Un nouveau regard sur la banlieue Les « jeunes de banlieue ». Depuis les années 1990, cette expression nourrit tous les fantasmes, tous les amalgames.
Mais qui sont-ils, ces adolescents souvent étrillés par la vie ? Quelles sont leurs forces, leurs fragilités, les dynamiques qui les portent ou les entravent, et leurs réussites parfois inespérées ?
De portraits en anecdotes, fruits de quinze ans d'enseignement dans des lycées coincés au pied des cités, Claire Marin nous fait découvrir ces vies bouleversantes, ces récits de souffrance et de joie, ces interrogations récurrentes sur les valeurs, la question des origines, l'ascension sociale.
Un témoignage saisissant. Une leçon d'humanité.
La révolution féministe en théologie, ce n'est pas écrire sur les femmes ou pour les femmes. Mais que les femmes, elles-mêmes, réécrivent la théologie. Déterminant.
Que nos sociétés, et l'Église tout particulièrement, soient en besoin impérieux d'accueillir le " signe de la femme ", voilà une conviction qui accompagne l'auteure de ce livre, relayé depuis sa parution par d'autres approfondissements (dont L'Église, des femmes avec des hommes, Cerf, 2019).
Une Église travaillée aujourd'hui par la nécessité de se réinventer en plus grande fidélité à l'Évangile doit recevoir de la vie vécue au féminin des enseignements fondateurs d'humanité et de fidélité vraie au Christ, en rompant avec le présupposé tacite que le masculin épuiserait le tout de la condition humaine et de la manière de connaître Dieu.
De quoi inspirer de nouvelles relations et des pratiques plus ajustées au sein du corps ecclésial.
Quel message la nature nous livre-t-elle ? La force s'impose-t-elle automatiquement ? La théorie de l'évolution, trahie par le darwinisme social, répond-elle suffisamment aux problèmes éthiques de notre temps ? Finalement, la raison du plus fort est-elle toujours la meilleure ?
Le préjugé est tenace : les plus forts feraient la loi. La nature le dément pourtant : les plus faibles, à l'exemple de l'enfant à naître, sont l'objet d'une protection remarquable dès leur conception et bénéficient génétiquement de pouvoirs de survie considérables.
Dans cet ouvrage, François Guery rétablit une vérité : la loi du plus faible. Il entreprend de réécrire l'histoire de la vie évoluée, en nuançant les apports du darwinisme à l'éthique. Il expose en profondeur l'erreur de ces idéologies qui tournent le dos à la notion de transmission intergénérationnelle.
Un grand livre d'éthique qui renouvelle les débats de notre époque sur l'identité, la transmission et le droit du vivant à vivre et à s'imposer par une force qui lui est propre.
Comment une femme laïque a-t-elle pu bouleverser le monde catholique du xixe siècle et son cléricalisme ? En quoi son intuition de l'apostolat des laïcs a-t-elle façonné l'Église d'aujourd'hui ?
Remarquée et louée par le Curé d'Ars, animée par un zèle missionnaire sans pareil, Pauline Jaricot (1799-1862) a fondé à Lyon l'OEuvre de la Propagation de la foi qui vient en aide matériellement et spirituellement aux missions de par le monde, et le Rosaire vivant, ces groupes de laïcs qui prient le chapelet pour l'évangélisation des peuples, la conversion des pécheurs et la préservation de la foi dans l'Église.
Préoccupée par les conditions de vie des prolétaires, elle a créé l'OEuvre des ouvriers, pour laquelle elle donna tout et perdit tout, avant de finir sa vie dans la misère et l'indifférence.
C'est avec force et talent que Catherine Masson nous offre ici une biographie magnifique du génie précurseur que fut Pauline, afin de rendre justice à cette femme et de transmettre la flamme de son indéracinable espérance.
Dans la première grande révolution du xxe siècle, celle du Mexique, les femmes jouèrent un rôle décisif. Qui furent-elles ? Comment justifièrent-elles leur combat ? Quelle place prirent-elles dans la lutte armée ? Cette grande enquête historique et inédite qui se lit comme un roman constitue une contribution majeure au récit mondial féminin.
