle pour autant le déclin inéluctable des pouvoirs démocratiques ? Rien n'est moins sûr. Mais sur quels leviers s'appuyer pour faire contrepoids et renverser la tendance ? Comment consolider les marges de manoeuvres des démocraties ? Restaurer l'autorité et la légitimité des puissances publiques ?
A rebours des interprétations conformistes, Anne Salmon analyse ces questions essentielles tant sur le plan global (politique internationale, législation des Etats, multinationales) que sur un plan local (fonctionnement des entreprises, actions des salariés).
L'auteur Anne Salmon, philosophe et sociologue, est professeur à l'université Paul Verlaine-Metz.
Arguments - Une contribution majeure au grand débat qui s'annonce pour les présidentielles de 2012.
- Conséquences de la crise financière.
« A l'instar du feu sous la cendre, ces mêmes femmes simples, ordinaires, qui étaient négligées par les intellectuelles à l'époque du Chah, ce sont elles qui, aujourd'hui, incarnent le mouvement. Etant sorties hors des quatre murs de leur maison à la faveur de la révolution, elles ont commencé à se rencontrer et à se raconter dans les files de ravitaillement et ont enfin compris qu'elles ont une histoire, qu'elles sont l'histoire ».
Shahla Sherkat 1979. L'Imam Khomeiny demande la création d'une presse féminine « islamique ».
1992. Shahla Sherkat fonde Zanan, « Femmes », qui s'impose vite comme le premier, le plus libre, le plus critique, et le plus détonnant des magazines iraniens.
2008.L'hebdomadaire est fermé pour « raison administrative ».
2009.Trente ans après la révolution, CNRS éditions donne à lire, au public français, cet autre Iran que dévoile Zanan, de A comme Ayatollah à Z comme Zarathoustra, en passant par la guerre, l'embargo, le nucléaire, mais aussi la mode, le cinéma, la fête.
Avec les mots, avec le corps, le genre s'impose. En ouvrant la bouche ou en nous habillant le matin, nous portons les marques du genre.
Nos moyens d'expression sont genrés. Nous en jouons et, ce faisant, nous élaborons un imaginaire de la différence sexuelle. Le plus souvent, nous nous contentons d'activer des stéréotypes. Étudier ces marques du genre est donc un vaste chantier, auquel cet ouvrage collectif entend contribuer.
Les mots d'abord. La langue continue à véhiculer de redoutables préjugés sexistes. En témoigne la règle apprise à l'école : « Le masculin l'emporte sur le féminin. » Mais l'écriture inclusive aujourd'hui proposée s'insurge contre la prééminence du masculin sur le féminin dans la langue française.
Et l'histoire des langues et des oeuvres littéraires donne bien des exemples de résistance à ce masculin qui s'impose comme neutre et universel.
Le corps ensuite. Des espaces de liberté se sont ouverts, mais les normes traditionnelles n'ont pas disparu. Le corps vêtu continue de dire le genre.
À moins de perturber le regard avec un travestissement, des pilosités inattendues ou une gestuelle inhabituelle, s'« attaquer » au genre, à son binarisme obligatoire et hiérarchisé, n'est pas chose facile.
Peut-on dépasser le genre ? L'annuler ? Créer du neutre ?
Le corps se réinvente par la couleur. Éphémère ou permanente, individuelle ou communautaire, la mise en couleur du corps s'inscrit dans des systèmes de représentations complexes. Capables d'aliéner la vision des formes et des volumes, la couleur et ses régimes symboliques se déclinent à l'infini.
Simple camouflage, effet de mode, affirmation individuelle, marquage identitaire, signal social, expression artistique, art sacré, figuration de l'invisible ? La réinvention du corps humain par les couleurs est une pratique universelle et un mode d'action engagé en fonction de correspondances établies entre l'Homme et la société, la nature ou l'univers. Le monde s'organise en couleurs dotées de sens qui participent à la construction des identités, des statuts, des émotions, des perceptions. Les couleurs sont alors signe et production de l'Homme.
Croisant les regards du chimiste, de l'historien, du physicien, du philosophe, du linguiste ou de l'anthropologue, cet ouvrage explore les formes, les significations, les valeurs, les fonctions multiples des modifications chromatiques du corps et de leurs variations dans le temps et dans l'espace.