Dans les années 1970, un couple et ses trois filles naviguent en Méditerranée à bord d'un bateau, le Monplaisir. La nage et les plongeons rythment les vacances. Mais le voyage n'est pas de tout repos : le ciel s'assombrit, la mer s'agite, les vagues se creusent. Une tempête gronde et c'est celle du père. Même loin de la maison, ses cris fusent, un rien suffit à l'irriter. La plus jeune des soeurs observe et tente de cerner cet homme fantasque et colérique. D'où viennent la tristesse et la solitude qui l'éloignent irrémédiablement des siens ?
Avec simplicité et grâce, Isabelle Blochet explore la vie d'une famille qui chavire et nous fait sentir les renoncements de chacun.
Une voix surgit dans l'oreille droite de la narratrice pour lui donner des instructions, comme porter du noir et retrouver Pascal. Elle demande des précisions : Qui est ce Pascal ? Elle se voit répondre : vous recevrez la visite de Pascal et d'autres morts, ça ne va pas tarder. Docile, elle se dispose à accueillir des revenants. Cela tombe bien, elle pourra peut-être avoir le fin mot sur les questions qui la taraudent : Qu'est-ce qu'être mort ? De quelle manière peut-on connaître cet état en restant vivant ? Comment sait-on ce qu'on sait, d'où le sait-on ? Elle commence alors à écrire sur des choses qui lui sont inconnues dans la réalité mais qu'elle connaît quand même. Comme le Soldat inconnu. Cette figure insaisissable la côtoie depuis son enfance : une enseignante avait donné pour consigne de dessiner ce qui se dissimulait derrière un drap blanc, ce sont ses traits qu'elle avait ébauchés sur la feuille blanche, pour donner forme à l'inconnu.
Avec subtilité et malice, Gaëlle Obiégly nous convie à une conférence pour rendre tangible l'insaisissable. La transmission est au coeur de cette quête pleine de facéties et de vivacité amusée à l'image d'Yvette, une vieille dame haute en couleur. En multipliant avec légèreté et gravité des impressions disparates et instinctives, Gaëlle Obliégly porte sur la société et son prochain un regard d'une grande acuité.
« Sans Chichi », titrait Libération à la mort de Jacques Chirac.
À l'agitation publique que suscite cette annonce répond une disparition plus modeste, celle du grand-père de la narratrice. Cette gamine des années 1990 revisite alors l'âge abracadabrantesque où des mains noueuses mais consolatrices conjuguent l'apprentissage du vélo aux compresses de Synthol.
À l'Usine, résidence d'artiste où elle séjourne, elle entremêle les mots de la presse, de la radio et les fragments de mémoire qu'elle plie comme des serviettes de table en forme de bateau. Ces motifs viennent dessiner le spectre d'une époque révolue et entrelacent histoire personnelle et collective.
Fantaisie et humour s'infiltrent avec une nostalgie réjouissante dans ce premier roman espiègle, tendre et lumineux. Où la mémoire des grands-pères éternels nous invite à rejouer le récit des enfants que nous ne sommes (presque) plus.
« Un jour me vint l'idée : pourquoi ne pas faire avec Hélène un entretien qui porterait sur l'Allemagne, la langue allemande, sur leur place ? [...] L'Allemagne, la langue, le passé, la mémoire et ses corollaires d'oubli, et tous ces verbes, appartenir, demeurer, revenir, partir, et ces noms, exil, nom, archive. [...] Le livre parle de tout cela, je crois. » C. W.
« J'ai toujours aimé l'Allemagne Et pourtant - Je l'ai tenue en respect, en estime, au-dessus, au-delà du nazisme Et pourtant - J'aime que Eve ma mère qui en naquit et s'en évada ne m'ait jamais interdit un amour éclairé qu'elle ne pouvait plus franchement partager.
Je voulais aller à Osnabrück comme à ma mère et avec elle.
Mais Eve ma mère ne parvint jamais à partager ce vouloir.
Alors que je ne croyais pas pouvoir jamais surmonter un mystérieux exil originaire, comme je voyais s'éloigner de mes voeux la Ville si chère de mes mères, j'ai été ramenée encore vivante à Osnabrück ville allemande, cependant que ma mère s'en allait en emportant l'allemand avec elle.
Cécile est venue me chercher. Elle s'en explique. Mais ce geste me reste inexplicable, comme l'est l'amitié même.
[...] Le parti de ce texte est un rêve de paix. » H. C.
À Paris, dans le café où elle a l'habitude d'aller, la narratrice entend une chanson qui la plonge dans le souvenir d'une histoire, le souvenir de sentiments auxquels elle croyait avoir renoncé. Photographe, elle est aussi dans un moment de perte d'inspiration. Une rencontre imprévue la replonge dans les affres de l'amour, en même temps qu'elle lui ouvre de nouvelles pistes de réflexions artistiques. La création et la vie se mêlent, l'une servant l'autre. Mais l'équilibre ne risque-t-il pas de s'inverser en cours de route ?