Pas de révolution au Mexique sans les femmes. C'est cette vérité cachée que nous révèle cette rigoureuse et passionnante saga historique qui déconstruit l'histoire officielle, écrite par les hommes.
Spécialistes du Mexique, Rosario Acosta Nieva et Éric Taladoire dépeignent avec talent plusieurs figures de femmes qui accompagnent les guérilleros, dont la célèbre Adela Velarde Pérez, dite Adelita, d'où le surnom usuel des soldaderas. Au front comme à l'arrière, les Adelitas se révèlent essentielles : combattantes, militantes, cuisinières, infirmières, messagères. Aristocrates ou plébéiennes, quel rapport entretiennent-elles avec la lutte armée ? Et avec les hommes qu'elles ont accepté de rejoindre tout en leur étant, en principe, assujetties ? Comment justifient-elles leur combat et quelle place ont-elles dans la lutte armée ? Et surtout, pourquoi et comment le pouvoir qui émerge de la révolution et qui leur doit tant efface-t-il leurs noms et leur mémoire ?
Une grande enquête historique et inédite qui se lit comme un roman.
Une contribution majeure au récit mondial féminin.
Les femmes, en France, n'ont pas reçu le droit de vote des mains d'un homme enfin éveillé et attentif à l'injustice de leur sort. Elles l'ont gagné de haute lutte après cent ans de revendications. Elles l'ont arraché au législateur. L'ordonnance promulguée en 1944 a été l'aboutissement d'un mouvement sans cesse recommencé de contestation initié au milieu du xixe siècle.
C'est l'histoire de cette ère de débats et de combats que dresse ici, d'une plume ardente et vivante, Anne-Sarah Moalic, la spécialiste incontestée de cette question cruciale qui constitue aussi bien une épopée militante. Loin des images d'Épinal, recourant aux faits, aux portraits, aux archives, reprenant argument contre argument ce long cheminement, ce livre montre comment, face aux défenseurs d'un ordre inique assignant les femmes à un rôle secondaire, les pionnières de l'équité politique ont peu à peu structuré la conscience du féminisme.
Passer derrière l'isoloir, glisser un bulletin dans l'urne, émarger les listes électorales : ces gestes devenus communs à toutes et à tous condensent une mémoire active qui détermine encore aujourd'hui la recherche de l'égalité réelle entre les sexes.
Une lecture passionnante et tonifiante.
Si nous ne voulons pas que l'écologie se réduise à des déclarations d'intention, des changements dans nos styles de vie sont nécessaires.
La question est de savoir quelle éthique et quelles transformations de la démocratie peuvent rendre possible la prise en compte de l'écologie dans notre vie. Reliant des champs de l'éthique appliquée qui d'ordinaire sont étudiés séparément - la culture et l'agriculture, le rapport aux animaux, l'organisation du travail et l'intégration des personnes en situation de handicap -, cette enquête élabore un concept rigoureux de responsabilité susceptible de promouvoir une autre manière de penser le sujet et une autre organisation politique.
Loin de fonder la politique sur l'écologie, il s'agit de montrer que celle-ci ne peut être prise au sérieux qu'au sein d'un humanisme rénové. Ainsi, le sujet de l'éthique de la vulnérabilité s'inquiète du devoir être de son droit et intègre, dans son vouloir vivre, le souci de préserver la santé de la terre et de ne pas imposer aux autres hommes et aux autres espèces une vie diminuée.
Alors que partout dans le monde des femmes se rebellent, souvent même au péril de leur vie, afin d'échapper au joug des islamistes, pourquoi en France, certaines d'entre elles décident d'adhérer à une idéologie archaïque et mortifère ?
Alger, Téhéran, Ryad, Djakarta : des jeunes musulmanes revendiquent le droit de ne pas porter le hijab, le tchador ou la burqa. Le prix pour cette liberté est pourtant élevé car beaucoup sont arrêtées, torturées et parfois même assassinées comme Katia qui n'avait que dix-sept ans.
Amsterdam, Londres, Paris : des féministes et des idéologues défendent le port du voile comme un progrès et un symbole d'émancipation. Le réguler serait une atteinte à la liberté des femmes.
D'où vient notre aveuglement ? Au nom de quoi passe-t-on sous silence les actes de bravoure de ces héroïnes des temps modernes qui se rebellent contre un voilement qu'elles n'ont pas choisi ?
Donnant une voix aux victimes, décryptant les non-dits de nos politiques, Jeannette Bougrab nous exhorte à désobéir à la bien-pensance.
Quel avenir prépare la crise de la mondialisation et de son idéologie néolibérale ? Face aux convulsions qui s'emparent de nos sociétés, où en sont les peuples ? Comment peuvent-ils reconquérir la démocratie confisquée par les oligarchies ? Dans ce livre d'entretiens, la philosophe Chantal Mouffe et le cofondateur de Podemos Íñigo Errejón livrent leurs réponses. Partant des expériences national-populaires en Amérique latine, de la victoire de Syriza en Grèce et des évolutions européennes, ils dessinent les perspectives théoriques et stratégiques nécessaires à la refondation de la gauche sur le Vieux Continent, dont le retour des nations, le rôle du leader en politique, le consensus au centre, le populisme de droite et de gauche et les batailles culturelles. Ce dialogue identifie les opportunités et les dangers qui se présentent aux gauches de la transformation et décrypte les nouveaux rapports de force continentaux. Un livre indispensable pour comprendre la nouvelle ère qui s'ouvre.
Relire l'ensemble du corpus biblique avec le souci de prendre en compte la présence des deux sexes, ou des deux genres les femmes et les hommes, et cela à tous les moments de l'histoire biblique, tel est le travail exégétique entrepris par I. Fischer. Dans ce premier volume d'une trilogie qui étudie successivement les récits des origines d'Israël, les figures multiples de la prophétie, les développements de la sagesse, l'auteur analyse tous les textes où des femmes interviennent dans l'histoire naissante du peuple d'Israël. Au fur et à mesure de ce parcours, le lecteur prend conscience, non sans étonnement, que les femmes ne sont pas mentionnées pour l'anecdote, pour jouer les utilités domestiques : en même temps que les hommes, elles tiennent des rôles décisifs, qui fondent cette histoire. Alors, Dieu est-il le " Dieu d'Abraham "oe Oui, mais en même temps Dieu de Sara et d'Hagar. Dieu d'Isaac mais en même temps et plus encore Dieu de Rébecca. Dieu de Jacob oui, mais aussi et en même temps Dieu de Léa et de Rachel. Les promesses faites aux Pères sont des promesses faites aux "parents ancêtres ". Irmtraud Fischer le montre par une exégèse précise des textes. C'est ensemble qu'elles et ils sont les figures fondatrices.
Leurs ennemis sont célèbres : Staline, Hitler, Mussolini, Mao. Elles n'avaient qu'un objectif : dénoncer le totalitarisme. Elles n'avaient qu'une arme : leur stylo. Qui sont-elles ? Des femmes soldats, héroïnes de la liberté.
Résistantes au communisme, au fascisme, au nazisme, elles étaient intellectuelles, témoins ou victimes. Ces héroïnes de la liberté ont combattu la propagande, l'idéologie, les camps. On les trouvera ici réunies, mais on découvrira surtout un florilège de leurs témoignages, mémoires, articles, carnets secrets ou brochures clandestines. Parmi elles : l'étudiante allemande Sophie Scholl, guillotinée à vingt-deux ans ; la pianiste Zhu Xiao-Mei, emprisonnée dans un camp de travail ; l'essayiste Victoria Ocampo qui a sauvé Gisèle Freund du régime nazi en 1941 ; Dorothy Thompson qui appelait, sur la BBC, les Américains et les Anglais à soutenir la cause de Churchill ; la philosophe Simone Weil, gaulliste de la première heure.
Parce que le monde libre leur doit sa victoire, il leur fallait un livre hommage.
Un document d'histoire exceptionnel.
Avec la participation de Biljana Vucetic (Institut historique de Belgrade), Verónica Vives (Université de Barcelone) et Delphine Denuit (journaliste).
Nostalgie. Algérie. Jérémiades. C'est par ces trois mots, regroupés en Nostalgériades que s'ouvre le nouveau livre de Fatiha Agag-Boudjahlat, alternant l'essai politique et le récit autobiographique. Décrivant les naïves croyances des collégiens auxquels elle enseigne chaque jour (« Au bled, ça coûte rien », « Seul Allah guérit »), et la difficulté qu'éprouvent les professeurs à enseigner la colonisation, la guerre d'Algérie ou la Shoah, la cofondatrice du mouvement Viv(r)e la République décrypte la condition féminine, en France comme dans les pays de culture musulmane. Rêvant d'un MeToo mondial, elle affirme dans sa splendide conclusion que si la condition féminine est un malheur, alors « il ne faut pas renoncer à ce malheur ».
Sans langue de bois, sans naïveté et sans ressentiment, voici le nouvel essai flamboyant d'une femme puissante appelé à provoquer le débat.
Cet ouvrage fait écho au retentissement qui suivit la révélation par Françoise Dolto, vers la fin des années 1970, de son allégeance spirituelle à la foi chrétienne, alors qu'elle était au faîte de sa carrière de psychanalyste.
Dans un milieu analytique foncièrement hostile, par principe, à tout appel au religieux, elle prenait le risque d'aller à contre-courant, en livrant une interprétation personnelle du texte de l'Evangile, qui signait son adhésion au message du Christ. C'est toute cette élaboration singulière, pour certains scandaleuse, qui fut la sienne entre foi et psychanalyse, dont Gérard Guillerault s'emploie à suivre ici les tenants et aboutissants, en particulier là où se trouve mise en valeur la thématique médiatrice du désir.
C'est aussi l'occasion, dans ce contexte, de situer la place de Françoise Dolto et de son oeuvre par rapport à ses maîtres, Sigmund Freud et Jacques Lacan. Cela ne va pas sans que cette excursion insolite du côté de l'Evangile conduise en retour à une interrogation portant sur la psychanalyse en elle- même, dans ce qui en questionne le sens et la visée.
La religion, qui a irrigué la culture occidentale pendant deux mille ans, perd son influence sur tous les plans. La chrétienté ne se retire pas seule, mais avec elle ses fruits sécularisés, qui constituaient une architecture signifiante. Quel est le destin de notre représentation du monde à l'orée de cet effacement ? Certains désignent le relativisme, voire le nihilisme, qui s'instaurent dans l'oubli des référents fondateurs. Ce livre veut montrer que le nihilisme n'est qu'une brève transition, que le relativisme reflète une apparence. L'époque présente atteste plutôt la réinstauration de modes d'être et de pensée comparables à ceux qui précédèrent l'Occident chrétien et à ceux qui se déploient partout hors l'Occident chrétien : des sagesses et des paganismes, déjà à l'oeuvre sous la texture déchirée de nos anciennes convictions, transcendantes ou immanentes. Ces sagesses se nourrissent de renoncement, lequel forme aujourd'hui l'essentielle disposition de notre esprit. Renoncement à la quête de la vérité, renoncement au progrès, à la royauté de l'homme, à la liberté personnelle. Les conséquences en sont, par un lent processus, le remplacement du vrai par le bien, des dogmes par des mythes, du temps fléché par un retour au temps circulaire, du monothéisme par le paganisme ou le panthéisme, de l'humanisme de liberté par un humanisme de protection, de la démocratie par le consensus, de la ferveur par le lâcher prise... C'est une métamorphose radicale, et ce renoncement est un retournement, non seulement de nos pensées, mais aussi de nos modes d'être et de nos institutions. Après une histoire de deux mille ans, sous de multiples signes réapparaît l'appel à une résignation sereine dont les hommes sans Dieu n'ont jamais cessé de rêver. -- Religion, which has nourished western culture for two thousand years, is now losing its influence in every respect. Christianity is making its retreat, but not alone; with it vanish its secularized constructions, a considerable edifice. What will our representation of the world become in the wake of this disappearance? Some say that relativism, even nihilism, have already invaded the space left by our forgotten founding references. This book shows that nihilism is brief and transitional; and relativism merely a reflection of appearances. Today's world resembles more a restoration of ways of being and thinking, comparable to those that preceded the Christian West and still thrive outside its boundaries: various forms of wisdom and paganism, transcendent or immanent, are already at work beneath the torn fabric of our former convictions. These forms of wisdom feed on renunciation, which today makes up the essential disposition of our minds. Renunciation of the quest for truth, renunciation of progress, of the kingdom of man and of personal freedom. The consequences of that renunciation are the gradual replacement of the true by the agreeable, of dogmas by myths, of horizontal time by a return to the cycle, of monotheism by paganism or pantheism, of free humanism by a protective humanism, of democracy by consensus, of fervour by abandon... The metamorphosis is radical, and this renunciation is a reversal not only of our thoughts but also of our way of living and our institutions. After two thousand years of history, the call for serene resignation, of which Godless men have always dreamed, is being heard in many forms.
Comment lire, ou peut-être relire A la recherche du temps perdu ? Ecrivain qui écrit, Proust demande au lecteur d'aiguiser sa sensibilité sémantique, d'être sans relâche attentif aux variations comme aux permanences du lexique. On ne comprend son texte qu'en s'y attachant, en restant dedans. Pour bien lire cette oeuvre, il s'agit donc de ne considérer que ce que dit le narrateur et de percevoir la façon dont il le dit. Nulle question de décrypter des pensées sous-jacentes à l'écriture, ni de vouloir y introduire des considérations spéculatives. Une lecture ' esthétique ' ne suffit pas. Certes, cette oeuvre décrit la gestation d'une vocation d'écrivain et il expose, par intervalles, une théorie de l'art et de l'artiste véritable. Mais cet écrivain se caractérise par une prise de conscience extraordinaire : grâce à la ' mémoire involontaire ', il s'éprouve un ' moi ' profond qui, réalité unique, intangible et stable, se situe au-delà de ses ' mois ' de surface variables. Or, cette expérience sui generis qui, se renouvelant à plusieurs reprises et allant souvent de pair avec la perception d'une réalité invisible habitant des choses sensibles, donne finalement à l'écrivain longtemps en herbe l'inspiration et la force de se mettre au travail. Selon La Recherche, l'oeuvre littéraire authentique tire sa substance de quelque chose qui la précède. Et cette origine de l'esthétique est désignée régulièrement par un terme tout sauf esthétique : ' réalité '. En sentant ce qui se donne à sentir dans le texte, le lecteur pourra pressentir à sa façon la ' profondeur ' au-delà de tout texte qui s'est ouverte au narrateur grâce à la ' soumission à la réalité intérieure '.
En 1943, Simone Weil, après avoir pris la route de l'exode vers Marseille, puis celle de l'exil vers New York, a finalement réussi à se faire rapatrier à Londres dans les services de la France libre pour partager le sort de ses compatriotes. Elle y rédige son "second grand oeuvre", que sa mort l'empêcha d'achever, L'Enracinement. En vue de la réorganisation de la France après-guerre, la philosophe formule un certain nombre de propositions politiques pour remédier à la maladie dont souffrait son époque, le déracinement. Pour porter ce diagnostic, celle qui était trop bien née, voulut se déraciner, partager les humiliations de ceux que le hasard de la naissance avait moins favorisés qu'elle, se frotter au réel. Agrégée de philosophie, elle endura successivement dans sa chair la dure condition ouvrière, puis celle du monde agricole. S. Weil affirmait haut et clair n'avoir aucune racine dans la tradition juive - "on n'hérite pas d'une religion" - même si le régime de Vichy la renvoya à son ascendance. Pourquoi celle qui prétendait être née et avoir grandi dans " 'inspiration chrétienne", le seul réel garant à ses yeux contre le désordre de l'époque, ne parvint-elle pas à franchir le seuil de l'Eglise, demeurant en attente, incapable pour sa part de prendre racine en ce monde? Peut-être parce que "seule la lumière qui tombe continuellement du ciel fournit à un arbre l'énergie qui enfonce profondément dans la terre les puissantes racines. L'arbre est en vérité enraciné dans le ciel".
Qu'avons-nous fait des idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité ? En avons-nous fini avec la République, la nation, la laïcité ? N'avons-nous plus le désir et l'amour de la France ?
C'est de Finlande, où elle s'est exilée après la tuerie de Charlie Hebdo et la mort de sa mère, son modèle, que Jeannette Bougrab écrit cette lettre en forme de manifeste. Car bannie du pays de son enfance, menacée de mort, la rebelle à la bien-pensance n'a pas dit son dernier mot.
Face au totalitarisme islamique qui ensanglante le monde et l'hexagone, c'est en tant qu'intellectuelle, haut fonctionnaire, ancienne présidente de la Halde et ancienne ministre, mais aussi fille de harki et femme engagée, que Jeannette Bougrab nous dit ici les vérités que nous refusons de voir.
Livre de confession, livre de combat, mêlant les rires et les larmes, les arguments et les fulgurances, cet appel passionné et passionnant à une nouvelle résistance est un coup de tonnerre dans la nuit de nos indifférences et de nos lâchetés.
Considérant la tyrannie comme l'éternelle incarnation de l'arbitraire, de la coercition et du pouvoir outrepassant ses justes prérogatives, Femmes, totalitarisme & tyrannie embrasse la généalogie du phénomène totalitaire et entend brosser un panorama de l'apport féminin à l'insurrection de l'esprit contre l'idéologie, la démagogie et la logomachie. Consacrant cet apport éthique et intellectuel à la Résistance anti-tyrannique, trente-cinq auteurs de dixnationalités différentes et de toutes sensibilités apportent des théorisations inédites sur la nature et la teneur des processus totalitaires leurs tenants et aboutissants spécifi ques, des témoins illustrant la place des héroïnes et le rôle des anonymes. Constatant une amnésie séculaire sur l'apport des femmes à la pensée et, spécialement, à cette séquence majeure de l'histoire que fut le totalitarisme, on s'attache ici à réhabiliter leur réflexion stratégique et leur apport à la philosophie politique. Constituant une première, cette histoire au féminin tente d'échapper à l'écueil de tous les dogmatismes, en fournissant matière à comparaison, méditation et réflexion.
Hannah Arendt est un auteur à la mode, largement commentée en France aujourd'hui. Ses analyses sur le totalitarisme, sur la modernité ou sur la banalité du mal l'ont rendue célèbre. Ses rapports controversés au judaïsme et au sionisme sont également bien connus. Mais sait-on qu'elle fit sa thèse sur saint Augustin ? Sait-on qu'elle dressa un portrait étonnant du pape Jean XXIII, qui figure dans un recueil intitulé Vies politiques , aux côtés de Rosa Luxemburg et de Bertolt Brecht ? Sait-on qu'elle dénonça le silence du pape Pie XII durant la guerre, face au racisme et à l'antisémitisme ? Sait-on enfin que, sans envisager de se convertir, son intérêt pour le christianisme ne s'est jamais démenti ? Certes, Arendt a suivi très jeune, en parallèle à ses études de philosophie, les cours de théologie de Rudolf Bultmann et de Romano Guardini. Sa formation est donc solide. Ses analyses du christianisme surprennent pourtant, par leur acuité, leur finesse, leur audace et leur actualité. En s'appuyant sur l'enseignement de Jésus de Nazareth -; qu'elle compare d'ailleurs à Socrate -; elle procède à une vive critique des tendances antipolitiques du christianisme, tout en faisant l'éloge de ses miracles politiques : le pouvoir de pardonner qu'elle rattache directement à Jésus, le pouvoir de commencer du neuf et la natalité qu'elle relie à saint Augustin. Mais le plus étonnant est encore ailleurs : c'est son concept d' amour du monde qui permet de dévoiler toute la complexité de son rapport au christianisme, livrant un éclairage nouveau sur l'ensemble de son oeeuvre. Du souci pour la politique, qui s'impose en 1933, à l'amour du monde, choisi librement en 1955, la pensée d'Arendt ne cesse de s'élargir, dans un dialogue serré avec le christianisme. -- Hannah Arendt is esteemed in France today and her work is widely commented. Her analyses on totalitarianism, modernity or the banality of evil have made her famous. Her controversial relation with Judaism and Zionism are also well-known. But how many people know that the subject of her thesis was Saint Augustine? Or that she sketched an astonishing portrait of Pope John XXIII in Men in dark Times, a collection of writings which also features Rosa Luxemburg and Bertolt Brecht? Is it generally known that she denounced Pope Pius XII's silence in the face of racism and anti-Semitism during the war? Lastly, how many are aware of her unflagging interest in Christianity, despite the fact that she did not consider conversion? Of course when she was very young, Arendt had followed Rudolf Bultmann's theology course at the same time as her philosophy studies, so she had a sound background. Her analyses of Christianity are surprising in their sharpness, finesse, boldness and modernity. Drawing on the teaching of Jesus of Nazareth - whom she compares to Socrates - she criticizes the anti-political tendencies of Christianity, while praising its political 'miracles': the power to forgive, which she attributes directly to Jesus; the power to begin anew and 'natality', which she attributes to Saint Augustine. But the most astonishing thing lies elsewhere: it is her concept of 'love of the world' which reveals all the complexity of her rapport with Christianity and casts a new light on all her writings. From the inevitable political concerns of 1933, to a love of the world freely chosen in 1955, Arendt's thinking was constantly expanding in close dialogue with Christianity.
Tous ceux qui se sont intéressés à l'histoire des idées, aux interrogations philosophiques, aux débats portant sur le catholicisme, aux combats d'ordre politique et social, ou simplement à la vie mondaine, aux relations entre figures importantes du XIXe siècle, ont croisé Madame Swetchine. Pendant longtemps, jusqu'aux années vingt du XXe siècle, elle est demeurée très connue. Et puis on l'a un peu oubliée, son image s'est effacée. Peut-être est-ce la redécouverte de Tocqueville et l'étude du catholicisme libéral et du catholicisme social qui ont ranimé l'intérêt qu'elle suscitait de son vivant. Aucune biographie pourtant ne lui a été consacrée depuis près de cent ans. Le regard que nous portons aujourd'hui sur l'époque et les civilisations qu'elle a connues, les épreuves qu'elle a subies, s'est beaucoup modifié. La connaissance des décennies qu'elle a traversées, des événements, des crises et des enjeux, s'est passablement enrichie. Il est temps de lui rendre la place qui fut la sienne. Certes, Sophie Soymonov n'a jamais cherché à être sur le devant de la scène. Mais celle qu'on a appelée « la mystérieuse Madame Swetchine », « la Madame de Sévigné russe » et dont Jean Guitton a rappelé que pour le christianisme son rôle avait été oecuménique est une figure que l'on a envie de retrouver.
Princesse, carmélite, égérie de la IIIe République, Jeanne Bibesco (1864-1944) eut un destin aussi inattendu qu'exceptionnel. Dès l'âge de vingt et un ans elle choisit la vie religieuse. Elle entre au carmel d'Alger, à Bab-el-Oued, en octobre 1889. Le cardinal Lavigerie reconnaît en soeur Marie Bénie de Jésus une personnalité susceptible de servir sa politique et une femme d'une intelligence hors pair. Nommée supérieure en mai 1890, elle devient la fondatrice et la « prieure à vie » d'un des plus beaux carmels de la Méditerranée, qu'elle édifie grâce à sa fortune sur les hauteurs d'Alger.
Mais la loi du 1er juillet 1901 met en péril le monde congréganiste. Mère Bénie de Jésus se rend à Paris pour défendre elle-même son dossier auprès du président du Conseil. Au terme de cet entretien de mai 1903, Émile Combes aura ces mots : « Princesse, vous m'avez vaincu », à quoi Mère Bénie de Jésus rétorquera : « Monsieur le Président, j'étais venue pour faire votre conquête, et c'est moi qui pars conquise. » S'amorce alors une complicité affective qui ne se démentira jamais.
Or, en octobre 1911, le pape Pie X fait fermer le carmel. Relevée de ses voeux, la princesse revient dans le siècle, à quarante-sept ans, en femme libre et conquérante. Elle renoue avec le monde des salons, côtoie les politiques, devient une proche du cardinal Baudrillart. Son audace la pousse, à la veille de la Seconde Guerre mondiale et alors qu'elle est fort âgée, à travailler pour le renseignement français.
Dans cet ouvrage, Véronique Donard propose une approche psychanalytique de la dimension spirituelle de l'être humain, tentant de saisir les processus spirituels à leur stade archaïque, dans leur universalité, en deçà de toute croyance ou confession. Pour ce faire, elle adopte une perspective interdisciplinaire, engageant un dialogue avec l'anthropologie, l'histoire des religions, la littérature, la biologie, la philosophie et la théologie. En suivant la notion de sacrifice dans des contextes différents - criminologie, mythes de création, métapsychologie pulsionnelle, étude du cas de Thérèse de Lisieux -, l'auteur démontre que, aux fondements de l'organisation psychique, il existe une position sacrificielle archaïque à adopter par le moi, en réponse à toute situation trauma-tique, et ce, même au stade le plus originaire de la psyché. A cette position correspond un fantasme sacrificiel, qu'il est proposé de classer dans la catégorie des fantasmes originaires, et qui serait par conséquent universel. De cette organisation originaire sacrificielle et du fantasme qui la sous-tend naîtrait la logique spirituelle qui guidera le sujet dans son développement psychoaffectif, l'aidant à se structurer, jusqu'à aboutir ou non à son adhésion à un idéal du moi sous-tendu par des idées proprement religieuses. La pertinence de cette approche novatrice en psychanalyse repose dans la mise en évidence d'une dynamique spirituelle qui participerait activement à la structuration psychique du sujet, permettant de penser la spiritualité indépendamment de toute croyance religieuse explicite. Préfacée par Sophie de Mijolla-Mellor, cette étude est accompagnée d'une postface théologique de Christoph Theobald.
Le présent ouvrage, centré principalement sur la poésie de marina tsvétaeva, est à la fois le récit d'une vie au coeur des turbulences et l'analyse d'une oeuvre majeure de la littérature russe du xxe siècle.
Turbulences de l'histoire et turbulences d'une âme. " se jeter la tête la première dans l'ouragan est devenu pour elle une nécessité ", a pu constater son mari ; elle-même prit très vite conscience que son salut était dans l'écriture : " au milieu des gémissements funèbres, mon devoir m'ordonne de chanter. " l'auteur, qu'ilya ehrenbourg qualifiait de " païenne russe ", refusant toute idéologie, tout conformisme, témoigne pourtant dans sa poésie d'un rapport au sacré.
La fréquence des allusions à dieu ne manque pas d'étonner chez quelqu'un pour qui le refus et la révolte sont une constante : pour le poète, rival de dieu, la poésie est à la fois entreprise sacrilège et seul salut. comment marina tsvétaeva a-t-elle pu concilier ce désir d'être un penseur libre avec ce besoin de se référer sans cesse aux ecritures et à dieu lui-même ? cette tension constante entre la contemplation et le scandale constitue le fond de toute sa pensée.
Tsvétaeva est consciente d'avoir reçu ce don du souffle de dieu accordé au poète : saisir à travers toute la masse humaine ton souffle vivifiant - l'âme animée par ton souffle, comme ma cape, par le vent.
Cette étude tente d'approfondir la compréhension des références mystiques dans un contexte d'incroyance. l'on est en présence d'une véritable aventure spirituelle, d'une histoire de la quête du ciel, même si elle ne prend pas forcément une forme classique.
Assoiffée d'absolu, marina tsvétaeva vit dans l'attente continuelle d'une rencontre.
La célébration du 70e anniversaire de la mort de Freud (septembre 1939) est l'occasion d'une réflexion sur sa théorie de la guerre et de la mort. Fondée sur le mythe de la horde primitive, le meurtre du père et la dette commune, la société, selon Freud, s'organise autour des interdits de meurtre et d'inceste. La guerre fondée dans la pulsion de mort est la conséquence de la levée collective de ces interdits. Freud bâtit ainsi ce que l'on pourrait nommer une « culture du meurtre ». Mais dès la Première Guerre mondiale, il avait saisi qu'un bouleversement était en train de s'opérer avec la guerre totale, industrielle et informationnelle.
Tout en restant fondamentalement et radicalement enraciné dans la pensée freudienne, ce travail tente de démontrer un « au-delà » de Freud dans l'apparition d'une « culture de l'extermination » qui trouve son origine dans les grands textes fondateurs des monothéismes, puis son champ de réalisation dans l'histoire occidentale principalement. Cette « culture de l'extermination » n'a pas disparu avec les horreurs du siècle dernier. Elle est toujours bien présente partout dans le monde et prête à ressurgir en Occident comme le laissent entrevoir quelques frémissements politiques dans de nombreux pays. Il faut donc demeurer lucide et vigilant.